Renouvelables : chauffer ses bâtiments grâce au bois des haies

Voilà un nouvel exemple local qui sent bon la transition énergétique. Dans la petite ville rurale de Fourmies, dans le Nord, c’est une chaudière un peu particulière qui a été connectée au réseau en décembre 2022. Celle-ci prend la forme d’une chaufferie biomasse alimentée par le bois des haies environnantes. Ainsi, grâce à cette ressource locale et durable, c’est une énergie renouvelable qui peut être produite afin de chauffer les bâtiments communaux. D’ici 2025, une deuxième chaudière à bois identique devrait même être accessible à tous les bâtiments de la ville, y compris donc aux particuliers. Choisir.com revient sur cette nouvelle initiative enthousiasmante qui cherche à œuvrer en faveur de la décarbonation de notre économie.

chauffage biomasse

Une chaufferie biomasse qui fonctionne grâce au bois des haies locales

Fourmies est une petite ville du département du Nord, située en pleine région de bocage de l’Avesnois, au bord de l’Aisne comme de la Belgique. Depuis décembre 2022, la mairie de cette commune rurale a mis en route une chaudière bien particulière.

Celle-ci est en fait une chaufferie biomasse. Construite en quelques mois à peine, depuis mai 2022, elle fonctionne avec du bois provenant d’une des richesses du patrimoine naturel local : les haies du bocage. Elle est aujourd’hui le symbole d’une ville qui se tourne pleinement dans la transition énergétique et la Troisième révolution industrielle.

D’une puissance de 400 kilowatts (kW), elle est secondée par une chaudière au gaz, installée en appoint, de 450 kW. Bâti à proximité du centre-ville, un réseau de 1,5 km de canalisations la relie à neuf bâtiments communaux tels que :

  • la mairie ;
  • le théâtre ;
  • le musée de la ville ;
  • divers locaux professionnels, associatifs et de fête.

En juin 2023, un nouveau bâtiment dédié aux nouvelles technologies et aux entreprises sera également raccordé à cette chaufferie à bois.

Installée par le groupe Engie Solutions, celle-ci consomme :

  • 432 tonnes de plaquettes bocagères chaque année ;
  • ce qui représente l’équivalent de 3 km de haies par an.

Ce système de chauffage est donc approvisionné par une ressource locale provenant des haies bocagères entourant Fourmies à 50 km à la ronde. Elles permettent la production d’une énergie renouvelable (EnR) grâce à l’hydro-accumulation. Ce système consiste à stocker de la chaleur sous forme d’eau chaude durant la nuit.

Ainsi, « les calories produites par la chaudière à bois sont contenues dans des ballons d’eau chaude qui vont maintenir un niveau de chauffage toute la nuit » explique Dominique Wambergue, responsable développement d’Engie Solutions. « Dès le matin, cette chaleur sera envoyée dans le réseau de distribution pendant que la chaudière se charge en bois et recommence son cycle de combustion » précise-t-il.

« Grâce à cette chaufferie à plaquettes bocagères, nous souhaitons d’ici à 2035 obtenir plus de 30 % d’énergie renouvelable pour les bâtiments de notre commune » indiquait en février 2023 Marie Henneron, une des responsables de ce projet travaillant auprès de la mairie de Fourmies.

De plus, la gestion locale de tout le processus énergétique est un axe fort de cette initiative. En effet, l’approvisionnement en bois est géré de façon durable par une association du territoire. Celle-ci a donné naissance à un réseau de plateformes pour commercialiser les plaquettes bocagères. En plus de la ville de Fourmies, toute une filière agricole profite aussi de ce système. En effet, avec la flambée des coûts des énergies fossiles et la crise énergétique, beaucoup d’agriculteurs reviennent aux chaudières à bois autonomes pour chauffer leurs exploitations.

Aujourd’hui, le concept fonctionne et donne pleine satisfaction. Il était d’ailleurs déjà utilisé autrefois par les anciens agriculteurs… Une fois récolté, le bois est séché et déchiqueté. Il doit contenir moins de 25 % d’humidité pour pouvoir être brûlé.

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Un « or vert » dont la ville de Fourmies veut développer l’utilisation en faveur de la transition énergétique

Pour Marie Henneron, le bois du bocage de l’Avesnois est un véritable « or vert ». Elle explique donc que « la ville de Fourmies souhaite devenir un leader de la transition énergétique en Hauts-de-France et créer de l’activité économique grâce à elle ».

En ce sens, un projet de création d’un deuxième réseau de chaleur à bois déchiqueté sera présenté à la mairie en mai 2023. Si tout se passe comme prévu, il devrait se concrétiser pour 2025 et être accessible à tous les bâtiments de la ville.

Il est d’ailleurs à noter que la dynamique positive qui anime la commune fourmisienne n’est qu’un exemple des nombreux projets récents qui, partout en France, souhaitent apporter leur pierre pour bâtir une réelle transition écologique et énergétique par :

Autant de nobles projets qui vont dans le sens de ce que souhaite une part de plus en plus importante de la population française. À Fourmies, dans le Nord, l’enjeu énergétique et climatique a bien été compris par la municipalité. Sans parler des économies générées. Selon certaines sources, le coût de ce nouveau type de chauffage, véritable énergie de demain, est 50 % moins élevé que le gaz ou l’électricité.

Pour la deuxième chaudière à bois qui devrait voir le jour d’ici 2025, un investissement de 20 millions d’euros est nécessaire. Cela donnera naissance à une boucle énergétique de 15 km à l’intérieur de la commune. Celle-ci devrait chauffer de nombreux types de bâtiments souhaitant être raccordés, à savoir :

  • des immeubles de bailleurs sociaux ;
  • des entreprises ;
  • des écoles ;
  • des habitations de particuliers.

Le maire, Mickaël Hiraux, espère pouvoir obtenir des subventions afin de prendre en charge les frais de raccordement à ce réseau, assez conséquents. S’il y parvient, ce serait une première en France. Selon lui, « ce nouveau réseau de chaleur devrait fournir 33 % des besoins de la ville, d’ici fin 2025, tous consommateurs confondus ».

Fourmies témoigne en réalité d’une énorme ambition dans le domaine énergétique. En effet, en plus de ces deux chaudières à bois local et renouvelable, d’autres projets sont en cours. Par exemple, le développement du nombre de panneaux solaires photovoltaïques à installer sur les toits de la ville. La volonté de la commune : produire assez d’énergies renouvelables pour devenir autonome en électricité et en chaleur d’ici à 2050.

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