Nucléaire : immobilisation prolongée pour de nouveaux réacteurs
L’efficacité du parc nucléaire français est-elle de nouveau menacée ? Alors que ce dernier a vécu une année noire en 2022, et EDF aussi par la même occasion, le début 2023 tendait plus à l’optimisme. Toutefois, depuis mi-février, le programme de relance de ce parc, essentiel pour la sécurité énergétique française, se retrouve une nouvelle fois perturbé. Trois réacteurs supplémentaires viennent en effet d’être déconnectés du réseau. Si leur arrêt, pour maintenance, était programmé, cela pose malgré tout question. Car en 2023, plusieurs autres réacteurs devront également être débranchés, pour des travaux identiques et nécessaires devant durer plusieurs mois. De quoi craindre une production d’énergie insuffisante en vue de l’hiver déjà redouté de 2023-2024 ? Choisir.com fait le point.
Trois nouveaux arrêts de réacteurs… décidés de manière volontaire par EDF
L’année 2022, pour EDF et le parc nucléaire français, a véritablement été une année noire. L’enchaînement d’arrêts de réacteurs de manière régulière a effectivement été, pour l’énergéticien, historique. Pour dire : à l’été 2022, près de la moitié du parc nucléaire national était déconnectée du réseau !
Cela a eu de graves répercussions au niveau de la production électrique, faible et loin d’être suffisante l’an passé pour assurer les besoins de la population. Enchaînement malheureusement logique pour le groupe, EDF a publié pour 2022 des résultats réellement mauvais.
Pour autant, depuis la fin de l’année, l’énergéticien était en train de redresser la barre. Entre décembre et janvier 2023, les redémarrages de réacteurs se sont en effet enchaînés. Ces dernières semaines, le groupe ne comptait même plus qu’un réacteur sur cinq d’immobilisé.
Cette évolution positive n’était-elle qu’une (trop) courte passade ? En effet, le nombre de réacteurs à l’arrêt repart de nouveau à la hausse depuis peu. La cause : des travaux de maintenance programmés qui doivent permettre d’allonger la durée de vie de ces réacteurs.
Si ces arrêts sont volontaires de la part d’EDF, il n’en reste pas moins que cela bouleverse une nouvelle fois son programme de relance. En effet, depuis mi-février 2023, trois réacteurs supplémentaires ont été déconnectés du réseau national. Il s’agit des réacteurs de :
- Gravelines 1 (Nord) ;
- Blayais 4 (Gironde) ;
- Dampierre 4 (Loiret).
Ce dernier réacteur a cessé de fonctionner le 17 février 2023. L’objectif était de procéder à une opération de maintenance sur une pompe située dans la partie non-nucléaire de l’installation. D’après BFM Business, cette unité devait redémarrer le 20 février. Cependant, à ce jour, ce redémarrage n’a toujours pas été effectué.
Avec ces trois arrêts, cela porte ainsi à 14 le nombre de réacteurs hors-services (sur les 56 que compte au total le parc français), contre 11 les semaines passées.
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faire une simulationDes arrêts qui vont s’enchaîner en 2023
Les réacteurs de Gravelines 1, Blayais 4 et Dampierre 4 ne seront en effet pas les seules unités à être débranchées au fil de l’année qui commence à peine. Pour chaque cas, il s’agit donc de déconnexions programmées et volontaires. Mais face à la crise énergétique et à la nécessaire amélioration de la production électrique par rapport à celle de 2022, cela pose malgré tout question. D’autant plus que ces arrêts devraient, à chaque fois, s’étendre sur des durées assez étendues.
Par exemple, deux autres réacteurs viennent d’entamer leur visite décennale pour des travaux de maintenance nécessaires :
- à Chinon (Indre-et-Loire) ;
- à Saint-Laurent (Loir-et-Cher).
Temps estimé de ces travaux ? 6 à 9 mois. La finalité espérée par le groupe est ainsi de pouvoir prolonger la durée de vie de ces réacteurs de 40 à 50 ans. Alors que beaucoup de réacteurs étaient, initialement, conçus pour une durée de fonctionnement de 40 ans, EDF souhaiterait en réalité obtenir la prolongation de ses réacteurs au-delà de 60 ans. Un sujet qui fait débat entre les différents acteurs du nucléaire.
En plus des réacteurs de Chinon et de Saint-Laurent, cinq autres infrastructures connaîtront de semblables visites décennales en 2023. Cependant, le PDG du géant de l’énergie, Luc Rémont, souhaiterait pouvoir réduire leur durée d’indisponibilité pour favoriser l’augmentation de la production électrique. C’est d’ailleurs l’un des axes des trois chantiers fixés par Élisabeth Borne à EDF en décembre, que Luc Rémont doit engager.
Pour le groupe, l’année 2023 devra en tout cas être bien meilleure que 2022 s’il ne veut pas aller au-devant de difficultés encore plus importantes. En effet, en grande partie à cause de la faible production d’électricité réalisée, EDF a essuyé l’an passé des pertes s’élevant à 18 milliards d’euros !
L’entreprise souhaite également, par cette hausse de production attendue et espérée, éviter de devoir importer de l’électricité à des pays voisins, comme à l’Allemagne ou à la Belgique par exemple. En effet, tandis qu’elle est, historiquement, un pays exportateur d’électricité, la France avait fait appel à l’aide de ses voisins en la matière fin 2022.
Cette volonté d’augmenter la production nucléaire en 2023 se confrontera donc encore à ces nouveaux arrêts qui se succéderont cette année. Il en va pourtant de la sécurité énergétique du pays et de tous les Français. Alors que l’hiver 2023-2024 sera peut-être encore plus à risque que le précédent, d’autres indicateurs ne rassurent d’ailleurs pas tellement. Les réserves de gaz et le niveau des barrages français poursuivent effectivement leur baisse. La situation hydrique, du fait de la sécheresse qui touche déjà la France en ce début d’année, commence même à devenir inquiétante.
Autant d’éléments qui ont de quoi mettre encore plus de pression sur le parc nucléaire français. Ce dernier, malgré les opérations de maintenance prévues, devra assurer en 2023.
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