Bilan électrique 2022 en France : tendances et chiffres clés
Les mois qui viennent de s’écouler ont été marqués par de vives inquiétudes quant à la capacité du pays à assurer son approvisionnement énergétique. Si le système électrique français s’est finalement montré résilient, l’année 2022 est véritablement inédite sur la plupart des indicateurs : recul de la consommation, baisse significative de la production (y compris renouvelable), solde des échanges commerciaux négatif et envolée des prix de gros. Nos explications.
L’essentiel à retenir du bilan électrique 2022
Après la tendance baissière de 2020 en raison de la crise sanitaire, l’année 2021 avait été celle de la reprise, avec notamment :
- une augmentation de la production d’électricité (+4,5 % vs 2020) ;
- une légère hausse de la consommation (+1,7 % vs 2020) ;
- et, surtout, une forte hausse des prix, le prix journalier moyen observé sur le marché spot ayant bondi de +239 % par rapport à l’année précédente.
En 2022, la crise énergétique est plus que jamais d’actualité, comme l’indique RTE dans son nouveau bilan électrique : « L’année 2022 a vu une crise énergétique majeure se développer, dans des proportions inédites depuis les chocs pétroliers des années 1970. »
Au préalable, précisons qu’en 2022, la France a dû faire face à trois difficultés majeures :
- la forte hausse des prix du gaz naturel, conséquence des difficultés d’approvisionnement en raison, notamment, de la réduction des livraisons russes depuis le début de la guerre en Ukraine ;
- la baisse des capacités de production de nos centrales nucléaires suite à la mise à l’arrêt de la moitié des réacteurs pour maintenance ou pour cause de corrosion ;
- un déficit pluviométrique important, entraînant une forte baisse de la production d’électricité hydraulique.
Quelles sont les principales informations à retenir du bilan électrique 2022 publié par RTE ? En voici les chiffres clés :
- 459 TWh (térawattheures) d’électricité ont été consommés par les particuliers, entreprises, collectivités et industries françaises, un chiffre en léger recul (-1,7 %) par rapport à 2021 ;
- la production électrique est en nette baisse, avec 445,2 TWh produits au sein des différentes centrales électriques du pays, soit -14,9 % par rapport à l’année précédente ;
- plus d’un quart de la production d’électricité est d’origine renouvelable ;
- la production d’électricité est largement décarbonée (87 %), mais moins que les années précédentes puisqu’en 2021, ce chiffre s’élevait à 93 % ;
- le prix journalier moyen sur le marché spot s’est envolé à 275,9 € par mégawattheure, soit +153 % vs N-1.
À présent, découvrons cela plus en détails.
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faire une simulationLes Français ont réduit leur consommation d’électricité
Dans son bilan 2021, RTE projetait une augmentation progressive de la consommation d’énergie dans les années à venir, estimant que la France retrouverait son niveau d’avant Covid-19 à l’horizon 2025.
Les données 2022 ne confirment pour l’instant pas cette hypothèse : en effet, la consommation électrique annuelle en France a légèrement diminué (-1,7 %), notamment à partir du mois de septembre où on a pu observer un net décrochage vis-à-vis des valeurs historiques de consommation. Cette tendance baissière est avérée dans tous les secteurs (industriel, tertiaire, résidentiel), à la fois sur la consommation brute et sur la consommation corrigée des aléas climatiques et des effets calendaires.
Pourquoi ? Cela s’explique principalement par le contexte international et les menaces qui ont pesé sur nos capacités d’approvisionnement en énergie. Dès l’été 2022, le gouvernement a incité les Français à la sobriété énergétique avec sa campagne grand public « Chaque geste compte ». Grandes industries, entreprises et collectivités ont également été sensibilisées afin de réduire les risques de black-out généralisé dans le pays. Bien évidemment, la forte augmentation des prix a également eu un effet sur la consommation.
En 2022, la consommation électrique corrigée (la plus représentative en matière d’usages) s’est ainsi élevée à 459 TWh, son plus bas niveau depuis 2005 ! Elle est inférieure à celle de 2020, année pourtant marquée par la mise à l’arrêt de l’économie en raison de la pandémie.
À noter : en ce qui concerne la consommation électrique brute, la baisse est encore plus importante (-4 % par rapport à l’année précédente), en raison de températures anormalement élevées à l’échelle nationale, 2022 ayant été l’année la plus chaude en France depuis le début des mesures il y a plus d’un siècle.
Une baisse significative de la production électrique, malgré des infrastructures en développement
L’année 2022 a été marquée par une baisse historique de la production d’électricité en France.
Électricité produite
Il faut remonter trente années en arrière (1992) pour retrouver un niveau de production électrique aussi faible : seulement 445 TWh ont été produits, soit 77 TWh de moins qu’en 2021 (-14,9 %).
Ce niveau historiquement bas s’explique en grande partie par la faible disponibilité du parc nucléaire français : la production d’électricité d’origine nucléaire (principale composante du mix électrique français) a, en effet, chuté de 23 %. À cela, s’ajoute une forte baisse de la production d’électricité hydraulique avec -21 % d’électricité produite.
Capacités de production d’électricité
La puissance électrique installée du parc de production français évolue, quant à elle, à la hausse : elle s’élève en 2022 à 144,3 GW (gigawattheures), soit +4 % par rapport à 2021 (138,7 GW).
Notons que lorsqu’un réacteur nucléaire est temporairement mis à l’arrêt, il est tout de même intégré dans les données de capacité de production du parc français.
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faire une simulationLa France importatrice nette d’électricité pour la première fois depuis 1980
La France est traditionnellement exportatrice d’électricité : si elle importe régulièrement de l’énergie depuis l’étranger, cela fait 40 ans que ses importations sont inférieures à ses exportations et qu’elle présente donc un solde des échanges commerciaux positif.
L’année 2022 marque donc un tournant majeur pour le pays, puisque notre pays a importé davantage d’électricité qu’il n’en a exportée :
- le volume importé s’élève à 57 TWh ;
- le volume exporté s’élève à 40,5 TWh ;
- le solde des échanges commerciaux est donc de -16,5 TWh.
À noter : la hausse des importations (+117 % en un an) s’explique en grande partie par la moindre disponibilité du parc nucléaire français.
La France a majoritairement fourni l’Italie (17,9 TWh) et la Suisse (13,7 TWh) en électricité. Elle a principalement acheminé de l’énergie depuis la Belgique et l’Allemagne (29,3 TWh pour l’ensemble des deux pays), l’Espagne (12,9 TWh) et la Grande-Bretagne (12,6 TWh).
Les échanges commerciaux entre pays voisins permettent, in fine, de réduire le coût de l’électricité, comme le confirme RTE : « Suivant un principe d’optimisation économique des moyens de production à la maille européenne, les interconnexions ont également permis au système électrique français de tirer parti d’une électricité moins chère à l’étranger lorsque celle-ci était disponible. »
Notons que depuis janvier 2023, notre pays est de nouveau exportateur net d’électricité : grâce à une production électrique en hausse conjuguée à des températures douces, la France a pu reprendre ses exportations vers les pays européens.
Le mix électrique en France en 2022
Énergie d’origine fossile, nucléaire ou renouvelable : analysons désormais le mix électrique français en 2022.
Chute historique de la production d’électricité nucléaire
Depuis la fin du développement du parc nucléaire français tel qu’il existe aujourd’hui, jamais la production d’électricité nucléaire n’avait été aussi faible : seulement 279 TWh. C’est 23 % de moins qu’en 2021 et 7 % de moins qu’en 2020, année pourtant hors norme en raison des mesures liées au Covid-19.
En cause : la nécessaire mise à l’arrêt de nombreux réacteurs pour travaux de maintenance programmés ou en raison d’un phénomène de corrosion sous contrainte. Ainsi, fin août 2022, 65 % du parc nucléaire était à l’arrêt !
L’électricité nucléaire conserve toutefois – et très largement – sa 1re place dans le mix électrique français, avec 62,7 % de la production et 42,6 % de la puissance installée.
Les infrastructures de production d’électricité nucléaire sont réparties de façon relativement homogène sur l’ensemble de notre territoire :
Énergies renouvelables : baisse de la production et développement des infrastructures
Après plusieurs années de hausse, la production d’électricité verte est, elle aussi, en recul. Toutes origines confondues, la France a produit 116,9 TWh d’électricité verte, soit une diminution de 5,4 % par rapport à l’année précédente.
Cette baisse globale est due à la chute de la production d’électricité hydraulique (filière en 2e position dans le mix électrique derrière la filière nucléaire), conséquence des sécheresses observées un peu partout sur notre territoire : 49,6 TWh produits contre 62,5 TWh en 2021, soit -21 %.
En revanche, les autres énergies renouvelables poursuivent leur développement :
- +4 % pour l’électricité issue de l’éolien (38,1 TWh) ;
- +30 % pour l’électricité solaire (18,6 TWh) ;
- +6% pour l’électricité produite à partir de bioénergies et de déchets (10,6 TWh).
La part de la production d’électricité verte dans le mix électrique représente désormais 26,3 %, soit une augmentation de 2,3 points par rapport à l’année précédente.
Pour rappel, la loi énergie climat de 2019 a entériné l’objectif de 33 % d’énergies vertes dans le mix énergétique d’ici 2030.
Du côté des infrastructures, le développement des installations renouvelables se poursuit. Les filières de l’éolien et du solaire sont celles qui ont le plus fortement augmenté leurs capacités de production dans l’hexagone, avec respectivement +13 % et +20 % de puissance installée.
Les centrales hydrauliques sont majoritairement situées dans le sud-est de la France, en raison de la présence de massifs montagneux.
En revanche, les installations éoliennes et solaires sont réparties sur l’intégralité du territoire :
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faire une simulationLa production d’électricité d’origine fossile en hausse
Pour compenser la baisse de production d’électricité nucléaire et hydraulique, la France a fortement augmenté sa production d’électricité issue du gaz naturel avec 44,1 TWh produits, soit +34 % par rapport à l’année précédente. En 2022, le gaz pèse pour près de 10 % du mix électrique.
En incluant l’électricité issue du charbon et du gaz (dont la production reste marginale), la filière thermique fossile représente 11,1 % du mix électrique français.
Ci-dessous, la carte des centrales de production thermique (notons qu’elle intègre non seulement les parcs de production thermique fossile, mais également ceux de production thermique renouvelable) :
Nouvelle année de hausse record des prix de l’électricité
L’année 2021 avait été une année record en matière de prix de l’électricité sur les marchés de gros. Sur le marché spot (marché à court terme avec un prix fixé pour une livraison à J+1), les prix moyens en France avaient plus que triplé par rapport à l’année précédente.
2022 marque une augmentation sans précédent des prix de l’électricité, notamment au printemps et à l’été. Sur l’ensemble de l’année, le prix journalier moyen sur le marché spot est de 275,9 € : c’est 153 % de plus qu’en 2021, et 757 % de plus qu’en 2020 !
Si l’on regarde du côté de nos voisins européens, on constate qu’à l’exception de l’Italie, tous ont moins subi l’envolée des prix de l’énergie. Le prix du mégawattheure français sur les marchés de gros est le 2e plus élevé. L’année dernière, la France se positionnait mieux que l’Espagne, la Grande-Bretagne et l’Italie.
Production d’électricité et émissions de CO2
Pour terminer, regardons de plus près le bilan carbone de la production d’électricité en France, sujet plus que jamais d’actualité.
En 2022, la production d’électricité française est à 87 % décarbonée (c’est-à-dire sans émissions de CO2). Toutefois, ce résultat est moins bon que celui de l’année précédente (93 %), puisque la part du nucléaire (énergie décarbonée, au même titre que les énergies renouvelables) dans le mix électrique a largement baissé.
Avec le recours accru aux énergies fossiles, les émissions liées à la production d’électricité sont en hausse : elles totalisent 25 MtCO2eq (millions de tonnes équivalent CO2), contre 21,5 en 2021, soit +16 %.
Il faut cependant noter que les émissions françaises demeurent parmi les plus faibles d’Europe, comme en témoignent les résultats de nos voisins européens :
Pays | Intensité en émissions de CO2 de la production d’électricité (en gCO2eq/kWh) |
---|---|
France | 56 |
Belgique | 120 |
Espagne | 141 |
Grande-Bretagne | 184 |
Italie | 368 |
Allemagne | 387 |
Source : RTE
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