Énergies fossiles : un pic de la demande mondiale d’ici 2030 ?
C’est un horizon que beaucoup attendent avec impatience : un monde sans énergies fossiles. Utopie ? Conte de fées ? Prévisions irréalistes ? Pas du tout. D’après Fatih Birol, le directeur de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le pic de la demande mondiale des trois combustibles fossiles (gaz, pétrole, charbon) devrait intervenir avant 2030. Quelle est la teneur exacte de ses propos, qui annoncent « un tournant historique » et « une nouvelle ère » ? Se dirige-t-on bien vers « le début de la fin » des énergies fossiles ? Cela signifie-t-il que le monde est véritablement sur le bon chemin pour réaliser l’attendue et indispensable transition écologique ? Alors que l’urgence climatique est chaque jour plus réelle et marquée aux quatre coins du globe, Choisir.com vous livre de multiples éléments de réponse.
Bientôt le « début de la fin » des énergies fossiles d’après l’AIE
Le 13 septembre 2023, une tribune signée de la main de Fatih Birol était publiée par le média américain du Financial Times. Celui-ci est le directeur de l’AIE, l’Agence internationale de l’énergie. Et il va sans dire que ses propos ont de quoi donner beaucoup d’espoir à tous ceux qui attendent impatiemment l’éclosion d’un avenir plus vert et durable.
En juin 2023 déjà, Fatih Birol avait déclaré que la fin de l’ère pétrolière surviendrait avant la fin de la décennie. Cette fois-ci, il va encore plus loin. Selon lui, c’est même la demande de toutes les énergies fossiles qui va commencer à diminuer avant 2030, qu’il s’agisse :
- de pétrole ;
- de gaz naturel ;
- de charbon.
Que ce pic de demande soit visible « pour chacun des trois carburants » fossiles est une grande première. C’est même la première fois que l’AIE, organisme de surveillance de l’énergie, se montre aussi catégorique.
Selon Fatih Birol, le monde est en réalité « à l’aube d’un tournant historique » qui prouve l’efficacité des politiques de transition écologique en faveur du climat. Ce dernier fait ainsi savoir que « nous assistons au “début de la fin” de l’ère des combustibles fossiles et nous devons nous préparer à une nouvelle ère ». « Chaque année, afin d’éclairer les prises de décision, le “World Energy Outlook” [Perspectives énergétiques mondiales] de l’AIE précise les voies que le système énergétique mondial pourrait suivre dans les décennies à venir », explique-t-il. La tribune de Fatih Birol est justement publiée alors que ce prochain rapport annuel sera rendu public le mois prochain.
D’après lui, le « Peak fossil fuel demand » (le pic de la demande des énergies fossiles) de ces trois énergies extrêmement polluantes se concrétisera « plus tôt que ne l’avaient prévu de nombreux observateurs ». Malgré tout, pour certains acteurs, comme les écologistes confirmés, 2030, ça reste toutefois plutôt lointain. Rappelons que, début août 2023, les membres du G20 ont échoué à trouver un accord sur un calendrier de réduction des énergies fossiles.
Alors, quelles raisons peuvent expliquer cette certitude de future décrue des combustibles fossiles programmée par l’AIE ? Pour Fatih Birol, pour qui « les tendances mondiales sont claires », il y en a en fait plusieurs :
- la « croissance spectaculaire » des technologies permettant de produire des énergies renouvelables et propres, via les véhicules électriques, les panneaux solaires ou les éoliennes par exemple ;
- des « changements structurels » en cours, notamment en Chine, l’une des principales économies du monde, accélérés en partie par la grave crise énergétique internationale de 2022.
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faire une simulationLes responsables politiques internationaux appelés malgré tout à intensifier leurs efforts pour parvenir à tenir leurs objectifs climatiques
Fatih Birol l’affirme : « Même sans nouvelle politique climatique, la demande pour chacun des trois combustibles fossiles devrait atteindre un sommet dans les années à venir ». Pour autant, tout n’est pas rose et promesse d’un avenir radieux dans la tribune du patron de l’AIE. Ce dernier se montre également extrêmement clair. « Les décideurs politiques ont encore de la marge pour accélérer la transition énergétique et l’élimination progressive des énergies fossiles ». Selon Fatih Birol, ceux-ci ne doivent « pas se laisser aller à l’autosatisfaction », mais au contraire faire encore plus d’efforts. C’est le sens aussi de ce que souhaite l’ONU (Organisation des Nations unies) dont le « Bilan mondial » appelle les États du monde à rehausser leurs ambitions sur le chemin de la transition verte.
En effet, « les baisses projetées de la demande que nous constatons […] sont loin d’être suffisamment prononcées pour mettre le monde sur la voie d’une limitation du réchauffement climatique à 1,5 °C ». C’est justement ici l’objectif fixé lors de la signature de l’accord de Paris de 2015 sur le climat.
D’ailleurs, le 14 septembre dernier, plus de 300 scientifiques ont signé une autre tribune publiée par Le Monde. Leur volonté : demander à l’Assemblée nationale et au gouvernement français la création d’un « traité de non-prolifération des combustibles fossiles ». Par cela, le souhait est d’empêcher les nouveaux investissements dans ces énergies à l’impact carbone totalement dévastateur. Pour les experts et les scientifiques signataires, « l’accord de Paris ne suffira pas » si l’on désire réellement limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C.
Pourquoi choisir ce moment pour signer une telle tribune ? Selon eux, les « événements climatiques extrêmes » vécus à l’été 2023 sont, plus que jamais, les signaux d’alerte de l’urgence climatique que l’on connaît. Ils ont été, il est vrai, très nombreux et ravageurs :
- vagues de chaleur sans égal ;
- incendies destructeurs ;
- inondations catastrophiques…
De leur point de vue, « il est impératif de reconnaître l’urgence d’agir ». Ils dénoncent également des violations des droits humains que provoque le développement de certains projets énergétiques en Afrique.
L’initiative de ce traité de non-prolifération des combustibles fossiles rappelle ceux de non-prolifération des armes nucléaires de l’époque de la guerre froide, dans les années 1980. Le parallèle est assumé par les scientifiques car, comme la bombe nucléaire, le changement climatique est aujourd’hui une vraie menace pour l’ensemble de l’humanité. Il s’agit donc d’une initiative internationale qui appelle à :
- « des mesures audacieuses et immédiates » face au dérèglement climatique de plus en plus incontrôlable ;
- la mise en place d’une véritable coopération à l’échelle planétaire « pour progressivement abandonner toute production de combustibles fossiles ».
Trois domaines d’actions sont, selon les signataires, absolument nécessaires :
- la non-prolifération du charbon, du pétrole et du gaz ;
- la suppression progressive des stocks existants ;
- la mise en œuvre d’une transition écologique juste, en faveur de chacun.
De son côté, Fatih Birol prévient aussi que « les baisses de la demande [en énergies fossiles] ne seront pas non plus linéaires ». Les épisodes climatiques extrêmes peuvent justement amener « une hausse temporaire » de cette demande, ce qui provoque un cercle vicieux désastreux pour les populations comme le climat. Nous nous trouvons donc face à un avenir pour lequel il faut encore travailler avec rigueur et ambition. Pour finir, le directeur de l’AIE observe quand même que « le monde de l’énergie évolue rapidement et pour le mieux ». Dernièrement, la baisse des émissions de gaz à effet de serre en Europe a aussi été une nouvelle encourageante.
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