L’énergie grise : à quoi correspond-elle ?
L’énergie grise permet de mesurer l’énergie cachée d’un produit afin de connaître son impact environnemental. Déterminée par une Analyse du cycle de vie (ACV), elle prend en compte toute l’énergie consommée au cours du cycle de vie d’un objet ou d’un édifice. Cette durée s’étend donc du moment où les matières premières sont extraites pour la fabrication jusqu’à la fin de vie du produit désigné. Comment mesure-t-on l’énergie grise ? À quels domaines s’applique-t-elle ? Comment la prendre en compte dans notre vie quotidienne ? Choisir.com fait le point avec vous.
Énergie grise : définition
Parmi les nombreuses énergies consommées, il y a la grise. Aussi nommée énergie intrinsèque, elle est souvent cachée ou non mentionnée. Voici comment la définir.
Comprendre le principe de l’énergie grise
Lorsque nous avons un objet en main ou que nous le contemplons, ne nous mesurons pas vraiment toute l’énergie qu’il a nécessité pour exister. Nous tenons souvent compte de celle dont il a besoin pour fonctionner. Mais qu’est-ce que l’énergie grise ?
Selon la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement de (DREAL) de Normandie, la définition de l’énergie grise s’entend ainsi :
“Toutes les étapes de vie d’un produit de construction sont énergivores : l’extraction des matières premières, les étapes de transformation, les conditionnements, la mise en œuvre, le recyclage, la destruction et tous les transports utilisés. En additionnant l’énergie primaire consommée à chacune de ces étapes, on obtient l’énergie grise.”
Avant d’aller plus loin, il convient de rappeler la définition d’énergie primaire. D’après l’INSEE, il s’agit de « l’ensemble des produits énergétiques non transformés, exploités directement ou importés ». Il peut s’agir de pétrole, de gaz naturel, d’énergie solaire, etc. L’électricité, en revanche, est toujours considérée comme une énergie secondaire, car issue d’une transformation.
L’énergie grise représente donc toute l’énergie primaire consommée pour fabriquer un bien, l’entretenir durant son utilisation, procéder à son recyclage ou le jeter lorsqu’il est en fin de vie. Elle implique donc :
- l’extraction des matières premières nécessaires à la fabrication ;
- la production et/ou la transformation des éléments qui le constituent ;
- les divers emballages utilisés pour l’acheminement du produit de la zone de production vers le lieu de commercialisation et/ou de consommation ;
- le transport ;
- l’entretien pendant le cycle de vie ;
- la fin de vie (recyclage ou destruction).
L’énergie grise correspond en fait à « l’énergie cachée » inhérente à un produit. Cette information sert à mesurer les émissions de CO2 d’un élément donné pendant tout son cycle de vie, « hors vie en œuvre » comme le précise l’Agence régionale énergie – climat (AREC ex-ARENE) Île-de-France. En effet, elle ne prend pas en compte la consommation d’énergie lors de l’utilisation du produit en question.
Comme nous le verrons dans la suite de l’article, l’énergie grise est complémentaire avec l’énergie directe qui est consommée par un équipement en fonctionnement. Elle se distingue de l’énergie utile qui correspond quant à elle à la part d’énergie finale réellement utilisée pour que l’équipement fonctionne (en prenant en compte les pertes dues au transport, etc.).
Quelles ressources génèrent de l’énergie grise ?
Absolument toutes les ressources énergétiques présentes sur Terre produisent de l’énergie grise lorsqu’elles sont employées pour fabriquer un produit. Cela peut donc impliquer le besoin de différentes ressources, comme :
- du pétrole (pour le transport et l’acheminement des produits, par exemple) ;
- du gaz naturel (également utilisé par divers moyens de transport) ;
- du charbon qui sert à produire de l’électricité dans les centrales thermiques à flammes ;
- des énergies renouvelables, comme celles issues du soleil, du vent, de la chaleur des sols ou du mouvement de l’eau (houlomotrice, marémotrice et hydraulique).
Toutes les nouvelles énergies de demain seront, elles aussi, amenées un jour à générer de l’énergie grise. Elles seront cependant plus propre que celle issue de ressources non renouvelables. Thalassothermie, énergie maréthermique, aérothermie, aquathermie ou encore énergie osmotique seront peut-être utilisées dans les décennies à venir pour remplacer le pétrole, le charbon ou le gaz naturel.
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Ces produits émetteurs d’énergie grise
Chaque objet qui a été transformé a généré de l’énergie grise durant son processus de fabrication et en produira lorsqu’il devra être recyclé ou détruit.
Prenons l’exemple d’une baguette de pain. Cette dernière génère de l’énergie grise. En effet, pour la fabriquer, il a fallu réunir les matières premières (farine, eau, sel). Pour cela, le blé (ou autre céréale) a été semé dans un champ labouré par de gros engins à moteur (essence ou diesel, le plus souvent). La céréale a ensuite été récoltée pour être broyée et transformée en farine. À la suite de cela, il a fallu mettre la farine dans des sacs, la commercialiser et l’acheminer jusque chez le boulanger. Ce dernier a mélangé la poudre de blé avec de l’eau et du sel (qui ont eux aussi subi un parcours de transformation) dans son pétrin actionné grâce à l’électricité. La baguette a ensuite été façonnée puis cuite, dans un four à très haute température qui est alimenté en gaz, en électricité ou au bois. Voici comment votre baguette de pain a généré de l’énergie grise lors de sa fabrication.
Suite à cet exemple, on peut donc dire que tout ce qui nous entoure et qui a été transformé ou fabriqué mécaniquement par l’homme est source d’énergie grise. Les domaines qui en génèrent le plus sont nombreux. En voici quelques-uns :
- l’informatique (ordinateurs, centres de données, etc.) ;
- la téléphonie ;
- les transports ;
- l’habillement (ce secteur est même un très gros générateur d’énergie grise) ;
- la construction de logements, bureaux et locaux ;
- la production d’énergie (électricité, gaz, carburants, etc.) ;
- l’industrie pétrochimique ;
- l’automobile.
Identifier les produits ou domaines qui émettent le plus d’énergie grise permet de considérer le problème afin d’y remédier.
L’importance de s’informer sur l’énergie grise d’un produit
Connaître l’énergie grise d’un équipement permet de s’informer sur son impact environnemental. Dès lors que le produit nécessite des composants complexes (comme c’est le cas pour le matériel électronique, par exemple) et qu’il est fabriqué à l’autre bout du monde (en Chine, le plus souvent), l’énergie grise sera considérablement élevée. Toutes les forces nécessaires pour réaliser le produit, l’emballer et le transporter auront de ce fait un impact environnemental important.
Dès lors qu’un produit est réalisé localement (avec des matières premières extraites dans un périmètre proche du lieu de consommation), son impact environnemental sera diminué (par rapport au même objet fabriqué dans des pays lointains).
Une prise de consciente récente au sujet de l’énergie grise
Jusque dans les années 2000, l’énergie grise était peu considérée. Il était en effet fréquent de penser que l’énergie directe dont avait besoin un appareil pour fonctionner était la plus importante en termes de quantité. Cependant, des études ont démontré le contraire et ont prouvé que, comme la partie immergée d’un iceberg, l’énergie grise est en réalité bien plus importante qu’il n’y paraît.
La prise de conscience tardive quant à l’importance de l’énergie grise est due à plusieurs facteurs :
- les délocalisations qui se sont accélérées à l’aube du XXIe siècle (beaucoup d’entreprises locales ont stoppé leurs activités sur le territoire et le savoir-faire s’est exporté vers des pays lointains où le coût de la main-d’œuvre est plus intéressant) ;
- les produits high-tech sont de plus en plus évolués, demandant des matières premières spécifiques emprisonnées dans les roches et les sous-sols ;
- un manque d’études sur le sujet.
Nous savons désormais que cette énergie grise a un impact écologique majeur. La diminuer permettrait notamment de réduire les émissions de CO2, car cette énergie intrinsèque est souvent générée par des ressources d’origines fossiles et polluantes, comme le charbon.
Importateurs et exportateurs d’énergie grise
La chine est considérée comme un gros producteur et exportateur d’énergie grise. Les usines tournent à plein régime dans ce pays où le charbon est l’un des piliers du mix énergétique. Cependant, les équipements produits sur le territoire chinois sont majoritairement exportés à travers le monde, et notamment vers la France. Si nous utilisons ces produits qui font désormais partie de notre quotidien, nous participons nous aussi à la production de cette d’énergie cachée et polluante.
La Suisse apparaît quant à elle comme un exemple grâce à ses très faibles émissions d’énergie grise. Cela est pourtant loin de la réalité. Comptant peu d’usines, elle est obligée d’importer un grand nombre d’équipements en tous genres. Cela ne fait pas de ce pays alpin un exemple en matière d’énergie grise. En effet, l’importation a un impact environnemental majeur, ne serait-ce que par rapport à l’acheminement des marchandises.
Calcul de l’énergie grise : l’Analyse des cycles de vie (ACV)
L’énergie grise peut être mesurée avec diverses unités. En France, on l’exprime souvent en kWh (kilowattheure). Parfois, on la retrouve aussi en joules (J), 1 kWh étant égal à 3,6 MJ (mégajoules). Voici comment la calculer.
Comment est déterminée l’énergie grise d’un produit ?
Pour déterminer l’énergie grise d’un produit, il faut réaliser une Analyse des cycles de vie (ACV). La méthodologie de l’ACV a été fixée par la norme ISO 14040. Selon l’Organisation internationale de normalisation (ISO), « l’ACV traite les aspects environnementaux et les impacts environnementaux potentiels tout au long du cycle de vie d’un produit, de l’acquisition des matières premières à sa production, son utilisation, son traitement en fin de vie, son recyclage et sa mise au rebut ».
L’ACV est réalisée en 4 étapes :
- définition de l’objectif de l’analyse : cette première phase permet de poser un cadre avant d’entamer l’étude et de déterminer l’unité utilisée ;
- inventaire de cycle de vie : cette étape vise à recenser des flux d’énergies entrants et sortants et les matières premières utilisées ;
- examen de l’impact : cette étape permet de mesurer les conséquences sur l’environnement de la fabrication, de la circulation et de la destruction du produit ;
- interprétation de l’évaluation : cette phase finale vise à appréhender les résultats obtenus et à mettre en place des stratégies concernant la fabrication.
Cette analyse permet de bien mesurer l’impact environnemental d’un produit, mais elle présente certaines limites.
Les limites de l’analyse des cycles de vie
L’analyse des cycles de vie fait preuve de deux grandes limites. Tout d’abord une limite géographique. En effet, l’énergie consommée à l’international est difficile à mesurer. Il n’est pas toujours facile d’obtenir les informations sur des produits manufacturés à l’étranger. D’autre part, les méthodes de comptage de la consommation ne sont pas toujours les mêmes d’un pays à l’autre. Ce manque d’homogénéité influe sur les résultats.
Aussi, il existe une limite « juridique ». Dans la plupart des cas, la réglementation n’impose pas la réalisation d’ACV. Par conséquent, il n’est pas obligatoire d’en afficher les résultats. À l’inverse, il est obligatoire pour vendre un bien immobilier ou un appareil électronique de présenter sa classe énergétique au consommateur. Il s’agit de l’énergie consommée lors de l’usage, notamment à travers l’éclairage, le chauffage, la production d’eau chaude et le fonctionnement des appareils électriques (ou utilisant une autre énergie).
Que représente l’énergie grise cachée dans la consommation ?
La part d’énergie grise dépend de l’objet d’étude (BTP, transports, produits de grande consommation, etc.). En fonction des processus industriels mis en place, elle est plus ou moins importante. D’après l’Institut du développement durable et des relations internationales (IDDRI), l’énergie grise représente les trois quarts des consommations d’énergie en France.
Comment calculer l’énergie grise de ses biens ?
S’intéresser à l’énergie grise permet d’opter pour un mode de vie plus durable. En effet, elle représente la majorité de nos consommations. Cela étant par manque d’information, il est compliqué de la mesurer.
Un particulier tout seul peut difficilement calculer l’énergie grise de ce qu’il possède ou souhaite acheter. En effet, comme on l’a vu, cela reviendrait à additionner tous les kWh d’énergie utilisés pour fabriquer chaque composante d’un produit et y ajouter les transports, le recyclage, etc. Manuellement, ce calcul est impossible.
Pour se faire une idée de l’écobilan d’un objet ou d’un bâtiment, il est possible de se tourner vers des bases de données comme :
- ecoinvent, un outil suisse rédigé en anglais ;
- Base Impacts de l’Ademe ;
- Gabi, une base de données en anglais d’un éditeur de logiciel d’ACV.
Vous pouvez aussi vous tourner vers le fabricant. Certaines entreprises réalisent des ACV de leurs produits. Parfois, elles les rendent publics dans un souci de transparence. C’est par exemple le cas de Tetrapak, qui met à disposition des consommateurs l’analyse des cycles de vie de certains emballages.
Sinon, il faudra entamer des recherches un peu plus poussées sur internet en faisant attention aux sources.
L’énergie grise des bâtiments :
L’énergie grise des bâtiments permet de mesurer l’énergie utilisée pour ériger l’édifice puis pour le détruire (en fin de vie ou lorsque cela est nécessaire, pour diverses raisons). Elle prend en compte les matériaux de construction ainsi que l’énergie consommée lors du chantier.
L’énergie grise intervient dans certains processus de labellisation comme, la Haute qualité environnementale (HQE). Il s’agit d’un label créé en 2004 par l’AFNOR. Il mesure les impacts à long terme et à court terme d’un édifice.
L’énergie grise des différents matériaux de construction
Certains matériaux de construction sont plus écologiques que d’autres. Pour réaliser l’analyse des cycles de vie d’un bâtiment, on se base sur des données préétablies.
À titre d’exemple voici des tableaux présentant l’énergie grise d’isolants et de matériaux de construction.
Matériau | Énergie grise |
---|---|
Bois | 0,1 à 0,6 MWh/m3 |
Polystyrène | 0,3 à 0,85 MWh/m3 |
Brique pleine | 1,2 MWh/m3 |
Béton armé | 1,85 MWh/m3 |
Acier primaire (non recyclé) | 52 MWh/m3 |
Aluminium | 190 MWh/m3 |
L’énergie grise de ces matériaux peut varier selon l’utilisation, les performances et le lieu de fabrication. L’unité utilisée est le MWh (mégawattheure). 1 MWh = 1000 kWh.
Voyons maintenant ce qu’il en est des matériaux utilisés pour ériger les murs d’un édifice, le couvrir d’un toit, l’isoler ou encore créer des cloisons. Nos sources proviennent du site ecoconso.be « L’énergie grise des matériaux de construction ». Nous avons retenu les produits les plus utilisés dans le domaine du bâtiment :
Matériau | Énergie grise |
---|---|
Brique en terre cuite (nid d’abeilles) | 0,45 MWh/m3 |
Brique silico-calcaire creuse | 0,35 MWh/m3 |
Béton cellulaire | 0,20 MWh/m3 |
Tuyau en PVC | 27 MWh/m3 |
Bois d’œuvre (charpente) | 0,18 MWh/m3 |
Bois lamellé-collé (charpente) | 2,2 MWh/m3 |
Plaque de plâtre cartonnée (BA13) | 0,85 MWh/m3 |
Fibres de lin | 0,3 MWh/m3 |
Fibres de chanvre | 0,4 MWh/m3 |
Laine de roche | 0,15 MWh/m3 |
Laine de verre | 0,25 MWh/m3 |
Polystyrène expansé (isolation) | 0,45 MWh/m3 |
Tuile en terre cuite | 14 MWh/m3 |
Enduit ciment | 11 MWh/m3 |
En additionnant tous ces éléments, il est possible de mesurer une partie de l’énergie grise du bâtiment.
Il faut ajouter à cela les menuiseries (portes et fenêtre extérieures et intérieures), les revêtements muraux et des sols, les équipements pour le chauffage, la production d’eau chaude sanitaire, la ventilation ou encore tout le circuit électrique. Ces derniers sont souvent produits dans des usines lointaines. Le plastique (issu de la pétrochimie) compose la plupart de ces objets indispensables pour rendre un logement habitable. De même, le carrelage peut cacher une part importante d’énergie grise, en raison des hautes températures nécessaires pour cuire l’argile ou la terre qui le compose.
Énergie utilisée pour le chantier
Outre les matériaux, la consommation d’énergie sur le chantier influe sur l’analyse du cycle de vie d’un logement. Il faut prendre en compte :
- le transport des matériaux sur le chantier ;
- le transport des employés ;
- les installations temporaires sur le site ;
- le renouvellement des équipements sur le bâtiment ;
- la destruction de l’édifice.
Le cumul de l’énergie grise des matériaux et du chantier donne l’énergie grise globale de l’édifice.
RE 2020 et énergie grise
Face à l’impact énergétique des matériaux de construction, des initiatives pour réduire leur énergie grise ont été mises en place. C’est le cas par exemple de la RE 2020 qui va en ce sens.
En effet, la réglementation environnementale 2020, en vigueur depuis le 1er janvier 2022 prend désormais en compte l’énergie grise générée par les matériaux de construction. Ils doivent désormais être biosourcés, c’est-à-dire issus du vivant. Les matières végétales sont ainsi à l’honneur avec cette réglementation qui régit maintenant les constructions nouvelles. Bois, ouate de cellulose, lin, chanvre, paille, liège, chaume et bien plus doivent dorénavant constituer le bâti. Dans le tableau précédent, nous pouvons par exemple voir que les fibres de lin utilisées pour l’isolation dégagent moins d’énergie grise que le polystyrène expansé.
Pour que ces matériaux soient réellement plus économes en énergie durant leur cycle de vie, il est important qu’ils soient locaux. La fabrication doit avoir lieu sur le territoire et exiger le moins de transport possible.
Le processus de fabrication a également toute son importance. En diminuant les besoins de transformation, moins d’énergie sera nécessaire pour concevoir ces matériaux.
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faire une simulationL’énergie grise de l’électroménager : une consommation exorbitante
L’électroménager est un secteur très énergivore. La fabrication d’appareils nécessite bien souvent de nombreux procédés industriels. Elle implique aussi une logistique importante et le transport de matériaux qui peuvent venir de divers pays souvent très éloignés.
Appareils ménagers et énergie grise
Du four au lave-vaisselle, en passant par le réfrigérateur, les lampes de la maison, le réveil ou le micro-ondes, tous les appareils électroménagers cachent une part importante d’énergie grise. Outre leur habillage (en plastique ou en métal), ces équipements embarquent des composants électroniques souvent fabriqués aux quatre coins du monde. Le fabriquant doit donc les importer pour assembler l’appareil qui sera ensuite expédié par divers moyens de transport (bateau, avion, train, camions).
Cette énergie grise peut toutefois être réduite si :
- vous faites réparer un appareil en panne au lieu de le remplacer par un neuf ;
- vous vous tournez vers un produit fabriqué en France ou en Europe (afin de réduire l’impact du transport) ;
- vous vous équipez d’appareils essentiels au quotidien en limitant le superflu.
Énergie grise : le cas du smartphone
Il est possible de mesurer l’énergie grise de tous les équipements présents dans un foyer. Bien évidemment, il est impossible d’être exhaustif. Pour vous donner une idée, nous avons décidé de prendre l’exemple de l’énergie grise d’un appareil présent au quotidien : le téléphone portable.
Les téléphones portables sont parmi les équipements ayant un bilan énergétique les plus importants. Pour fabriquer un téléphone, il faut parfois plus de 60 métaux divers. Par ailleurs, ces objets dont il est difficile de se passer ne sont pas produits sur le territoire français. Ils sont pour la plupart réalisés dans des usines qui se trouvent essentiellement en Chine. La majorité de ces sites de production utilise l’électricité produite par les centrales à charbon du pays.
La fabrication est le processus le plus énergivore. Si l’on en croit Carole Charbuillet, ingénieure de recherche à l’institut des Arts et Métiers de Chambéry, en France :
“Nos analyses sur le cycle de vie d’un smartphone menées il y a deux ans montrent qu’il faut au moins cinq ans d’utilisation pour que l’impact environnemental de l’usage soit égal à celui de sa fabrication.”
Le faible taux de recyclage influe aussi sur l’analyse du cycle de vie des smartphones. En France, les campagnes de sensibilisation ont permis d’augmenter la part de smartphones recyclés. Les usagers sont désormais de plus en plus enclins à acheter un téléphone reconditionné (c’est-à-dire un modèle d’occasion) à la place d’un neuf. Le coût de ces petits appareils est également un argument qui conduit les utilisateurs à se tourner vers des smartphones d’occasion.
L’énergie grise d’un ordinateur
Selon une association suisse pour le développement des énergies renouvelables (nommée ADER), un ordinateur classique aurait besoin de 6 275 kWh d’énergie grise pour sa fabrication. Sa consommation énergétique pendant 5 ans serait quant à elle de 640 kWh (chiffre donné pour une utilisation de deux heures par jour), soit près d’un dixième de l’énergie grise qu’il a nécessité. La métaphore de l’iceberg précédemment avancée prend tout son sens avec cet exemple concret.
Mobilité : l’énergie grise dans les transports
Le thème de l’énergie grise intervient aussi dans la mobilité. En effet, pour déterminer si un moyen de transport est polluant, il faut bien entendu regarder ce qu’il consomme en cours d’utilisation, mais aussi les processus de fabrication.
Énergie grise des voitures électrique et thermique
On entend souvent dire que les véhicules électriques sont plus écologiques que les voitures thermiques. Et c’est bien vrai, en cours d’utilisation, elles consomment bien moins que les modèles à essence ou diesel. En effet, l’Ademe considère que sur la route, une voiture électrique rejette 2,34 tonnes équivalent CO2 pour 150 000 kms parcourus. Pour la même distance, un engin thermique émettra 18,26 tonnes équivalent CO2.
En revanche, l’énergie grise d’une voiture électrique est plus importante que celle des voitures thermiques. Si l’on regarde dans le détail, la fabrication d’une voiture électrique induit en moyenne une émission de 6,57 tonnes équivalent CO2, dont la moitié pour la batterie. À l’inverse, une voiture thermique représente 3,74 tonnes équivalent CO2.
Si l’on regarde les deux données, la voiture électrique apparaît plus écologique, à condition d’en faire un usage dans le temps.
Énergie grise et carburant
Que ce soit le gazole, l’essence, le GPL ou le GNL, la production de tous ces carburants implique de l’énergie grise. Celle-ci est principalement générée par l’extraction des matières premières dans les sous-sols (pétrole pour l’essence, le gazole et le GPL, gaz naturel pour le GNL). Viennent ensuite son raffinage, son transport et sa commercialisation.
Le carburant n’est pas recyclé. Il est entièrement consommé par les véhicules (ou pire, fini dans la nature). Selon nos sources, l’énergie grise pour l’élaboration d’un carburant équivaut à 1⁄7 de l’énergie qui est consommée.
Mon vélo produit-il de l’énergie grise ?
Oui, comme tout objet qui a été fabriqué, un vélo génère également de l’énergie grise. Cependant, cela est bien inférieur aux besoins de production d’un véhicule à moteur thermique ou électrique.
L’avantage du vélo et de tous les équipements de mobilité douce, c’est que ces derniers n’auront pas besoin de carburant ou d’électricité pour fonctionner (hormis la bicyclette à assistance électrique). Leur impact écologique sera alors bien moindre par rapport à une voiture, par exemple.
Zoom sur l’emprise énergétique de l’énergie grise
La notion d’énergie grise a d’abord été utilisée dans le bâtiment puis elle s’est diffusée aux produits de grande consommation. Elle intervient également lorsqu’il s’agit de mesurer l’emprise énergétique d’un ménage.
Selon l’IDDRI, « l’emprise énergétique se définit comme la somme des énergies requises pour satisfaire les besoins en énergie d’un groupe de personnes ou d’un individu. Cette emprise a deux composantes : l’énergie directe, visible sur les factures de gaz, d’électricité ou de carburant ; et l’énergie grise, nécessaire pour satisfaire le reste de nos besoins en biens et services ».
L’emprise énergétique est donc l’un des meilleurs moyens de mesurer son impact sur la planète.
Limiter son emprise énergétique en réalisant des économies d’énergie
Pour diminuer son emprise énergétique, plusieurs solutions s’offrent à vous. Tout d’abord, il convient de limiter sa consommation d’énergie directe. Pour cela, le mieux reste de faire des économies d’énergie. Cela passe par la mise en place d’éco-gestes. Notamment, vous pouvez :
- baisser votre chauffage d’un degré. Cela induit 7 % d’économies sur vos factures ;
- dégivrer votre réfrigérateur. En effet, un appareil avec du givre peut représenter 30 % de surconsommation ;
- utiliser les modes éco des lave-linge et lave-vaisselle ;
- programmer le chauffe-eau uniquement en heures creuses ;
- dépoussiérer vos radiateurs électriques, etc.
Ces gestes sont faciles à mettre en place et permettent un gain notable sur vos dépenses en énergie.
Revoir son mode de consommation pour réduire l’énergie grise
Réduire ses besoins d’énergie directe est un premier pas pour diminuer l’impact des équipements sur l’environnement. Pour aller plus loin, vous pouvez décider de minimiser l’énergie grise produite par les produits que vous achetez. Voici comment y arriver :
- privilégier des produits locaux ;
- miser sur les matières naturelles et de bonne qualité qu’il n’est pas nécessaire de puiser dans les sous-sols ;
- entretenir et réparer les appareils afin qu’ils durent plus longtemps ;
- prêter et emprunter les objets afin de diminuer les besoins d’achat (livres, matériel de jardinage et bien plus peuvent être prêtés) ;
- donner au lieu de jeter (lorsque c’est en bon état). Cela peut profiter à une association d’entraide, à vos voisins, etc.
- réduire l’emballage des produits, en achetant en vrac, par exemple.
Ce sont autant de points qui contribueront à fabriquer moins d’objets et donc à réduire la production d’énergie grise.
Respect de l’environnement et consommation
Vous devez changer certains équipements chez vous ? Au moment de l’achat d’appareils électriques, pensez à bien prendre en compte leur classe énergétique. Cela n’aura pas d’influence sur l’énergie grise émise, mais sur leur consommation directe d’électricité.
Pour réduire leur énergie grise, il vous revient de prolonger la durée de vie de vos équipements en les entretenant bien. Dès lors qu’ils fonctionnent correctement, vous n’aurez pas l’utilité de les remplacer. Par exemple, au lieu de changer de smartphone tous les deux ans, gardez-les sur 4 ou 5 années. Pensez ensuite à bien le recycler.
Vous pouvez aussi décider de remettre des appareils en état. Il peut s’agir de produits que vous avez achetés neufs ou d’occasion. Pour faciliter la réparation des produits, il est obligatoire d’afficher dans les points de vente la disponibilité des pièces de rechange. Le fabricant doit pouvoir les fournir sous deux mois au vendeur. De plus, depuis le 1er janvier 2021, grâce à la loi anti-gaspillage promulguée le 10 février 2020, un indice de réparabilité doit être précisé pour un grand nombre de catégories d’appareils (smartphones, petit et gros électroménager, ordinateurs, etc.). Cela indique à quel niveau peut être réparé l’appareil neuf que vous vous apprêtez à acheter auprès d’un professionnel (les ventes d’occasion ou entre particuliers ne sont pas concernées).
Peut-on verdir sa consommation d’énergie grise ?
L’énergie grise générée par le cycle de vie d’un produit peut nécessiter des combustibles d’origine fossile, comme l’uranium utilisé pour produire de l’électricité dans les centrales nucléaires. Elle peut aussi impliquer l’utilisation d’énergies renouvelables sous différentes formes. Il est cependant impossible de dire si les processus de fabrication font appel à ces ressources propres qui sont pourtant l’avenir. Cette traçabilité n’existe pas encore. Par ailleurs, les pays gros producteurs d’énergie grise ne sont pas très enclins à changer leur mode de fonctionnement (c’est le cas de la Chine, par exemple qui utilise de grandes quantités de charbon).
Si l’énergie grise venait à se verdir grâce à l’éolien, au solaire, à la géothermie ou autre, cela ne réduirait pas pour autant l’utilisation massive des ressources renouvelables que nous avons à disposition.
De plus, on l’a dit, les habitudes de mobilité influent sur votre emprise énergétique. En optant pour une voiture électrique ou un vélo au lieu d’une voiture thermique, vous pourrez diminuer drastiquement vos rejets de CO2. Cela est valable si vous privilégiez une offre d’électricité verte. Pour en trouver une qui corresponde à vos besoins, n’hésitez pas à utiliser notre comparateur pour l’électricité et le gaz.
Se tourner vers un véhicule électrique peut sembler intéressant. Mais notez que bien que la fission nucléaire nécessaire à la production électrique émette très peu de CO2, cela reste une énergie produite à partir d’une ressource fossile (l’uranium).
Pour réduire l’empreinte carbone de tous vos équipements durant leur utilisation, vous pouvez opter pour une offre d’électricité verte et/ou de biométhane issu de la biomasse. Cela permettra d’avoir un impact positif sur l’environnement.
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