Fermeture définitive du plus grand gisement de gaz d’Europe
La fermeture du plus grand gisement européen de gaz naturel, situé à Groningue, dans le nord des Pays-Bas, vient d’être définitivement actée. La raison : l’activité d’extraction de cette énergie fossile provoquait, depuis des années, de réguliers séismes impactant la vie des riverains. Retour sur ce « moment historique » pour certains allant dans le sens de la transition énergétique toujours plus urgente à mettre en œuvre.
Dans le nord des Pays-Bas, la fin du plus grand gisement européen de gaz naturel définitivement actée
Transition énergétique : 1 – Énergies fossiles : 0. Voilà le constat que de nombreux observateurs peuvent sans doute faire après la fermeture définitive du plus grand gisement de gaz naturel d’Europe. Il est localisé dans le nord des Pays-Bas, à Groningue. Cette décision importante a été entérinée mi-avril par le sénat néerlandais. Elle fait suite à l’arrêt de l’exploitation de cet énorme gisement de gaz, effectif il y a quelques mois, en octobre 2023. Elle s’appliquera concrètement à compter du 1er octobre 2024.
Ce choix favorable au verdissement de l’économie européenne trouve son origine dans les tremblements de terre provoqués par cette activité, subis par les riverains depuis des dizaines d’années. C’est ainsi qu’une longue période de luttes politiques se termine aux Pays-Bas. Un communiqué de la Chambre haute a indiqué que cette décision avait été prise dans la volonté d’« apporter plus de clarté et de certitude quant à la fin définitive de l’extraction de gaz ».
La situation du site de Groningue traîne en effet en longueur depuis plusieurs années. Le 19 avril 2024, une cérémonie officielle célébrant la fin du forage s’est déroulée « à l’endroit même » où le gisement a été découvert. C’était en 1959. Exploité à partir de 1963, il a été un contributeur majeur de la prospérité économique néerlandaise dans la deuxième moitié du XXe siècle. Cependant, la problématique des séismes engendrés par l’extraction du gaz a eu raison de lui. C’est en 2018 que son arrêt programmé a été décrété par les autorités. Toutefois, le gouvernement néerlandais avait décidé en 2022 de reporter la fermeture des vannes. Le motif : l’instabilité géopolitique et énergétique mondiale suivant l’invasion ukrainienne par l’armée russe. Finalement réalisée en octobre dernier, cela n’avait pourtant pas été entièrement synonyme d’enterrement total du site. En effet, l’exécutif batave avait alors pris le parti de maintenir opérationnelles deux unités d’extraction de Groningue. Les buts :
- être en mesure de répondre en cas de « conditions météorologiques hivernales difficiles », après l’expérience d’un hiver 2022-23 très rigoureux ;
- faire face à « la situation internationale incertaine » et limiter le risque d’une nouvelle crise énergétique.
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faire une simulationLa cause : des séismes à répétition subis depuis des décennies par les habitants de Groningue
Depuis plus de vingt ans, la population de la région de Groningue devait faire face à des séismes de faible magnitude proches de la surface terrestre. Ceux-ci étaient causés par des poches de vides directement créées par l’extraction du gaz naturel. À chaque effondrement, ces dernières provoquaient des dégâts matériels importants.
Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que l’on constate que l’exploitation des énergies fossiles est responsable de séismes. Dans le nord des Pays-Bas, ce problème s’est aggravé dans les années 2010. En 2012, le plus violent tremblement de terre de l’histoire de Groningue a ainsi frappé la ville, avec une magnitude de 3,6 sur l’échelle de Richter. Au total, depuis 1986, ce sont en fait plus de 1 600 épisodes sismiques qui y ont été recensés.
En 2018, l’annonce de la fermeture programmée du site avait été accueillie par les habitants comme une grande victoire. Néanmoins, les séismes ne sont sans doute pas de l’histoire ancienne pour ces derniers. En effet, des études d’experts ont démontré que ce risque pourrait perdurer encore des années après la fin des activités de forage. La raison : le fait que des cavités vides souterraines existent toujours bel et bien. Elles peuvent donc continuer de menacer de s’effondrer à l’avenir.
Autre difficulté pour les riverains concernés : réussir à obtenir de justes réparations et indemnisations face aux dommages entraînés. Nombre d’entre eux ont dû affronter de multiples obstacles juridiques et techniques sans pour autant obtenir satisfaction.
Le Sénat a ainsi affirmé qu’« une dette d’honneur doit être payée à la population de Groningue ». Avec un objectif : accélérer « le renforcement des bâtiments et le règlement des dégâts ». Le Groningen Bodem Beweging (GBB) est un groupe de campagne rassemblant des habitants de cette région des Pays-Bas. Il s’est dit « heureux et soulagé » par cette décision de fermeture définitive. À ses yeux, il s’agit tout simplement d’un « moment historique ».
Une décision positive bénéfique aux transitions écologique et énergétique à mettre en place en Europe
D’un autre côté, certaines inquiétudes sont nées de cette décision prise par le sénat néerlandais. Celles-ci portent sur la sécurité d’approvisionnement en gaz du pays. Quant aux sociétés Shell et ExxonMobil, qui exploitaient le gisement, elles réclament au gouvernement hollandais une indemnisation. Au nom de quoi ? Un manque à gagner face aux immenses réserves de gaz qui n’ont pas été extraites. C’est le traité sur la charte de l’énergie, dont est sortie l’Union européenne (UE) récemment, qui leur offre cette possibilité. Ce traité datant des années 1990 protège les intérêts des producteurs d’énergies fossiles. Si l’UE s’en est retirée en tant qu’institution, chaque pays membre peut en réalité choisir d’y rester lié. C’est justement ce que font pour l’instant les Pays-Bas.
En tout cas, la fermeture de l’extraction gazière à Groningue est une excellente nouvelle environnementale, en accord avec les objectifs climatiques européens. Pour réaliser l’attendue transition écologique, ces derniers sont :
- de réduire de 90 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) en Europe d’ici 2040 ;
- d’atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050.
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