Stockage de CO2 : plusieurs projets lancés en France en 2025

Le captage et le stockage de CO2. Ces technologies cristallisent les oppositions sur la voie de la transition énergétique à accomplir. Pourtant, « quatre ou cinq projets » de ce type verront le jour en France en 2025 dans d’anciens puits de pétrole. Pour Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie, il s’agit d’un véritable levier à actionner pour permettre la décarbonation de l’industrie française.

émissions CO2

Capter et stocker le CO2 dans des gisements de pétrole : le choix du gouvernement français pour 2025

Les projets de stockage et d’enfouissement du CO2 peuvent généralement être vus de deux manières par les observateurs :

  • soit comme un levier supplémentaire permettant à de multiples industries de faciliter la réalisation de leurs objectifs de réduction des émissions carbone ;
  • soit comme une brèche leur délivrant le permis de continuer à polluer.

Dans tous les cas, la volonté du gouvernement français est de lancer dès 2025 « quatre ou cinq projets de stockage de CO2 » dans d’anciens puits pétroliers. Voilà ce qu’a annoncé fin avril 2024 Roland Lescure, ministre délégué à l’Industrie. Un plan qui s’explique, d’après lui, par la nécessaire décarbonation de certaines industries lourdes dont l’élimination des émissions carbone est très difficile, comme notamment :

  • les fabricants d’engrais ;
  • les cimentiers ;
  • le secteur de la chimie.

C’est pour cette raison que, des mots du ministre, « un appel à manifestations d’intérêt » est programmé :

  • la cible : les industries très polluantes, acteurs du domaine des hydrocarbures compris. En effet, même si c’est en très basses quantités, la France produit encore du pétrole sur son territoire. Certains gisements sont donc toujours en activité, en région parisienne notamment, avec l’autorisation de produire jusqu’en 2040 ;
  • le but : que ces derniers proposent des projets d’enfouissement du gaz à effet de serre (GES), voire des stockages aquifères de gaz. Cela consiste à reconstituer l’équivalent géologique d’un gisement naturel, en injectant le gaz dans une couche souterraine de roche.

De multiples industriels ne cachent effectivement pas leur besoin de capter, en sortie de cheminée, le CO2 émis qu’ils ne peuvent supprimer autrement. Voilà pourquoi nombre d’entre eux souhaitent la mise en place de cette technologie pour pouvoir respecter leurs engagements environnementaux. Sur le papier, celle-ci doit aider à :

Sur cette voie verte, les visions françaises et européennes sont d’ailleurs :

Sauf que là il ne s’agit pas de réduire les émissions, mais de les capter et les stocker, ce qui n’est pas la même chose. Cette méthode est appelée CSS, pour Carbon Capture and Storage (capture et stockage de carbone). Expérimentée depuis un quart de siècle dans plusieurs pays, ses résultats sont plutôt mitigés. Tout projet de captage confondu dans le monde, ce sont environ 10 000 tonnes de CO2 qui ont été retirées de l’atmosphère en 2022… Alors que cette année-là, 40 milliards de tonnes de carbone ont été émises. Cette technologie ne peut donc pas être vue comme LA solution miracle face au défi climatique qui s’impose à la France, l’Europe et la planète. Elle reste aussi une technique controversée aux yeux de multiples acteurs. Les craintes souvent évoquées : que les industriels se servent surtout de ce moyen pour continuer à polluer au lieu de réaliser de vrais efforts de décarbonation.

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En France, des capacités pour couvrir « 50 ans des besoins de stockage de CO2 de l’industrie française »

De son côté, Roland Lescure défend évidemment ce projet d’enfouissement du CO2 en France. Il a certes déclaré que pour décarboner les 50 sites industriels les plus polluants, « le captage n’arrive qu’en dernier recours » des mesures à appliquer. Toutefois, il affirme aussi que « si on veut diviser par deux les émissions industrielles en 10 ans, on doit recourir au captage de carbone ».

Cet objectif est effectivement celui fixé en haut lieu, par le président de la République lui-même. Ainsi, selon le ministre, c’est clair, « il faut capter et stocker le carbone ». À ses yeux, cette technologie est adaptée aux « procédés industriels sur lesquels il n’existe pas d’alternative sans émettre » de CO2.

Plus encore, selon lui, cette étape des projets de 2025 est synonyme de « concrétisation du lancement de la stratégie de stockage en France ». Cette dernière se place dans :

  • la planification écologique, lancée par l’exécutif au début du deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron ;
  • la nécessaire décarbonation de l’industrie. Ce secteur est effectivement le troisième le plus polluant en France, avec 18 % des émissions tricolores. Toutefois, alors que l’engagement est une réduction de 35 % pour 2030, plusieurs facteurs laissent penser que le rythme actuel est trop lent pour atteindre ce chiffre.

Ces inquiétudes expliquent peut-être le souhait du gouvernement d’explorer le captage et le stockage de CO2 pour tenir coûte que coûte les engagements officiels. D’autant que, sur son territoire, la France bénéficie d’un véritable potentiel de stockage grâce à la présence de plusieurs gisements pétroliers. Trois grandes zones possibles d’enfouissement ont déjà été mises en lumière par le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) :

  • le bassin parisien ;
  • le bassin aquitain ;
  • le piémont pyrénéen.

Une cartographie précise, effectuée par le BRGM, sera publiée au mois de juin 2024. Deux possibilités pour les futurs projets, qu’ils aient lieu :

  • sur des puits fermés ;
  • sur des gisements en fin de vie.

Le ministère délégué à l’Industrie et à l’Énergie précise que « le potentiel […] au niveau national est estimé aux alentours de 800 millions de tonnes de CO2 ». Avec ces capacités, ce sont « 50 ans des besoins de stockage de CO2 de l’industrie française » qui seraient couverts.

De leur côté, les industriels ont également évalué leurs besoins de captage, qui s’élèveraient à :

  • approximativement 8 millions de tonnes en 2030 ;
  • le double, soit 16 millions, en 2040. Des chiffres qui ne vont pas du tout dans le sens de l’objectif initial de réduction des émissions carbone…

D’ici juillet 2024, les sites potentiels pour stocker le CO2 doivent être signalés par les entreprises. Ensuite, jusqu’à la fin de l’année, une phase d’appel à projets pourra s’enclencher. Des tests devront aussi être réalisés dans les puits ciblés pour s’assurer de leur étanchéité. À la clé, la possibilité d’obtenir des subventions de l’ordre de 20 à 30 millions d’euros grâce au programme France 2030. Tout cela doit aboutir à l’essai concret de stockage de carbone « dans quatre ou cinq endroits en France » début 2025.

Autre raison expliquant la mise en place de ce programme : « l’opportunité de compétitivité » qu’il offre au pays. En mars dernier, des accords d’exportation de CO2 émis par l’industrie française vers la Norvège et le Danemark ont été dévoilés par le gouvernement. Toutefois, le montant de ces projets, situés précisément en mer du Nord, est extrêmement élevé. Le stockage du CO2 dans l’Hexagone permettra « de diviser par deux ou trois le coût cumulé du transport et du stockage » vers l’étranger.

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