Pétrole : Shell va stabiliser sa production au lieu de la réduire

C’est une annonce qui provoque la colère des ONG et des associations écologistes. Le 14 juin 2023, la société Shell a fait savoir dans un communiqué qu’elle allait « stabiliser » sa production d’or noir jusqu’en 2030. Ce qui fâche et choque certains : la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise avait auparavant affiché des objectifs de baisse de cette production. Quelles raisons ont motivé ce revirement « à 180° » ? Quels arguments sont avancés pour la justifier ? Alors que Shell a enregistré en 2022 des profits records du fait de la flambée des prix des hydrocarbures, un constat est clair. La décision de la multinationale aura un impact négatif certain sur le réchauffement climatique et la transition écologique espérée. Choisir.com vous en dit plus.

pétrole Shell

Shell a bien profité de la crise énergétique de 2022…

Pour beaucoup, l’année 2022 a été celle du déclenchement d’une grave crise énergétique en Europe, en partie provoquée par la guerre en Ukraine dès février. Toutefois, l’année passée n’a pas été un moment difficile pour tout le monde.

En effet, 2022 a été synonyme de profits records pour la compagnie pétrolière anglo-néerlandaise Shell. Cette dernière a largement profité de l’énorme flambée des prix de l’énergie l’an passé, en particulier de celle des hydrocarbures. Pendant que l’augmentation folle des tarifs de ce secteur mettait quantité de petites et moyennes entreprises en grande difficulté, Shell a enregistré des bénéfices considérables.

Dans un communiqué de presse datant du mercredi 14 juin dernier, le groupe annonce la distribution à ses actionnaires de cadeaux aux montants très élevés. Ceux-ci auront effectivement droit à :

  • une hausse de 15 % du dividende par action effective au deuxième trimestre 2023 ;
  • des rachats d’actions d’au moins 5 milliards de dollars au second semestre de cette année, soit 4,61 milliards d’euros.

C’est en réalité simple : Shell a largement profité de la crise énergétique, qui a gravement impacté le pouvoir d’achat de tant de ménages, pour « se refaire une santé ». Durant la pandémie de COVID-19, le titre boursier du groupe avait connu une forte baisse du fait de l’arrêt des activités. Désormais, en 2023, il n’a jamais été aussi proche de ses sommets enregistrés en 2018.

À noter que, en février dernier, l’autre firme pétrolière britannique BP a également annoncé :

  • des résultats records, permettant de doper ses bénéfices à l’horizon 2030 ;
  • de nouveaux investissements, dans les énergies renouvelables certes, mais aussi et surtout encore dans les hydrocarbures.

… et décide de stabiliser sa production de pétrole d’ici 2030, contrairement à ses annonces précédentes

L’objet principal du communiqué de presse publié par Shell le 14 juin a choqué plus d’un acteur du monde de l’écologie. En effet, le groupe a informé qu’il comptait « stabiliser sa production de liquides jusqu’en 2030 ».

En quoi cette annonce est-elle jugée scandaleuse par les défenseurs de l’environnement ? Tout simplement car, en 2021, la multinationale avait fixé des objectifs de réduction de sa production de 1 à 2 % par an… oubliés donc deux années plus tard. Cité dans le communiqué, le directeur général de Shell, Wael Sawan, a justifié cette décision. « Nous investissons pour apporter la sécurité énergétique dont nos clients ont besoin aujourd’hui », a-t-il expliqué. Ce dernier a aussi avancé que « le rythme de la transition des carburants fossiles vers des énergies à bas carbone dépendait de beaucoup de choses ». Parmi celles-ci, le PDG du groupe pétrolier a cité « les politiques gouvernementales, le coût de développement des énergies et la demande des consommateurs ».

De plus, la société soutient également qu’elle a, en réalité, déjà atteint les objectifs de baisse de production sur la période. Voilà ce qu’a affirmé un porte-parole de Shell, joint par l’AFP. Selon lui, les objectifs affichés en 2021, basés sur la production de 2019, auraient donc déjà été remplis. De quelle manière ? Par l’intermédiaire de cessions, comme la vente de gisement de pétrole de schiste aux États-Unis.

« Notre objectif d’une réduction de production de pétrole en 2030 n’a pas changé », a assuré le porte-parole. Sauf que pour l’atteindre, Shell table :

  • davantage sur le déclin naturel de certains gisements matures ;
  • plus que sur une réduction réelle et effective de l’or noir foré.

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Un « virage à 180° » dénoncé, réalisé « sur le dos de la crise énergétique » et de la transition écologique

L’annonce de Shell a provoqué la colère et la consternation des ONG et des associations écologistes. Selon elles, il s’agit d’un pas en arrière qu’elles n’ont pas manqué de critiquer.

L’ONG Global Witness a qualifié la décision de la firme pétrolière de « virage à 180° ». Elle dénonce ce revirement d’autant plus qu’il s’amorce « sur le dos de la crise énergétique au lieu d’accélérer les investissements verts ». Global Witness réalise également ce constat amer : « Ce sera toujours les profits d’abord plutôt que les gens ou la planète, pour les pollueurs ».

L’association écologiste Les Amis de la Terre juge aussi avec sévérité le groupe pétrolier. « Comme d’autres géants des carburants fossiles qui ont également revu à la baisse leurs ambitions, Shell admet maintenant qu’il n’a pas le projet de changer son modèle d’entreprise ». Ce dernier est « incompatible avec les efforts dans le monde pour éviter le pire effondrement climatique ».

Selon l’ensemble de ces acteurs, la conséquence de ce maintien dans les énergies fossiles est simple, mais grave. Il provoque en effet le ralentissement de la transition énergétique de ces sociétés comme de la planète entière. Il est « très clair que nous ne sommes pas sur la bonne voie pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 degré ». C’est l’objectif qu’avaient fixé les accords de Paris sur le climat de 2015. Voilà l’avis de Simon Evans, du site Carbon Brief, spécialisé en politique climatique et énergétique. Ce dernier estime que, pour parvenir à respecter cet engagement, il faudrait :

Ce n’est donc pas la direction que prennent des sociétés comme Shell ou BP. Derren Nathan est analyste chez Hargreaves Lansdown, une entreprise britannique de services financiers. Il juge également que l’« accent à long terme sur le versement aux actionnaires va restreindre le montant de capital disponible pour investir dans les nouvelles technologies ». Il fait donc remarquer avec regret que « cela pourrait rendre la sortie du pétrole et [du] gaz plus difficile ».

Malgré tout, Simon Evans note que les compagnies européennes, en matière d’investissements verts, restent « en avance sur les autres », notamment les Américaines. Par exemple, les investissements de Shell dans les énergies à bas carbone sont fixés entre 10 et 15 milliards de dollars par an de 2023 à 2025. C’est déjà ça, mais loin d’être suffisant face à la menace climatique qui pèse sur le monde.

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