Énergie : ces communes qui produisent leur électricité verte

publié le 06/04/2023 à 14h18 | mis à jour le 20/06/2023 à 16h18 | par Johann Sonneck

Quand des communes produisent leur propre électricité, verte et renouvelable

Montdidier est une petite ville picarde d’un peu plus de 6 000 habitants. Située dans l’est de la Somme, elle s’est lancée en 2011 dans un projet pionnier : mettre en place, sur le territoire de la commune, un parc éolien public. Aujourd’hui, une régie communale gère donc ce qui forme le premier parc éolien 100 % public de France. Celle-ci se charge de tout le « circuit de l’énergie » : la distribution et la fourniture en électricité aux habitants bien sûr, mais aussi et surtout la production de cette énergie renouvelable.

La volonté de la mairie était claire : produire toute l’électricité consommée par ses habitants. « Au départ, explique Catherine Quignon, maire (PS) de la commune, notre première idée était de se dire “Quelle est la richesse qu’on a à Montdidier ? C’est le vent” ». Ce vent balaye effectivement avec force le territoire de Montdidier comme l’ensemble des plaines de la Somme.

« Si l’on prend 2020 par exemple, une de nos meilleures années, nous avons produit 19 gigawattheures (GWh) » se félicitait, en novembre 2022, Rodolphe Bral, directeur de la régie communale. Le tout grâce à quatre éoliennes installées en bordure de la commune, dont les pales tournent sans discontinuer. La production de cette énergie éolienne permet ainsi de couvrir « en moyenne 55 % des besoins en électricité pour toute la ville » détaille la maire. Par « toute la ville », celle-ci parle en réalité des habitations des particuliers, mais aussi de :

• l’hôpital de la commune ;
• sa zone commerciale ;
• sa zone industrielle.

Aujourd’hui, la réussite de cette démarche ne fait plus aucun doute. L’investissement de 11 millions d’euros qui avait été consenti est même déjà amorti.

Montdidier a également d’autres projets dans ce domaine puisqu’elle est aussi dotée d’un parc photovoltaïque composé de 1 202 panneaux solaires. Son projet ? Doubler cette capacité, pour couvrir tous les besoins en électricité des bâtiments municipaux d’ici 2 ans, en 2025.

Ce qui est sûr, c’est que grâce à toutes ces installations, cette commune de la Somme a pu ainsi mieux résister à la crise énergétique qui a éclaté en 2022. Tout comme Gœulzin, dans le Nord, petit village d’environ 1 000 habitants situé près de Douai. En 2014, Francis Fustin, maire (SE) de Gœulzin, découvre un rapport parlementaire qui prédit que, d’ici 2030, le prix de l’énergie sera à multiplier par trois. C’est de là que naît son idée : profiter de la force hydraulique de la rivière qui coule sur le territoire du village, où se trouvait auparavant un ancien moulin.

En 2020, Francis Fustin y fait donc installer une roue qui est, en fait, une véritable centrale hydroélectrique. « La force de l’eau fait tourner la roue, qui elle-même fait tourner une génératrice d’énergie, précise ce dernier. Ça existe depuis des millénaires… »

L’investissement s’est élevé à près 150 000 euros, mais la mairie a pu également bénéficier de subventions. La roue permet ainsi de produire de quoi éclairer :

• les bâtiments publics durant la journée ;
• les rues du village pendant la nuit.

Grâce à la production de cette énergie hydraulique, la commune a également réalisé de considérables économies sur sa facture d’électricité. « Cette année le budget, sans cette centrale, aurait dû être […] de 85 000 € rien qu’en électricité. On devrait être à environ 5 ou 6 000 € avec la roue. C’est énorme » se félicite le maire de Gœulzin.

Une production d’électricité verte et locale qui ne manque pas d’avantages

À Montdidier comme à Gœulzin, la production d’électricité solaire, éolienne ou hydraulique permet donc de réaliser des économies plus qu’importantes. D’autres communes, et non des moindres, se lancent également dans le projet de la production d’énergies renouvelables. Par exemple, la ville de Paris est justement en train d’installer des panneaux solaires sur ses toits. D’après les journalistes de France 2, il y aurait en France également 30 000 moulins prêts à accueillir une petite centrale hydroélectrique comme celle installée à Gœulzin.

Avec tous les avantages économiques que cela permet derrière. Grâce à la roue, la mairie produit près de 100 000 kilowattheures (KWh) par an d’électricité. Cela représente, au total, 10 % du budget communal. Des économies énormes qui se chiffrent donc à environ 80 000 euros par an !

Cette somme conséquente permet à la municipalité, au quotidien, de mieux subvenir aux besoins de ses administrés : « Avec 80 000 €, […] un maire arrive à combler les trous des routes, à changer les lampes quand elles claquent, à acheter des ordinateurs pour les enfants de l’école, on y arrive » fait ainsi très justement observer Francis Fustin. Ces économies rejaillissent donc concrètement sur la qualité de vie des habitants de Gœulzin qui s’en retrouve, grâce elles, facilitée.

Il en est de même à Montdidier, dans la Somme. Là-bas, les éoliennes sont en fait devenues indispensables à la commune. Rodolphe Bral, directeur de la régie municipale, indique effectivement que « 33 GWh sont consommés chaque année » dans la commune. « La majorité de cette énergie est consommée directement par les clients résidentiels » qui payent leur électricité au tarif réglementé, soit le même prix que le reste des Français. Ensuite, « l’excédent est revendu à EDF » conclut Rodolphe Bral. Comme à Gœulzin, la quantité d’électricité produite mais non consommée est donc rachetée par EDF. Cela rend les factures d’électricité de ces communes encore plus légères.

À Montdidier, tout cela permet à la mairie de tirer un bénéfice d’environ 150 000 € par an. Grâce à ces bénéfices et à cette production d’énergie verte, les habitants de la ville profitent également de nombreux avantages :

• cette somme de 150 000 € leur est redistribuée au moment des fêtes, sous forme de chéquiers de bons d’achat à dépenser dans les commerces de la ville. Ainsi se crée une économie circulaire qui participe au dynamisme de tout le tissu économique de la commune ;
• ils peuvent également obtenir des aides communales, en plus de celles de l’État, pour l’installation d’une pompe à chaleur, l’achat d’un vélo électrique…

Ces impacts positifs sur la vie quotidienne des habitants de Montdidier ont ainsi permis d’y rendre populaires la démarche écologique de la mairie et ses éoliennes.

Avec tous ces projets de production d’électricité verte, la municipalité de Montdidier a en fait une ambition : développer son autonomie énergétique. « Notre objectif, c’est que cette ville soit autonome » affirme clairement Catherine Quignon, maire de la commune. À Gœulzin, la volonté n’est pas différente. Début 2023, 90 % des besoins en électricité de la commune étaient couverts grâce à sa petite centrale hydroélectrique. D’après La Voix du Nord, le village devrait même réussir à devenir autonome en énergie dans le courant de l’année. Avec, même, un petit bénéfice annuel qui serait envisageable. Alors que les prix de l’énergie sont toujours très élevés à l’heure actuelle, voilà donc de nombreuses raisons qui expliquent pourquoi ces démarches vertes mériteraient d’être développées partout en France.

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