Petits réacteurs nucléaires SMR : l’UE donne son aval à la France

Nuward. Voilà le nom du petit réacteur nucléaire modulable, ou SMR, que développe actuellement EDF. La Commission européenne vient justement d’accorder au gouvernement français le droit de subventionner ce projet, favorisant la volonté d’accélérer la production d’une énergie propre. À la clé, une enveloppe de 300 millions d’euros pour une mise en fonctionnement espérée avant 2035.

petit réacteur modulaire assemblage

Nuward, le projet de SMR développé par EDF, obtient le soutien de la Commission européenne

Fin avril, la Commission européenne a donné l’autorisation à la France de subventionner, à hauteur de 300 millions d’euros, Nuward. De quoi s’agit-il exactement ? C’est le nom d’une des filiales d’EDF, chargée spécifiquement de développer un petit réacteur nucléaire modulable. On appelle aussi ce genre d’unité un SMR, pour Small Modular Reactor en anglais. Le prototype travaillé par EDF a également été baptisé Nuward.

Cette enveloppe que le gouvernement français va injecter dans ce projet aura un intérêt certain. Elle servira à financer les activités de recherche et développement jusqu’en 2027, pour permettre la « conception préliminaire » du SMR. Le but, d’après l’entreprise, est de vérifier « la cohérence d’ensemble [pour] garantir le bon fonctionnement avec les performances attendues ». En clair : tester le module pour s’assurer de sa fiabilité avant le lancement de la production à l’échelle industrielle.

Il s’agit en tout cas d’une excellente nouvelle pour satisfaire l’ambition du gouvernement français de développer l’énergie nucléaire dans le pays. C’est là un souhait descendant directement du sommet de l’État. Ce dernier s’est déjà concrétisé par l’adoption définitive de la loi sur la relance du nucléaire il y a un an, en mai 2023. Ce qu’elle prévoit : la construction de 6 nouveaux réacteurs nouvelle génération, les EPR2, dont le premier doit sortir de terre à l’horizon 2035.

Pour autant, Emmanuel Macron désirait aussi pouvoir déployer sur le territoire ces SMR, différents des réacteurs des centrales nucléaires classiques composant actuellement le parc tricolore. Ils sont effectivement :

  • plus petits ;
  • moins puissants, avec une capacité pouvant aller jusqu’à 300 mégawatts (MW) contre 1 600 pour les EPR en service aujourd’hui.

La décision de Bruxelles était nécessaire suite à l’annonce du gouvernement hexagonal indiquant sa volonté de subventionner Nuward, filiale créée par EDF fin 2022. L’Union européenne (UE) a ainsi accordé à Paris le droit d’octroyer les 300 millions d’euros qu’il avait imaginé délivrer pour ce projet.

Pour Margrethe Vestager, Commissaire européenne à la concurrence, celui-ci est favorable à la transition écologique puisqu’il « contribuera à la décarbonation des systèmes énergétiques » de l’UE. Autres raisons expliquant l’accord délivré par la Commission, le fait que ce programme :

  • favorise « l’autonomie stratégique ouverte » de l’Union ;
  • limite « les éventuelles distorsions de concurrence ».

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Après des mois de tensions autour du nucléaire, l’UE souhaite désormais miser sur l’atome

Depuis deux ans, la question du nucléaire a cristallisé les oppositions à l’échelle européenne. Ces tensions avaient débouché sur la formation de deux groupes de pays différents :

  • l’Alliance du nucléaire, créé à l’initiative de la France et cherchant à promouvoir la place de l’atome sur le Vieux continent ;
  • les Amis du renouvelable, dominés par les figures de l’Allemagne ou de l’Espagne. Opposés au nucléaire, leur volonté est de prioriser le développement des énergies renouvelables pour remplir les objectifs climatiques de l’UE.

En juin 2023, un compromis européen a été trouvé à propos des renouvelables. Laissant une ouverture à la reconnaissance du nucléaire dans la réalisation de la décarbonation continentale, il avait donné satisfaction au gouvernement tricolore. Depuis, l’atome continue de se refaire une place de choix en Europe, sous l’influence française. Symbole de ce revirement : le Sommet européen sur le nucléaire, ayant eu lieu mi-mars dernier à Bruxelles. La présidente de la Commission européenne, Ursula Von der Leyen, a choisi ce moment pour affirmer que « les technologies nucléaires peuvent jouer un rôle important vers une énergie propre ». Son argument pour justifier cette prise de position : l’ampleur « du défi climatique » et de l’urgence environnementale qui s’imposent aux pays de la planète.

Elle appelle ainsi ces derniers à ne pas « renoncer à une source d’énergie facilement disponible et à faible émission » sans avoir étudié « attentivement leurs options ». Selon elle, l’essor du nucléaire est un levier important à actionner, car :

  • c’est « l’un des moyens les moins coûteux » pour produire de l’énergie ;
  • il permet « d’assurer une production d’électricité […] propre à grande échelle ».

Voilà pourquoi la mise en place des SMR pourrait être réellement intéressante pour l’Europe. Lancée en février 2024, l’alliance industrielle des SMR est d’ailleurs soutenue par la Commission européenne. L’avantage de cette technologie serait en réalité multiple :

  • produire de l’électricité bien sûr ;
  • être une source de fourniture de chaleur pour les industries lourdes (verre, acier, chimie…). La dépendance aux énergies fossiles de ces secteurs est manifeste. Le recours aux SMR pourrait alors être une solution pour accélérer la décarbonation de l’industrie, trop lente pour le moment. En effet, Nuward remplacerait ainsi, au moins en partie, les centrales thermiques au charbon, au gaz ou au fioul utilisées et extrêmement polluantes ;
  • s’adapter pour permettre la production d’hydrogène, le chauffage urbain, le dessalement ou d’autres usages.

Face à une concurrence mondiale relevée, la mise en route de Nuward espérée pour avant 2035

Pour l’instant, les seuls SMR commerciaux en service sont situés en Russie. Néanmoins, des recherches, études et demandes d’autorisation sont en cours dans de nombreux pays du monde, comme :

  • l’Argentine ;
  • le Canada ;
  • la Corée du Sud ;
  • la Chine. Fin 2021, une première mondiale y a d’ailleurs eu lieu avec la connexion au réseau du démonstrateur d’une mini-centrale constituée de deux réacteurs de quatrième génération. Puissance de ce modèle : 210 MW ;
  • les États-Unis. L’entreprise NuScale a mis au point un SMR de 50 MW, dont le design a été approuvé par le gendarme nucléaire étasunien. Des débouchés en Europe de l’Est, comme en Pologne, sont déjà en discussion. En Roumanie, le réacteur de NuScale pourrait être opérationnel pour 2029.

La France avance aussi dans ce domaine, mais avec un véritable train de retard. Le premier prototype de Nuward devrait être implanté sur le site de Marcoule, dans le Gard. Avec une question fondamentale pour ce type de projet : celle du foncier. En effet, même s’il ne s’agit que d’une petite unité, le fonctionnement d’un SMR nécessite plusieurs hectares de terrain. C’est surtout le cas pour les prototypes, dont les normes de sécurité sont logiquement renforcées. Ainsi, les subventions de 300 millions d’euros accordées par l’UE doivent aussi permettre de financer les démonstrations de sûreté requises.

Autant d’étapes expliquant pourquoi cette « mini-centrale nucléaire » ne devrait pas voir sa construction démarrer avant 2030 au minimum. La mise en route est souhaitée pour 2035. D’ici là, la consommation électrique devrait sensiblement augmenter en France, d’où les besoins de nouvelles sources de production climatiquement neutres.

En tout cas, le gouvernement souhaite mettre le paquet sur le déploiement de ces technologies nucléaires. Le plan d’investissement France 2030 a déjà permis d’attribuer une enveloppe de 1 milliard d’euros consacrée à leur développement. Les bénéficiaires : EDF bien sûr, mais également six startups du secteur, tels que Newcleo, Hexana ou Naarea, qui travaille sur un nouveau réacteur nucléaire révolutionnaire. Ce dernier fonctionnerait effectivement avec, comme combustible, les déchets radioactifs des centrales classiques.

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