Hausse des prix de l’électricité au 1er février : un gel réclamé
Voilà une date que beaucoup redoutent déjà. Le 1er février 2024, une nouvelle hausse du tarif réglementé de vente de l’électricité, le TRVE, devrait avoir lieu. Sans doute de l’ordre de 10 %, elle va encore durement impacter le pouvoir d’achat des Français. Une réalité que regrette l’association de défense des consommateurs UFC-Que Choisir. Pour elle, les prix de l’électricité sont déjà « artificiellement élevés » et elle demande ainsi à l’exécutif un gel de cette hausse prévue. Sur la base de quels arguments ? Avec quelle réponse de la part du gouvernement ? Choisir.com vous dit tout.
L’UFC-Que Choisir « s’alarme des conséquences dramatiques » que provoquerait la nouvelle hausse du TRVE le 1er février prochain
Depuis deux ans et le déclenchement de la crise énergétique, le tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE) n’a cessé de grimper. Revu deux fois par an, le 1er février et le 1er août, il a ainsi :
La raison de ces bonds répétés ? La fin programmée du bouclier tarifaire, mis en place depuis 2021 du fait de la flambée des prix énergétiques provoquée, en partie, par la guerre en Ukraine. Ce dispositif a permis de limiter les hausses des tarifs durant la crise afin de protéger les ménages et leur pouvoir d’achat. Malgré cela, ceux-ci ont bien été durement impactés, et ce n’est sans doute pas fini.
En effet, les prix de l’électricité pourraient encore augmenter de 10 % le 1er février 2024. Une évolution que dénoncent plusieurs acteurs et organisations de défense des consommateurs, comme l’UFC-Que Choisir. Dans un communiqué publié le 12 janvier, cette dernière « s’alarme des conséquences dramatiques » que cette énième augmentation pourrait avoir sur la vie des Français. L’association a ainsi calculé que :
- il y a un an, un ménage au TRVE et chauffé à l’électricité avait une facture annuelle moyenne de 1 604 € ;
- avec cette nouvelle hausse du 1er février, proposée par la Commission de régulation de l’énergie (CRE), la facture bondirait de 39,3 % pour atteindre 2 235 € !
Cette évolution serait donc synonyme d’« un pouvoir d’achat amputé de plus de 630 € ». Ce trou énorme sur le budget des ménages pourrait même « largement dépasser les 1 000 € […] pour les habitants de passoires thermiques particulièrement énergivores ». Une perspective qui est « particulièrement alarmante » pour l’UFC-Que Choisir.
Pourtant, c’est bien la direction que comptait prendre l’ancien gouvernement d’Élisabeth Borne. Ces derniers mois et à plusieurs reprises, il avait effectivement promis une augmentation des prix de l’électricité qui n’excéderait pas les 10 %. Alors que, dans le même temps, les prix sur le marché de gros ont malgré tout connu une nette accalmie…
Le 15 janvier, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, était interrogé sur cette situation. Comme auparavant, il a justifié cette future hausse par la nécessité de « sortir collectivement des boucliers énergétiques ». Le ministre a rappelé les « 40 milliards d’euros » dépensés par l’État pour limiter les factures de gaz et d’électricité durant la crise. « Aucun autre pays n’a fait ça ».
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faire une simulationUne demande : geler l’augmentation des prix de l’électricité prévue
Toutefois, aux yeux de l’UFC-Que Choisir, l’augmentation du TRVE aurait moins à voir avec la sortie du bouclier tarifaire qu’avec la hausse « d’une taxe pesant sur la consommation d’électricité ». En effet, le gouvernement a déjà majoré, depuis le 1er janvier, l’accise sur les gaz naturels. Il s’agit du nouveau nom de la taxe intérieure de consommation du gaz naturel (TICGN) qui a, de ce fait, presque doublé. Beaucoup d’observateurs pensent alors qu’une évolution identique pourrait être décidée par l’exécutif pour la taxe sur l’électricité, à compter de février.
Par conséquent, si elle est due à une augmentation de taxe, les ménages abonnés au TRVE ne seraient pas les seuls impactés. La hausse des prix de l’électricité de février toucherait en fait l’ensemble des foyers français.
Début janvier, la CRE a d’ailleurs actualisé ses prévisions d’évolution du TRVE au 1er février. Celui-ci serait :
- stable pour les clients résidentiels, à +0,01 % HT ;
- en baisse pour les clients professionnels, à -3,67 % HT.
Sauf que le régulateur précise bien que ce calcul est réalisé « avant la prise en compte de la fiscalité ». Par conséquent, la hausse du TRVE s’établirait à +10 % dans une seule situation : si le gouvernement décide de « majorer le tarif de l’accise sur l’électricité […] au niveau du plafond fixé par la loi de finance pour 2024 ». Alors, il atteindrait bien :
- +10 % TTC pour les clients résidentiels ;
- +6,2 % TTC pour les clients professionnels.
Pour l’UFC-Que Choisir, « cette augmentation de la fiscalité serait injustifiée » pour trois raisons différentes :
- Du fait de l’inflation qui touche actuellement le pays. Cela « mettrait en évidence que le pouvoir d’achat des Français n’est pas au cœur de la politique budgétaire du gouvernement » ;
- « Le chiffrage du TRVE par la CRE permet déjà au gouvernement de réaliser d’importantes économies ». Celles-ci seraient de l’ordre de 13,1 milliards par rapport à 2023 selon l’UFC-Que Choisir ;
- Elle serait « malvenue » alors que l’électrification massive des usages est l’un des axes principaux de la politique énergétique de l’exécutif.
En conséquence, elle a donc demandé au nouveau Premier ministre, Gabriel Attal, de :
- geler cette nouvelle hausse prévue du TRVE ;
- ou, au pire, de la limiter à 2,5 %, soit le niveau de l’inflation prévu pour 2024.
Aux yeux de l’UFC-Que Choisir, si le gouvernement ne réagit pas, cela impliquerait « qu’il considère que les consommateurs payent aujourd’hui le prix juste de l’électricité ». Or, « ce n’est pourtant pas le cas » soutient l’association, qui rappelle que l’électricité est un bien de première nécessité. Pour cette dernière, le TRVE n’est pas une offre reflétant les coûts de production en France, mais plutôt les prix de l’électricité sur les marchés internationaux. Tout en sachant que ceux-ci sont « eux-mêmes largement liés aux prix (élevés) du gaz ». Cela peut donc sembler paradoxal puisque le mix électrique français, basé sur le nucléaire et, de plus en plus, les énergies renouvelables, est « quasi-intégralement décarboné ».
La réponse du gouvernement et de Bruno Le Maire face à une nouvelle hausse jugée « intolérable »
Ainsi, l’UFC-Que Choisir juge que les tarifs de l’électricité sont « artificiellement élevés » et qu’une nouvelle hausse serait donc « intolérable ». « Il est anormal, et scandaleux, que les consommateurs soient de plus en plus privés du bénéfice de la compétitivité du parc nucléaire, qu’ils ont pourtant financé ».
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Quid de la réponse du gouvernement à la demande de gel du TRVE ? Celle-ci a été claire et nette. Interrogé lors d’un déplacement à la centrale nucléaire de Gravelines, dans le Nord, Bruno Le Maire a écarté une telle possibilité. « Nous allons discuter avec le Premier ministre et le président de la République du chiffre définitif qui sera retenu », a-t-il fait savoir. Le ministre de l’Économie a ainsi confirmé qu’il y aura donc bel et bien une hausse. « Mais […] il n’y aura pas d’augmentation du prix de l’électricité de plus de 10 % dans les jours qui viennent », a-t-il ajouté.
Alors, pourquoi une telle décision ? Bruno Le Maire a déclaré que « l’argent ne tombe pas du ciel », impliquant qu’un gel serait « trop coûteux pour nos finances publiques ». Le ministre va même plus loin en affirmant qu’il est « trop facile de laisser entendre qu’on peut dépenser des milliards et des milliards d’euros ». À ses yeux, les « besoins sur l’hôpital, sur l’école et sur les services publics » réclament ces moyens. Il n’a par contre touché aucun mot au sujet de la possible hausse de l’accise sur l’électricité, pourtant la principale raison amenant cette augmentation…
Cependant, fin décembre, Nicolas Goldberg, analyste spécialisé dans l’énergie au cabinet Colombus Consulting, avait déjà livré son sentiment sur cette situation. « Beaucoup d’experts, dont je suis, estiment qu’un relèvement de l’accise sur le tarif de l’électricité serait une grave erreur ». Surtout à un moment « où l’on incite les gens à électrifier leurs usages pour le chauffage ou les véhicules ».
L’avis de Nicolas Goldberg rejoint donc celui de l’UFC-Que Choisir. « Depuis deux ans, en 2022 et 2023, les tarifs de l’électricité ont augmenté en moyenne de 30 % en France, ce qui est du jamais vu. Le message envoyé par le gouvernement serait catastrophique ». C’est pourtant bien la direction que la France semble prendre… Ce sera alors (une nouvelle fois) aux ménages d’en payer le prix. Heureusement, côté tarifs du gaz, le prix repère de la CRE est encore en baisse pour février 2024.
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