Qu’est-ce que le Plan solaire d’EDF ?

publié le 04/06/2021 | mis à jour le 17/03/2023 | par L'équipe Choisir.com

Plan solaire EDF : le photovoltaïque au cœur de la stratégie du Groupe

Le Plan solaire EDF s’inscrit dans la transition énergétique de la France. Il répond à un besoin de développer les énergies renouvelables, comme le photovoltaïque, pour atteindre des objectifs précis de réduction d’émissions de CO2.

Une initiative d’EDF pour la transition énergétique

EDF a annoncé le lancement de son Plan solaire le 11 décembre 2017 suite à une demande du Gouvernement, à l’occasion du Climate Finance Day, la veille du One Planet Summit. Le Climate Finance Day est un sommet international organisé à la demande du président Emmanuel Macron afin que le monde de la finance se penche sur les questions liées au réchauffement climatique.

Le Groupe EDF a choisi de démarrer ce projet d’envergure en réponse à l’incitation du ministère de la Transition énergétique à développer les énergies renouvelables (EnR). Le Plan solaire vise à accélérer la transition énergique de la France. L’objectif est de varier le mix énergétique français en déployant davantage la production bas carbone. Cela doit permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre, ainsi que la dépendance du pays aux importations d’énergies fossiles (gaz, charbon, etc.).

Le Groupe est déjà connu pour son savoir-faire industriel. Le Plan solaire est encadré par sa filière EDF Renouvelables (EDF EN), notamment pour ce qui est du développement, de la construction, de l’opération et de la maintenance des grandes centrales solaires.

25 milliards d’euros d’investissement

Le Plan solaire représente un investissement de 25 milliards d’euros sur la période 2020-2035. Le modèle de financement de ce programme s’appuie sur des partenaires du Groupe, des investisseurs et des banques.

Le directeur exécutif en charge de la direction financière d’EDF, Xavier Girre, précisait également que l’ambition d’EDF était « d’accroître les investissements dans les renouvelables à hauteur de 3 milliards d’euros bruts par an. Cette accélération, notamment dans le solaire et dans les technologies de stockage, est essentielle dans notre mix électrique d’aujourd’hui et de demain ».

Pour ce programme, EDF collabore avec d’autres acteurs du secteur. Cela passe notamment par l’acquisition de certaines entreprises par le Groupe, comme par exemple :

• en avril 2017 : EDF EN a annoncé avoir acquis 61 % de participation majoritaire dans Futuren (anciennement Theolia), ainsi que des obligations convertibles. Ces dernières correspondent à des titres financiers permettant à l’investisseur (ici EDF) d’accéder au capital d’une société. Avec ce mécanisme, la société qui ouvre son capital émet des obligations qui sont ensuite converties en actions ;
• en avril 2019 : EDF a également annoncé l’acquisition de Luxel. Cette PME basée près de Montpellier se spécialise dans le développement de parcs photovoltaïques.

EDF a également fait une offre à l’entreprise Valeco (Hérault), qui a finalement choisi celle proposée par l’allemand EnBW.

Les objectifs du Plan solaire d’EDF

Dans le cadre de son Plan solaire, EDF s’est fixé plusieurs objectifs ambitieux à atteindre.

Le déploiement de 30 GW d’énergie solaire entre 2020 et 2035

Selon le PDG d’EDF, Jean-Bernard Lévy, « il n’y aura pas de transition énergétique si on ne fait pas beaucoup de photovoltaïque ». Avec son programme, le Groupe compte déployer 30 GW (gigawatts) d’énergie solaire entre 2020 et 2035. Cette production doit donc être multipliée par 4 par rapport au 8 GW produits en 2017. À titre de comparaison, l’énergie nucléaire représentait 63,2 GW à la même période. Dans le mix électrique français, la production solaire doit donc passer de 1,6 à 7 % d’ici 2035.

De plus, la France aurait un fort potentiel pour l’énergie photovoltaïque (taux d’ensoleillement). Il s’agirait du cinquième gisement solaire le plus important en Europe. L’ADEME (l’Agence de la transition écologique) estime ce gisement à plus de 400 GWc (gigawatts crête) au total. Le CEREMA (Centre d’études et d’expertise sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement) l’estime, quant à lui, à 585 GWc.

D’après Jean-Bernard Lévy : « Ce Plan Solaire est d’une ampleur sans équivalent et marque un véritable tournant dans le développement d’EDF dans le domaine de l’énergie solaire. Il concrétise l’accélération de notre ambition affichée dans la stratégie CAP 2030 du Groupe, lancée en 2015, qui vise à doubler les capacités renouvelables installées du Groupe à l’horizon 2030. Aujourd’hui, se dessine pour EDF une nouvelle frontière pour les quinze prochaines années. »

Une place de leader du solaire au niveau national et mondial

Comme évoqué plus haut, la France a un fort potentiel pour la production d’énergie solaire. EDF compte donc tirer parti de cet avantage. Le Groupe vise la place de leader du photovoltaïque dans le pays, avec 30 % de parts de marché en France d’ici 2035. Il fait également partie des principaux acteurs du solaire au niveau mondial.

Malgré son potentiel, la France ne se hisse pas dans le top 3 des plus grands producteurs d’énergie solaire européens. En 2021, le pays occupait la 4^e place dans le classement des producteurs d’électricité photovoltaïque (9,6 % de la production de l’Union européenne). L’Espagne se trouve à la 3^e place, derrière l’Italie et l’Allemagne. Au niveau mondial, la France se classe 12^e (1,5 % de la production solaire dans le monde).

La création d’emplois

Au moment de l’annonce de Plan solaire d’EDF, le photovoltaïque était encore un marché peu développé en France. Ces investissements doivent donc aussi se répercuter sur l’ensemble de la filière solaire, notamment en passant par la création d’emplois dans tout le pays.

EDF parle de « milliers d’emplois » créés, et des investissements qui doivent se répercuter de manière positive sur l’économie.

Plan Solaire : quels enjeux pour EDF ?

La mise en œuvre du Plan solaire d’EDF fait émerger divers enjeux pour le Groupe, comme :

• la mobilisation d’un budget de 25 milliards d’euros sur une quinzaine d’années : comme évoqué plus haut, EDF compte également sur d’autres investisseurs pour soutenir ces projets ;
• la disponibilité du foncier : Jean-Bernard Lévy estime qu’il s’agit du « principal frein au développement de la filière », puisque les centrales à grande échelle nécessitent un espace important. EDF a donc prévu de :
  • mobiliser les terrains à proximité de ses centrales de production : il s’agit notamment des espaces situés près des centrales nucléaires, des friches industrielles pouvant être reconverties, des sites hydrauliques pouvant être utilisés pour des installations photovoltaïques flottantes, ainsi que des sites de démantèlement, par exemple ;
  • collaborer avec les collectivités publiques : afin d’identifier les terrains disponibles pour accueillir des installations photovoltaïques. En effet, les réserves foncières d’EDF ne peuvent pas suffire pour atteindre les objectifs du Plan solaire. 25 000 à 30 000 hectares sont nécessaires afin de déployer les installations requises, soit l’équivalent de 40 000 terrains de football. Des terrains en friche peuvent, par exemple, être revalorisés en y installant une centrale solaire.

Quels leviers pour le Plan solaire ? Centrales photovoltaïques à grande échelle et autoconsommation

Pour déployer le Plan solaire, EDF investit notamment dans les grandes centrales photovoltaïques. Toutefois, l’autoconsommation joue aussi un rôle essentiel dans ce programme.

Les centrales solaires à grande échelle

Pour atteindre les objectifs fixés dans son Plan solaire, EDF mise notamment sur les centrales photovoltaïques au sol. Ce type de centrale à grande échelle offre un très bon rendement, permettant de créer des fermes géantes de très grande capacité (plus de 100 mégawatts). À titre de comparaison, les centrales solaires classiques produisent en moyenne 12 MW (mégawatts). Le Groupe compte également investir sur les toits de certains bâtiments en y installant des panneaux solaires (comme des centres commerciaux, des hangars agricoles ou des parkings, par exemple).

Depuis le lancement du Plan solaire, EDF réalise divers projets de centrales photovoltaïques, comme :

• à Lazer (Hautes-Alpes) : le 3 février 2021, EDF Renouvelables a lancé les travaux de sa nouvelle centrale solaire flottante. Cette dernière sera rattachée à un barrage hydroélectrique déjà installé et géré par le Groupe. Il s’agit de la première centrale photovoltaïque de ce type pour EDF, et de la seconde en France. Elle devrait être opérationnelle dans le courant du 1^er trimestre 2023 ;
• à l’aéroport de Deauville (Normandie) : EDF Renouvelables exploitera cette centrale au sol de 60 MW, qui doit être construite sur 45 hectares de terrains dans l’enceinte de l’aéroport d’ici 2023 ;
• avec Sanofi : EDF a signé en 2022 un partenariat avec l’entreprise pharmaceutique pour la construction et l’exploitation d’une centrale solaire au sol en autoconsommation. Sa puissance sera 40 MW et permettra d’alimenter l’usine Sanofi d’Aramon (Gard) dans le courant de l’année 2023.

EDF accompagne ses partenaires (collectivités, entreprises, etc.) dans la réalisation de leur projet solaire, en plusieurs grandes étapes :

• l’étude de faisabilité (techniques en environnementales) ;
• la concertation et le développement ;
• les demandes d’autorisation (instruction par les services de l’État et enquête publique) ;
• la construction et la mise en service ;
• l’exploitation et la maintenance ;
• le démantèlement.

Avant d’installer une centrale solaire, de nombreuses questions se posent. Quel va être son impact sur l’environnement (faune) ? Va-t-elle altérer la beauté du paysage ? EDF travaille sur ces projets tout en restant en contact avec les élus, et à l’écoute des riverains et de leurs préoccupations.

L’autoconsommation

L’autoconsommation est également un levier central du Plan solaire EDF. Avantageux pour les consommateurs, le déploiement du photovoltaïque se joue aussi chez les particuliers.

Produire sa propre électricité avec EDF

EDF ENR a commandé à l’institut Opinion Way une étude afin de savoir comment les Français imaginent l’avenir énergétique. 72 % des participants ont répondu être prêts à produire leur propre électricité via des installations photovoltaïques. 78 % estiment que l’investissement dans le solaire est insuffisant.

Benjamin Declas, Président d’EDF ENR, a commenté : « Il s’agit d’un enjeu important pour les Français qui voient majoritairement cette évolution comme un progrès. Et pour y parvenir, l’énergie solaire apparaît comme une solution d’avenir, souveraine et durable, dans laquelle il faut s’engager. La simplification des démarches administratives permettrait sans aucun doute de faciliter le développement de nouveaux projets chez les particuliers, les entreprises et les collectivités. »

EDF propose déjà des solutions pour l’autoconsommation. Les particuliers, les professionnels et les collectivités sont encouragés à installer des panneaux solaires, afin de développer le photovoltaïque. Plus de 60 000 installations ont été réalisées par EDF ENR (chez des particuliers, des professionnels ou au sein de collectivités).

L’autoconsommation présente plusieurs avantages :

• des économies d’énergie : la réduction des factures d’électricité peut atteindre 70 %. Tout dépend du rendement des panneaux solaires, qui varie en fonction de divers paramètres (ensoleillement dans la région, exposition de la toiture, nombre de capteurs installés, besoins du foyer, etc.). Toutefois, même dans les régions situées plus au nord de la France, l’énergie solaire peut être rentable ;
• une électricité verte : installer des panneaux solaires chez soi permet également de consommer de l’électricité issue d’une source d’énergie renouvelable.

En cas de surplus, vous pouvez revendre votre électricité à EDF OA (Obligation d’Achat) de 6 à 10 centimes/kWc. L’excédent est donc injecté sur le réseau électrique. En fonction du projet, il est également possible de revendre la totalité de la production d’électricité photovoltaïque au fournisseur d’énergie. Dans tous les cas, il est nécessaire de raccorder l’installation solaire au réseau de distribution. Le tarif de rachat de l’électricité est fixé par la CRE (Commission de Régulation de l’ Énergie) et reste fixe pendant 20 ans. Les tarifs sont plus élevés en vente totale qu’avec l’autoconsommation et la vente du surplus. Toutefois, avec la hausse des prix de l’énergie, cette dernière option est de plus en plus rentable.

Pour plus d’informations, vous pouvez contacter les conseillers solaires d’EDF ENR. Ils sont disponibles pour vous accompagner dans votre projet d’autoconsommation. Un bilan solaire peut notamment être réalisé afin d’identifier les besoins de votre foyer. Vous pourrez ensuite bénéficier d’un accompagnement dans le choix des équipements, les diverses démarches administratives et les demandes d’aides financières auxquelles vous êtes éligible.

Quelles aides financières pour l’installation de panneaux solaires ?

Installer des panneaux solaires chez soi peut permettre de bénéficier de diverses aides financières :

• la prime à l’autoconsommation photovoltaïque : seuls les projets d’autoconsommation avec vente de surplus sont éligibles. Le montant est dégressif, de 430 à 90 €/kWc, et varie en fonction de la puissance de l’installation. Le versement de la prime est réalisé par EDF OA, automatiquement au même moment que la réception des revenus liés à la vente du surplus. Attention, les panneaux solaires posés au sol ne sont pas éligibles ;
• MaPrimeRénov’ : née de la fusion entre le CITE (Crédit d’impôt pour la transition énergétique) et les aides de l’Anah (l’Agence nationale de l’habitat), cette aide a été mise en place par l’État pour encourager les travaux de rénovation énergétique. Elle peut couvrir une partie du prix de l’installation de vos panneaux solaires hybrides à haut rendement (sous conditions de revenus) ;
• les primes énergies (CEE) : le montant de l’aide varie selon le fournisseur qui l’accorde, ainsi que le projet d’installation photovoltaïque ;
• l’éco-PTZ (éco-prêt à taux zéro) : accordé par certaines banques pour les travaux de rénovation énergétique, il permet d’emprunter une somme de 7 000 à 30 000 € sans aucun intérêt. Attention, seuls les panneaux solaires avec une option de chauffage (thermiques, aérovoltaïques ou hybrides) sont éligibles à ce prêt à taux nul ;
• la TVA à taux réduit : lorsque la puissance de l’installation photovoltaïque est inférieure à 3 kWc, la TVA est de 10 % sur le prix d’achat (contre 20 % à l’origine) ;
• l’exonération d’impôt : bien que la vente de surplus d’électricité soit imposable, vous pouvez profiter d’une exonération d’impôts sur le revenu lorsque la puissance de l’installation ne dépasse pas 3 kWc ;
• les aides des collectivités locales : dans certains cas, les régions, les départements ou les communes peuvent accorder des aides financières pour l’installation de panneaux solaires. N’hésitez pas à vous rapprocher de l’Anil (l’Agence nationale pour l’information sur le logement) dont vous dépendez pour vous renseigner sur ce point.

Quelle place pour les autres énergies renouvelables (hydraulique et éolien) ?

EDF assure que son Plan solaire sera mis en place « en complément de ses autres activités de développement des énergies renouvelables en France et à l’international ». Toutefois, le photovoltaïque présente plusieurs avantages par rapport à l’hydraulique et l’éolien en mer ou terrestre. Si le premier a l’avantage d’être une énergie renouvelable non-intermittente, son développement nécessite des conditions géographiques très particulières. L’éolien, quant à lui, est difficilement accepté par les populations. Les procédures pour mettre en œuvre ce type de parc de production d’électricité peuvent donc être très longues. Le solaire, peut être déployé plus rapidement, notamment du fait de la baisse des coûts de ces équipements (d’environ 80 % depuis 2009) et de son acceptabilité.

EDF souligne tout de même qu’il « n’y aura pas de solution unique pour garantir une électricité décarbonée, mais un ensemble de technologies : nucléaire, hydraulique, solaire, éolien terrestre et maritime ». Conjointement à l’accélération du développement du solaire et d’autres EnR, le Groupe suit une stratégie de relance de l’énergie nucléaire. Toutes ces solutions doivent permettre d’atteindre l’objectif de la neutralité carbone à l’horizon 2050. L’ambition de la France est également de réduire de 55 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030.

Vous pouvez retrouver ci-dessous la répartition de la production d’électricité d’EDF pour l’année 2021. L’objectif du Groupe est notamment d’atteindre 60 GW nets installés pour l’ensemble de la production EnR d’ici 2030 :

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