Hydroélectricité : des barrages qui tournent à plein régime

publié le 09/01/2024 à 12h51 | mis à jour le 09/01/2024 à 12h51 | par Johann Sonneck

Des records de pluie fin 2023 en France, une situation favorable à l’hydroélectricité nationale

En novembre et décembre 2023, des pluies importantes se sont abattues sur la France, causant même de graves inondations dans certaines régions.

Pour l’énergie hydraulique française, ces records de pluviométrie ont au contraire été synonymes d’excellente nouvelle. En effet, en cet hiver 2023-2024, cette situation permet aux barrages hydroélectriques de l’Hexagone de tourner à plein régime. Preuve en est, au 15 décembre dernier, l’eau a représenté :

• 18 % de la production de l’électricité dans notre pays ;
• contre 11 % en moyenne les années précédentes.

Il s’agit même d’un sacré retournement de situation qui fait du bien à ce secteur énergétique comme à l’ensemble du réseau national. Durant l’été 2023 et du fait des épisodes répétés de sécheresse, les barrages français ont effectivement connu un passage très difficile. Cela avait fait suite à une année 2022 catastrophique également, marquée par la plus faible production hydraulique en France depuis 1976 !

À titre d’exemple, le niveau du lac de Serre-Ponçon, dans les Hautes-Alpes, avait baissé de plus de 10 mètres à l’été 2023. En décembre, les précipitations conséquentes et la fonte précoce des neiges, provoquée par les températures douces, ont permis de le remplir à 93,5 %. Cela représente une réserve d’eau stratégique pour EDF, qui gère les barrages français, de 1,2 milliard de mètres cubes !

À la mi-décembre, la production électrique d’origine hydraulique a ainsi permis :

• de réduire l’utilisation des centrales nucléaires ;
• d’arrêter les centrales à charbon, dont le fonctionnement a été autorisé en France jusqu’à la fin de l’année 2024.

L’énergie hydraulique, l’un des poids lourds de la production électrique française

Aujourd’hui, dans l’optique de la mise en place de l’indispensable transition écologique, la nécessité du déploiement des énergies renouvelables fait son chemin parmi l’opinion publique. Toutefois, l’importance de l’hydroélectricité tend à se faire toujours moins visible face à d’autres sources d’énergies vertes en plein développement et très médiatisées, comme :

• l’énergie solaire. Des chercheurs du golfe Persique ont par exemple récemment publié des travaux prometteurs à propos d’une tour solaire capable de produire de l’énergie verte en continu ;
• l’énergie éolienne. En 2025 débutera d’ailleurs un grand appel d’offres pour lancer des projets d’éolien offshore sur les littoraux français.

Reste que l’énergie hydraulique demeure toujours la principale source d’électricité verte produite en France, face à une production bien moins élevée pour le solaire et l’éolien. Elle est aussi l’un des postes les plus importants du mix énergétique français. C’est même la deuxième source de production électrique en France derrière l’énergie nucléaire en 2023, avec :

• environ 25,7 gigawatts (GW) installés sur le territoire métropolitain ;
• approximativement 20 % de la production électrique installée, pour plus de 10 % de la production électrique du pays.

La France compte en tout 600 barrages, essentiellement localisés en milieux montagneux. Avec ces capacités, notre pays est aussi l’un des principaux producteurs d’électricité hydraulique en Europe.

Ce niveau accru des barrages nationaux mi-décembre est en tout cas une bonne nouvelle. Cette dernière vient confirmer le fait que le risque de coupure électrique pour cet hiver est « faible » d’après RTE, le Réseau de transport d’électricité. Reste qu’un niveau trop important d’eau dans les fleuves et les rivières peut malgré tout entraîner certains problèmes. Par exemple, au barrage de Saint-Egrève, dans l’Isère, la barre des 1 200 mètres cubes d’eau par seconde a été atteinte. La difficulté, c’est qu’un tel débit, ajouté à l’aspect souvent boueux de l’eau :

• peut endommager les turbines ;
• rend donc la production électrique impossible. Pareille situation rend obligatoire la réalisation d’une pause dans la production, dans l’attente de conditions plus favorables.

EDF a également annoncé son souhait d’améliorer encore les capacités de production de cette énergie verte. En réalité, la volonté de hausse des capacités de production hydraulique avait déjà été dévoilée en mars 2023. Certains acteurs pensent que cette augmentation pourrait même être de l’ordre de 20 %. Une telle progression passerait par la modernisation des barrages que prévoit d’entreprendre EDF. L’énergéticien compte, par exemple, les rehausser de plusieurs mètres, sans construire de nouvelles implantations.

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