Réserves énergétiques : où en est-on en cette fin d’hiver ?
L’hiver 2022-2023, sujet de tant de craintes avant son arrivée, touche finalement déjà bientôt à sa fin. S’il s’est montré plus clément et calme que redouté, il a malgré tout eu un impact, logique, sur les réserves énergétiques nationales. Production électrique nucléaire, hydraulique, stock de gaz, la situation pourrait sembler être revenue « à la normale ». Pourtant, en ce qui concerne les besoins énergétiques des Français pour cette année 2023 qui ne fait que débuter, la précaution reste de mise. En effet, certains signaux, quant à ces réserves énergétiques, ne sont pas vraiment rassurants. D’autant plus que se profile un hiver 2023-2024 qui, de l’avis de beaucoup de spécialistes, sera sans doute plus à risque que le précédent. Choisir.com fait le point.

Réacteurs nucléaires : de nouveaux (longs) arrêts pour 2023
Au niveau de la production électrique, 2022 a été une année noire en France, principalement à cause des difficultés connues par le parc nucléaire national. Celles-ci ont défrayé la chronique durant toute l’année passée, entre arrêts à répétition pour maintenance ou pour problème de corrosion sous contrainte… Depuis décembre 2022, EDF paraissait avoir retrouvé une dynamique positive, avec la remise en service de nombreux réacteurs nucléaires.
Sauf que, depuis le mois de février 2023, la tendance est de nouveau à la fermeture et à l’immobilisation d’un nombre croissant de réacteurs. À la mi-février, ils étaient 14, sur les 56 existants en tout en France, à avoir été mis à l’arrêt. Désormais, ce nombre a grimpé à 17 depuis la fin février. De plus, nous ne serions qu’au début de cette évolution pour le parc nucléaire français.
La raison ? Des opérations de maintenance de longue durée qui doivent être effectuées par EDF. C’est également la cause qui entraînera la déconnexion du réseau de plusieurs autres réacteurs au printemps. Lorsque l’été 2023 arrivera, le seuil des 20 réacteurs immobilisés devrait ainsi être dépassé. Avec cette réalité à ne pas oublier, celle que le parc nucléaire français se fait désormais vieux. Ses réacteurs ne sont donc pas supposés, en théorie, durer de manière indéterminée dans le temps.
Cette situation a d’ores et déjà une première conséquence pour la France. Cela l’obligera en effet à acheter de l’électricité à l’étranger, alors qu’elle est habituellement (et normalement) exportatrice en la matière. Il avait déjà dû se résoudre à cela en décembre 2022, en important de l’électricité de Belgique et d’Italie par exemple. Si la France voit déjà, à l’été 2023, sa production électrique l’obliger à réaliser des importations, qu’en sera-t-il à l’hiver prochain, saison où la consommation d’énergie est toujours plus importante ?
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faire une simulationUne production hydroélectrique déjà menacée en France pour 2023 ?
En cette période de sécheresse hivernale extrêmement rare, c’est la situation des barrages français qui est également suivie de près par de nombreux observateurs. À la fin du mois de février, leur taux de remplissage s’élevait à 51 % de leur capacité, ce qui est légèrement inférieur aux moyennes habituelles.
Si la situation n’est pas encore jugée, de manière globale, encore réellement préoccupante, elle pose en tout cas question. Le déficit de pluviométrie record qu’a connu la France ces dernières semaines laisse effectivement peser une vraie menace sur ses capacités de production hydroélectrique pour 2023.
L’hiver est normalement la saison où les nappes phréatiques doivent se recharger, et c’est encore plus essentiel après la redoutable sécheresse de l’été 2022. Toutefois, notre pays a atteint récemment le record historique de 32 jours sans pluie, ce qui n’est guère rassurant. Cela pourrait même commencer à poser problème dès les prochaines semaines.
Rappelons que l’hydroélectricité tient une place majeure dans le mix énergétique français puisqu’elle forme :
- la première source d’électricité provenant des énergies renouvelables ;
- la deuxième source d’électricité derrière le nucléaire.
C’est simple : les barrages hydroélectriques représentaient 12 % de la production nationale en 2021. 2022 avait déjà été une année difficile, puisque la production hydroélectrique avait déjà sensiblement baissé par rapport à l’année précédente.
À l’heure actuelle, la situation de certains barrages, dans les Pyrénées-Orientales ou la Dordogne, est déjà alarmante. Avec cette sécheresse hivernale et les signaux également inquiétants du nucléaire, qu’est-ce que cela donnera en 2023 ? Beaucoup d’observateurs craignent effectivement que la production hydroélectrique soit encore plus faible que l’an passé, surtout si de nouvelles sécheresses se déclenchent plus tard dans l’année. De quoi craindre une nouvelle crise énergétique ?
Des stocks de gaz à un niveau correct mais qui se réduisent
À la fin février 2023, les stocks de gaz français étaient remplis à un peu moins de la moitié : 46 %. Aucune difficulté particulière n’est donc à relever de ce côté-là. La PDG d’Engie, Catherine MacGregor, a ainsi récemment fait savoir au Figaro qu’à ce niveau, « on a pu passer cet hiver dans des conditions satisfaisantes ».
Toutefois, c’est davantage l’hiver 2023-2024 qui risque, d’après certains spécialistes, de poser problème. En 2022, l’Europe avait contrebalancé l’arrêt de la fourniture en gaz naturel russe par des importations records de gaz naturel liquéfié (GNL). Cependant, est-ce que ce si haut niveau d’importation sera encore possible pour 2023, afin d’assurer la sécurité énergétique du continent ?
En effet, la concurrence pour l’achat du GNL devrait se renforcer sur le marché mondial cette année. Cela n’empêche pourtant pas Catherine MacGregor de se montrer rassurante. Celle-ci a ainsi assuré qu’« on va réussir » à « passer l’hiver prochain » de 2023-2024. Cependant, cela « ne veut pas dire qu’il faut relâcher les efforts car les volumes russes ont bien été enlevés de la production mondiale de gaz, il va donc falloir continuer à faire attention » a-t-elle ajouté.
Finalement, la réalisation de ce bilan énergétique pose plus de questions qu’elle n’apporte réellement de réponses et de certitudes quant aux capacités nationales pour 2023. Même si, pour RTE, gestionnaire du réseau de transport électrique en France, « l’actualisation de mi-février pour la fin de l’hiver [2022-2023] confirme le diagnostic des derniers mois : le risque portant sur la sécurité d’approvisionnement en électricité est désormais en grande partie écartée ». C’est peut-être déjà bon à prendre avant de penser à craindre le prochain hiver.

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