Stocks de gaz : un niveau plus faible que prévu et inquiétant ?

Alors que l’hiver vient de toucher à sa fin, la nouvelle est de nature à se poser quelques questions. En effet, les stocks de gaz en France ont, ces dernières semaines, diminué plus fortement que prévu. Au 15 mars 2023, ils n’étaient plus remplis qu’à environ 30 % de leurs capacités, un niveau plus faible que les estimations réalisées initialement pour le terme de l’hiver. La France est également l’un des pays européens qui a le plus puisé dans ses stocks jusqu’à aujourd’hui. Choisir.com revient donc sur ces chiffres et cette évolution qui peuvent être vus comme plutôt préoccupants. Surtout lorsque l’on sait que beaucoup d’observateurs estiment que l’hiver prochain sera encore plus difficile d’un point de vue énergétique.

stock gaz début 2023

Des stocks de gaz français qui ont fondu (trop) rapidement ?

C’est une information qui a été révélée par le média Les Échos le 17 mars dernier : les stocks de gaz en France ont aujourd’hui atteint un niveau jugé inquiétant. Les derniers chiffres publiés font effectivement état d’une baisse significative et d’un niveau qui, pour certains, s’est même « effondré » ces derniers jours. Le Gas Infrastructure Europe (GIE), l’association européenne des opérateurs gaziers, a ainsi révélé qu’au 15 mars, nos stocks n’étaient plus remplis qu’à 30,1 %. Maintenant que l’hiver est bel est bien terminé officiellement, beaucoup jugent même que les stocks gaziers français sont sans doute désormais descendus en dessous de la barre des 30 %.

Alors, il s’agit d’une baisse qui peut paraître logique d’un point de vue saisonnier. Toutefois, elle reste impressionnante de par son ampleur et préoccupante pour plusieurs raisons :

  • les prévisions estimaient à la base qu’à la sortie de l’hiver, nos stocks seraient encore remplis de moitié, à 50 %. Or, il n’en reste plus qu’environ 30 %, ce qui implique que plus des deux tiers de nos stocks ont donc déjà été vidés ;
  • la France se trouve loin du niveau de la majorité des pays européens. En effet, le GIE faisait observer qu’au 15 mars, les stocks des pays du continent étaient encore généralement remplis entre 50 et 60 % de leurs capacités. La moyenne européenne se situe en fait à 55,97 % de remplissage ;
  • en réalité, la France est même le deuxième pays d’Europe ayant les plus basses réserves gazières, juste devant l’Ukraine qui culmine à presque 16 % (15,52 % d’après le GIE).

Au regard de tous ces faits, l’optimisme ne peut donc pas être au rendez-vous. Quels éléments peuvent expliquer que les stocks français se soient vidés si vite en comparaison de ses voisins européens ? Il y en a en fait plusieurs :

  • d’abord, les grèves et le mouvement de contestation contre la réforme des retraites, qui ont eu un impact certain. En effet, plusieurs ports et terminaux méthaniers ont subi des blocages depuis une dizaine de jours. Ces derniers sont pourtant les portes d’entrée des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) en Europe, qui ont d’ailleurs explosé en 2022 ;
  • ensuite, la nécessité de vider un peu ses stocks pour pouvoir lancer les futures campagnes de remplissage ;
  • enfin, des spécialistes jugent également que les opérateurs de gaz se sont hâtés de revendre leur produit avant la baisse trop importante des prix. C’est ce qu’on nomme l’effet d’aubaine. Son but est de conserver des marges importantes.

Cependant, les entreprises en question ont nié en bloc avoir agi de la sorte.

Service gratuit choisir.com

Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?

faire une simulation

Vers un hiver 2023-2024 réellement inquiétant ?

Malgré cette baisse des stocks plus rapide que prévu, les acteurs du marché demeurent pour autant optimistes. Storengy, l’un des leaders mondiaux dans le stockage de gaz naturel, a indiqué que « ce sont des niveaux habituels. L’an dernier, à la même époque, nous étions à 20 % ». Pour la filiale d’Engie, « c’est une campagne assez classique » qui ne provoque donc aucune inquiétude particulière. Le Gas Infrastructure Europe (GIE) a d’ailleurs confirmé cette analyse.

Même son de cloche rassurant du côté d’Engie : « Mi-décembre, nous avions anticipé des niveaux entre 20 et 30 % à la sortie de l’hiver dans les conclusions que nous avions rendues au gouvernement » a fait savoir le groupe énergétique. Le tout en sachant que les remplissages des stocks devraient bientôt reprendre.

Reste que, si cela ressemble à une campagne « assez classique », la période et le climat géopolitique ne le sont pas du tout. Contrairement aux années précédentes, l’approvisionnement en gaz russe a totalement cessé depuis l’éclatement de la guerre en Ukraine. En 2023, la concurrence pour l’achat et l’importation de GNL devrait aussi être plus féroce que jamais. La situation pourrait donc, au regard de ce contexte, se révéler malgré tout plutôt inquiétante, surtout en prévision de l’hiver 2023-2024. Certains craignent en effet, déjà depuis décembre 2022, que les stocks de gaz soient insuffisants l’hiver prochain.

Ce qui est certain, c’est que les stocks gaziers français actuels sont parmi les plus bas d’Europe. Si la France reste certes au-dessus de l’Ukraine, il ne faut pas oublier que ce pays est en guerre depuis plus d’un an. Depuis février 2022, les stocks ukrainiens n’ont d’ailleurs jamais dépassé les 33 %, ce qui indique que leur consommation a été bien moindre que dans l’Hexagone. Une comparaison avec d’autres pays européens permet également de mieux prendre la mesure des faibles stocks nationaux :

  • le Portugal et la Suède sont les deux pays de l’Union européenne à avoir leurs stocks les plus remplis, et de loin, à plus de 95 % ;
  • plus proche de nous, l’Allemagne jouit encore d’une capacité de 160 térawattheures (TWh) de gaz en réserve, soit plus de 64 % de son stock.

De par ces chiffres, les moins de 30 % de stock qu’il doit actuellement rester en France paraissent donc bien faibles. Pourtant, la météo douce et clémente de l’hiver aurait dû permettre de laisser ces stocks à un niveau plus élevé.

Si Engie et Storengy affichent malgré tout leur optimisme (de façade ?), un fait n’en est pas moins certain. Avec ces stocks qui ont diminué plus fortement et rapidement qu’escompté, la campagne de remplissage en vue de l’hiver 2023-2024 sera donc logiquement plus importante que prévu. D’après Les Échos, cette dernière pourrait donc se révéler moins facile à mettre en place et à réaliser que ce qui avait été estimé à la base.

Aujourd’hui, l’objectif d’Engie (et de l’État) est clair. Le but est d’atteindre un niveau de remplissage des stocks de l’ordre de 90 % au 1er novembre 2023. Cela est une absolue nécessité si l’on veut éviter que les Français replongent dans une nouvelle crise énergétique qui impacterait encore fortement leur qualité de vie.

comparateur

Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?

En 30 secondes simulez votre consommation pour trouver les meilleures offres et comparer avec votre fournisseur actuel.

faire une simulation