L’État investit 5 millions d’euros contre le changement climatique

Team for the Planet, c’est le nom de la société privée dans laquelle l’État vient d’investir 5 millions d’euros. Cette décision a été dévoilée mi-mai par Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique. Une annonce qui étonne, suscite les interrogations ou même les critiques alors que le budget de ce ministère fond à vue d’œil depuis plusieurs mois. Acte indiquant une réelle volonté politique de l’exécutif ou greenwashing ?

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Team for the Planet : un investissement de 5 millions d’euros de la part de l’État

Team for the Planet (TFTP) est une entreprise française à but non lucratif fondée en 2019. Son objectif : soutenir financièrement des projets luttant contre l’urgence climatique, en faveur de la transition écologique.

Il s’agit bien d’une société, et non d’un fonds ni d’une association. Elle réunit parmi ses actionnaires :

  • environ 120 000 investisseurs privés ;
  • 18 000 entreprises.

TFTP vient justement d’obtenir une subvention de 5 millions d’euros de l’État et du ministre de la transition écologique Christophe Béchu. En réalité, l’entreprise a même levé, au total, 10 millions d’euros, et ces 5 millions proviennent précisément d’Ademe Investissement. C’est un outil public de financement en fond propre, travaillant avec des investisseurs privés, en faveur de projets favorables à la transition énergétique.

L’annonce de cet investissement majeur a même été réalisée par Christophe Béchu dans les locaux de Leviathan Dynamics, l’une des filiales de Team for the Planet. Une manière pour lui de marquer le coup. Le ministre a pu y expliquer la démarche de l’exécutif : « Il s’agit d’utiliser l’argent public pour créer un effet de levier ». Le but communiqué : que la France accorde son concours pour accélérer « les innovations indispensables pour parvenir à la neutralité carbone ».

Arthur Aubœuf est l’un des 6 fondateurs de TFTP. Ce dernier est conscient « qu’une très grosse part de sobriété [énergétique] sera nécessaire » pour agir efficacement contre l’urgence environnementale. Toutefois, les innovations techniques ont aussi leur rôle à jouer dans ce mouvement vert indispensable. L’objectif de la jeune entreprise : aider de nombreuses technologies novatrices, qui existent déjà, à « changer d’échelle ».

Le dirigeant explique les projets vers lesquels s’oriente sa société. Plusieurs conditions sont requises, notamment :

  • que l’innovation créée ait un « impact significatif sur le climat » ;
  • qu’elle soit « mise à disposition en open source ». Elle doit donc être librement accessible au public comme aux différents acteurs internes ou externes à l’entreprise pour « déployer des filières le plus rapidement possible ».

Au total, TFTP a investi dans 13 innovations différentes, comme :

  • un moyen de produire du froid avec de l’eau, mise au point par Leviathan Dynamics. Cette invention permet de se passer des gaz HFC (hydrofluorocarbures), communément utilisés mais responsables du réchauffement climatique ;
  • une peinture blanche à base de coquille d’huître, par sa filiale Cool Roof. Appliquée sur les toits, elle offre l’avantage de réduire la température des bâtiments ;
  • des systèmes de traction de navire par kite, grâce à l’énergie du vent, développés par Beyond the Sea.

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L’investissement de l’État dans TFTP et les « dividendes climat » taxé de greenwashing par certains observateurs

La particularité de Team for the Planet est de réinvestir elle-même dans ces projets toutes les sommes qu’elle collecte. Avec notamment l’Ademe, l’Agence de la transition écologique, elle a créé des « dividendes climat » par lesquels elle rémunère ses actionnaires. Ces derniers :

  • sont calculés à partir des tonnes de gaz à effet de serre (GES) évités, à hauteur d’un dividende par tonne de CO2 non émis ;
  • valorisent la contribution d’un investissement en faveur du climat.

Des mots de Christophe Béchu, il s’agit d’« un modèle original, auquel nous croyons beaucoup ». Son souhait est de valoriser un mode inédit de « financement privé de la transition écologique ». Alors, levier supplémentaire d’une véritable volonté politique ou acte teinté de démagogie ? Avec cette décision, de nombreux observateurs taxent plutôt le gouvernement de greenwashing. Ils lui reprochent de vouloir se donner une image plus écologique qu’elle ne l’est en réalité. La raison ? Les multiples signaux contraires et contradictoires qu’il envoie depuis plusieurs mois :

  • en septembre 2023, la transition verte était alors annoncée comme une « priorité absolue » d’après l’exécutif. Dans la foulée, il présentait le plan français pour sortir de sa dépendance aux énergies fossiles ;
  • en février 2024, la nécessité de monter un budget équilibré a obligé Matignon et Bercy à revoir leurs ambitions à la baisse. Leur but : trouver 10 milliards d’économies manquant dans les caisses françaises. Principale cible, ayant dû consentir à l’effort le plus important : le ministère de la Transition écologique, dont l’enveloppe a été délestée de 2,2 milliards d’euros. Conséquence, le dispositif MaPrimeRénov’, dont les moyens devaient initialement être portés à 5 milliards d’euros, a finalement subi une baisse de 1 milliard pour 2024. Le tout en deux mois à peine ;
  • début mai, nouveau coup de rabot pour le ministère de la Transition écologique. Plusieurs sources ont effectivement révélé qu’il devrait, en plus des 2,2 milliards et dès cette année, trouver 1,4 milliard d’euros supplémentaires à économiser.

Voilà pourquoi l’annonce de l’investissement de l’État de 5 millions d’euros dans Team for the Planet semble tellement à contre-courant. Il s’agit même d’une nouvelle qui a de quoi désarçonner et interroger quant à la réelle volonté du gouvernement. Faire d’un ministère sa variable d’ajustement quand on a besoin d’argent, est-ce vraiment là considérer la cause pour laquelle il doit travailler comme une véritable priorité ? Après tant de coupes budgétaires répétées, annoncer un tel investissement, n’est-ce pas une simple opération de communication ? Le but n’est-il pas de se donner une image (faussement ?) écologique, loin d’un vrai objectif de neutralité carbone ? S’il est délicat de trancher, il est malgré tout logique de se poser la question.

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