Engie produit son hydrogène vert majoritairement à l’étranger

Depuis quelques années, l’hydrogène est de plus en plus souvent présenté comme un pilier de la transition énergétique. De nombreux pays dans le monde, la France et l’Allemagne notamment, ont annoncé des investissements de grande ampleur pour développer cette filière. Le secteur privé n’est pas en reste : l’énergéticien français Engie cherche à se positionner en tant que leader dans ce domaine en pleine expansion. Récemment, le groupe a annoncé son intention de produire de l’hydrogène vert à l’étranger, principalement hors de l’Union européenne ; voici les raisons et conséquences de cette décision.

publié le 30/11/2022 à 13h43 | mis à jour le 30/11/2022 à 13h43 | par Laurie Fouché

Engie dans la course à l’hydrogène

L’hydrogène est l’élément chimique le plus abondant de l’univers (noté H). À l’état naturel, il est généralement associé à d’autres atomes pour former des molécules ; c’est le cas de l’eau (H₂O) et du méthane (CH₄). Cependant, lorsque l’on parle d’hydrogène dans le langage courant, c’est généralement au dihydrogène (H₂) que l’on fait référence. Ce gaz inodore, incolore, non-toxique et non-corrosif mais très inflammable a de nombreuses applications dans le monde l’énergie. Dans cet article, le mot hydrogène fera référence à ce gaz (H₂).

L’hydrogène est très utilisé dans l’industrie où il est par exemple nécessaire à la production d’ammoniac ou au raffinage de produits pétroliers. Depuis l’invention et le perfectionnement de la pile à combustible, l’hydrogène peut également être utilisé pour :

stocker de l’électricité verte grâce à l’hydrogène. Une solution attractive pour les sources d’énergie intermittentes pour lesquelles le stockage de l’énergie constitue toujours un problème ;
l’alimentation de véhicules électriques, voitures mais également bus, camions, voire bateaux, avions, etc. ;
la décarbonation et l’électrification de l’industrie lourde.

De sa production à son utilisation en passant par son transport, l’hydrogène nécessite un perfectionnement des procédés pour s’imposer comme énergie du futur. Fin 2021, Engie lançait officiellement un plan d’action consacré à l’hydrogène propre. Début novembre 2022, le groupe annonçait être impliqué dans 70 projets « hydrogène » dans le monde :

production d’hydrogène vert ;
décarbonation de complexes industriels ;
électrification de la mobilité lourde ;
stations de recharge pour véhicules électriques à hydrogène ;
infrastructure de transport de l’hydrogène ;
etc.

Cette annonce a été faite par Sebastien Arbola, responsable de la stratégie hydrogène chez Engie, lors de l’inauguration de la « H2 Factory » située à Stains (Seine-Saint-Denis). Ce nouveau centre de recherche et d’innovation consacré entièrement à l’hydrogène est implanté au sein du Lab Crigen, le plus grand laboratoire de recherche de l’énergéticien. Le but de cette plateforme est d’améliorer la performance et de réduire les coûts de production de l’hydrogène décarboné.

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Couleur de l’hydrogène : qu’est-ce que ça signifie ?

Il est souvent question d’hydrogène vert, bleu, gris ou jaune, mais qu’est-ce que cela signifie ? La couleur fait ici référence à l’origine de l’hydrogène :

l’hydrogène gris est produit à partir d’hydrocarbures, un procédé extrêmement polluant ;
l’hydrogène bleu est lui aussi polluant à produire, mais ses fabricants mettent en place une stratégie de captation et de stockage du CO₂ libéré lors de sa synthèse. Pour le moment, les résultats sont encore mitigés ;
l’hydrogène jaune est synthétisé par électrolyse à partir d’énergie nucléaire. Ce processus n’émet que très peu de gaz à effet de serre (GES), mais le nucléaire comporte son lot de controverses ;
l’hydrogène vert est aussi produit par électrolyse, mais grâce à des énergies renouvelables. Ce procédé est le plus propre.

Les projets d’Engie en production d’hydrogène vert

En ce qui concerne la production d’hydrogène renouvelable, Engie s’est fixé un objectif de 4 GW (gigawatt) de capacité de production à l’horizon 2030. Lors de l’inauguration de la H2 Factory, la directrice générale (DG) d’Engie Catherine MacGregor a détaillé les orientations du groupe pour atteindre son but :

un quart de la production se fera en Europe (1 GW) ;
le reste de la capacité de production (3 GW) sera installé sur d’autres continents, dans des « régions avantagées par la nature, où l’énergie renouvelable est plus abondante et beaucoup moins chère » précise Sebastien Arbola ;
les exemples de lieux d’implantation donnés lors de cette conférence de presse étaient le Moyen-Orient, le Brésil et le Chili. Engie a également des projets en cours au Maroc ;
la raison avancée est purement d’ordre économique, la production d’un kilogramme d’hydrogène vert coûte 6 € en France contre 2,5 € au Chili par exemple.

S’il est positif qu’un groupe industriel énergétique tel qu’Engie décide de s’impliquer dans la transition énergétique, il est cependant nécessaire de rappeler que l’hydrogène n’est pas une solution miracle pour lutter contre le réchauffement climatique. Parmi les problématiques liées à sa production, son transport et sa consommation, on peut citer :

les émissions de GES prévisionnelles liées au transport de l’hydrogène ;
les ressources en eau nécessaires à cette entreprise ;
la grande quantité d’électricité verte requise ;
etc.

Espérons que les recherches menées à la H2 Factory et dans les autres centres de recherche publics et privés travaillant sur le sujet permettront de pallier ces problèmes rapidement. En attendant, les consommateurs désireux d’œuvrer pour la transition énergétique peuvent tout à fait choisir un fournisseur d’énergie verte, par exemple en utilisant le comparateur de contrats d’énergie Choisir.com.

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