Émissions de CO2 : « une décennie critique » pour le climat
Ce sont des études qui prennent la forme d’autant de signaux d’alarme pour le climat et l’humanité. Plusieurs rapports récents dénoncent le « rythme sans précédent » du réchauffement climatique provoqué par l’homme et ses activités. La faute à des émissions de CO2 qui continuent de croître. De quoi affirmer que le monde est entré dans « une décennie critique » qui pourrait ressembler à un point de bascule climatique.

Réchauffement climatique par rapport à l’ère préindustrielle : +1,19 °C sur la période 2014-2023
Voilà des données extrêmement alarmantes. D’après le travail de l’Observatoire européen sur le changement climatique Copernicus, le mois de mai 2024 a été :
- le mois de mai le plus chaud jamais enregistré ;
- le 12e mois de suite à battre son record de température.
De plus, sur la décennie 2014-2023, le réchauffement climatique causé par l’homme s’est accéléré à un « rythme sans précédent », atteignant +0,26 %. À titre de comparaison, il n’avait été que de +0,18 % par décennie sur la période 1970-2010.
Ces derniers chiffres sont ceux d’une étude réalisée par un groupe d’experts réputés au niveau international. Leur rapport, intitulé « Indicateurs du changement climatique mondial 2023 », a été publié début juin sur le site de la revue Earth System Science Data (ESSD). Il a réuni 59 scientifiques provenant de 44 institutions reconnues telles que :
- le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ;
- le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) ;
- Mercator Océan International ;
- Météo-France ;
- l’Institut Pierre-Simon Laplace.
Leur travail se base sur les méthodes utilisées par les auteurs du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). C’est en réalité la deuxième année que cette étude est mise au point, se penchant sur l’actualisation de données clés en matière de climat. Son objet : mesurer le réchauffement dont les activités humaines ont été responsables. Avant même le prochain rapport du GIEC, prévu en 2027, le timing de la publication de ces travaux n’est pas un hasard puisque :
- la conférence de Bonn sur le Climat, en Allemagne, a eu lieu du 5 au 15 juin dernier ;
- elle devait servir de base préparatoire à la future COP29 qui doit se tenir à Bakou, en Azerbaïdjan, du 11 au 22 novembre 2024.
Ses conclusions sont donc sans équivoque. Elles témoignent de la gravité de la situation actuelle comme de l’importance vitale de mettre en place au plus vite une véritable transition écologique mondiale. Quelques chiffres suffisent pour illustrer cette urgence climatique, concernant la moyenne des températures liées à l’activité humaine vis-à-vis de l’ère préindustrielle :
- pour la période 2010-2019, elle était de +1,07 °C, selon le sixième rapport du GIEC ;
- pour la décennie 2013-2022, elle s’était élevée à +1,14 °C, d’après le précédent rapport des scientifiques, de 2023 ;
- pour la décennie 2014-2023, elle a déjà atteint +1,19 °C !
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faire une simulationDes émissions de CO2 dont le rythme se réduit… mais qui augmentent encore
D’ailleurs, selon la même étude, l’élévation des températures a été, rien qu’en 2023, de l’ordre de +1,43 °C, imputable :
- à l’activité humaine, pour 1,31 °C ;
- au dérèglement naturel du climat qui aggrave également la situation environnementale.
De son côté, les données calculées par l’institut européen Copernicus sont encore plus alarmantes. Elles indiquent que, par rapport à la période 1850-1900, la hausse des températures s’est établie à :
- +1,48 °C pour 2023 ;
- et même +1,63 °C sur 12 mois glissants de juin 2023 à mai 2024.
Les températures continuent donc de grimper de façon inexorable. Il semble désormais de plus en plus difficile de respecter la limite de hausse pour la fin du siècle, prévue par l’accord de Paris de 2015. Celle-ci avait été fixée à 2 °C, voire 1,5 °C si possible. Dans un précédent rapport de fin 2023, l’Organisation des Nations unies (ONU) indiquait d’ailleurs que le réchauffement climatique mondial serait plus de l’ordre de +3 °C.
Début juin, à l’occasion de la Journée mondiale de l’environnement, le secrétaire général de l’institution onusienne a d’ailleurs réagi à ces différents chiffres. António Guterres a ainsi affirmé que les humains sont un « danger ». Il a aussi ajouté que « nous sommes la météorite » qui peut détruire le monde comme elle a « exterminé les dinosaures ».
La raison principale : les émissions de gaz à effet de serre (GES), que la planète ne réussit pas à réduire. Pire même. Selon Pierre Friedlingstein, l’un des auteurs du rapport publié dans l’ESSD, « elles ont augmenté de 30 % depuis les années 2000 au niveau mondial ». Elles ont ainsi atteint ces dernières années, en pleine période d’urgence climatique, des hauteurs record avec :
- 53 milliards de tonnes d’équivalent CO2 générées chaque année en moyenne entre 2013 et 2022 ;
- 55 milliards de tonnes d’équivalent CO2 produites rien qu’en 2022.
Seule humble évolution positive, le fait que « leur croissance a ralenti de 2 à 3 % [dans les années 2000] à 1 % aujourd’hui ». Voilà ce que précise Pierre Friedlingstein, également directeur de recherche au laboratoire de météorologie dynamique du CNRS.
Toutefois, même si la hausse ralentit, cela ne peut en aucun cas être satisfaisant, car elle continue de participer au réchauffement des températures. De plus, celle-ci impacte aussi le « budget carbone résiduel ». Ce budget représente le niveau d’émissions de CO2 à ne pas dépasser pour respecter les engagements climatiques internationaux. Problème :
- lors des derniers travaux du GIEC, cette « réserve » s’élevait à 500 milliards de tonnes ;
- il n’en restait plus que 250 milliards l’an passé et 200 milliards aujourd’hui.
La marge de manœuvre fond donc à vue d’œil. Voilà pourquoi les auteurs du rapport estiment que le monde est entré dans « une décennie critique ». Même son de cloche du côté d’António Guterres qui parle, lui, d’« un moment critique pour le climat ».
Inexorable point de bascule climatique ou virage encore teinté d’espoir ?
Les scientifiques ayant réalisé l’étude publiée dans l’ESSD l’affirment : il est fortement envisageable « qu’un réchauffement mondial de 1,5 °C soit atteint ou dépassé dans les 10 prochaines années ».
Avec cette question que les plus sceptiques se posent peut-être : est-il déjà trop tard ? Les chercheurs de Copernicus notent en effet que cette hausse des températures pourrait « conduire à des points de bascule du système climatique » mondial. Face à la multiplication d’épisodes météorologiques de plus en plus violents (sécheresses, inondations, incendies, tornades…) la priorité doit être l’atteinte de la neutralité carbone.
António Guterres indique que « les émissions mondiales doivent diminuer de 9 % par an jusqu’en 2030 » pour rester en phase avec les ambitions climatiques officielles. Rappelons que les objectifs des pays signataires du texte final de la COP28 de Dubaï sont de :
- procéder à une transition progressive hors des énergies fossiles ;
- de tripler la production d’énergies renouvelables à l’horizon 2030.
Pour accélérer sur cette voie, le secrétaire général de l’ONU a une volonté, que chaque État interdise « la publicité pour les entreprises des énergies fossiles ». Son souhait : que l’humanité parvienne à « prendre la bretelle de sortie de l’autoroute de l’enfer ». Aux yeux de Pierre Friedlingstein, c’est également certain, l’heure n’est plus à la demi-mesure. « Il faut atteindre les émissions nettes nulles le plus vite possible », clame le chercheur.
Malgré tout, tout espoir n’est pas encore perdu pour des lendemains plus verts. Piers Forster, de l’université de Leeds et auteur principal de l’étude de l’ESSD, incite à conserver « un peu d’optimisme ». Il souligne qu’il est possible « que les émissions mondiales atteignent leur pic et commencent à décliner substantiellement ». Plusieurs signaux peuvent effectivement laisser penser qu’une dynamique est potentiellement en marche :
- l’Europe a connu une forte baisse de ses émissions de CO2 en 2023 ;
- situation semblable en France avec une diminution de -5,8 % des émissions sur la même année ;
- de même, la Chine pourrait bien avoir connu en 2023 son pic d’émissions carbone selon certains spécialistes, ce qui formerait un véritable motif d’espoir.
Ainsi, le rapport juge que « les négociations climatiques en cours » ont une importance cruciale pour l’avenir. Objectif indispensable : accélérer le déploiement des énergies renouvelables pour enfin faire baisser durablement les émissions polluantes.
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