Gaz russe : une étude explique comment s’en passer d’ici 2028 !
Depuis le début de la guerre en Ukraine, en février 2022, puis l’éclatement de la crise énergétique, ce sont des questions que beaucoup se posent. Comment se passer du gaz naturel russe, dont l’Europe dépendait énormément avant la crise ? Est-ce tout simplement envisageable et, si oui, grâce à quels leviers ? Une étude récente de mai 2023 affirme que le remplacement complet de ce combustible fossile par des énergies renouvelables est possible pour 2028. Réalisée par l’Oxford Sustainable Finance Group, celle-ci indique aussi toutefois que, pour parvenir à cet objectif, l’Union européenne (UE) devra réaliser des efforts conséquents. Cela passera nécessairement par la mise en place d’un soutien politique plus important en faveur des énergies vertes et de la transition énergétique. Choisir.com vous révèle quels sont les grands enseignements de ce rapport qui montre que l’espoir climatique et énergétique est encore de mise.
Remplacer entièrement le gaz russe par des énergies renouvelables en Europe d’ici 5 ans, c’est possible
C’est au cours de ce mois de mai 2023 que l’Oxford Sustainable Finance Group a publié sur son site un nouveau rapport. Le titre de ce dernier est « La course au remplacement : les aspects économiques de l’utilisation des énergies renouvelables pour libérer l’Europe du gaz russe ».
L’utilisation du verbe « libérer » est à la fois symbolique et justifiée. En effet, tout le monde sait qu’avant l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’Europe était dépendante de cette énergie fossile d’origine russe. Pourtant, selon l’étude, « il est tout à fait possible de remplacer le gaz naturel russe par des technologies vertes d’ici 2028 ». Ses auteurs évaluent également les coûts et les avantages de passer au 100 % renouvelable pour remplacer ces importations gazières d’ici cinq ans. Pour eux, ces bénéfices seraient multiples, comme de permettre à l’UE :
- d’atteindre ses objectifs climatiques ;
- d’améliorer sa sécurité énergétique ;
- de soutenir l’industrie européenne.
Le rapport indique effectivement que l’accomplissement de cette vision aurait comme bienfait « d’atteindre simultanément le double objectif de la sécurité énergétique et de l’atténuation du changement climatique de manière accélérée ». Pas plus tard qu’en mars 2023, l’Europe s’est d’ailleurs engagée à réduire sa consommation pour tendre vers une réelle transition énergétique.
Avec la guerre en Ukraine et les sanctions européennes, les livraisons gazières russes se sont taries en 2022. « Les importations de gaz russe de l’UE ont déjà diminué de trois quarts par rapport aux niveaux précédant l’invasion de l’Ukraine par la Russie ». Voilà ce qu’indique Lauri Myllyvirta. Ce dernier est analyste au sein du groupe de réflexion du Centre de recherches sur l’énergie et la qualité de l’air. Cependant, cette évolution n’a pas amené l’UE l’année passée à prendre de vraies mesures en faveur des énergies vertes et décarbonées :
- aucune restriction officielle sur le gaz n’a été instaurée, au contraire du pétrole ou du charbon ;
- l’Union a suppléé le gaz naturel manquant par des importations records de gaz naturel liquéfié (GNL). Le tout en sachant qu’une large part de ce gaz naturel liquéfié est venue de… Russie.
Gireesh Shrimali est coauteur du rapport et responsable de recherche à l’Oxford Sustainable Finance Group. Celui-ci indique qu’« en éliminant la dépendance à l’égard d’un combustible fossile dont les prix et l’approvisionnement sont volatils », cela permettra à l’UE :
- d’atténuer logiquement le problème de sécurité énergétique ;
- de s’attaquer à la crise du coût de la vie via la problématique des coûts de l’énergie. En effet, « en remplaçant le gaz naturel par l’énergie éolienne et solaire, il n’est plus nécessaire de payer le gaz à l’avenir » explique Gireesh Shrimali ;
- de faire avancer ses objectifs de zéro émission de gaz à effet de serre (GES).
Pour vous aussi l’élimination de la dépendance européenne vis-à-vis des énergies fossiles est un enjeu important ? Sachez que vous pouvez également agir dans ce but. Par exemple, le simple fait d’opter pour une offre de gaz renouvelable est, déjà, un acte fort. Dans cette optique, le Comparateur Énergie de Choisir.com peut vous apporter son aide et toutes les informations utiles sur les diverses offres du marché. N’hésitez pas à aller le consulter !
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faire une simulationPour tenir ces objectifs, de grands changements, politiques notamment, sont nécessaires en Europe
Toute une partie de cette étude de l’Oxford Sustainable Finance Group pourrait nous donner une vision plutôt optimiste de l’avenir. Toutefois, ses auteurs se montrent également très clairs. Ils indiquent que, faute de procéder à de profonds et réels changements, cet objectif est actuellement hors de portée de l’Europe.
« Cela nécessitera un environnement politique plus favorable, notamment des autorisations plus rapides pour l’électricité renouvelable, des chaînes d’approvisionnement diversifiées et sûres, une isolation généralisée des installations et un écosystème de subventions et de financement favorable », note le rapport. Large programme à mettre en place et à faire fonctionner correctement en cinq petites années…En résumé, trois facteurs sont donc absolument nécessaires pour mener à bien ce remplacement du gaz russe par les énergies renouvelables (EnR).
L’amélioration des politiques mises en place au sujet des EnR
Le rapport explique que « les décideurs politiques, en adoptant et en mettant en œuvre des politiques ambitieuses et plausibles, peuvent remplacer le gaz russe pour l’électricité et le chauffage au cours des cinq prochaines années ». Le cœur de cet enjeu est là : adopter des politiques ambitieuses et plausibles. Difficile de ne pas voir ici un écho au rapport parlementaire accablant sur la politique énergétique française, publié début avril 2023. Ce dernier met en avant d’importants dysfonctionnements au niveau de la politique énergétique menée en France depuis les années 1990. Au niveau européen, les décideurs politiques sont donc invités à prendre leurs responsabilités ainsi que des mesures allant vraiment dans le sens de l’intérêt :
- général ;
- énergétique ;
- et climatique.
Autre souhait de l’étude : une révision de la réglementation européenne pour faciliter le déploiement rapide des énergies propres et décarbonées. C’est aussi le but de la loi d’accélération des énergies renouvelables adoptée en France fin janvier.
La réalisation d’importants investissements
C’est le deuxième enjeu majeur pour parvenir à passer pleinement à des alternatives écologiques. Selon les auteurs du rapport, pour permettre le déploiement massif des renouvelables, la mise en place d’un financement public et privé est nécessaire en Europe. Dans ce but, l’investissement estimé est immense : 811 milliards d’euros pour les dépenses en capital.
Cependant, l’étude juge aussi que de très importantes économies sont réalisables en évitant les achats de gaz, aux tarifs très volatils. Laurence Tubiana est directrice générale de la Fondation européenne pour le climat. Pour elle, le rapport révèle que « les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ne sont pas un rêve lointain mais une voie économique immédiate, sûre sur le plan énergétique et éthique pour s’éloigner du gaz russe onéreux ».
Le renforcement des compétences
C’est le dernier point d’interrogation qui déterminera la capacité européenne d’effectuer le remplacement total du gaz russe par les renouvelables. En effet, alors que la crise énergétique née en 2022 est encore là, l’Union souffre actuellement d’un déficit au niveau des compétences liées aux technologies vertes. Une collaboration avec le monde de l’industrie, pour former les travailleurs dans ce domaine, a été lancée. En France, Emmanuel Macron vient aussi d’annoncer plusieurs mesures visant à réindustrialiser le pays, notamment en gagnant en compétences dans ce domaine.
Autre sujet d’inquiétude : que l’UE ne dépende trop de pays comme la Chine pour les matériaux de ces technologies. En cas de rupture d’approvisionnement et sans aucune autonomie européenne, cela serait évidemment un problème. On voit donc parfaitement ici pourquoi le renforcement des compétences de l’industrie européenne est une nécessité majeure qui permettrait à l’Europe de tenir cet objectif ambitieux. L’instauration d’une réelle transition énergétique sur le Vieux continent en est aussi à ce prix.
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