Hydrogène naturel : les premières recherches autorisées en France
C’est une première en France. Un projet de recherche d’hydrogène naturel vient, début décembre 2023, d’être autorisé dans les Pyrénées-Atlantiques. La validation de ce permis prouve encore une fois l’intérêt du pays pour ce nouveau combustible appelé aussi l’hydrogène blanc. Que prévoit exactement cette décision qui doit être la première étape d’une future production de cette énergie au bilan carbone plus que positif ? L’hydrogène blanc est-il d’ailleurs vraiment une source énergétique d’avenir dans l’optique d’une transition écologique toujours plus indispensable en France comme dans le monde ? Face à des avis parfois divergents, Choisir.com vous livre plusieurs éléments d’explications.
Un permis exclusif de recherches de l’hydrogène naturel officialisé dans les Pyrénées-Atlantiques
Les Pyrénées-Atlantiques se mettent à la page de l’hydrogène naturel. C’est en effet un projet de recherche de ce type d’hydrogène qui vient d’y être accepté début décembre par le gouvernement. C’est tout simplement une première en France.
Cette décision a été officialisée par la publication d’un arrêté du 23 novembre au Journal officiel. Donnant naissance à un « permis exclusif de recherches de mines d’hydrogène natif, hélium et substances connexes dit “Sauve Terre H2” », il a été signé par :
- Agnès Pannier-Runacher, la ministre de la Transition écologique ;
- et Roland Lescure, le ministre délégué chargé de l’Industrie.
Cette énergie est également appelée l’hydrogène blanc en référence aux différentes couleurs créées pour nommer les types d’hydrogène. Ces dernières sont déterminées selon la façon, plus ou moins émettrice de CO2, dont il est produit. Existent donc, par exemple :
- l’hydrogène gris, produit à partir d’énergies fossiles ;
- l’hydrogène rose, produit à partir d’électricité d’origine nucléaire ;
- ou l’hydrogène vert, obtenu grâce à de l’électricité verte.
Quelle est donc la spécificité de cet hydrogène blanc, naturel ou natif ? Au contraire des autres types, qu’il faut produire depuis une source d’énergie annexe, ce dernier est un combustible naturellement présent dans le sous-sol. Il s’y génère quotidiennement de façon naturelle, grâce à l’interaction de l’eau et des roches.
Autre avantage : contrairement à l’hydrogène gris, l’hydrogène blanc n’émet pas de gaz à effet de serre (GES). C’est pourquoi de plus en plus d’acteurs voient en lui une solution afin de décarboner l’économie et œuvrer en faveur de la transition écologique. Pour Isabelle Moretti, chercheuse à l’Université de Pau-Pays de l’Adour, cet hydrogène pourrait être un « potentiel Game Changer ». Entendez par là un moyen de changer la donne contre le réchauffement climatique provoqué par les émissions carbone. Certains parlent d’ailleurs de lui comme d’un véritable « or blanc » qui pourrait, à terme, remplacer « l’or noir », c’est-à-dire le pétrole.
Voilà pourquoi la décision du gouvernement est réellement importante. Le permis de recherche dans les Pyrénées-Atlantiques a été accordé à l’entreprise TBH2 Aquitaine pour 5 années. L’espace concerné se trouve précisément dans le Béarn et couvre :
- une zone d’environ 225 km² ;
- un territoire de 43 communes.
Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?
faire une simulationUne autorisation d’exploration… avant de penser plus tard à la production concrète d’hydrogène blanc
Le permis de recherche d’hydrogène naturel a été le premier à être octroyé parmi cinq autres dossiers. Ces derniers sont actuellement « à l’instruction », d’après Agnès Pannier-Runacher. Ces autres demandes concernent :
- également les Pyrénées-Atlantiques pour un deuxième dossier, déposé en commun en mars 2023 par les entreprises 45-8 ENERGY et Storengy. La superficie d’exploitation est d’ailleurs mitoyenne, sur 10 km, du projet Sauve Terre H2. Elle couvre un espace de 266 km² ;
- la région Auvergne-Rhône-Alpes et plus spécifiquement les départements de l’Ain et du Puy-de-Dôme, via des projets déposés par la société Sudmine ;
- le Grand Est, où l’exploitant gazier la Française de l’Énergie (FDE) a fait la demande d’un permis de recherches. Celle-ci a fait suite à la découverte surprise, dans l’ancien bassin houiller lorrain, d’un énorme gisement d’hydrogène blanc. La zone s’étale en effet sur une surface de 2 254 km² entre la Moselle et la Meurthe-et-Moselle.
Le thème de l’hydrogène prend en tout cas une place de plus en plus importante en France. D’ailleurs, en 2023, des scientifiques français ont été récompensés pour leurs travaux sur le stockage de l’hydrogène. Les ressources mondiales de l’hydrogène naturel sont encore mal définies, mais pourraient (au minimum) à approcher les 23 millions de tonnes par an. Dans l’Hexagone, le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine sont justement les deux régions qui auraient le plus gros potentiel en la matière.
Au niveau planétaire, un seul gisement est actuellement exploité, par une entreprise canadienne, à Bourakébougou, au Mali. Une trentaine de permis d’exploration ont aussi été lancés depuis deux ans en Australie. Parmi les autres pays les plus avancés dans la course à l’hydrogène blanc, on compte également les États-Unis.
L’explication de cet attrait s’explique par l’autre avantage de taille de cette énergie renouvelable. Son coût de production à l’échelle industrielle serait bien plus intéressant que pour les autres sortes d’hydrogène :
- par exemple, l’hydrogène vert, subventions comprises, coûte environ 10 € le kilo ;
- alors que le coût du naturel se fixerait en dessous de l’euro, voire du demi-euro par kilo !
« Aujourd’hui, ils brûlent l’hydrogène blanc pour 50 centimes de dollars le kilo » au Mali, fait remarquer Isabelle Moretti.
Dans les Pyrénées-Atlantiques, le permis octroyé est bien une autorisation pour TBH2 Aquitaine de chercher et d’étudier ce combustible. L’entreprise, installée à Pau, est née récemment, en avril 2022. C’est justement à cette période que l’hydrogène naturel a été ajouté au code minier français. C’est cette mention qui a permis d’ouvrir la voie légale au lancement des explorations sur le territoire national. Avec cette première dans le Béarn.
« TBH2 Aquitaine restera la première société de France à avoir obtenu un permis exclusif de rechercher de l’hydrogène natif », s’est réjoui Vincent Bordmann, son fondateur. Aux yeux de ce dernier, il s’agit donc d’un « grand jour ». « On est très heureux de cette aventure qui démarre », a-t-il également ajouté. Une aventure qui sera composée de différentes étapes :
- il y aura d’abord un temps pour ces travaux d’exploration ainsi que des études, sismiques notamment ;
- dans un second temps, d’ici deux ou trois ans, le forage pourra commencer. Il nécessitera, par contre, l’obtention d’autres autorisations.
Des avis encore divergents à propos de l’hydrogène naturel
Face aux lenteurs administratives françaises, il va toutefois falloir se montrer patient avant que l’hydrogène naturel devienne une alternative énergétique réellement opérationnelle. Le potentiel bassin des Pyrénées-Atlantiques ne serait pas efficient avant environ 5 ans. C’est pourquoi l’hydrogène blanc est davantage d’une énergie de demain qu’une solution énergétique véritablement immédiate.
Pour le moment, 95 % de l’hydrogène produit sur la planète est de l’hydrogène gris. Il est fabriqué, par exemple, par de grands industriels de la chimie et de la pétrochimie. Malgré tout, « l’hydrogène naturel pourrait être une brique supplémentaire permettant d’augmenter le potentiel de décarbonation que permet l’hydrogène pour de nombreux usages ». Voilà l’avis d’Emmanuel Bensadoun, responsable Pôle expertise de l’association France hydrogène.
Au contraire, certains autres spécialistes énergétiques sont beaucoup plus sceptiques quant à la possibilité que l’hydrogène blanc change vraiment les choses. Nicolas Goldberg, expert énergie au cabinet de conseil Colombus Consulting, en fait partie. Pour lui, cet hydrogène neutre en carbone « sera utile dans certains secteurs comme ceux de l’acier, du fioul ou de la chimie, mais il ne faut pas que ce soit un énième mirage ». « Je ne dis pas que l’hydrogène blanc ne sera pas utile, répète-t-il, mais je n’y vois pas une potentielle révolution », comme certains autres acteurs du secteur l’annoncent. Il justifie ces doutes par le fait que, selon lui :
- l’hydrogène est un gaz peu dense, donc difficile à stocker et avec un risque de fuite plus important que pour le gaz naturel ;
- la pérennité comme la capacité de ses gisements posent question ;
- l’impact environnemental que pourraient provoquer l’exploitation, la production et le transport de cette énergie est encore mal estimé.
Malgré ces divergences de point de vue, il ne fait pas de doute qu’explorer le potentiel de cette énergie est une bonne initiative. Face à l’urgence climatique, toutes les solutions sont bonnes à prendre et les pistes à suivre. Vous aussi, vous souhaitez agir pour limiter le catastrophique réchauffement actuel ? Souscrire un contrat renouvelable, comme une offre de gaz vert, vous permet d’œuvrer concrètement dans ce but. En plus, en utilisant le Comparateur Énergie de Choisir.com, vos démarches s’en trouvent considérablement facilitées. Il met à votre disposition les propositions de nombreux acteurs du marché… et vous n’avez plus qu’à faire votre choix selon vos critères. Finalement, c’est simple : en quelques clics seulement, participez à la protection de l’environnement !
Vous souhaitez changer d'offre d'énergie ? Contactez-nous
Nos experts énergie vous aident à économiser jusqu’à 200 € sur votre facture gaz et électricité