Vers 1 million de pompes à chaleur par an produites en France ?

Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et des Finances, a dernièrement révélé le plan français pour relancer l’industrie des pompes à chaleur en France. L’objectif officiel est d’atteindre 1 million d’unités produites par an d’ici 2027. Choisir.com revient sur les différents axes de ce programme qui forme l’un des leviers clés pour la réalisation de la transition énergétique.

lot pompes à chaleur

Un nouveau plan du gouvernement pour produire 1 million de pompes à chaleur (PAC) par an en France en 2027

Mi-avril 2024, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, était en déplacement dans la Somme, à Feuquières-en-Vimeu, en compagnie de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l’Industrie. Une destination loin d’être choisie au hasard. Les deux représentants du gouvernement se sont en effet rendus dans l’usine de production de pompes à chaleur (PAC) du groupe Intuis, un des principaux fabricants français.

C’est dans ce cadre qu’a été rendu public l’un des leviers importants de l’exécutif pour l’accélération de la transition énergétique française et européenne. L’objet de celui-ci : un plan de relance de l’industrie des pompes à chaleur. C’était une annonce du président Emmanuel Macron en septembre 2023 : produire, d’ici la fin de son mandat en 2027, 1 million de PAC par an.

Ce système de chauffage permet l’extraction de l’énergie extérieure pour la rediriger vers l’intérieur du bâtiment. La France représente justement le premier marché et fabricant de PAC en Europe. Le déploiement encore plus massif de ce mode de chauffage décarboné est d’autant plus essentiel au regard de quelques chiffres :

  • 45 % de la consommation finale d’énergie dans l’Hexagone est destinée au chauffage ;
  • environ deux tiers de cette consommation est de l’énergie produite par les énergies fossiles. Le chiffre est de 40 % à l’échelle de l’Union européenne (UE) ;
  • 36 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en Europe proviennent du bâtiment, ce qui en fait le secteur le plus polluant du continent. Dans ce total, le chauffage forme la principale source de ces émissions.

Tout cela explique donc la volonté d’intensifier le remplacement des chaudières au fioul ou au gaz. En effet, la consommation des PAC est jusqu’à trois fois moins importante que les chaudières au gaz ou les radiateurs électriques.

En France, il s’agit d’un secteur qui est très dynamique. 27 sites de production existent déjà sur le territoire national, dont celui de Feuquières-en-Vimeu. Ce dernier :

  • construit actuellement 10 000 pompes à chaleur par an ;
  • vise les 200 000 PAC chaque année d’ici 2027.

Des prévisions en adéquation avec les ambitions tricolores et européennes. En effet, la France a fixé son objectif à 1 million d’unités à la même date. Du côté de l’UE, la volonté est d’atteindre les 10 millions de PAC installées sur le continent entre 2023 et 2027.

Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?

faire une simulation

Les pompes à chaleur, un marché européen qui traverse une mauvaise passe

La situation française au sujet des PAC contraste fortement avec la dynamique du secteur en Europe, plutôt négative. En attestent les données suivantes :

  • entre 2022 et 2023, les ventes de PAC ont baissé de 5 % dans l’ensemble de 14 pays de l’UE représentant 90 % du marché européen ;
  • en conséquence, 3 000 emplois ont été supprimés dans ce domaine en 2023.

L’engagement de 10 millions de PAC installées d’ici 2027 remonte à 2022. Cette barre avait été fixée en partant du rythme de déploiement de cette année-là, s’élevant alors à 3 millions d’unités. Problème, il est largement retombé depuis, ce qui met à mal les objectifs continentaux. La décarbonation de l’économie européenne est en effet un engagement fort de Bruxelles avec :

La directive sur la performance énergétique des bâtiments, récemment adoptée par les 27, prévoit que les nouveaux bâtiments devront être à zéro émission dès :

  • 2028 pour les locaux publics ;
  • 2030 pour les autres.

Par conséquent, une telle législation devrait favoriser l’essor des PAC sur le Vieux continent. Toutefois, certains États respectant les objectifs climatiques fixés par Bruxelles, comme l’Allemagne, font face à une autre difficulté. Celle de la mise en place d’un calendrier de conversion précis et de son acceptation par la population. Rappelons qu’en France, le compte n’y est toujours pas au niveau du développement des énergies renouvelables.

Crédits d’impôt, aides et valorisation de la production nationale… un plan décomposé en plusieurs axes forts

Dans ce contexte, on comprend aisément l’importance du plan de relance des pompes à chaleur dévoilé par Bruno Le Maire. Il se décompose en différents axes :

  • maintenir les crédits d’impôt existants pour soutenir les sites de production. Un nouveau crédit d’impôt investissement industrie verte (C3IV) est d’ailleurs entré en vigueur en mars 2024. Ces dispositifs peuvent représenter jusqu’à 200 millions d’aides à l’investissement. De quoi offrir une « stabilité fiscale » essentielle pour rassurer les actionnaires des entreprises du secteur, selon le ministre de l’Économie et des Finances ;
  • poursuivre les aides destinées à l’équipement des ménages à ce sujet : certificats d’économie d’énergie, MaPrimeRénov’… Pour autant, le budget de MaPrimeRénov’ a été réduit de 1 milliard d’euros en février 2023 par le gouvernement ;
  • motiver les industriels à réaliser ce type d’installation ;
  • simplifier, dès 2024, la réglementation administrative dans le cadre de la mise en place d’une PAC sur les toits. La lenteur de l’avancement des dossiers en France est souvent décriée, pour tous les types d’aménagements. C’est justement un cheval de bataille de l’exécutif. « On va en finir avec toute cette paperasse et simplifier tout ça », a promis Bruno Le Maire ;
  • favoriser la production locale, dans une logique de protectionnisme. « On s’est rendu compte que ces primes profitaient souvent à des entreprises étrangères », a avancé le ministre, jugeant que cela « n’est pas normal ». En conséquence, il a expliqué que « dès 2025, la réorientation des aides publiques » se dirigerait « vers les PAC françaises et européennes ». De plus, « les bonus ne seront valables que si vous achetez un produit en France ou en Europe ».

Le plan compte également mettre l’accent au niveau de « la formation aux métiers de demain ». Le but : créer une nouvelle filière performante, nécessaire pour remplir les objectifs gouvernementaux. Le plan d’investissement représente 250 millions d’euros pour l’État, dans le cadre du plan France 2030 prévoyant une enveloppe de 20 milliards d’euros sur 10 ans.

Avec un petit bémol malgré l’ensemble des actions prévues. En dépit de la bonne forme du marché des PAC en France, son évolution sera aussi décidée par celle des rénovations énergétiques. Sauf qu’avec le coup de sabot asséné dans le budget de MaPrimeRévov’, celles-ci devraient être moins nombreuses qu’espérées à la base :

  • 200 000 rénovations d’ampleur étaient initialement fixées pour 2024 ;
  • depuis, les ambitions du gouvernement sont retombées à 140 000, ce qui impactera forcément le potentiel d’installation des pompes à chaleur.

De votre côté, vous possédez une PAC ou pensez vous équiper prochainement ? Si vous souhaitez en profiter pour refaire le point sur vos contrats d’énergie, le Comparateur Électricité et Gaz de Choisir.com est à votre disposition !

Pour votre contrat d'énergie, comparez et faites le meilleur choix

Nos experts énergie vous aident à économiser jusqu’à 200 € sur votre facture gaz et électricité