Futurs réacteurs nucléaires : une facture déjà en hausse de 30 %
C’est un fait : construire des réacteurs nucléaires coûte cher. Et, très souvent, bien plus que prévu. La facture prévisionnelle des 6 nouveaux réacteurs nouvelle génération programmés en France, les EPR2, bondirait ainsi de 51,7 milliards à 67,4 milliards d’euros. Soit une augmentation de 30 % en seulement trois ans. Comment expliquer cette explosion des coûts ? Choisir.com vous répond.
Une facture fortement alourdie pour les 6 futurs EPR2 d’EDF, réévaluée à 67,4 milliards d’euros
La construction de six futurs EPR2, les réacteurs atomiques nouvelle génération, a été actée par la loi de relance du nucléaire adoptée en mai 2023. Depuis de nombreuses années, ce secteur est déjà le pilier du mix énergétique français. C’est dans une dynamique de transition écologique que le gouvernement et le président Macron ont souhaité prioriser le renforcement de cette production décarbonée en France. Ainsi, ces six réacteurs devraient sortir de terre pour compléter les capacités des centrales nucléaires existantes :
- de Penly, en Seine-Maritime ;
- de Gravelines, dans le Nord ;
- du Bugey, dans l’Ain.
Deux nouvelles unités sont prévues sur chacun de ces sites. En avril 2021, une première estimation de leurs coûts prévisionnels de construction avait été publiée par EDF. Elle tablait alors sur un montant de 51,7 milliards d’euros. Sauf que désormais, moins de trois ans plus tard, la facture est fortement revue à la hausse par l’énergéticien français. Celle-ci coûterait finalement 67,4 milliards d’euros, représentant une progression de 30 % vis-à-vis des évaluations initiales ! L’information a été révélée début mars par le média Les Échos.
Le problème du financement des EPR n’est pas nouveau et l’envol des coûts de construction devient malheureusement toujours plus la norme. Ces 6 futurs EPR2 ne font donc pas exception. L’exemple le plus frappant de ces factures exorbitantes explosant sans cesse est évidemment celui de Flamanville 3, dans la Manche. Son raccordement au réseau était, à la base, prévu pour 2012, pour un investissement fixé à 13,2 milliards d’euros. Douze ans plus tard, il n’est toujours pas terminé et son coût devrait bondir d’environ 10 milliards.
Ces factures prohibitives et (trop) souvent plus salées qu’annoncé au lancement des projets forment un véritable problème. Elles sont l’une des raisons expliquant pourquoi certains acteurs pensent qu’investir dans le nucléaire est un mauvais choix pour le climat.
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La hausse de certains coûts de construction responsables de l’envol de la facture
Cette inflation galopante, plus de dix ans avant la mise en service du premier des EPR2 annoncés, s’expliquerait par le chiffrage de multiples investissements nécessaires :
- les études d’ingénierie à réaliser ;
- les contrats pour la fabrication des équipements comme la construction sur site ;
- les frais de mise en service ;
- le coût des pièces de rechange ;
- les provisions pour risques et aléas ;
- les charges de long terme pour démantèlement.
Parmi ces différents postes, les principaux responsables de la progression du budget atomique sont :
- l’ingénierie, car EDF a eu besoin de plus de temps que prévu pour mettre au point les plans génériques de son réacteur EPR ;
- la construction, avec la hausse des matières premières depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Ainsi, la volonté d’EDF serait :
- d’anticiper la construction de pièces jugées critiques,
- de sécuriser des contrats clés.
Ce souhait de sécurisation est une démarche louable de la part de l’électricien. D’autant plus que, dernièrement, des fraudes et des contrefaçons nombreuses sur des réacteurs ont été dénoncées par l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire. Celle-ci devrait d’ailleurs prochainement fusionner avec l’IRSN, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
Dans la nouvelle évaluation de la facture réalisée, les provisions pour risques et aléas ont aussi été augmentées de 5 milliards d’euros. Par contre, les coûts de financement ne sont pas intégrés à ce montant. Ce qui devrait donc encore alourdir la note finale.
EDF avait aussi déjà précédemment déclaré que le chiffrage définitif ne serait connu qu’à la fin de l’année 2024. Le groupe a précisé qu’il était « actuellement dans une phase d’optimisation des coûts et des plannings ». Cela doit notamment se faire via le lancement d’« un plan de compétitivité » au sujet des 6 EPR2 en question.
Sauf que cette réévaluation n’est pas du goût de tout le monde. En réaction, Bruno Le Maire a ainsi lâché qu’« EDF doit apprendre à tenir ses coûts et son calendrier ». Le ministre de l’Économie et des Finances a aussi prévenu qu’« EDF doit relever le défi dans les délais et les coûts impartis ». Une manière de mettre la pression sur l’entreprise énergétique dont l’État est redevenu l’unique actionnaire en juin dernier. D’ailleurs, par la voix de Bruno Le Maire, la France a récemment refusé les objectifs chiffrés de l’Union européenne sur les renouvelables. Son but : pouvoir intégrer le nucléaire dans son bilan de production bas-carbone. Cela explique pourquoi :
- la mise en service des unités à l’horizon 2035 est cruciale pour le gouvernement ;
- l’annonce de cette forte progression des coûts est un signal négatif dont il se serait bien passé.
L’explosion des factures de construction des EPR est-elle inévitable ? En effet, EDF a également annoncé la progression du coût prévisionnel de deux réacteurs nucléaires qu’il bâtit au Royaume-Uni, passant :
- de 25-26 milliards de livres sterling ;
- à 31-35 milliards.
Des nouvelles peu réjouissantes alors que le prix de l’uranium a dernièrement atteint son niveau le plus haut depuis 2007.
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