Un incident de niveau 1 déclaré à la centrale nucléaire de Paluel

publié le 12/01/2024 à 09h11 | mis à jour le 15/01/2024 à 12h49 | par Johann Sonneck

Un incident à la centrale nucléaire de Paluel mis en lumière par un rapport de l’ASN

C’est le 18 décembre 2023 que l’ASN, l’Autorité de sûreté nucléaire, a publié un rapport bien singulier. Ce dernier concernait un événement significatif ayant eu lieu à la centrale nucléaire de Paluel (Seine-Maritime).

Le tout à propos d’un problème survenu en réalité fin novembre et déclaré à l’ASN début décembre par EDF. Son objet : un « non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur 4 de la centrale nucléaire […] en cas de cumul d’indisponibilités de matériel sur l’installation ».

Si une telle indisponibilité survient, et selon son importance pour la sûreté de l’état du réacteur, ces règles générales d’exploitation prévoient justement :

• des conduites bien particulières à tenir ;
• des délais d’intervention à respecter.

Et c’est là que le bât blesse. En réalité, ce réacteur n° 4 de la centrale de Paluel était à l’arrêt depuis plusieurs mois, précisément le 21 octobre 2023. La raison : des opérations de maintenance et de renouvellement du combustible à réaliser. En même temps, pour profiter de ce temps d’immobilisation, une autre intervention de maintenance a été effectuée sur la turbine de secours. Cette dernière est chargée de générer l’alimentation électrique des équipements minimaux de conduite. Toutefois, au moment du redémarrage du réacteur, le 27 novembre 2023, un essai non concluant de remise en route de cette turbine de secours a été constaté. Elle a alors été déclarée indisponible par EDF.

Le rapport publié par l’ASN indique que des investigations ont été menées pour comprendre les raisons de cette panne. Celles-ci sont arrivées à la conclusion que la turbine de secours n’était plus fonctionnelle depuis l’intervention du 21 octobre. « L’analyse par l’exploitant des autres indisponibilités présentées a montré que la règle de cumul des événements, qui prévoit alors un repli du réacteur, n’a pas été respectée ». Le tout pendant une durée significative qui s’est étendue « 10 h et 40 minutes entre le 26 et le 27 novembre 2023 ».

Un incident de niveau 1 sur l’échelle internationale de l’INES

Fort heureusement, cet événement n’a eu d’incidence :

• ni sur le personnel travaillant dans la centrale à la production d’électricité d’origine nucléaire ;
• ni sur l’environnement.

Pour autant, l’incident a malgré tout été classé au niveau 1 sur l’échelle de l’INES (International Nuclear Event Scale). Utilisée à l’échelle planétaire depuis 1991, elle comporte 8 niveaux, répertoriés de 0 à 7, le septième étant synonyme d’« accident majeur ». Les deux seuls événements à avoir intégré cette catégorie sont les catastrophes de Tchernobyl (en ex-URSS en 1986) et de Fukushima (au Japon en 2011).

La raison du classement au niveau 1 de l’incident de Paluel ? La détection tardive du non-respect des règles générales d’exploitation du réacteur. Avec une question qui se pose. Ce problème peut-il, dans une certaine mesure, rappeler l’année noire subie en 2022 par l’ensemble du parc nucléaire national ? À cette époque, les complications et dysfonctionnements avaient été extrêmement réguliers pour EDF, avec :

• des soucis de corrosion sous contrainte touchant de nombreuses centrales, provoquant :
  • l’arrêt et l’immobilisation d’un nombre important de réacteurs,
  • le lancement de multiples travaux de réparation et de maintenance,
  • la mise en place par l’énergéticien, début 2023, d’un nouveau plan pour contrôler ses centrales ;
• une forte baisse de la production électrique nucléaire, chiffrée à -14,9 % par rapport à 2021. Cette dernière avait été mise en lumière par le bilan électrique 2022 de la France. Ce niveau très faible de production a été l’un des facteurs déclenchants de :
  • la crise énergétique sans précédent subie par le continent européen et découlant de tous ces événements,
  • l’hiver 2022-2023 à risque qui avait plongé la France dans la crainte des coupures et des mesures de délestage électrique, heureusement évitées.

Le réacteur n° 4 de la centrale de Paluel rebranché au réseau depuis début décembre

L’impact sur le réseau de cette panne du réacteur de Paluel devrait toutefois être réduit. En effet, EDF n’a pas tardé pour remettre en état et en conformité le matériel concerné. En conséquence, l’unité n° 4 de la centrale nucléaire a été reconnectée au réseau électrique national dès le 3 décembre 2023.

Les quatre réacteurs de Paluel fonctionnent donc tous à plein régime alors que les plus froides journées de l’hiver commencent à étendre leur emprise sur la France. Une remise en marche tandis que RTE, le Réseau de transport de l’électricité nationale, s’est montré rassurant sur l’hiver 2023-2024. Dès novembre, il annonçait en effet que le risque de coupure électrique était « faible » pour cette saison, contrairement à l’an dernier.

Désormais, il appartient à EDF de transmettre à l’ASN un compte rendu détaillé et complet à propos de cet événement. L’Autorité de sûreté nucléaire a d’ailleurs affirmé, dans les conclusions de son rapport, qu’elle serait « vigilante quant à :

• l’analyse des causes techniques et organisationnelles ayant entraîné ces anomalies ;
• et aux actions prises pour en éviter le renouvellement ».

Il est vrai que si ce problème n’a eu aucune conséquence grave, elle témoigne malgré tout d’un manquement dans le respect de la procédure qui interpelle. Et que personne ne souhaite voir se reproduire, ne serait-ce que pour assurer la sécurité de l’approvisionnement du réseau électrique.

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