EDF : un gel des embauches malgré d’énormes défis pour 2023
À bien des égards, l’année 2022 a été extrêmement difficile pour des millions de Français. Du côté du géant de l’énergie EDF, elle a tout simplement été une « année noire » qui l’a vu essuyer des pertes records d’environ 18 milliards d’euros. Conséquence de ce triste bilan et de ces difficultés industrielles et financières, le groupe a confirmé le 13 avril 2023 le gel de ses embauches. Une nouvelle forcément inquiétante puisque les défis qui attendent EDF cette année et dans un avenir proche nécessiteraient plutôt une croissance de ses effectifs. Choisir.com vous en dit plus sur cette mesure qui ne devrait, heureusement, toutefois pas s’étendre sur l’année complète.
Une « situation financière difficile » qui oblige EDF à suspendre ses recrutements
La nouvelle a été confirmée le jeudi 13 avril dernier par un porte-parole de l’entreprise : EDF a donc décidé de geler ses embauches jusqu’à nouvel ordre.
Alors, pourquoi une telle décision ? Celle-ci, d’après le groupe, s’imposait du fait de l’année 2022 catastrophique qu’il a traversée. En effet, EDF a dû faire face à des pertes records de près de 18 milliards d’euros (17,9 exactement) pour l’année passée. Cela l’a plongé dans une « situation financière difficile » d’après ce même porte-parole.
Ce bilan financier désastreux est la conséquence des nombreuses difficultés qu’a connues le géant de l’énergie en 2022 :
- l’immobilisation prolongée d’une part très importante de ses réacteurs nucléaires, pour cause de travaux de maintenance ou de problèmes de corrosion sous contrainte à traiter ;
- une production nucléaire en berne, qui a eu un lourd impact sur la production électrique historiquement faible en France l’an passé.
Par cette suspension du recrutement, l’objectif d’EDF est de « faire un état des lieux de ses besoins en personnel » pour mieux cibler ses priorités. Dans ce but, l’entreprise va lancer un « moratoire sur les embauches pour 2023 ».
Les différentes équipes des ressources humaines d’EDF auraient été informées récemment via un courriel de travail envoyé par leur directeur, Christophe Carval. Le groupe n’a d’ailleurs pas communiqué officiellement sur le nombre de recrutements officiellement prévus en 2023. Néanmoins, d’après Les Échos, ils devraient s’élever à 3 000 salariés. Quid de cet objectif avec le gel des embauches ?
Par contre, il est à noter que cet arrêt du recrutement n’a pas empêché, le lundi 11 avril, l’arrivée d’une nouvelle directrice déléguée des ressources humaines. Caroline Chanavas, transfuge de Naval Group, un fabricant militaire, remplacera effectivement bientôt Christophe Carval, sur le départ en inactivité.
Êtes-vous sûr de ne pas payer votre énergie trop cher ?
faire une simulationUn gel des embauches destiné à mettre la pression sur le gouvernement ?
Selon Les Échos, cette décision de suspension du recrutement serait aussi une manière, pour EDF, de mettre la pression sur l’exécutif ainsi que sur les syndicats. Rappelons que le géant énergéticien est effectivement détenu en grande partie par l’État et se trouve en voie de nationalisation complète.
Ce gel des embauches intervient donc dans un contexte loin d’être évident pour EDF et son PDG Luc Rémont :
- en décembre dernier, celui-ci a été le destinataire d’une feuille de route émanant de la Première ministre Élisabeth Borne. Les objectifs (très ambitieux) de celle-ci visent à redresser la production électrique du groupe après l’année noire de 2022 ;
- contre l’avis du gouvernement, Luc Rémont a également récemment demandé l’abandon de l’Arenh (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique). De son point de vue, une partie du bilan catastrophique de 2022 est en effet imputable à ce dispositif. Dans les faits, ce dernier oblige EDF à revendre son électricité à ses concurrents fournisseurs à un prix donné. Cela cause, d’après Luc Rémont, « une sous-rémunération de l’entreprise » ;
- enfin, il est également clair que la récente réforme des retraites va aussi avoir des conséquences sur les contrats des embauchés à EDF dès septembre prochain. Promulguée le 15 avril 2023 par le président de la République Emmanuel Macron, elle va en effet supprimer le régime spécial des retraités des industries électriques et gazières.
D’ailleurs, depuis janvier, de nombreux salariés de l’entreprise s’étaient mobilisés contre cette réforme. Certains estiment que, lors des premières journées de mobilisation, un agent d’EDF sur deux a fait grève, ce qui a logiquement impacté l’activité de l’entreprise.
Une décision inquiétante alors qu’EDF doit faire face à d’immenses défis en 2023 ?
Dans tous les cas, il est indéniable qu’EDF fait face à de multiples défis industriels et financiers en cette année 2023. C’est pourquoi l’annonce de ce gel des embauches peut paraître si étonnante, car ces défis nécessiteraient plutôt une croissance des effectifs que le contraire. D’ailleurs, la secrétaire nationale de la fédération syndicale CFE-Énergie, Amélie Henri, ne comprend pas cette décision. « Geler les embauches au regard des enjeux industriels qui attendent EDF, ça n’a aucun sens » a-t-elle fait savoir.
Toutefois, « l’idée n’est pas de suspendre » les recrutements durant « toute l’année » a fait comprendre le porte-parole du groupe à l’AFP le 13 avril, désirant se montrer rassurant. Il est malgré tout logique que cette décision puisse interpeller au vu de la situation actuelle de l’entreprise. En effet, les objectifs (comme les difficultés) ne manquent déjà pas en ce printemps 2023 :
- redonner sa pleine efficacité au parc nucléaire national en lui permettant d’augmenter de façon sensible sa production électrique par rapport à 2022 ;
- préparer la construction d’au moins six nouveaux réacteurs. Le développement du nucléaire est effectivement l’une des priorités désirées par le gouvernement ;
- régler enfin définitivement les problèmes de corrosion sous contrainte qui frappe encore ses réacteurs. En mars dernier, une nouvelle fissure, cette fois-ci profonde, a été découverte à la centrale de Penly, en Seine-Maritime.
Des incertitudes quant à la sécurité de ses réacteurs perdurent donc aujourd’hui. Cela a d’ailleurs obligé le groupe à mettre en place un nouveau plan pour contrôler ses centrales. Celui-ci, présenté à la mi-mars, doit permettre de vérifier la fiabilité de 92 % des 320 soudures qui sont à revoir dans l’ensemble de ses 56 réacteurs. Toutefois, avec le gel des embauches annoncé, cela sera-t-il respecté ?
Cette annonce pose donc un certain nombre de questions quant à la capacité d’EDF à répondre présent face aux enjeux (de taille) qui s’imposent à lui pour 2023. Ce que tout Français est en droit d’attendre du géant de l’énergie : qu’il assure une production électrique sécurisée, stable et suffisante pour éviter le surgissement d’une nouvelle crise énergétique. Pour cela, nul doute que le groupe aura besoin de salariés.
Nos experts énergie vous aident à économiser jusqu’à 200 € sur votre facture gaz et électricité