Nucléaire : le prix de l’uranium au plus haut depuis 2007 !
Rien ne semble pouvoir endiguer l’explosion actuelle du prix de l’uranium. Ce combustible radioactif nécessaire aux centrales nucléaires voit effectivement, depuis plusieurs mois, son tarif grimper en flèche, atteignant des niveaux record depuis 2007. Quelles sont les raisons de cette hausse importante du tarif de l’uranium ? Avec quels impacts et quels risques, y compris pour les consommateurs d’électricité ? Alors que la transition écologique doit redonner à l’énergie nucléaire une place de choix pour décarboner l’économie, Choisir.com répond à vos questions.

Le prix de l’uranium à plus de 100 € la livre, une première depuis 17 ans
À l’heure où les cours de toutes les énergies, électricité, gaz, pétrole, sont encore (très) élevés, cette nouvelle n’a rien de réjouissant. Cela fait effectivement 17 ans que le prix de l’uranium n’a pas été aussi important. À la hausse depuis 2021, il a connu une brutale accélération à compter de mars 2023 :
- en décembre, ce combustible atteignait déjà le prix de 85,75 dollars la livre, équivalente à environ 450 grammes ;
- depuis, son tarif a continué à grimper en flèche, dépassant la barre des 100 dollars pour atteindre 106 dollars la livre début janvier. C’est tout simplement un record depuis 2007 !
Cette escalade des cours a été provoquée par différents facteurs, tels que :
- un rebond de la demande internationale ;
- des incertitudes en ce qui concerne l’approvisionnement en pétrole et en gaz naturel.
Ceux-ci découlent tous deux des tensions géopolitiques nées en 2021 à la suite de l’invasion russe de l’Ukraine et déclenchant une grave crise énergétique. Ils s’expliquent aussi par la dynamique de transition énergétique qui se met en place au niveau planétaire pour réduire la dépendance aux énergies fossiles. Conséquence : le retour en grâce de l’énergie nucléaire qui est une énergie bas-carbone.
Le renversement de situation, depuis quelques années, est d’ailleurs manifeste. Après la catastrophe atomique de Fukushima, au Japon, en 2011, de nombreux pays avaient pris la décision d’exclure cette énergie de leur mix national. C’est le cas, par exemple, de l’Allemagne, qui est officiellement sortie du nucléaire en avril 2023 en fermant définitivement ses derniers réacteurs. Après Fukushima, le cours du métal radioactif avait connu une longue vague de baisse, allant jusqu’à reculer à moins de 20 dollars la livre en 2016. Toutefois, aujourd’hui, on assiste à une évolution totalement inverse avec cette explosion à plus de 100 dollars la livre.
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faire une simulationRegain d’intérêt pour le nucléaire, tensions et difficultés d’extraction : les facteurs explicatifs de cette hausse des cours
Qu’est-ce qui a changé depuis les années 2010 ? La volonté de transition écologique impose le recours et la promotion d’énergies décarbonées, ce qu’est justement l’atome. Certes, certains observateurs jugent que le nucléaire n’est pas une vraie solution pour le climat et la transition verte espérée. Il n’en reste pas moins que plus de 100 nouveaux réacteurs sont actuellement en construction ou en projet sur tous les continents :
- en Europe, comme en France ou au Royaume-Uni. En Suède, une loi interdisait tout nouveau projet de centrale nucléaire. Elle a été abrogée en novembre 2023 avec un objectif : construire dans le pays scandinave 10 autres réacteurs d’ici 2045 ;
- en Asie, comme en Turquie, en Inde ou en Chine ;
- en Afrique, comme en Égypte.
D’autres pays font le choix de maintenir des réacteurs qui devaient fermer, comme les États-Unis à Diablo Canyon, en Californie. Même situation en Belgique. Deux réacteurs y ont été prolongés pour une durée de 10 ans. La raison : des craintes de rupture d’approvisionnement due à la limitation des livraisons de gaz russe. À ce propos, une étude de l’Oxford Sustainable Finance Group de mai 2023 explique comment se passer du gaz russe d’ici 2028.
Autre explication de cette explosion des cours de l’uranium : les tensions qui pèsent sur plusieurs États. Le Niger et la Russie assurent à eux seuls 10 % de la production mondiale. Cependant :
- le Niger a subi un coup d’État militaire l’été dernier ;
- la Russie est toujours soumise à des sanctions depuis le début de la guerre en Ukraine.
Résultat : ces tensions créent de l’incertitude, donc du risque, faisant automatiquement grimper les prix sur les marchés. Problème supplémentaire : des obstacles dans l’extraction du combustible que connaissent deux autres grands pays producteurs, le Canada et le Kazakhstan. Certains groupes miniers rencontrent donc ainsi des difficultés. Voilà pourquoi l’offre peine en ce moment à suivre la demande, d’où l’envol très marqué des tarifs. À ces facteurs s’ajoute également l’effet de la spéculation, réelle, qui a aussi un impact sur les cours. Avec cette donnée simple à avoir en tête pour prendre la mesure de cette augmentation. Le prix de l’uranium, dans les achats de court terme, a en réalité plus que doublé depuis le printemps dernier.
Quel impact cette augmentation du tarif de l’uranium a-t-elle sur le prix de l’électricité payé par le consommateur ?
Parallèlement à cette fulgurante progression des prix de l’uranium, ce sont également les groupes miniers spécialisés dans son extraction qui en tirent les bénéfices. Ces derniers ont effectivement vu leur valeur en Bourse augmenter de manière tout aussi significative. Par exemple :
- Kazatomprom, propriété du gouvernement kazakh, a pris plus de 70 % depuis l’été 2023 à la Bourse de Londres ;
- Cameco, groupe canadien, a gagné plus de 80 % depuis mars 2023.
Et en ce qui concerne les consommateurs d’électricité, quelles conséquences cette très forte augmentation des prix du métal radioactif pourrait-elle avoir pour eux ? Ils vont déjà subir une nouvelle hausse des prix de l’électricité à 8,6 % et 9,8 % dès le 1er février 2024. Celle-ci est due à la décision du gouvernement de relever le niveau de l’accise sur l’électricité, l’ancienne taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE). L’occasion de rappeler que, pour tenter d’alléger votre facture, changer de fournisseur d’énergie est souvent une option intéressante. Dans ce but, le recours au Comparateur Électricité de Choisir.com peut être fort utile pour trouver facilement (et gratuitement) une offre correspondant à vos besoins.
Cette poussée des prix de l’uranium risque-t-elle donc de faire encore grimper les prix de l’électricité ? Fort heureusement, non. Le combustible utilisé dans les centrales, précisément de l’uranium enrichi, n’est responsable que de 5 à 10 % du coût de production de l’électricité. Il n’y a donc pas de crainte à avoir pour le consommateur de ce côté-ci.
Autre élément rassurant à propos de l’uranium : l’absence certaine de risque de pénurie. La raison est que ce combustible se stocke très facilement. La France détient, par exemple, assez de réserves d’uranium pour assurer l’alimentation de son parc nucléaire pendant plus de deux ans. En comparaison, les stocks stratégiques de pétrole garantiraient seulement… 60 jours de consommation.
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