Nucléaire : la question qui fracture le couple franco-allemand
L’amitié franco-allemande est l’un des piliers majeurs qui ont permis, depuis les années 1950, la construction européenne. Seulement voilà : la question de la politique énergétique, et plus spécialement celle du nucléaire, sépare toujours plus distinctement Paris et Berlin. Alors que l’Allemagne vient de fermer définitivement ses derniers réacteurs, la France souhaite donner une place plus étendue à l’énergie atomique sur son territoire. Elle cherche aussi à faire valoir ses intérêts dans ce domaine au niveau européen. Le 22 mai 2023, l’Assemblée parlementaire franco-allemande était justement réunie à Strasbourg. À cette occasion, la fracture du nucléaire entre les deux pays s’est faite plus claire que jamais. Pourquoi une telle différence de point de vue ? Quelles conséquences cette division franco-allemande pourrait-elle provoquer ? Choisir.com vous apporte quelques éléments de réponse.

L’opposition franco-allemande sur le nucléaire marque l’Assemblée parlementaire entre les deux pays
Créée en mars 2019, l’Assemblée parlementaire franco-allemande s’est réunie le lundi 22 mai dernier. 50 membres de l’Assemblée nationale française et 50 élus du Bundestag allemand se sont rassemblés dans l’hémicycle du Parlement européen, à Strasbourg. Cette réunion a en réalité lieu chaque année, deux fois par an. En tant que présidente de l’Assemblée nationale, la députée socialiste Yaël Braun-Pivet était évidemment présente. Pour elle, cette « jeune Assemblée » a pour vocation de devenir « le cœur battant » de la coopération parlementaire franco-allemande. Elle co-présidait d’ailleurs la séance plénière aux côtés de son homologue allemande, Bärbel Bas.
Le but de cette assemblée parlementaire commune est effectivement de promouvoir la coopération et la collaboration entre l’Allemagne et la France. Cependant, celles-ci ont été dernièrement mises à mal par les divergences de point de vue à propos de l’énergie nucléaire.
Ces divergences d’opinions ont été illustrées par les prises de parole, devant les parlementaires, de :
- Bruno Le Maire, ministre français des Finances ;
- Robert Habeck, ministre allemand de l’Économie et du Climat.
Ce dernier a justement indiqué que l’énergie nucléaire ne devrait pas être considérée comme une énergie renouvelable (EnR). C’est précisément ce que souhaiterait faire accepter la France au niveau européen. Cela lui serait très utile pour respecter ses engagements de décarbonation et rattraper son retard dans le développement des EnR.
Bruno Le Maire a d’ailleurs déclaré que l’énergie atomique est une « ligne rouge absolue pour la France ». Il a expliqué sa position en indiquant que ce secteur « est constitutif de notre souveraineté économique » et énergétique.
Outre-Rhin, la stratégie mise en place dans le domaine de l’énergie n’aurait pas pu être plus différente. En effet, l’Allemagne vient officiellement de sortir du nucléaire en fermant, en avril dernier, ses derniers réacteurs encore opérationnels. Il s’agit d’un acte symbolique illustrant que, pour Berlin, le nucléaire et les renouvelables ne peuvent se confondre.
Les politiques énergétiques françaises et allemandes sont donc aujourd’hui totalement opposées. Robert Habeck a résumé la situation en indiquant que les deux pays « avancent chacun de leur côté ». Il a également ajouté que « ce serait un malentendu total si nous supposions que parce que nous travaillons de manière approfondie et confiante, le consensus est toujours au rendez-vous. Je dirais que c’est exactement le contraire ».
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faire une simulationUne division qui a un impact important sur l’unité des 27 membres de l’Union européenne
Il est aujourd’hui clair que de « consensus », il n’y en a pas entre les deux États au sujet de l’énergie. La collaboration et la profonde amitié franco-allemande ont pourtant été une grande force pour la construction européenne depuis ses débuts, dans les années 1950. Quelles conséquences cette opposition sur la question du nucléaire pourrait-elle bien provoquer sur le long terme au sein de l’Union européenne (UE) ?
En réalité, l’impact de cette division énergétique est déjà visible actuellement. Le 17 mai dernier, elle a causé le report de l’approbation formelle de la troisième version de la directive européenne sur les énergies renouvelables (RED3). Pour quelle raison ? La France, après des mois de négociations tendues, a déposé une objection de dernière minute concernant le statut du nucléaire dans cette directive renouvelable.
Ce blocage français n’a pas manqué de faire réagir et d’irriter certains États de l’UE, dont l’Allemagne sans doute. La volonté tricolore : que l’hydrogène bas carbone produit par l’énergie nucléaire soit déduit de ses objectifs de production d’EnR. Robert Habeck, de son côté, s’est montré clair. Il a insisté sur le fait que le gouvernement allemand désire maintenir le compromis qui avait été convenu par la précédente version de la directive. Le calendrier d’une nouvelle tentative d’adoption de ce texte dépend maintenant de la France.
Le désaccord franco-allemand actuel sur le nucléaire est donc profond et a même commencé à fracturer l’Union européenne. En effet, deux « camps opposés » viennent de se former en ce début d’année 2023 :
- celui de l’« Alliance du nucléaire », qui souhaite fortement développer la filière sur le continent. Ce groupe, formé à l’initiative de la France, s’est déjà réuni trois fois depuis février et regroupe 14 pays de l’UE ;
- celui des « Amis du renouvelable », initié par l’Autriche et dont font partie 10 États, dont l’Allemagne évidemment. Son but : permettre le déploiement des énergies renouvelables en Europe en évitant que la production nucléaire n’y soit associée.
L’importance de « ne pas se laisser diviser »
La question du nucléaire n’est donc pas un domaine qui disloque uniquement l’unité du couple franco-allemand, mais aussi celle de toute l’Union. Ces dissensions auront-elles une incidence sur la coopération européenne à l’avenir ?
Lors de l’assemblée parlementaire commune du 22 mai, certains députés ont d’ailleurs regretté le manque d’esprit de collaboration témoigné par Bruno Le Maire et Robert Habeck. « Je vous écoute depuis un moment et vous avez clarifié la position de l’Allemagne et de la France respectivement, mais vous n’avez pas nommé une seule fois un projet commun franco-allemand ». Voilà ce qu’a fait remarquer aux deux ministres Valérie Rabault, députée socialiste à l’Assemblée nationale française.
De son côté, Bärbel Bas, présidente du Bundestag allemand, a indiqué qu’au point de vue énergétique, les deux pays traversaient de « petites difficultés ». Néanmoins, selon elle, il est possible de « construire des passerelles » malgré les désaccords autour du nucléaire.
Bruno Le Maire a également cherché à relativiser l’opposition franco-allemande en plaidant pour une politique du compromis. « Je ne voudrais pas que la question énergétique et, en particulier, celle liée au nucléaire, occulte toutes les coopérations que nous avons mises en place », a-t-il déclaré. Robert Habeck a aussi rappelé l’importance de « ne pas se laisser diviser ». Ce dernier a jugé qu’il était possible « d’assumer d’avoir des trajectoires différentes ». « Sur le nucléaire, la réponse c’est la tolérance » a-t-il enfin indiqué en signe de conciliation.
Et vous, quelle est votre opinion ? Êtes-vous en faveur du nucléaire ou plutôt opposé au développement de cette énergie ? Souhaitez-vous plutôt voir se déployer de façon massive les énergies renouvelables au détriment de l’atome ou concilier les deux ? Ce qui est certain, c’est que chacun est libre de changer de fournisseur d’électricité comme de gaz. Pour vous aider dans ces démarches fastidieuses, nous avons même l’aide qu’il vous faut ! Le Comparateur Énergie de Choisir.com vous offre un comparatif gratuit entre de nombreux fournisseurs du marché. Vous pouvez alors consulter toutes les informations nécessaires pour choisir une nouvelle offre adaptée à vos besoins. Vous avez aussi la possibilité d’être rappelé par un conseiller si vous le désirez. En réalité, grâce au comparateur, c’est simple : vous n’avez plus qu’à faire votre choix.
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