Une hausse des prix de l’électricité à 8,6 % et 9,8 % dès février
Cette nouvelle redoutée par des millions de Français est finalement bien arrivée, et il n’y a malheureusement pas eu de bonne surprise. Le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a annoncé le montant exact de la hausse des prix de l’électricité qui aura lieu au 1er février 2024. Ou plutôt les montants, fixés à 8,6 % et 9,8 %. À quoi correspondent exactement ces chiffres ? Pourquoi une telle (et énième) hausse ? Avec quel impact sur les factures des ménages ? Alors que leur pouvoir d’achat est déjà mis à rude épreuve, Choisir.com vous répond.

Le 1er février 2024, les prix de l’électricité augmenteront de 8,6 % et 9,8 %… pour « 97 % des ménages français »
C’était attendu depuis de longs mois, c’est maintenant officiel. Une nouvelle hausse des prix de l’électricité d’environ 10 % aura bien lieu au 1er février 2024. En septembre 2023, cette dernière avait été recommandée par la Commission de régulation de l’énergie, la CRE. Le gendarme de l’énergie français avait même, à la base, évoqué une augmentation possible comprise entre 10 et 20 %…
Le 21 janvier, sur le plateau du JT de 20 h de TF1, Bruno Le Maire a rendu public le chiffre exact de la hausse qui entrera en vigueur au début du mois prochain. Le ministre de l’Économie a même, en réalité, annoncé deux montants différents. Dans quelques jours à peine, les factures d’électricité des particuliers vont donc s’élever de :
- 8,6 % pour les tarifs de base, représentant 10,6 millions de consommateurs fin 2022 ;
- 9,8 % pour les tarifs heures pleines/heures creuses (HP/HC), choisis par quelque 9,3 millions de consommateurs.
« C’est-à-dire que pour 97 % des ménages français, l’augmentation sera sous les 10 % » a affirmé le ministre.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que ce dernier et l’ensemble du gouvernement ne manquent pas de logique et de droiture dans leur ligne de conduite. En effet, Bruno Le Maire a plusieurs fois souligné que la hausse n’excéderait pas ce montant. En novembre 2023, au nom de tout l’exécutif, Agnès Pannier-Runacher, ancienne ministre de la Transition énergétique, avait aussi promis que l’augmentation des prix ne dépasserait pas les 10 %.
Pour autant, pourquoi le ministre des Finances parle-t-il « seulement » de 97 % des ménages ? En réalité, les 3 % restants correspondent aux 400 000 abonnés qui ont souscrit à l’option dite « effacement jour de pointe ». Ceux-ci vont malheureusement voir leur facture progresser un tout petit peu plus, atteignant 10,1 % de hausse. Ces consommateurs :
- paient la plupart du temps un tarif avantageux, à l’image de ce que propose la nouvelle offre Heures Eco+ de TotalEnergies ;
- contre leur engagement de réduire leur consommation lors des jours d’importante consommation nationale.
Une augmentation des prix provoquée par la hausse de taxe sur l’électricité décidée par l’État
Même si le gouvernement est resté fidèle à ses propos et engagements, cette nouvelle hausse a réellement du mal à passer au sein de l’opinion publique. La raison : depuis deux ans, les prix de l’électricité ont déjà bondi de 30 %, avec des augmentations importantes et durement ressenties. Pour rappel, celles-ci se sont élevées à :
- 4 % en février 2022 ;
- 15 % en février 2023 ;
- 10 % en août 2023.
L’impact considérable de ces évolutions sur le pouvoir d’achat des Français explique pourquoi, début janvier, l’UFC-Que Choisir a réclamé le gel de la hausse des prix programmée. Pour l’association de défense des consommateurs, elle est « intolérable ». Il n’en demeure pas moins qu’elle sera donc bien réelle, pour la quatrième fois en deux ans. Au final, avec elle, le tarif de l’électricité a ainsi grimpé en flèche de 44 % sur cette période.
Toutefois, cette mesure est une excellente nouvelle pour les caisses de l’État. En effet, cette augmentation s’explique principalement par le relèvement de la Taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE). Celle-ci est désormais appelée accise sur l’électricité. En décembre 2021, face aux premières flambées des prix donnant naissance à la crise énergétique, le gouvernement mettait en place son fameux bouclier tarifaire. Son but : protéger les consommateurs contre l’extrême volatilité des tarifs.
L’une des décisions permettant la création de ce dispositif était la baisse de la TICFE. Cette dernière avait alors été descendue :
- de 32 € par mégawattheure (MWh) ;
- à 1 € par MWh, soit le niveau le plus bas autorisé par la Commission européenne.
Le gouvernement avait à l’époque souligné que cette diminution serait temporaire et que le retour de cette taxe serait inexorable. Sa baisse a effectivement eu un coût énorme sur les finances publiques, synonyme d’un trou de 9 milliards d’euros par an dans les caisses de l’État. Un manque à gagner d’autant plus difficile à tenir puisque la politique du « quoi qu’il en coûte » a fait bondir la dette française bien au-dessus de la barre des 3 000 milliards d’euros.
Par conséquent, l’objectif du gouvernement est désormais d’assainir ses comptes, d’où l’élévation de l’accise sur l’électricité. Cette dernière a été ramenée à 21 € le MWh, ce qui fait donc mécaniquement augmenter le prix de l’électricité.
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faire une simulationUne hausse de la facture annuelle d’électricité entre 100 et 600 € par an pour les ménages ?
Reste que cette augmentation des tarifs de l’électricité n’a donc rien à voir avec une hausse des prix réels de cette énergie sur les marchés de gros. De plus, étant liée à l’élévation de la TICFE, tous les consommateurs y seront assujettis, et pas seulement ceux étant au Tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE).
Voilà pourquoi l’UFC-Que Choisir juge que les prix sont « artificiellement élevés ». D’autres spécialistes de l’énergie, comme Nicolas Goldberg, analyste au cabinet Colombus Consulting, critiquent aussi la position de l’exécutif. Pour lui, ce « relèvement de l’accise sur le tarif de l’électricité serait une grave erreur ». C’est pourtant bien la décision prise par l’État et le nouveau gouvernement de Gabriel Attal.
Pour boucler le budget 2025, la mission du nouveau Premier ministre paraît plutôt ardue. Il devra en effet :
- trouver, au minimum, 12 milliards d’euros ;
- tout en parvenant, en même temps, à financer différentes mesures prévues par l’État. C’est le cas, par exemple, des 2 milliards d’euros de baisse d’impôt pour les classes moyennes promises par Emmanuel Macron.
Autant de raisons qui rendaient indispensable la hausse de la TICFE ? En tout cas, l’augmentation des prix de l’électricité devrait, concrètement et d’après le gouvernement, représenter une dépense de 100 € supplémentaire en moyenne pour les ménages. Dans le détail et selon Bercy, le surcoût serait :
- pour une maison de 4 pièces :
- d’environ 8 € par mois pour un ménage chauffé au gaz,
- d’environ 18 € par mois pour un ménage chauffé à l’électricité ;
- pour un appartement d’une pièce :
- de 4,5 € par mois pour un ménage chauffé au gaz,
- de 8,3 € par mois pour un ménage chauffé à l’électricité.
Le constat est donc clair et fort logique : les foyers chauffés à l’électricité seront bien plus impactés que les autres face à cette nouvelle hausse des prix. Pour les abonnés non-résidentiels et les petites entreprises, l’augmentation s’établira entre 5,2 et 8 % selon les contrats.
Toutefois, ces chiffres sont remis en question par les associations de consommateurs, comme l’UFC-Que Choisir. Cette hausse des factures, « nous, on a estimé que c’était environ 600 € par an », soit une augmentation de 50 €/mois en moyenne. Voilà ce qu’a affirmé sa présidente, Marie-Amandine Stévenin.
Déjà une nouvelle hausse des prix de l’électricité prévue pour le 1er février 2025 ?
À quel point vos factures seront-elles réellement impactées à partir de février ? Difficile donc de le dire avec précision. Pour tenter de les réduire, pensez que changer de fournisseur peut être une idée intéressante. Dans ce but, le Comparateur Électricité de Choisir.com est à votre service pour vous aider à trouver facilement (et gratuitement) une offre qui vous convienne !
Par contre, ce qui est déjà certain, c’est que cette hausse des tarifs permettra à l’État de remettre la main sur 6 milliards d’euros. Pour Bruno Le Maire, « c’est une décision difficile », mais absolument nécessaire. Le ministre a aussi précisé que « nous aurions pu récupérer 9 milliards d’euros » avec une TICFE rétablie à un niveau de 32 €/MWh. Un argument pour tenter de faire passer la pilule ? Il a également souligné qu’« une très grosse partie servira à financer les énergies renouvelables, mais aussi le chèque énergie ».
Pour autant, aux yeux de Jean-Yves Mano, président de l’association CLCV (Consommation Logement Cadre de Vie), « trop, c’est trop ». Selon lui, « tout ceci est insupportable pour beaucoup de Français qui n’ont plus la capacité financière de supporter ces charges complémentaires ». Charges qui, d’après lui, auraient pu être augmentées à un autre moment de l’année, « après la saison hivernale », par exemple « au mois d’août ».
De son côté, Bruno Le Maire a promis que « c’est la dernière hausse de cette taxe sur l’année 2024 ». Difficile, par contre, de ne pas relever cette formulation du ministre, qui exclut ici « seulement » une nouvelle hausse de taxe… Mais pas une cinquième augmentation des prix de l’électricité en août qui ne serait pas liée à elle ?
Il a également déjà prévenu que, « au 1er février 2025, nous reviendrons à la situation qui était celle d’avant le bouclier tarifaire ». C’est-à-dire à une accise sur l’électricité fixée à 32 € le MWh, synonyme de énième hausse des prix de l’électricité en vue… Avant d’y arriver, les Français devront déjà encaisser celle qui va durement frapper leur budget à compter du 1er février 2024.
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