Nucléaire : EDF rachète les activités de General Electric

Il s’agissait d’une promesse datant de 2022. Le président Emmanuel Macron a annoncé fin mai 2024 le rachat officiel des activités nucléaires du groupe américain General Electric par EDF. C’est une étape clé pour la pérennité de la filière en France ainsi que pour la souveraineté énergétique du pays. Grâce à elle, la production des turbines à vapeur Arabelle revient effectivement dans le giron national.

centrale nucleaire EDF

Les activités nucléaires de General Electric reprises officiellement par EDF, annonce Emmanuel Macron

Depuis le 31 mai 2024, EDF a officiellement racheté les activités de General Electric (GE) touchant au domaine nucléaire. Une annonce réalisée par le président de la République lui-même lors d’un entretien accordé à plusieurs quotidiens régionaux de l’est de la France.

Depuis 2023, l’État est en effet redevenu le seul actionnaire d’EDF par le biais d’une renationalisation annoncée dès 2022. Emmanuel Macron a expliqué que « cette transaction va nous permettre de reprendre en main la production des turbines » Arabelle. Ces turbines, fabriquées jusque-là par GE, forment un équipement majeur pour le bon fonctionnement de nombreuses centrales nucléaires :

  • elles équipent l’ensemble des réacteurs français, dont la nouvelle centrale de Flamanville, où se trouve le modèle le plus puissant du monde ;
  • elles permettent, grâce à la vapeur d’eau créée, de faire tourner des alternateurs dont le rôle est de produire de l’électricité.

Désormais, c’est donc l’énergéticien français qui s’occupera de la fabrication comme de la maintenance de ces turbines qui reviennent officiellement dans le giron français. Ce rachat constitue un pas important dans l’optique de la souveraineté et de l’indépendance énergétique nationale. Le but : renforcer l’ensemble de la filière nucléaire hexagonale, « véritable fierté française » pour le président. Ce dernier a d’ailleurs vanté la série d’actions menées depuis 2017 par le gouvernement dans le domaine atomique. Avec cette étape, à ses yeux, c’est « la totalité du cycle nucléaire qui est donc consolidée en France », comprenant :

  • l’approvisionnement en uranium ;
  • la fabrication des centrales ;
  • l’exploitation de ces sites ;
  • la gestion et le traitement des déchets.

Ainsi, Emmanuel Macron s’est félicité que « pour la première fois depuis un quart de siècle, on va pouvoir produire des centrales nucléaires dans notre pays ».

C’est en 2015 que le secteur énergie d’Alstom avait été acquis par GE, à une époque où Emmanuel Macron était alors ministre de l’Économie. Le rachat de GE Steam Power, branche nucléaire du groupe américain, avait ensuite fait l’objet d’un « accord d’exclusivité » entre EDF et GE en février 2022. L’occasion pour le président Macron, pendant le discours de Belfort, où sont produites les turbines Arabelle, d’annoncer le grand plan de relance de l’énergie nucléaire en France. C’est durant cette allocution que la promesse de l’acquisition par EDF des activités atomiques de General Electric avait été réalisée.

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Une « opération très complexe » illustrant encore le retour en force actuel du nucléaire

Le prix d’achat de GE Steam Power par EDF est estimé aux environs de 1 milliard d’euros. Pour autant, le montant exact « relève d’une discussion entre EDF et GE », a indiqué Emmanuel Macron. Selon lui, cette opération « pourra être rentabilisée car nous produirons pour nous-mêmes et pour les autres », a-t-il expliqué.

Ce dernier a par contre reconnu que ce rachat avait été une « opération très complexe ». Pour quelles raisons ? Cela s’explique d’abord par l’échelle internationale d’une telle opération. Elle « concerne 16 pays et 3 300 salariés, dont 70 % en France ».

Ensuite, des questions géopolitiques ont également retardé la concrétisation de ce projet. Le chef de l’État a concédé que « plusieurs problèmes étaient sur la table », mais « qu’ils ont été réglés ». Par exemple, l’opération a dû faire face à l’opposition initiale des États-Unis, provoquée par la présence du russe Rosatom parmi les clients de GE. « Nous avons sécurisé l’octroi des licences américaines nécessaires » à ce rachat, a indiqué le président. À la clé, c’est une toute nouvelle entité qui sera créée. Celle-ci sera « une filiale à 100 % d’EDF », assure Emmanuel Macron.

C’est en tout cas une nouvelle qui illustre la dynamique positive que connaît ces derniers temps le secteur atomique en France. Ce dernier semble effectivement poussé par des vents toujours plus favorables, en attestent :

  • l’achèvement du chantier de la centrale de Flamanville, après 12 ans de retard. Sa mise en service devrait intervenir « cet été », d’après le chef de l’État ;
  • le développement attendu de 6 EPR2 supplémentaires, des réacteurs de nouvelle génération, dont le premier doit sortir de terre à l’horizon 2035. Le président a d’ailleurs souligné que, pour ces « nouveaux réacteurs, l’État travaille avec EDF sur les modalités de financement » ;
  • le prêt « vert » obtenu par EDF pour l’entretien de ses réacteurs nucléaires, une première dans son histoire ;
  • l’accord de l’Union européenne (UE) à la France pour subventionner un projet de petits réacteurs nucléaires, les SMR (pour Small Modular Reactor).

Un soulagement pour les salariés de Belfort… en attendant de voir la suite

Le nucléaire est donc perçu, par de plus en plus d’acteurs, comme une véritable solution énergétique permettant d’accélérer sur la voie de la transition écologique. Vous aussi vous souhaitez agir concrètement dans ce but ? De nombreux fournisseurs proposent des contrats verts, à retrouver en utilisant le Comparateur Énergie de Choisir.com.

Emmanuel Macron affirme d’ailleurs que « le nucléaire est aujourd’hui très largement soutenu par les Français ». Il avance plusieurs arguments pour justifier cette croissante popularité, comme le fait que :

  • se développent « des dizaines de milliers d’emplois dans la filière nucléaire » ;
  • la France produise « plus de 65 % » de son électricité par l’intermédiaire de l’atome ;
  • grâce à ce potentiel de production, le pays batte « des records d’export d’électricité nucléaire ». Pareil épisode s’est produit fin décembre 2023, l’Hexagone supplantant son précédent record d’exportation établi en 2019. Par contre, si le regain de forme du nucléaire a bien participé à cette pointe enthousiasmante, il n’en est pas le seul responsable. La baisse de la consommation et la production de renouvelables, notamment d’énergie éolienne, en ont aussi été des facteurs clés.

Certains observateurs ne peuvent par contre s’empêcher de trouver le timing de l’officialisation du rachat de GE Steam Power par EDF loin d’être anodin. Les élections européennes ont effectivement lieu dans quelques jours à peine. Néanmoins, le chef de l’État avance qu’il s’agit « d’une annonce d’entreprise » et non d’une annonce électorale. De plus, celui-ci précise qu’il n’a « pas choisi le calendrier ». Avant d’ajouter que « si j’avais pu l’annoncer en décembre, j’en aurais été encore plus heureux ».

Du côté des syndicats des salariés de Belfort, cette nouvelle est « un grand soulagement ». Des questions subsistent malgré tout, comme la teneur du projet industriel pour le site de production. Laurent Humbert, de la CFE-CGC, s’est également dit avoir hâte d’échanger avec sa direction « des sujets de stratégie, d’investissements ». Après les annonces, place aux actes.

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