JO 2024 : l’hydrogène en mode olympique pour les transports ?

À partir de fin juillet, les yeux du monde entier seront braqués sur Paris pour les Jeux olympiques 2024. Pour cet évènement, les taxis à hydrogène de la capitale, déjà nombreux, devraient se multiplier. Le but : offrir la possibilité d’une mobilité décarbonée aux milliers de visiteurs attendus. Retour sur un projet positif allant de pair avec l’indispensable transition écologique à mener, pour laquelle la décarbonation des transports est un enjeu essentiel.

taxi bleu Paris hydrogène

Trois fois plus de taxis à hydrogène à Paris pour les Jeux olympiques 2024

Paris est la ville proposant le plus de taxis à hydrogène à ses habitants dans le monde. Ils sont environ 500 sur un nombre total de 17 000 taxis. Pour les Jeux olympiques qui commencent dans la capitale française le 26 juillet 2024, cette offre devrait être multipliée par trois. Le plus grand évènement sportif de la planète est en effet une occasion parfaite pour développer ce secteur œuvrant en faveur de la transition écologique.

Les taxis à hydrogène parisiens, de la société Hype, sont facilement reconnaissables. Ils sont bleus avec des nuages. Il semblerait que le gaz fourni par les stations soit de l’hydrogène vert, produit par électrolyse de l’eau depuis une électricité d’origine renouvelable. On donne toutefois beaucoup d’autres couleurs à l’hydrogène selon la manière dont ce gaz est produit. Existent aussi notamment :

  • l’hydrogène gris, quand la production est réalisée à partir d’énergies fossiles ;
  • l’hydrogène bleu, suivant la même méthode de production mais avec le captage du CO2 émis, dans le but de le stocker et de le réutiliser ;
  • l’hydrogène rose ou jaune, grâce à l’électrolyse de l’eau depuis une électricité d’origine nucléaire ;
  • l’hydrogène blanc, présent naturellement sur Terre, dans certains sous-sols.

La production d’hydrogène décarboné est évidemment la pratique ayant l’impact le plus réduit sur le climat. C’est ce type de gaz qui fait fonctionner les taxis de la capitale. Ce domaine n’a d’ailleurs pas attendu les JO pour voir apparaître des projets prometteurs. En début d’année, les entreprises TotalEnergies et Air Liquide ont annoncé la naissance d’un duo de l’hydrogène très ambitieux. Leur objectif : mettre en place, en France comme partout en Europe, des stations à hydrogène à destination des poids lourds. Une action qui se comprend facilement puisque le transport représente un tiers des émissions de gaz à effet de serre (GES) en France. La décarbonation de ce secteur, levier essentiel pour atteindre la neutralité carbone en 2050, engagement officiel de l’Union européenne (UE), est donc bien amorcée.

Armelle Levieux est directrice innovation chez Air Liquide. Pour elle, « l’hydrogène offre une autonomie de plus de 500 km et permet de faire un plein en 5 minutes ». Ce qui forme un avantage de taille vis-à-vis des véhicules favorisant la mobilité électrique, plus longs à recharger.

La société française, l’un des leaders mondiaux des gaz, propose déjà six stations à hydrogène dans Paris et sa couronne. La dernière, place de l’Alma, a justement été inaugurée fin mars. C’est cette station qui devra ravitailler les voitures des sportifs et des délégations officielles durant les Jeux olympiques 2024.

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L’hydrogène, un carburant aux avantages multiples… qui doit encore faire sa place

En réalité, la station à hydrogène de la place de l’Alma n’est pas nouvelle. Elle avait été ouverte sous forme de démonstrateur pour la COP21 de Paris en 2015, avant d’être peu à peu laissée de côté. Elle vient donc d’être rénovée pour être redevenir fonctionnelle à l’occasion des Jeux olympiques. Elle est intégralement alimentée en hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables. Une cinquantaine de pleins sont possibles par jour grâce aux 150 kg d’hydrogène quotidien que propose la station. À la clé, une mobilité verte « sans émettre un seul gramme de CO2 », d’après Nicolas Droin, directeur général d’Air Liquide Industrie pour la France.

Le but est d’ailleurs de passer à une dizaine de stations à hydrogène dans Paris et sa zone périurbaine au moment des JO. En plus des taxis, une dizaine de bus à hydrogène seront aussi déployés dans l’Île-de-France par l’intermédiaire de HysetCo, start-up spécialisée dans ce domaine. Une expansion qui s’explique par le fait que l’hydrogène est, des mots d’Armelle Levieux, un carburant parfaitement adapté aux « flottes intensives ». Entendez par-là les véhicules :

  • parcourant énormément de kilomètres au quotidien ;
  • roulant de jour comme de nuit, tout au long de la journée.

Les taxis, les transports en commun et les poids lourds sont donc les cibles idéales pour le développement de cette solution de mobilité durable.

En mars dernier, une étude menée pour Air Liquide par Harris Interactive, dirigée par Jean-Daniel Levy, portait justement sur « Les urbains et leur rapport à la mobilité ». Elle note que ces derniers souhaitent bien, à 68 %, voir se réaliser la décarbonation du secteur d’ici 5 ans. Cependant, cette volonté est à géométrie variable :

  • à 70 % en ce qui concerne la décarbonation des bus et des livraisons ;
  • à 64 % pour celle des taxis et VTC ;
  • mais seulement à 53 % pour celle des véhicules individuels.

Les résultats de l’étude indiquent que la population est favorable à la décarbonation des transports… mais surtout si ce sont les autres qui réalisent les efforts dans ce but ?

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De son côté, l’avis de Jean-Daniel Levy est que « le citoyen urbain ignore ou néglige certains des avantages de la décarbonation ». Parmi les atouts du taxi à l’hydrogène, il y a bien sûr le fait que son empreinte carbone soit neutre. Son deuxième grand intérêt, plutôt méconnu, est son absence de bruit. Dans un environnement urbain de plus en plus assourdissant, il s’agit d’une qualité loin d’être insignifiante.

Les JO comme accélérateurs du déploiement de l’hydrogène grâce à leur « effet vitrine » ?

Dans tous les cas, Armelle Levieux l’assure, « le secteur est déjà en croissance ». Dans cette dynamique, les JO d’été 2024 peuvent alors devenir « un accélérateur, une vitrine » de poids. Un partenariat entre Air Liquide et les Jeux de Paris a même été établi. En effet, environ 200 000 personnes, accréditées ou faisant partie des officiels, sont attendues quotidiennement sur les routes de la capitale au cours de la compétition. Une affluence permettant de booster la mobilité à l’hydrogène ? Armelle Levieux espère qu’il y ait là de quoi « laisser un héritage concret » afin de donner un élan majeur et définitif à cette décarbonation des transports.

Julia Frotey est docteure en aménagement de l’espace à l’université de Lille. En tant que spécialiste des impacts territoriaux des transitions énergétiques et numériques, elle juge aussi que les JO peuvent avoir un double effet dans ce domaine :

  • d’abord, faire office de date butoir symbolique pour finaliser de multiples projets en cours ;
  • ensuite, grâce à leur « effet vitrine », mettre leur extraordinaire médiatisation au service de la valorisation de « ces nouveaux véhicules ». L’afflux de milliers de journalistes et de touristes du monde entier, à l’heure des médias sociaux, est une « belle opportunité » dans ce but.

Ainsi, aux yeux d’Armelle Levieux, l’arrivée des Jeux de Paris forme une véritable chance afin :

  • « de démontrer la pertinence de l’hydrogène pour les taxis » ;
  • « d’augmenter significativement la flotte de véhicules » bas carbone ;
  • de développer en parallèle le nombre « de stations disponibles ».

Avec un point essentiel à ne pas occulter dans ce projet : l’investissement. Julia Frotey explique qu’« un véhicule à hydrogène coûte entre 70 000 et 100 000 euros ». C’est évidemment une somme conséquente. Pour autant, selon elle, les JO de Paris 2024 forment une opportunité en or pour les entreprises « de mettre la main au porte-monnaie ».

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