LE TRANSPORT DE L’ÉLECTRICITÉ EN FRANCE

Le transport de l’électricité correspond à une partie bien précise de son acheminement depuis les sites de productions jusqu’aux lieux de consommation. Il consiste à déplacer le courant électrique sur des distances importantes par des lignes à haute ou très haute tension. En France, c’est l’entreprise Réseau de transport d’électricité (RTE) qui se charge de cette mission.

transport d'électricité

Le réseau de transport : les autoroutes de l’électricité

Le réseau de transport de l’électricité permet d’acheminer le courant électrique depuis les sites de production jusqu’aux zones de consommation. Il ne doit pas être confondu avec le réseau de distribution qui permet d’amener l’électricité jusqu’au compteur de chaque abonné.

Ce réseau permet également d’assurer l’interconnexion avec les réseaux électriques de nos voisins : Italie, Espagne, Allemagne, Belgique, Suisse et Royaume-Uni (via un câble sous-marin).

Le réseau de transport et d’interconnexion est constitué de lignes électriques :

  • à Très Haute Tension, ou THT (225 000 volts et 400 000 volts).
  • à Haute Tension, ou HT (63 000 et 90 000 volts) ;

En faisant circuler le courant à des tensions très élevées, on réduit les déperditions d’énergie. Plus on s’approche du consommateur final, plus la tension est progressivement abaissée via des postes de transformation avant de rejoindre le réseau de distribution.

Les lignes électriques à Très Haute Tension (THT) et Haute Tension (HT) sont soutenues par des pylônes d’une hauteur allant de 10 à 90 m. Plus leur hauteur est élevée, plus la tension est importante. Il existe également des lignes souterraines. Toutefois, Ces dernières sont peu nombreuses. Comme le rappelle le fournisseur ENI : « sur ce réseau, seulement 5 % des lignes est enterré ».

Dans l’Hexagone, on compte au total, d’après EDF, près de 105 000 kilomètres de lignes Très Haute Tension (THT) et Haute Tension (HT), ainsi que 46 lignes transfrontalières. Ces lignes sont exploitées et entretenues par l’entreprise Réseau de transport d’électricité (RTE), le gestionnaire unique du réseau de transport de l’électricité partout en France.

Il convient de faire la distinction entre les lignes à Haute et Très Haute tension et les lignes à Moyenne Tension (HTA) et à Basse Tension (BT) qui font partie du réseau de distribution de l’électricité. Ces dernières sont exploitées par Enedis et par les Entreprises locales de distribution (ELD) dont nous expliquerons le rôle dans la suite de cet article. Elles sont pour leur part fixées à des poteaux en béton ou en bois ou enterrées. Ce réseau « secondaire » mesure environ 1,3 million de kilomètres.

Bon à savoir

Aujourd’hui, les lignes restent bien souvent aériennes. Toutefois, le réseau est amené à évoluer et à être de plus en plus enfoui. Comme le stipule EDF « la mise en souterrain des lignes de transport présente notamment l’avantage de protéger les lignes contre les effets des intempéries (tempêtes, chutes de neige, foudre …) ».

D’autre part, les lignes souterraines ont l’avantage d’être invisibles. Elles sont également plus appréciées du public puisqu’elles n’occasionnent aucune pollution visuelle. C’est la raison pour laquelle les nouvelles lignes sont en majorité enfouies.

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RTE, l’entreprise en charge du transport de l’électricité

RTE est une filiale d’EDF en majorité. Son actionnariat est réparti entre différentes entreprises :

  • EDF : 50,1 % ;
  • la Caisse des dépôts et consignations : 29,9 % ;
  • et CNP Assurances : 20 %.

Créé en 2000 dans le cadre de l’ouverture du secteur de l’énergie à la concurrence, RTE est l’acteur en charge du transport sur les lignes à haute tension. Mais, il n’en a pas toujours été ainsi.

La libéralisation de ce secteurs’est faite progressivement. Elle a débuté en 1999 avec la possibilité donnée aux industries de choisir un autre fournisseur d’électricité qu’EDF. Puis elle s’est poursuivie en 2004 avec l’ouverture à la concurrence pour l’ensemble des entreprises et des professionnels. Elle s’est achevée en 2007 sur le segment des particuliers.

Auparavant, EDF se chargeait de la production, du transport, de la distribution, mais aussi de la fourniture. L’ouverture à la concurrence a nécessité la séparation de ces différentes activités pour permettre à de nouveaux acteurs d’apparaître. Pour permettre à d’autres fournisseurs de commercialiser de l’électricité, les différentes activités autrefois regroupées dans le giron exclusif du fournisseur historique ont été séparées de la manière suivante :

  • la production : gérée par EDF et des producteurs indépendants ;
  • le transport de l’électricité : géré par RTE ;
  • la distribution et le comptage : gérés par Enedis (ex-ERDF) et les ELD ;
  • la commercialisation de l’électricité : assurée par les fournisseurs d’énergie.

Pour faire un parallèle, le transport de l’électricité peut être comparé aux lignes de fret ferroviaire ou au transport de marchandises par camion. Ces camions acheminent les produits depuis les centres de production jusqu’aux centres de distribution. Les paquets individuels sont repris par la Poste pour être distribués aux consommateurs. Pour l’électricité, c’est le même principe : le transport et la distribution sont assurés par des acteurs différents.

Les missions de RTE

Les missions de RTE sont variées. Ce dernier doit en effet acheminer l’électricité jusqu’au réseau de distribution mais aussi raccorder et alimenter les industries directement raccordées au réseau de transport. Il doit également veiller à l’équilibre du réseau.

Transporter l’électricité sur les lignes à haute tension

L’une des missions principales de RTE est d’acheminer l’électricité sur les lignes à haute tension depuis les sites de production (centrales nucléaires, centrales hydrauliques, parcs éoliens, etc.) vers le réseau de distribution ou vers les industries ou les entreprises qui sont directement raccordées au réseau de transport.

Ce transfert se fait grâce à de nombreuses interconnexions :

  • à la sortie des centrales électriques, l’électricité emprunte les lignes à très haute tension ;
  • l’électricité passe ensuite par un « poste source » qui la transforme en haute tension. On en compte environ 2200 en France.

Après son passage par les lignes à haute tension, l’électricité passe par un nouveau transformateur pour être convertie en électricité moyenne tension ou basse tension dans l’un des 750 000 postes de transformation ou « postes de distribution ». Elle peut ensuite rejoindre le réseau de distribution et être ainsi acheminée jusqu’au consommateur final (entreprises, collectivités, professionnels, particuliers, etc).

Au moment où il passe du stade « haute tension » au stade « moyenne tension », l’acheminement de l’électricité est pris en charge :

  • par Enedis sur 95 % du territoire ;
  • ou par l’une des 140 Entreprises locales de distribution de l’électricité (ELD) sur les 5 % restant (GEG, Electricité de Strasbourg, etc.).

Les lignes à haute tension peuvent également alimenter directement les sites industriels ou les grandes entreprises qui ont d’importants besoins en énergie comme les industries métallurgiques, les gares et certains hôpitaux.

La maintenance du réseau de transport d’électricité

En tant que transporteur d’électricité, RTE assure la maintenance des lignes électriques. Pour cela, RTE dispose de 4000 collaborateurs qui peuvent être mobilisés jour et nuit pour assurer la continuité du service.

RTE s’occupe de réparer les pannes via de la « maintenance curative » lorsqu’un incident intervient. Il résout les coupures de courant pour rétablir le passage du courant au plus vite.

Le transporteur est aussi investi d’une mission de « maintenance préventive ». Il se charge de prévenir les pannes en gérant l’entretien de l’ensemble du réseau de transport. Ce volet de son activité consiste également à entretenir les abords des lignes haute tension en procédant à des élagages pour éviter que des chutes d’arbres n’occasionnent des dégâts sur le réseau.

Raccordement et comptage

Comme indiqué précédemment, RTE est également en charge d’assurer l’accès au réseau haute tension des grandes entreprises qui lui en font la demande. Ces prestations sont facturées directement aux intéressées. Elles ne sont généralement proposées qu’aux sites nécessitant une puissance électrique supérieure à 250 kVA. Elles comprennent :

  • le raccordement au réseau ;
  • l’installation d’un transformateur, d’un poste de livraison pour abaisser la tension au voltage souhaité et d’un tableau général de répartition en basse tension (TGBT) ;
  • la pose d’un dispositif de comptage qui permettra de facturer les consommations d’électricité relevées sur le site ;
  • l’installation d’autres équipements complémentaires de sécurité.

Veiller à l’équilibre du réseau

Comme le souligne RTE : « L’électricité étant par nature difficile à stocker, il faut la consommer dès qu’elle est produite. C’est un tour de force que nous réalisons à chaque seconde : maintenir un équilibre permanent entre la production et la consommation d’électricité. »

Veiller à cet équilibre revient à anticiper la demande pour ajuster en permanence la quantité d’électricité injectée dans le réseau de transport. En effet, la consommation électrique varie selon :

  • l’heure et le jour. En semaine entre 8 et 9 heures du matin, on fait face à un pic de consommation puisque les ménages entament leur journée ;
  • la météo. Plus, il fait froid, plus on a tendance à allumer les radiateurs électriques. De la même manière, plus il fait chaud plus on fait fonctionner la climatisation.

Au regard des pics et des creux de consommation, RTE vérifie en temps réel que la production d’électricité et la demande coïncident. En cas de demande excessive, si la production ne peut pas suivre RTE doit faire en sorte d’éviter le black-out, la panne généralisée. Pour cela, il dispose de trois options :

  • importer de l’électricité des pays voisins. En effet, le réseau électrique est interconnecté à nos voisins européens pour faciliter l’import-export d’électricité.
  • recourir à l’effacement industriel. En échange d’avantages financiers, certaines industries acceptent de ralentir leur activité ou de passer sur des groupes électrogènes. Cela permet de soulager la demande. Selon les données de la Commission de régulation de l’énergie (CRE), 40 % de la consommation énergétique française est liée aux industries ;
  • procéder à des délestages ponctuels. Des coupures d’électricité prévues pour soulager le réseau face à un pic de consommation. Ce type de coupure peut intervenir très épisodiquement par jour de grand froid quand la demande est dopée par les radiateurs électriques.

La dernière solution n’est jamais privilégiée. Elle est utilisée en derniers recours quand il n’est plus possible de faire appel ni à l’import d’électricité ni à l’effacement. Le but de l’opération est d’éviter une coupure générale et de maintenir l’électricité dans des sites qui ne peuvent pas s’en passer comme les hôpitaux, les maisons de retraite, etc.

Ecowatt, une application pour les particuliers

Pour inciter les particuliers à adapter leur consommation à la production et éviter la survenu d’un black-out, RTE a lancé EcoWatt en 2020. Cet outil, qui peut être comparé à une « météo de l’électricité », indique en temps réel, région par région, le niveau de sollicitation du réseau électrique à l’aide d’un code couleur :

  • vert, quand la production est supérieure à la demande ;
  • orange, quand le réseau entre en tension, mais que les risques de coupures sont exclus ;
  • rouge, lorsque la demande surpasse la production et que la région concernée peut faire face à des délestages.

Ce site Internet permet de s’inscrire à l’alerte « vigilance coupure ». Comme le souligne RTE, « dans les cas rares où tous les besoins en électricité ne pourraient pas être couverts, des coupures locales, maîtrisées et d’une durée maximale de 2 heures pourraient être organisées ». Ecowatt enverra alors une notification aux particuliers inscrits à l’alerte.

Depuis octobre 2022, EcoWatt c’est aussi une application mobile disponible sur Google Play et l’App Store. Cette dernière permet d’être notifié en temps réel en cas de risques de coupure. Elle indique également les écogestes à mettre en place pour soulager le réseau.

À noter

Pour faire baisser sa consommation d’électricité, il est possible de faire appel à des opérateurs d’effacement pour les particuliers, comme Voltalis. Ces derniers installent un petit boîtier connecté à vos radiateurs et à votre chauffe-eau électrique. Ils se basent sur les signaux reçus par RTE pour couper ponctuellement vos radiateurs électriques. Cette coupure d’une demi-heure maximum, n’induit pas de perte de température pour les ménages. En revanche mis bout à bout, ces délestages permettent de réaliser jusqu’à 15 % d’économies d’énergies pour les particuliers.

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Comment est financé le transport de l’électricité?

C’est le Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (TURPE), payé par tous les consommateurs d’électricité sur leur facture, qui permet de financer la plupart des activités de RTE. Son montant est déterminé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE) et validé par pouvoirs publics. Il est révisé chaque année au mois d’août. Explications.

RTE et Enedis : des TURPE différents

Le TURPE n’est pas un outil de financement simplement dédié exclusivement au financement des activités de RTE. Il existe en réalité deux TURPE :

  • le TURPE HTA-BT qui finance les activités d’Enedis et des ELD et est payé par les consommateurs reliés au réseau de distribution (les consommateurs particuliers et la majorité des sites professionnels) ;
  • le TURPE HTB qui finance les activités de RTE et est payé par les sites directement raccordés au réseau de transport.

Ce ne sont donc pas les particuliers qui financent directement l’activité de RTE, mais Enedis, les ELD et les grandes entreprises raccordées au réseau de transport.

Aujourd’hui, le TURPE HTB constitue 90 % des recettes de RTE. Les 10 % restants correspondent aux revenus liés aux activités commerciales de RTE, comme les raccordements et les interconnexions (transformation d’énergie, import et export d’électricité, etc.).

Comment est calculé le TURPE ?

Le montant du TURPE est calculé selon une formule mise à jour tous les 4 ans en fonction des budgets prévisionnels des gestionnaires de réseau de transport et de distribution. Depuis le 1er août 2021, c’est le TURPE 6 qui est en vigueur.

La formule qui permet de déterminer le montant du TURPE doit répondre à quatre grands principes :

  • la péréquation tarifaire : il est identique sur l’ensemble du territoire. Le TURPE n’est pas plus élevé en Auvergne, en Pays de la Loire ou en Normandie. Il est le même dans chaque région ;
  • le « Timbre-poste » : il reste le même quelle que soit la distance entre le centre de production et le site de consommation ;
  • la double tarification : il fait la distinction entre la puissance souscrite au compteur et l’énergie soutirée ;
  • l’horosaisonnalité : il applique des barèmes différents selon les heures et les jours en fonction de la demande et de la production. Cela permet d’inciter les consommateurs à limiter leur consommation d’énergie lorsque la demande est trop importante.

Ces principes sont les mêmes pour le TURPE HTA-BT et le TURPE HTB. Par ailleurs, la grille tarifaire du TURPE en cours est révisée chaque année au mois d’août pour s’adapter à l’inflation.

RTE et la transition énergétique

Aujourd’hui, le mix électrique de la France est encore largement dominé par l’énergie nucléaire (62,7 % en 2022). Les énergies renouvelables ne représentaient en 2022 que 26,3 % de notre production d’électricité. Or, l’Hexagone s’est engagé à faire baisser la part du nucléaire à 50 % à l’horizon 2035. Pour cela, il doit atteindre 40 % de production d’électricité d’origine renouvelable en 2030.

RTE, en tant que chargé du transport de l’électricité, participe à la réalisation de ces objectifs. Sur son site institutionnel, il rappelle que « la mission de RTE est de combiner réussite de la transition énergétique et sécurité d’approvisionnement en électricité, 24 h/24 et 7 j/7, pour tous et au meilleur coût possible ».

L’élaboration de plans régionaux

RTE élabore en lien avec les collectivités locales les « Schémas régionaux de raccordement au réseau des énergies renouvelables » (S3REnR). Celui-ci fait état du potentiel de la région en matière de production d’électricité via des sources d’énergies renouvelables.

Il détaille :

  • les travaux d’investissement à réaliser pour assurer la création ou la maintenance des infrastructures renouvelables (photovoltaïques, éoliennes, hydrauliques, biomasses, etc.) ;
  • les coûts prévisionnels et la part de financement qui incombe à chaque acteur ;
  • le calendrier prévisionnel ;
  • le bilan des schémas précédents.

Un travail de concert avec Enedis

Afin de faciliter la transition énergétique, RTE doit pouvoir prévoir l’évolution de la demande en électricité. Pour cela, il s’appuie sur les Smart Grids, les réseaux électriques intelligents, et utilise les données agrégées par les compteurs Linky. Déployé par Enedis, Linky est un compteur connecté qui relève la consommation des utilisateurs au quotidien et l’envoie à Enedis.

En compilant les données de manière anonyme et cryptée, RTE peut anticiper les besoins en électricité des Français en temps réel et adapter la production en conséquence.

L’information sur la répartition de la production électrique

RTE assure également une mission d’information auprès des particuliers et des entreprises. Sur sa plateforme éCO2Mix, il précise jour par jour et heure par heure, la part de chaque énergie dans la production d’électricité. Cet outil permet notamment de savoir à quel moment de la journée la production d’électricité d’origine renouvelable est la plus importante. En privilégiant ces plages horaire, les abonnés à l’électricité peuvent ainsi réduire l’impact environnemental de leurs consommations.

A titre d’exemple, le 7 juillet 2023 à midi, le mix électrique se répartissait de la manière suivante :

  • 64 % pour le nucléaire ;
  • 7% pour l’énergie hydraulique ;
  • 3% pour les centrales thermiques ;
  • 4 % pour les éoliennes ;
  • 1 % pour les bioénergies ;
  • 21 % pour le solaire.

Vous remarquerez que la part du photovoltaïque à midi était particulièrement importante en cette journée globalement ensoleillée sur l’ensemble du territoire, ce qui a permis de réduire la part de l’électricité provenant des centrales thermiques. La nuit, la répartition est évidemment tout autre.

Il est également possible de compiler les données fournies par RTE pour se donner une idée de l’évolution du mix électrique au fil du temps.

Bon à savoir

Bénéficier des énergies renouvelables, c’est possible ? Oui, il suffit de souscrire à une offre d’électricité verte. Et, ce n’est pas forcément plus cher qu’une offre d’électricité classique. Pour trouver l’offre au meilleur prix, vous pouvez utiliser un comparateur d’électricité en ligne ou téléphoner aux experts de Choisir.com. L’appel est gratuit et sans engagement.

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