Gaz : des factures plus chères pour les usagers à l’avenir ?

Le 4 avril 2023, la CRE (Commission de régulation de l’énergie) a publié un rapport sur le devenir des infrastructures gazières. Celui-ci indique également que la consommation en gaz va sensiblement baisser en France d’ici 2050. Toutefois, malgré cette évolution, le réseau de gaz demeurera aussi coûteux qu’aujourd’hui. Cela implique que la facture des usagers, dont le nombre tend déjà à se réduire, connaîtra un réel risque d’augmentation du fait de ces coûts à assumer. Choisir.com revient sur les points importants de cette étude et vous révèle en quoi le pouvoir d’achat de nombreux Français pourrait vraiment être impacté.

augmentation facture gaz

Une baisse de la consommation de gaz de 30 % à l’horizon 2050 ?

C’est une étude que vient de publier, le mardi 4 avril dernier, la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Celle-ci porte sur l’évolution de la consommation de gaz en France d’ici à la moitié du XXIe siècle, en 2050.

Pourquoi avoir demandé un tel rapport ? Ce dernier était en fait nécessaire dans un contexte actuel important pour la CRE :

  • elle doit, d’ici fin 2023 et pour les quatre prochaines années, renouveler les tarifs des factures de gaz pour la partie distribution, transport et stockage ;
  • son étude s’inscrit dans les travaux préparatoires à la loi de Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Les discussions vis-à-vis de cette dernière sont en effet en train de s’accélérer actuellement.

La présidente de la CRE, Emmanuelle Wargon, a ainsi indiqué qu’avaient été retenus « trois scenarii de consommation, deux de l’Ademe et un des gestionnaires de réseaux de gaz ». L’Ademe est l’Agence de la transition écologique. Tous ces scénarios font état d’une baisse importante de la consommation de gaz à prévoir. À l’heure actuelle, la quasi-totalité du gaz consommé en France est importée, qu’il s’agisse de gaz naturel ou de GNL. En 2022, notre pays a ainsi importé 450 térawattheures (TWh) de gaz, un record. Pour la CRE, les besoins en gaz vont cependant rapidement baisser à :

  • 393 TWh en 2030 ;
  • 320 TWh en 2050.

Cela représentera, à ce moment, une baisse de la consommation de 29 % par rapport à 2022. D’après le scénario le plus extrême de l’Ademe, la consommation pourrait même chuter encore plus fortement, à 165 TWh en 2050.

L’ensemble de ces scénarios avancent également plusieurs tendances possibles pour l’avenir à l’horizon 2050 :

  • le chauffage au gaz, du fait de cette chute de consommation, pourrait avoir presque entièrement disparu. Aujourd’hui, c’est encore l’un des modes de chauffage les plus répandus dans l’Hexagone ;
  • les industriels devraient, quant à eux, diviser leur recours au gaz par deux ;
  • seuls les transports (les bus et les camions) pourraient voir leurs besoins en gaz augmenter. La prévision la plus élevée estime que leur consommation passerait de 2 TWh à 85 TWh.

Cette baisse de consommation de gaz est d’ailleurs déjà visible à l’heure actuelle :

  • d’après la CRE, GRDF aurait ainsi perdu 93 000 clients rien qu’en 2022, dont 40 000 pour le chauffage ;
  • les ventes de chaudières au gaz et au fioul ont aussi chuté d’environ 30 % l’année dernière, selon le syndicat professionnel Uniclima.

Enfin, l’étude de la CRE indique une dernière évolution importante. Vers 2050, tout le gaz consommé en France devrait avoir été produit à l’intérieur du territoire national, pour la plupart par la méthanisation. Alors, le biométhane ou biogaz devrait avoir remplacé, pour l’essentiel, le gaz d’origine fossile.

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Une baisse de la consommation qui risque de faire augmenter les factures de gaz

Alors, pourquoi s’attendre à une augmentation des tarifs du gaz si sa consommation va baisser dans de telles proportions ?

La raison est, pour la CRE, simple : malgré cette chute des besoins d’ici 2050, le réseau de gaz restera aussi coûteux qu’aujourd’hui. Et ce, qu’il s’agisse du réseau de transport de gaz ou de son réseau de distribution. Toutes ces infrastructures représentent aujourd’hui en France :

  • 200 000 km de tuyaux ;
  • 37 000 km pour le transport sur de longues distances.

Même dans l’estimation la plus forte de baisse de la consommation de gaz, Emmanuelle Wargon juge en effet qu’« il n’y aurait quasiment pas d’impact sur les réseaux ». « Même dans un scénario très volontariste, avec peu de gaz, fait-elle également savoir, on a globalement toujours besoin de réseaux de gaz ».

L’étude de la CRE indique alors que « les actifs libératoires […] représentent entre 3 et 5 % des kilomètres de canalisation de transport ». En clair : seul 5 % du réseau de gaz existant deviendrait inutile, alors que 95 % de ces canalisations devraient encore être utilisées, et donc entretenues. À l’horizon 2050, ce réseau continuerait à être utile et nécessaire pour envoyer du gaz :

  • vers les consommateurs, évidemment ;
  • mais aussi vers les voisins européens en cas d’exportations ;
  • et enfin à travers le réseau, vers des points de production disséminés sur le territoire national. Les coûts de cette transformation sont estimés entre 6 et 9,7 milliards d’euros d’ici 2050.

Ainsi, le réseau de distribution restera « nécessaire et essentiellement dimensionné pour la production de gaz vert ». Voilà le défi qui s’annonce et s’impose : entretenir ce vaste réseau tandis que la consommation de gaz (et donc les revenus) est vouée à diminuer dans le pays.

C’est pourquoi le rapport de la CRE d’avril 2023 intègre des éléments de réponses et des pistes envisagées pour faire face à cette situation. Pour Emmanuelle Wargon, « cela veut dire que le coût des réseaux devra être mutualisé autrement. […] L’idée est de prendre un virage dans la construction des tarifs et dans la régulation qui tienne compte du fait qu’on va avoir, en gros, les mêmes besoins d’infrastructures avec […] un volume de TWh consommé qui va baisser ».

L’objectif actuel est donc de trouver un schéma tarifaire dans lequel les consommateurs de gaz, moins nombreux, ne soient pas trop impactés. Cependant, la piste actuelle est bien de faire peser ce coût sur eux. Il s’agit évidemment d’un sujet sensible, car cette charge financière devra donc être répartie sur un plus petit nombre de clients. Par conséquent, c’est ce qui explique pourquoi la facture de ces derniers risque d’augmenter.

Le but de la CRE est d’éviter que cette facture ne s’envole juste à cause des coûts fixes liés au réseau. Il est vrai que les ménages et les entreprises françaises ont déjà été très impactés par la crise énergétique qui a éclaté en 2022.

D’autres difficultés ont besoin de trouver des solutions. Par exemple, si le gaz n’est plus utilisé dans une zone, l’arrêt de sa distribution devra être envisagé. Toutefois, il faudra malgré tout accompagner les ménages, spécialement ceux avec des faibles revenus et/ou qui utilisent encore des gazinières pour cuisiner.

De plus, basculer le chauffage de tous les foyers français vers des convecteurs électriques n’est pas envisageable. « Il faut veiller à ne pas aller trop vite pour ne pas mettre en risque le réseau électrique » prévient Anne-Sophie Dessillons, directrice adjointe des réseaux de la CRE. Pour quelle raison ? Cela reviendrait à accroître de 35 gigawatts (GW) les besoins en électricité en pic de consommation. Cela représenterait une trentaine de centrales nucléaires en plus !

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