« Amis du renouvelable » de l’UE : la France exclue de la réunion
Le 19 juin 2023, les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) se sont rassemblés à Luxembourg pour une réunion des ministres européens de l’Énergie. Le matin même était programmée une rencontre des « Amis du renouvelable », un groupe d’États de l’UE partisans d’un déploiement massif de l’énergie verte sur le continent. Au total, 14 pays ont ainsi participé à cette réunion… mais pas la France. Alors que la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, avait annoncé sa présence, notre pays s’est finalement retrouvé exclu de cette entrevue. Quelles sont les raisons de cette mise à l’écart française ? Quel rapport avec la directive RED III sur les énergies renouvelables qui vient, après bien des rebondissements, d’être adoptée par l’UE ? Quelles conséquences pour la France, déjà pas un modèle européen en matière de déploiement des énergies propres sur son territoire ? Choisir.com vous explique la situation.
La France mise à l’écart de la réunion des « Amis du renouvelable »
Depuis le déclenchement de la crise énergétique en 2022 en Europe, les questions liées à l’énergie sur le continent sont devenues essentielles. C’est le lundi 19 juin dernier qu’une réunion des ministres de l’Énergie des États membres de l’Union européenne avait lieu à Luxembourg. Le matin même, 14 de ces pays, membres du groupe des « Amis du renouvelable » se sont rassemblés pour échanger sur le sujet. Étaient donc présents :
- le Luxembourg, pays hôte ;
- l’Autriche, à l’origine de la création de ce groupe qui cherche à donner la priorité, au niveau européen, au développement des énergies renouvelables (EnR) ;
- l’Allemagne, l’une des figures de proue de ce mouvement vert ;
- l’Espagne ;
- le Danemark ;
- la Grèce ;
- Malte ;
- l’Estonie ;
- le Portugal ;
- les Pays-Bas ;
- la Slovénie ;
- la Lettonie ;
- l’Irlande ;
- la Belgique.
Aux côtés des ministres de l’Énergie de ces pays se trouvait également la commissaire européenne à l’Énergie, Kadri Simson… mais donc pas la France.
Comment expliquer cette absence tricolore ? La France n’a en fait pas été conviée à cette réunion alors même qu’Agnès Pannier-Runacher avait annoncé, en mai, sa participation. La ministre avait pourtant été, le 9 mai dernier, officiellement invitée par Leonore Gewessler, son homologue autrichienne du Climat. Toutefois, depuis, les choses ont changé et l’Autriche a voulu taper du poing sur la table en évinçant la France de cette réunion des pro-renouvelables.
La raison de cette exclusion française : le fait qu’en mai, notre pays ait manœuvré pour bloquer l’adoption de la directive RED III sur les énergies renouvelables, finalement validée ensuite le 16 juin 2023. Voilà ce qu’a indiqué un diplomate de l’UE auprès du média européen Euractiv. Dans tous les cas, il s’agit d’un sérieux revers pour Agnès Pannier-Runacher et la France. Le ministère français de la Transition énergétique n’a, par la suite, délivré aucun commentaire sur cette éviction.
Un nouvel épisode symbolisant les tensions entre pro-renouvelables et pro-nucléaires au sein de l’UE
Cette mise à l’écart forcée de la France de cette réunion des « Amis du renouvelable » est symptomatique des tensions qui règnent dans l’UE depuis début 2023. Le même diplomate, a fait connaître la ligne de conduite de ce groupe pro-renouvelable dont il fait partie. « Il est évident que nous accueillons tous ceux qui soutiennent réellement les énergies renouvelables et qui prennent le déploiement des énergies renouvelables au sérieux ».
Voilà ce qui pourrait prendre la forme d’un tacle bien senti à destination de la France. L’emploi de l’adverbe « réellement » n’est d’ailleurs pas innocent. En effet, vis-à-vis de ses voisins, le gouvernement français est (encore) en retard dans le développement des EnR sur le territoire national. Dans ce domaine, le bilan 2022 est également toujours très loin du compte.
De plus, en 2023, la France s’est surtout distinguée en Europe par sa volonté de développer l’énergie nucléaire sur le continent, et non l’énergie verte. Cet objectif avait amené la création d’un groupe de pays de l’UE partageant ce souhait, l’« Alliance du nucléaire ». L’atome, ainsi que le désir français de l’intégrer dans les objectifs européens de production d’énergies vertes et décarbonées, ont suscité de multiples tensions en Europe. Ça a notamment été le cas avec l’Espagne au sujet de l’hydrogène rose, d’origine nucléaire et finalement intégrée dans la directive RED III.
Cette volonté tricolore a été à l’origine du blocage français du mois de mai. Conséquence, cela a « retardé la directive sur les énergies renouvelables ». Le but était évidemment d’avoir gain de cause sur la question du nucléaire et que l’hydrogène rose soit reconnu comme équivalent à l’hydrogène vert renouvelable. C’est en partie ce que la France a obtenu le 16 juin avec une dérogation lui permettant de décarboner sa production d’ammoniac par de l’hydrogène nucléaire. En intégrant ce secteur dans les objectifs de décarbonation, la France pourra ainsi beaucoup plus facilement respecter les engagements en la matière fixés par Bruxelles.
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faire une simulationLa volonté des « Amis du renouvelable » : montrer leur opposition à la France
Leonore Gewessler, ministre autrichienne du Climat, a un avis clair et tranché sur la méthode française pour défendre ses intérêts énergétiques. Selon elle, face à l’urgence climatique et du besoin de déploiement des renouvelables, « le blocage de la RED par la France était négligent ».
Celle qui est à l’origine de la fondation des « Amis du renouvelable » estime également que l’action française a ébranlé « les fondations de l’UE ». La question du nucléaire à l’origine de ce blocage a effectivement fragilisé la solidité du couple franco-allemand, pourtant moteur historique de la construction européenne. Selon Leonore Gewessler, cette manœuvre française a été d’autant regrettable qu’un accord politique avait été trouvé depuis plusieurs semaines avec le Parlement européen et la Commission européenne. Exclure la France de la réunion du 19 juin 2023 était donc une manière pour l’Autriche de :
- montrer son opposition à la manière française de procéder sur la directive RED III ;
- signifier à Paris la ferme volonté des « Amis du renouvelable » à vraiment agir pour leur diffusion massive en Europe.
En tant que ministre luxembourgeois de l’Énergie, Claude Turmes était l’hôte de cette réunion. Il a présenté les différents objectifs qui ont motivé ce nouveau rassemblement :
- obtenir une décision rapide sur la directive relative aux énergies renouvelables, pas encore totalement finalisée ;
- coordonner les positions sur la prochaine réforme du marché de l’électricité en Europe.
À ce sujet, l’inquiétude de certains pays porte sur un ajout récent au texte existant. Cet ajout ouvre la porte à des subventions pour le charbon au-delà de 2025, qui est normalement la date limite. Depuis 2018, une réglementation interdit aux centrales électriques au charbon de recevoir des subventions si elles émettent plus de 550 grammes de CO2 par kilowattheure (kWh).
Récemment, la Pologne a demandé (et obtenu) une dérogation temporaire à cette règle, au-delà de 2025. Son but : réduire le volume de gaz naturel consommé par le secteur de l’électricité. Cependant, pour Claude Turmes, cette décision « affaiblit notre politique climatique ». Malgré tout, selon lui, « un grand nombre de pays rejetteront cette proposition ».
La France présente lors des futures réunions ?
Les négociations sur la réforme du marché de l’électricité se sont poursuivies durant toute la journée du 19 juin 2023. Quant à la directive RED III, elle doit maintenant être approuvée et intégrée dans la législation européenne.
Pour ce qui est de la France, un diplomate européen juge que son exclusion de la réunion des « Amis du renouvelable » n’est pas forcément définitive. Selon lui, sa non-invitation « ne crée pas de précédent pour les invitations futures ». Autrement dit, la France pourra encore être invitée aux prochaines rencontres de ce groupe. Pour cela, le gouvernement devra sans doute montrer une réelle volonté de développer massivement les EnR. C’est en effet un enjeu fondamental pour l’avenir climatique et énergétique de toute l’Europe et de ses habitants.
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