Nucléaire, un prêt « vert » pour EDF et l’entretien des réacteurs

Un prêt bancaire record de 5,8 milliards d’euros. Voilà ce qu’EDF vient d’obtenir de la part de grandes banques mondiales. Une somme colossale qui sera consacrée à la rénovation des centrales du parc nucléaire français, en vue de la prolongation de la durée de vie des réacteurs. Surtout, pour la première fois, cet emprunt souscrit par le groupe énergétique est officiellement considéré comme « vert », favorable à la transition écologique.

centrale nucleaire verte

Un prêt « vert » pour le nucléaire, symbole du retour en grâce de l’atome en Europe

L’annonce a été réalisée mi-mai par EDF. L’énergéticien français va pouvoir financer la rénovation de ses centrales nucléaires grâce à un prêt bancaire dit « vert ». À la clé, une somme de 5,8 milliards d’euros provenant de différentes banques françaises, américaines et néerlandaises :

  • Natixis ;
  • Crédit Agricole ;
  • ING ;
  • Société Générale ;
  • Wells Fargo ;
  • BNP Paribas ;
  • Bank of America.

Les deux derniers établissements cités font d’ailleurs aussi partie des banques internationales ayant prêté plus de 400 milliards d’euros au charbon entre 2021 et 2023. L’investissement dans l’énergie nucléaire décarbonée est, cette fois, en accord avec la nécessaire transition écologique à réaliser.

Il représente aussi le symbole du renouveau du nucléaire en Europe. En effet, ce qui forme en fait plusieurs prêts à maturité courte, de trois à cinq ans, a pour la première fois été reconnu comme « vert ». La raison : chacun d’eux respecte les règles de la taxonomie de l’Union européenne (UE). EDF affirme effectivement que « les investissements sont alignés avec la taxonomie européenne ».

Il s’agit d’un texte adopté par l’UE en 2020 qui réalise une classification des activités économiques à l’effet environnemental favorable. Son but : pousser les investissements vers des secteurs d’activités contribuant à la transition énergétique. Depuis le 1er janvier 2023, le nucléaire, comme le gaz, ont ainsi été inclus dans cette taxonomie verte.

Autre révélateur du changement radical de place que prend peu à peu le nucléaire : la question des SMR. L’UE vient effectivement de donner son aval à la France pour subventionner un projet de ces petits réacteurs atomiques, les Small Modular Reactor. Le nucléaire serait-il en train de devenir une énergie équivalente aux renouvelables aux yeux de l’Union ? Que vous soyez en faveur du nucléaire ou non, sachez qu’il est possible maintenant de souscrire à un contrat d’énergie décarbonée et durable. Faites le tri entre les différentes offres du marché en utilisant le Comparateur Énergie de Choisir.com !

Un prêt qui doit servir aux travaux de rénovation des centrales pour le prolongement de leur durée de fonctionnement

D’après la taxonomie verte de l’UE, le nucléaire est une énergie de transition ayant un rôle à jouer dans l’objectif européen de neutralité carbone en 2050. Sur cette voie, la volonté de Bruxelles est de réduire de 90 % les émissions de CO2 d’ici 2040 sur le continent.

Les 5,8 milliards d’euros ont été octroyés dans un but précis. Ils doivent financer « des investissements dans les réacteurs nucléaires existants en France dans le cadre de l’extension de leur durée de vie », d’après EDF.

La question de la prolongation des réacteurs français s’est posée au sortir de la grave crise énergétique de 2022. Celle-ci avait été marquée par les pannes à répétition du parc nucléaire et la longue immobilisation de multiples réacteurs. Ces derniers, vieillissants, approchent ou ont déjà atteint la quarantaine d’années, durée de fonctionnement initialement prévue par les autorités. Toutefois, pour assurer l’approvisionnement du réseau, la possibilité de la prolongation des réacteurs jusqu’à 60 ans et au-delà a rapidement été mise sur la table. En 2023, elle était à étudier. Aujourd’hui, avec l’officialisation de ce prêt record, il est clair que ce sera bien l’une des directions prises pour garantir la sécurité énergétique française.

En tout cas, le fait que ce prêt bancaire soit estampillé « vert » est véritablement une première pour EDF. Le groupe a précisé que celui-ci est en phase avec son Green Financing Framework, sa stratégie d’investissements verts allant notamment de l’atome aux énergies renouvelables. L’entreprise se dit être le « premier producteur d’électricité sans émission directe de CO2 au monde ». Elle se félicite donc de l’obtention de ce prêt qui permettra d’œuvrer à la prolongation de ses réacteurs. Grâce à cela, elle souhaite conforter la « trajectoire ambitieuse de réduction d’émissions de CO2 » sur laquelle elle se place. Des mots d’EDF, cette dernière a été « rehaussée en novembre 2023, en ligne avec un scénario de réchauffement de +1,5 °C ». C’est effectivement là l’objectif fixé par l’accord de Paris de 2015 pour la fin du siècle. Cependant, une étude de l’Organisation des Nations unies (ONU) de novembre 2023 indique au contraire que le réchauffement climatique mondial pourrait être de +3 °C.

En parallèle, EDF a aussi signé un autre prêt d’un montant de 300 millions d’euros. Il doit permettre de subvenir à ses besoins généraux. De son côté, l’investissement de 5,8 milliards d’euros sera fort utile. La prolongation du parc après 60 ans va effectivement être synonyme d’énormes travaux techniques à accomplir, impliquant des coûts élevés. Les équipements non remplaçables, comme la cuve du réacteur ou l’enceinte en béton, feront d’ailleurs l’objet d’une attention toute particulière.

En effet, la priorité numéro une reste évidemment la sécurité de ces infrastructures à haut risque, impactées par le temps comme le réchauffement climatique. En 2023, des interrogations se sont déjà posées sur la menace que font peser les sécheresses sur la sûreté des centrales nucléaires. Si leur prolongation est une nécessité, cela ne peut donc quand même pas se faire aux dépens de la sécurité atomique. À ce niveau, la fusion probable de l’ASN et de l’IRSN, les deux acteurs majeurs de ce secteur, est loin de faire l’unanimité.

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