« Simplifier MaPrimeRénov’ » : la promesse d’Élisabeth Borne
Le 5 juin 2023, Élisabeth Borne a donné une conférence de presse afin d’annoncer de nouvelles mesures. La volonté de la Première ministre comme de tout l’exécutif : tenter d’enrayer la crise du logement dont la France est victime actuellement. L’une des pistes évoquées est le fait de réussir à inciter davantage de Français à réaliser des travaux de rénovation énergétique dans leurs habitations. C’est pourquoi Élisabeth Borne a expliqué vouloir « simplifier MaPrimeRénov’ ». Ce dispositif devant permettre la subvention des travaux d’isolation est sous le feu des critiques depuis de nombreux mois. Les annonces de la cheffe du gouvernement ont aussi provoqué déception et colère chez de nombreux acteurs du secteur du logement et de l’écologie. Choisir.com vous en dit plus.
Transition écologique : « Nous allons simplifier MaPrimeRénov’ », annonce la Première ministre
Créé par le gouvernement en janvier 2020, le dispositif MaPrimeRénov’ en est à sa troisième année d’existence. Il doit permettre aux Français d’obtenir des subventions pour des travaux de rénovation énergétique et d’isolation sur leurs habitations.
Ce secteur des logements inquiète d’ailleurs de nombreux acteurs et responsables politiques. La France traverse une crise importante dans ce domaine, visible de multiples manières. Olivier Klein, ministre délégué chargé de la Ville et du Logement, a ainsi concédé le lundi 5 juin dernier matin qu’il y avait « un risque de bombe sociale ».
L’après-midi même, la Première ministre Élisabeth Borne réalisait un point presse à Paris pour y effectuer plusieurs annonces. La locataire de Matignon en a profité pour préciser qu’« il n’y a pas de mesure magique » pour régler ce problème du logement en France. Elle était également présente afin de faire connaître ses conclusions quant au travail réalisé par le CNR, le Conseil national de la refondation dédié au logement.
Le CNR a été mis en place en 2022 par Emmanuel Macron, au tout début de son deuxième mandat. Il s’agit d’une instance d’échange qui devait travailler en faveur de la construction de la planification écologique. L’inefficacité de ce concept brumeux, lancé par le président, a d’ailleurs fait l’objet de vives critiques, certaines le qualifiant même de « terra incognita ».
Réunissant de multiples acteurs de secteurs variés, 200 personnes ont travaillé pendant 7 mois au sein du Conseil national de la refondation. Au total, 200 propositions visant à enrayer la crise du logement ont été remises au gouvernement fin mai 2023. Élisabeth Borne s’est donc appuyée sur ce travail que le gouvernement a synthétisé en 14 mesures, annoncées le 5 mai dernier devant la presse.
La Première ministre a ainsi déclaré que « la rénovation énergétique des bâtiments est l’un des piliers de notre planification écologique ». Selon elle, « adapter nos logements à la transition écologique, c’est aussi accélérer encore la rénovation énergétique ».
D’où l’importance du dispositif MaPrimeRénov’, critiqué de toute part depuis le début de l’année 2023. Certains témoignages de particuliers montrent à quel point il peut se transformer en une vraie galère. C’est pourquoi Élisabeth Borne a donné une vision claire : « Nous allons simplifier MaPrimeRénov’ », a-t-elle déclaré. Le but : « inciter à rénover » davantage.
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faire une simulationL’objectif annoncé du gouvernement : « viser 200 000 rénovations globales d’ici 2024 »
« La rénovation énergétique est un impératif pour notre transition écologique » a rappelé Élisabeth Borne. C’est la raison pour laquelle cette dernière a annoncé toute une liste de mesures ou de souhaits portés par le gouvernement, comme :
- l’augmentation des crédits devant permettre les rénovations globales des bâtiments ;
- « travailler à des solutions complémentaires de financement », s’ajoutant à MaPrimeRénov’. La Première ministre a indiqué que cela devait par exemple se faire par « un accès facilité au prêt Avance rénovation ». Il s’agit d’un prêt hypothécaire destiné aux ménages modestes souhaitant financer des travaux de rénovation énergétique dans leur logement ;
- œuvrer en faveur des ménages les plus fragiles, en leur assurant des démarches « simplifiées » et un reste à charge « réduit » ;
- le développement des guichets « France Rénov » partout dans le pays. Élisabeth Borne souhaite qu’il y en ait 1 300, contre 450 actuellement ;
- le déploiement du nouveau dispositif « Mon accompagnateur Rénov’ » qui doit aider les ménages dans leurs démarches. Objectif : faire grimper leur nombre de 2 000 à 5 000.
Avec l’ensemble de ces actions, le but est de « viser 200 000 rénovations globales dès 2024 », a précisé la cheffe du gouvernement. Selon elle, la rénovation énergétique est également « une ambition pour la qualité de vie et les factures énergétiques des Français » qui restent très élevées.
Élisabeth Borne y voit également « une opportunité formidable pour l’emploi ». Elle en a profité pour annoncer la création de 200 000 emplois dans le BTP, lié à la rénovation énergétique, à l’horizon 2030. « Pour le secteur de la construction, la rénovation offre une perspective de croissance forte et durable, malgré le ralentissement de la construction neuve », a-t-elle déclaré.
MaPrimeRénov’ ou « Déprime Rénov’ » ?
Reste que les annonces du 5 juin d’Élisabeth Borne n’ont pas convaincu tout le monde. Pour certains acteurs du secteur du logement et de l’écologie, c’est même plutôt la déception et la colère qui prédominent.
« La rénovation des logements est essentielle pour la planète, mais le gouvernement s’en tient à des mesurettes » s’est exclamé, railleur, le média écologiste Vert. Le principal regret de beaucoup : que la Première ministre ait en réalité écarté de nombreuses propositions soumises par le CNR pour tenter de régler la crise du logement. Par exemple, le Conseil national de la refondation avait proposé de créer une banque de la rénovation énergétique. Le but était de faire contribuer les banques commerciales au nécessaire effort de rénovation, mais cela n’a pas été retenu par l’exécutif…
Ce ne serait pas mentir que de souligner que les dispositions dévoilées par la locataire de Matignon ne comprennent aucune mesure choc. D’où la déception générée. Élisabeth Borne s’est d’ailleurs montrée vague en indiquant que la stratégie globale de la politique de planification écologique serait « présentée prochainement ». Rappelons que ce concept a été lancé depuis plus d’un an déjà…
Autre critique venant du média Vert : « la rénovation énergétique ne bénéficiera que de mesures cosmétiques », sans nouveau budget. Sur le sujet, Matignon a donné des précisions. L’ensemble des dispositions présentées le 5 juin seront financées par la fin du dispositif Pinel et le recentrage du Prêt à taux zéro, également annoncés par Élisabeth Borne.
Et que dire de l’objectif des 200 000 rénovations globales à atteindre en 2024 ? Il faut savoir que cela reviendrait, en un an, à tripler le rythme actuel ! Rappelons aussi que l’objectif français dans ce domaine pour 2050 est de 5 millions de logements rénovés… On en est plutôt loin.
Carine Sebi est économiste à Grenoble École de Management (GEM). Cette dernière juge que « ce sont principalement des mesures prises dans l’urgence pour massifier les aides, mais on n’incite pas à la rénovation globale ». En définitive, Vert estime qu’il ne s’agit pas de vraies mesures, mais d’« ajustements à la marge » et a surnommé MaPrimeRénov’ « Déprime Rénov ». Selon le média écologiste, ces dispositions « risquent de décourager encore plus de ménages à s’engager dans de nouveaux travaux coûteux » de rénovation. Ce qui est certain, c’est que réaliser des annonces, c’est bien, mais ça n’en fait pas des actes. C’est pourtant ce que sont en droit d’attendre tous les Français, surtout les ménages confrontés au problème du logement et de la rénovation énergétique.
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