Engie vers la décarbonation de ses activités… Vraiment ?

Dernièrement, le géant de l’énergie Engie affiche sa volonté de réaliser la décarbonation de ses activités. Dans le contexte actuel de crises énergétique et climatique, « la transition énergétique et environnementale est un impératif absolu » de la part du n° 1 français du gaz. Cela passe, par exemple, par des investissements dans le domaine des énergies renouvelables. Problème : des ONG dénoncent en même temps un « double discours » tenu par le groupe énergétique ainsi que d’autres investissements réalisés qui n’auraient rien de durable. Alors, cette décarbonation prônée par Engie n’est-elle qu’une façade ou une véritable réalité ? Choisir.com vous livre dans cet article plusieurs éléments de réponse.

engie energie verte

L’objectif affiché d’Engie : décarboner ses activités

Engie est actuellement le n° 1 français du gaz. Alors que l’Assemblée Générale de l’entreprise énergétique s’est tenue le mercredi 26 avril 2023, plusieurs éléments témoignent de sa volonté de décarboner ses activités. Rendre celles-ci moins émettrices de CO2 est un véritable enjeu lorsque l’on sait que le secteur de l’énergie est le principal émetteur de gaz à effet de serre (GES) au niveau mondial.

Ainsi, pour Tanguy Moulin-Fournier, responsable achats durables d’Engie, « la transition énergétique et environnementale est un impératif absolu ». Dans cette perspective, le groupe montre donc son désir d’agir et de montrer l’exemple. « On a plusieurs leviers opérationnels, explique Julia Maris, directrice développement durable d’Engie. Le premier levier est évidemment la sortie du charbon et nous avons acté qu’en Europe, nous ne serons plus dans l’industrie du charbon à partir de 2025 ». Soit dans à peine deux ans, alors que la sortie mondiale de cette énergie fossile est imaginée pour 2027.

Julia Maris indique également que « le deuxième grand levier de décarbonation du groupe, c’est l’investissement très fort dans les énergies renouvelables ». Celle-ci prend en exemple les trois plus importantes d’entre elles, à savoir :

  • l’hydraulique ;
  • l’éolien ;
  • et le solaire.

Engie a également pris des engagements ambitieux pour passer « du gaz fossile vers des gaz renouvelables que sont le biométhane et l’hydrogène » d’après Julia Maris.

Pour œuvrer en faveur de la transition écologique et énergétique, le groupe a aussi mis en place des partenariats et des associations. Début mars 2023, Engie a ainsi créé, en compagnie des entreprises Sanef (société concessionnaire d’autoroutes) et Ceva Logistics (entreprise spécialisée dans la logistique), l’European Clean Transport Network Alliance (ECTN Alliance). Son but : accélérer la décarbonation du transport routier de marchandises longue distance. Le moyen : mailler les axes autoroutiers européens de stations multi-énergies, alimentées par Engie en énergies bas carbone, notamment en hydrogène vert. Dès septembre 2023, l’axe autoroutier reliant Lille à Avignon sera le cadre de l’expérimentation de ce nouveau projet.

Ensuite, à la mi-avril dernier, le n°1 du gaz en France a également conclu un partenariat avec l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, et Bpifrance. Cette dernière est une banque d’investissement. L’objectif est de donner la possibilité à un millier des fournisseurs TPE et PME du groupe de bénéficier du dispositif « Diag Décarbon’Action ». C’est un programme qui vise à aider à la mise en œuvre d’actions concrètes de décarbonation. Tanguy Moulin-Fournier explique que « nous voulons entraîner tous nos fournisseurs dans un mouvement de décarbonation » qu’il s’agisse des plus petits comme des « top fournisseurs » d’Engie.

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Des ONG dénoncent un double discours et des investissements dans les énergies fossiles

Tanguy Moulin-Fournier, responsable achats durables d’Engie note que « l’économie occidentale s’est engagée sur un chemin de décarbonation et il n’y aura pas de marche arrière ». Voilà pourquoi la volonté annoncée du groupe énergétique est de réduire à zéro ses émissions nettes de CO2 d’ici 2045. La même source annonce même que « dans quelques années, les entreprises qui n’auront rien compris à ce sujet [de la transition énergétique] seront sorties du jeu ».

Engie fera-t-elle partie de ces entreprises ? En effet, malgré les actions effectuées, les partenariats et les déclarations « écolo », une réalité demeure. En état, le géant de l’énergie français n’est toujours pas en phase avec les trajectoires de réchauffement de 1,5 °C fixé par l’accord de Paris. Accord international sur le climat, ce dernier date de 2015.

C’est la raison pour laquelle plusieurs ONG jugent aujourd’hui que les efforts réalisés par Engie restent largement insuffisants. Lucie Pinson est membre de l’ONG Reclaim Finance, spécialisée dans la finance verte. Elle va même plus loin en dénonçant un véritable double discours tenu par Engie et d’autres géants de l’énergie. « Des grands groupes, comme Engie ou Total, investissent dans les énergies renouvelables mais continuent d’investir aussi dans le déploiement de nouveaux projets d’énergie fossile.

Celle-ci affirme également qu’« Engie a encore plus d’1 gigawatt (GW) prévu dans des nouvelles centrales [thermiques] à gaz et vient de signer deux contrats d’importation de gaz de schiste des États-Unis, donc avec un lourd impact sur l’environnement. Ces contrats courent jusqu’en 2042 ». Difficile, avec de tels accords, d’imaginer qu’Engie puisse être en mesure de respecter ses engagements en matière d’émissions de CO2 en 2045

C’est pour faire face aux conséquences de la crise énergétique que le groupe a effectivement conclu un partenariat avec l’américain NextDecade. En mai 2022, l’énergéticien français s’est donc engagé à lui acheter 1,75 million de tonnes par an de gaz de schiste. Cela a participé aux importations record de GNL réalisées par la France et l’Europe en 2022. Or, chacun sait que l’empreinte carbone de ce type de gaz est évidemment conséquente.

De par ces différents contrats passés, il est donc difficile de ne pas s’interroger sur la réelle valeur des engagements environnementaux annoncés par Engie. On ne peut logiquement pas œuvrer pour la décarbonation et la transition énergétique en continuant d’investir dans les énergies fossiles. Simple nécessité face à la crise et à la menace d’épuisement des stocks en 2022, ou stratégie à plus long terme ? Dans tous les cas, le double discours d’Engie pose question et ne semble pas très éthique.

Que vous soyez clients d’Engie où chez d’autres fournisseurs de gaz et/ou d’électricité, n’oubliez pas que chacun a le droit de changer d’offre s’il le souhaite. Une telle démarche vous intéresserait ? Dans ce cas, le Comparateur Énergie de Choisir.com est fait pour vous ! Grâce à lui, comparez facilement les offres du marché pour voir celle qui pourrait être la plus avantageuse pour vous. Par cet outil, il est aussi possible de vérifier qui peut assurer la fourniture d’un gaz durable ou d’une électricité verte. Ainsi, vous aurez l’opportunité de faire également un choix fort en faveur de la planète et de la transition énergétique.

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