Comment se prémunir contre les hausses du gaz ?
En France, 10,6 millions de particuliers ont souscrit un contrat de gaz naturel. Près des trois quarts d’entre eux consomment cette énergie pour se chauffer. Dès l’été 2020, l’envolée des prix sur le marché du gaz a fortement impacté le budget énergétique de ces foyers, notamment lorsqu’ils avaient opté pour une offre à prix variable. Pour les protéger, l’État a donc décidé de mettre en place un bouclier tarifaire sur les tarifs réglementés de vente du gaz d’Engie (TRVG), à travers un gel des prix jusqu’en décembre 2022, puis une limitation de la hausse à 15 % pour l’année 2023 . Mais cette mesure reste temporaire et surtout, ne concerne pas l’ensemble des consommateurs. Alors, comment se prémunir contre les augmentations du gaz et adoucir la facture ? Choisir.com fait le point pour vous.
Focus sur l’évolution du prix du gaz naturel en France
Au préalable, il est important de bien comprendre le fonctionnement du marché du gaz naturel en France et les raisons de l’évolution des prix.
Pourquoi observe-t-on une hausse des prix du gaz ?
Notre pays ne dispose pas de réserves de gaz naturel sur son territoire : 99 % de la consommation française est importée. Historiquement , ces importations proviennent principalement de la Norvège (40,6 % des importations) et de la Russie (16,8 %).
Conséquence logique de l’absence de production française : les tarifs nationaux du gaz sont fortement corrélés à ceux des marchés européens et internationaux.
Depuis 2020, les prix observés sur le marché du gaz naturel sont en forte hausse, pour des raisons à la fois structurelles et conjoncturelles :
- après la pandémie de Covid-19, la reprise de l’économie à l’échelle mondiale (et notamment en Chine) a conduit à une forte augmentation de la demande, tirant naturellement les prix à la hausse ;
- l’augmentation importante du prix des quotas d’émission de CO2 sur le marché du carbone européen a incité les industriels à recourir davantage au gaz pour la production d’électricité, en remplacement du charbon, devenu particulièrement coûteux en termes de « droit à polluer » ;
- l’hiver 2020/2021 a été long et globalement froid, conduisant à une hausse de la consommation de chauffage des ménages français (+15 % par rapport à l’année précédente, selon le principal gestionnaire du réseau de transport de gaz naturel en France, GRTgaz) ;
- il a résulté de cette hausse de la consommation, combinée à une hausse de la demande, une baisse significative des stocks européens de gaz naturel ;
- à cet état de fait, s’est ajouté le ralentissement de la production norvégienne en raison d’arrêts techniques sur les infrastructures, rendant la France plus dépendante de la Russie pour ses importations ;
- enfin, la guerre en Ukraine débutée en février 2022 a rebattu les cartes du marché du gaz européen. En temps normal, le gaz russe représente 45 % des importations en Europe (16,8 % en France). Le conflit russo-ukrainien a engendré une interruption partielle des livraisons de gaz russe (Moscou a d’ailleurs choisi de ne plus livrer un kilowattheure de gaz à au fournisseur français Engie en septembre 2022). De leur côté, les pays de l’Union européenne mettent les bouchées doubles pour se passer au maximum du gaz russe, en réaction à la politique menée par Moscou vis-à-vis de l’Ukraine. Les exportations du géant russe Gazprom ont d’ailleurs chuté de 55 % en 2022. Conséquence de contexte géopolitique inédit : des difficultés d’approvisionnement, donc de nouvelles hausses des prix.
Êtes-vous sûr de ne pas payer votre gaz trop cher ?
faire une simulationDe quelles augmentations parle-t-on ?
La hausse historique des prix observée sur le marché mondial du gaz naturel s’est répercutée sur les coûts d’approvisionnement supportés par Engie, fournisseur historique, et donc sur les TRVG, ou Tarifs réglementés de vente du gaz, que celui-ci est le seul autorisé à commercialiser.
La loi prévoit en effet l’ajustement des tarifs réglementés à la hausse ou à la baisse, afin qu’Engie ne soit pas directement impacté par l’évolution des coûts d’approvisionnement. Ici, le fournisseur ne perçoit donc aucun bénéfice lié à l’augmentation de ses prix.
Depuis l’été 2021, le prix du gaz a augmenté de façon conséquente pour les consommateurs résidentiels.
Concrètement, en octobre 2021, le tarif réglementé de vente du gaz naturel a subi une hausse de 13,9 % HT (soit 12,6 % TTC) par rapport au tarif en vigueur au 1er septembre 2021 – une augmentation des prix variable selon le type de consommation du foyer :
- +4,5 % HT pour les ménages équipés du gaz pour la cuisson ;
- +9,1 % HT pour les ménages équipés du gaz pour la cuisson et l’eau chaude sanitaire ;
- +14,3 % HT pour les ménages équipés du gaz pour le chauffage.
Ce sont donc ceux pour lesquels la facture de gaz est un poste de dépense particulièrement important (puisque cette énergie leur sert à se chauffer) qui ont subi la hausse des prix le plus fortement.
Notons que l’augmentation du TRVG en octobre 2021 s’était inscrite dans la continuité de la tendance observée depuis mai 2021, comme le démontrent les données ci-dessous :
Période | Évolution du TRVG par rapport au mois précédent |
---|---|
Avril 2021 | -4,1 % HT |
Mai 2021 | +1,1 % HT |
Juin 2021 | +4,4 % HT |
Juillet 2021 | +10,0 % HT |
Août 2021 | +5,3 % HT |
Septembre 2021 | +8,7 % HT |
Octobre 2021 | +13,9 % HT |
Novembre 2021 Mise en place du bouclier tarifaire (gel des tarifs) | 0 % |
Janvier 2023 Prolongation du bouclier tarifaire (limitation de la hausse des tarifs) | +15,0 % TTC |
Source : CRE
Afin de limiter l’impact de l’envolée des prix sur le budget des ménages, le gouvernement a décidé la mise en place d’une série de mesures, et notamment d’un bouclier tarifaire sur le TRVG : dès novembre 2021, les tarifs réglementés du gaz domestique ont été bloqués à leur niveau d’octobre 2021.
Initialement, ce gel temporaire des tarifs – dont l’objectif était de lisser l’impact de la crise de l’énergie sur le pouvoir d’achat des Français – devait prendre fin dès le printemps 2022. Il était donc prévu que la hausse des prix du gaz soit répercutée sur le TRVG à partir du mois d’avril 2022, lorsque le cours du gaz entamerait sa baisse. En effet, le scénario envisagé par la Commission de régulation de l’énergie était alors plutôt optimiste, puisque celle-ci prévoyait un maintien du prix du gaz sur le marché de gros à un niveau très élevé pendant l’automne et l’hiver, avant une baisse progressive à partir du printemps 2022 et un retour des prix à la normale l’année suivante.
Mais, le conflit russo-ukrainien est venu chambouler ces prévisions, et l’État a décidé de prolonger le gel des prix du gaz jusqu’au 31 décembre 2022. Depuis janvier 2023, le bouclier tarifaire a été renouvelé dans un format amoindri : les tarifs réglementés de vente ont été augmentés de 15 % TTC. Une hausse limitée, puisque sans intervention de l’État, ces derniers auraient dû s’envoler à +120 %.
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Consommateurs particuliers : qui est concerné par la hausse du gaz naturel ?
En règle générale, les clients gaz ayant opté pour l’offre aux tarifs réglementés de vente subissent (ou profitent) de façon directe les fluctuations du marché, que celui-ci soit à la hausse comme à la baisse. Dans le cas d’une envolée durable des prix, le montant de la facture peut considérablement grimper, comme le démontre ce graphique présentant l’évolution de la facture de gaz naturel pour un client en tarification B1, avec une consommation annuelle de 14 000 kWh (kilowattheures).
Le gel tarifaire mis en place par les pouvoirs publics a permis de contenir le montant de la facture moyenne de gaz pour les abonnés au TRV à compter de novembre 2021. D’après la Commission de régulation de l’énergie, sans cette mesure, celle-ci serait passée de 1 484 € à 1 791 € dès le quatrième trimestre 2021, et à 2 206 € au premier trimestre 2022 (soit une hausse de +49 % par rapport à son montant avant bouclier tarifaire). Depuis janvier 2023, selon la CRE, le montant moyen de la facture annuelle de gaz pour les abonnés au tarif réglementé est de 1 675 €.
Depuis l’automne 2021, les ménages ayant souscrit l’offre Engie aux tarifs réglementés de vente sont donc protégés par le bouclier tarifaire : ils ne sont pas impactés par les fortes hausses sur le prix du gaz observées depuis cette date.
Pour les 7,99 millions de particuliers ayant opté pour une offre de marché auprès de l’opérateur historique ou d’un fournisseur alternatif, la situation diffère selon le type d’offre souscrite :
- ceux ayant souscrit une offre indexée sur le TRVG bénéficient, par ricochet, du blocage des prix du gaz ;
- pour les consommateurs ayant choisi une offre de marché à prix fixe, la situation est plus nuancée. Si l’abonnement a été souscrit avant l’envolée des prix, le prix du kilowattheure restera compétitif jusqu’à l’échéance du contrat. La CRE conseille d’ailleurs aux clients concernés de conserver leur contrat pendant toute la durée de la crise sur les prix du gaz naturel. En revanche, si la souscription est plus récente, une offre à prix fixe ne peut être avantageuse, puisque les fournisseurs ont été contraints d’augmenter fortement leurs tarifs ces derniers mois afin de se protéger financièrement ;
- enfin, les consommateurs ayant choisi une offre indexée sur les marchés de gros sont directement impactés par l’envolée des prix du gaz.
Limiter l’impact de la hausse des prix du gaz sur la facture : nos conseils
Pour se préserver de l’explosion des prix du gaz, le consommateur particulier peut agir sur deux leviers : l’offre tarifaire souscrite et l’optimisation de sa consommation d’énergie. Explications.
Bien choisir son contrat gaz
Le TRV est fermé à la souscription depuis novembre 2019. Alors, face à l’envolée des prix de l’énergie, quelle offre choisir ? Nous l’avons évoqué précédemment : si vous envisagez de changer d’offre, souscrire un contrat gaz indexé sur les tarifs réglementés de vente est, en période de bouclier tarifaire, le meilleur choix. En effet, les nouveaux tarifs réglementés de vente en vigueur depuis janvier 2023 seront bloqués pour toute l’année 2023.
Les offres de marché à prix fixe ainsi que celles à prix indexé sur les marchés de gros sont globalement moins avantageuses et, surtout, elles sont susceptibles d’évoluer à la hausse au fil des mois.
Êtes-vous sûr de ne pas payer votre gaz trop cher ?
faire une simulationRetrouvez ci-dessous les tarifs du gaz en vigueur en avril 2023 et classés par type de tarification :
Tarification | Type de gaz fourni | Fournisseur | Nom de l’offre | Prix de l’abonnement annuel TTC | Prix du kWh TTC | Précisions |
---|---|---|---|---|---|---|
TRV | Gaz standard | Engie ou ELD | Tarif réglementé de vente | 249,86 € | 0,10420 € | Indisponible à la souscription depuis 2019 Sera définitivement supprimé le 30/06/2023 |
Offres indexées sur le TRV | Gaz standard | EDF | Avantage Gaz Optimisé | 374,52 € | 0,10420 € | – |
Eni | Offre Indexée Eco Gaz | 273,28 € | 0,12497 € | |||
Engie | Offre Gaz Energie Tranquillité 1 an | 289,44 € | 0,10424 € | |||
Happ-e | Offre Gaz happ-e 2 ans | 276,25 € | ||||
Sowee | Offre Gaz Éco | 345,12 € | 0,10430 € | |||
TotalEnergies | Offre Heures Eco | 244,32 € | 0,10420 € | |||
Vattenfall | Gaz Eco Plus | 273,78 € | 0,09940 € | Indexé sur le TRV avec 5 % de remise sur le prix du kWh HT | ||
Biogaz | Ilek | Mon producteur local de gaz vert | 312,72 € | 0,10420 € | Biogaz 100 % français | |
Offres à prix fixe | Gaz standard | EDF | Avantage Gaz | 247,56 € | 0,11120 € | Tarif du kWh HT fixe pendant 4 ans et 1 mois |
Gaz standard 100 % compensé carbone | EDF | Avantage Gaz Durable | 247,56 € | 0,11440 € | ||
Gaz hybride (90 % gaz standard / 10 % biogaz) | TotalEnergies | Offre Verte Fixe | 247,44 € | 0,11490 € | Tarif du kWh HT fixe pendant 1 an | |
Biogaz | Dyneff | Mon Contrat Serein Vert | 307,32 € | 0,14040 € | Tarif du kWh HT fixe pendant 2 ans | |
ekWateur | Gaz naturel 100 % biométhane prix fixe | 304,44 € | 0,12280 € | Tarif du kWh HT fixe pendant 1 an | ||
Offres indexées sur les marchés de gros | Gaz standard | Butagaz | Butagaz par Mega | 300,72 € | 0,09550 € | Tarif indexé sur l’indice PEG Powernext Remise de 30 € TTC appliquée sur la facture de régularisation après 1 an d’abonnement |
Mega Energie | Gaz naturel Offre Flexy | |||||
Ohm Energie | Classique Gaz | 249,84 € | 0,14830 € | Tarif indexé sur les indices PEG Powernext et TTF | ||
Autre | Gaz standard | Ohm Energie | Web Gaz | 249,84 € | 0,10300 € | Prix librement fixés par le fournisseur et révisables jusqu’à une fois par mois Offre 100 % web |
Classe de consommation B1 – Zone tarifaire 2
Optimiser sa consommation de gaz naturel
Plusieurs solutions existent pour réduire sa consommation de gaz naturel, et ainsi adoucir la facture.
Adopter les écogestes
Il s’agit de bonnes pratiques à appliquer au quotidien pour limiter la consommation d’énergie. Ces gestes simples peuvent être facilement mis en œuvre. Ils concernent notamment l’optimisation du chauffage au gaz :
- fermer les rideaux, stores ou volets dès la tombée de la nuit ;
- à l’inverse, les ouvrir en journée, afin de profiter de la chaleur apportée par les rayons du soleil ;
- fermer en permanence les accès menant aux pièces peu ou pas chauffées ;
- limiter les courants d’air, notamment grâce à l’utilisation de boudins de porte ;
- couper les radiateurs avant d’aérer une pièce ;
- respecter les recommandations de température de l’ADEME (l’Agence de la transition écologique) : entre 19 °C et 21 °C dans les pièces occupées en journée, 17 °C dans les pièces de passage ou rarement occupées et 17 °C la nuit.
Un entretien régulier de la chaudière gaz est également primordial.
Piloter sa consommation
Désormais, tous les foyers raccordés au gaz sont équipés du compteur communicant Gazpar. Grâce à ce compteur de gaz nouvelle génération, le client a accès à ses données de consommation deux fois par jour : un véritable atout si l’on souhaite contrôler de près les kilowattheures consommés et détecter les appareils et les usages les plus énergivores.
Par ailleurs, installer un thermostat d’ambiance sur votre chaudière au gaz ou des robinets thermostatiques directement sur vos radiateurs peut également s’avérer très efficace pour faire baisser votre facture d’énergie, mais également améliorer le confort thermique de votre habitation. À la clé : plusieurs dizaines d’euros d’économies par an.
Certains fournisseurs ont intégré ce service dans leurs offres d’énergie. C’est le cas, par exemple, d‘EDF et Engie :
- EDF propose l’offre « Avantage Gaz Connecté », qui inclut l’achat du thermostat connecté Netatmo à tarif préférentiel (89 € TTC au lieu de 179 € TTC, prix public) ;
- Engie propose, quant à lui, le service optionnel « Mon Pilotage Gaz », comprenant la location du même thermostat, pour 5,99 € TTC par mois.
Investir dans un dispositif de chauffage additionnel
La facture de chauffage pèse lourd dans le budget des ménages : le chauffage représente, en effet, 66 % des consommations énergétiques d’un foyer selon l’ADEME.
Pour se préserver des fortes variations du prix du gaz, il peut être intéressant d’opter pour un autre système de chauffage en complément du chauffage au gaz, tel qu’un poêle à granulés, dont les performances sont en constante amélioration. Ce type d’appareil permet, en outre, une programmation précise, pour une optimisation optimale de la consommation en fonction de votre temps de présence et de vos besoins.
Pour aller plus loin : isoler son habitation
Enfin, rappelons que, toujours selon l’ADEME, le moyen le plus efficace pour réduire sensiblement sa facture de chauffage est d’effectuer des travaux de rénovation énergétique, et notamment d’isoler son habitation. D’après la Fondation Abbé Pierre, cela permettrait d’économiser jusqu’à 900 € chaque année ! Un choix judicieux, donc, d’autant que de nombreuses aides publiques et privées à la rénovation énergétique sont disponibles pour les particuliers.
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