Éolien offshore : Vattenfall arrête un grand projet au large du Royaume-Uni

publié le 27/07/2023 à 15h43 | mis à jour le 27/07/2023 à 15h43 | par Johann Sonneck

Vattenfall stoppe son projet de parc éolien offshore de Norfolk Boreas, au Royaume-Uni

Le groupe suédois Vattenfall est l’un des principaux producteurs européens d’énergie éolienne. Pourtant, malgré ce statut, l’énergéticien a annoncé, le jeudi 20 juillet dernier, une bien mauvaise nouvelle pour la réalisation de l’espérée et attendue transition écologique en Europe.

C’est à l’occasion de la publication de ses comptes semestriels qu’il a fait connaître l’arrêt du développement de la ferme éolienne de Norfolk Boreas. Cette dernière est située en mer du Nord, à l’est du Royaume-Uni.

Ce projet d’éolien offshore avait été remporté en 2020 par le groupe scandinave. Ce dernier gérait également ceux de Vanguard East et West, qui ont aussi été suspendus. Ensemble, ces trois projets :

• formaient l’un des plus vastes chantiers d’éolien offshore lancés par le Royaume-Uni pour se lancer vers sa transition énergétique d’ici 2030 ;
• devaient à terme fournir 4,2 gigawatts (GW) d’électricité, à destination de 3,9 millions de foyers.

La ferme éolienne de Norfolk Boreas devait être composée de 90 à 180 turbines. Distantes de 47 km des côtes anglaises, il était prévu qu’elles :

• fournissent 1,4 GW de puissance électrique ;
• alimentent en électricité environ 1,5 million de foyers.

Un projet vert qui aurait donc été extrêmement bénéfique et positif. Malheureusement, « Vattenfall arrête le développement du projet éolien offshore Norfolk Boreas au Royaume-Uni ». C’est par ce communiqué, publié par le groupe, que cette décision a été officialisée.

Des conditions « extrêmement difficiles à l’heure actuelle » pour Vattenfall et l’éolien offshore

Anna Borg est la directrice générale de Vattenfall. Dans une déclaration reçue par l’AFP, celle-ci explique que « l’éolien est essentiel pour une électricité propre, sûre et abordable ». Néanmoins, de son propre aveu, « les conditions sont extrêmement difficiles à l’heure actuelle ».

La DG du groupe suédois a développé ses propos en déclinant les différentes raisons qui le poussent à prendre cette décision difficile. Anna Borg a ainsi cité :

• la chaîne d’approvisionnement qui se trouve sous pression en ce moment ;
• les coûts d’investissement qui sont également en hausse ;
• enfin, des cadres fiscaux qui, malheureusement, « ne reflètent pas les réalités du marché actuel ».

En 2021, le projet de Norfolk Boreas avait remporté, aux enchères, un contrat de différence (CfD). Ce dernier permettait à Vattenfall d’avoir un prix minimum garanti de 45 livres par mégawattheure (MWh) d’électricité.

Problème : depuis, certains promoteurs ont indiqué que l’augmentation des coûts des projets, l’inflation et les taux d’intérêt pourraient rendre ce prix garanti non rentable. Pour Vattenfall, ce sont justement ces « conditions de marché » qui l’ont amené à devoir suspendre le projet de Norfolk Boreas et ceux de Vanguard East et West.

Bien que le groupe avance qu’il « croit toujours aux fondamentaux des projets dans le Norfolk », d’après son communiqué, le doute est là. Ces arrêts ne sont-ils que temporaires ? Ou définitifs ? Ces chantiers de production décarbonée reprendront-ils ? La société a expliqué qu’elle allait réfléchir à la meilleure manière d’agir pour l’ensemble de ses projets d’énergies renouvelables lancés dans cette région anglaise. Nous « réévaluons la meilleure marche à suivre » pour ces trois chantiers, a avancé le communiqué de Vattenfall.

L’entreprise suédoise a aussi indiqué que cette décision aurait, fort logiquement, un impact sur ses bénéfices. En 2021, ceux-ci avaient augmenté :

• de 5,4 milliards de couronnes suédoises (SEK), pour des recettes totales s’élevant à 31,2 milliards de SEK ;
• soit une progression de 518 millions d’euros.

Cependant, comme pour de nombreuses autres sociétés, l’année 2022 avait été pour Vattenfall beaucoup plus compliquée, avec :

• un bénéfice proche de zéro ;
• de lourdes pertes enregistrées au dernier trimestre, du fait de la crise énergétique en Europe qui avait provoqué de fortes dépréciations d’actifs.

Un coup porté aux ambitions britanniques au niveau des renouvelables

Ce qui est certain, c’est que l’arrêt du projet d’éolien offshore de Norfolk Boreas est une mauvaise nouvelle pour le gouvernement britannique. Selon Opergy, cabinet de conseil spécialisé dans l’énergie propre au Royaume-Uni et basé à Norfolk, il s’agit même d’un « revers significatif » pour l’énergie éolienne du pays.

L’objectif de l’exécutif britannique est pourtant de porter sa capacité d’éolien offshore de 14 GW à 50 GW d’ici 2030. Ces efforts visent deux finalités :

• respecter ses engagements en matière de neutralité carbone et d’action en faveur du climat ;
• assurer la sécurité énergétique du pays.

En avril 2023, le Royaume-Uni faisait d’ailleurs partie, avec la France, d’un groupe de 9 États européens réunis en Belgique. Le but : échanger et annoncer leur volonté commune de développer l’éolien offshore en mer du Nord. Les ambitions dévoilées étaient alors d’atteindre :

• les 120 GW installés en 2030 ;
• puis 300 GW à l’horizon 2050.

La suspension de ces projets éoliens marque donc un sérieux coup d’arrêt à ces ambitieux objectifs qui avaient pour mérite de tendre vers la bonne direction.

Johnathan Reynolds, directeur général d’Opergy, n’a pas une vision différente de la situation. Selon lui, cette décision porte un coup :

• « aux ambitions du Royaume-Uni en matière d’énergies renouvelables » ;
• « au potentiel de création d’emplois dans la région, étouffant le progrès économique à un moment où il est le plus nécessaire ».

Johnathan Reynolds juge également que le gouvernement britannique devrait apporter son aide au secteur pour assurer la croissance des projets de renouvelables dans le pays.

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