Planification écologique : l’exécutif dévoile sa feuille de route

La planification écologique. Beaucoup encore ont du mal à saisir ce que signifie exactement ce concept lancé par Emmanuel Macron juste avant de commencer son deuxième mandat, en 2022. Depuis, le gouvernement est resté très vague sur cette planification qui doit aider à mettre en place une réelle transition écologique en France. Les 18 et 19 septembre 2023, Élisabeth Borne s’est montrée très active à ce sujet, lançant une « séquence » dédiée qui doit durer jusqu’à la fin du mois. Alors, l’exécutif avance-t-il vraiment dans ce domaine ? Quelle est sa « feuille de route » d’ici 2030 pour mener à bien cette transition environnementale toujours plus nécessaire ? Avec quels moyens engagés ? Choisir.com répond à vos questions.

programme planification ecologique

Les responsables politiques français reçus à Matignon pour échanger sur la planification écologique

C’est une fin de mois de septembre 2023 décisive pour l’ensemble du gouvernement à propos de la planification écologique. Ce concept vague et brumeux, créé par le président-candidat Emmanuel Macron dans l’entre-deux tours des élections de 2022, divise toujours.

C’est peut-être pour cela que, le lundi 18 septembre dernier, une réunion à huis clos a été organisée à l’Hôtel Matignon. Celle-ci a rassemblé :

  • Élisabeth Borne, la Première ministre ;
  • et les responsables des partis politiques français, invités pour l’occasion.

Le but : échanger leurs points de vue pour mettre en place une transition écologique qui soit « juste » et non « punitive », d’après l’entourage d’Élisabeth Borne.

Ce rendez-vous a formé le point de départ d’une « séquence » d’environ 10 jours sur ce sujet de la planification écologique, ponctuée de différentes étapes et moments clés :

  • le 18 septembre, ce « débat politique » organisé à Matignon ;
  • le 19, un échange qui a eu lieu entre la chef du gouvernement et le Conseil national de la refondation (CNR), mis en place l’année dernière également ;
  • le 25, des annonces officielles qui seront réalisées de la bouche d’Emmanuel Macron lui-même ;
  • le 27, la présentation du projet de budget 2024 en Conseil des ministres.

Si le gouvernement promet un plan « très concret » et « très opérationnel », force est de constater qu’il est loin d’emporter une adhésion générale. Pour certains, la planification écologique est même une « terra incognita », une idée lancée dans le vide sans rien de palpable. En réalité, la feuille de route du gouvernement devait être présentée en juillet dernier. Cependant, du fait des émeutes et du remaniement ministériel qui a eu lieu ensuite, cette présentation a dû être reportée.

Reculer pour mieux sauter ? Pas forcément. Car même avant le début de ce rendez-vous de travail à Matignon, des doutes étaient émis sur la dynamique gouvernementale dans ce domaine. Ainsi, Marine Tondelier, secrétaire nationale d’EELV, s’est montrée assez critique. Pour elle, cette réunion était juste « un oral de rattrapage » pour lequel les membres de l’exécutif « ne sont pas partis pour avoir la moyenne ». À la fin de cette réunion, son avis n’avait pas changé. Elle a alors confié de façon moqueuse qu’elle avait assisté au « feuilletonnage communicationnel le plus long de l’histoire politique française ».

Même son de cloche pour les autres responsables politiques de gauche. Des mots d’Olivier Faure avant le rendez-vous, « le compte n’y est pas ». Après avoir pris connaissance du document reçu en amont, intitulé « France nation verte », daté de juillet 2023 et non modifié depuis, son avis n’était pas plus positif. Le chef socialiste « craint [une] planification du vide ». De son côté, le patron du PC, Fabien Roussel, s’était dit « sans illusions » au moment de rejoindre Matignon.

À ce « débat politique » ne s’est même rendu aucun membre de La France Insoumise, qui l’a donc boycotté. Pour le député insoumis François Ruffin, il faudrait d’ailleurs une « économie de guerre climatique » pour mener à bien la transition écologique espérée.

Finalement, d’après les observateurs, cette réunion n’a convaincu ni sur le fond ni sur la forme, tout en ayant des airs de « déjà-vu ». Pour d’autres, il s’agissait davantage d’une « opération de communication » du gouvernement que d’autre chose.

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Élisabeth Borne détaille les objectifs du gouvernement français en question de transition écologique

La planification écologique française doit pouvoir mettre la France sur de bons rails pour remplir ses objectifs environnementaux et ceux de l’Union européenne (UE). Concrètement, ces derniers sont :

  • d’« être au rendez-vous européen » de la baisse de 55 % des émissions nettes de gaz à effet de serre (GES) en 2030 vis-à-vis de 1990 ;
  • de se « projeter vers la neutralité carbone en 2050 ».

La France est-elle d’ores et déjà sur la bonne voie pour concrétiser ces ambitions officielles ? Sur le premier trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022, les émissions de CO2 ont effectivement baissé en Europe, et en France également. Il s’agit donc ici d’un signal encourageant.

En juillet dernier, Élisabeth Borne avait fait la promesse de rehausser de 7 milliards d’euros l’enveloppe destinée à financer la transition écologique. Cette somme, loin d’être suffisante selon certains, a même été augmentée à 10 milliards, dont les 7 premiers seront bien dépensés en 2024. C’est ce qu’a annoncé la Première ministre le mardi 19 septembre, au cours de sa réunion avec le Conseil national de la refondation. Cette somme s’ajoute aux 34 milliards d’euros du « budget vert » de l’État en 2023. Ce budget comprend en fait toutes les dépenses étatiques en faveur de l’environnement.

L’une des pistes évoquées pour l’utilisation de ces 10 milliards est que cette somme :

  • finance une hausse du bonus écologique pour l’acquisition de véhicules électriques ;
  • étende en même temps le malus pour l’achat des voitures les plus polluantes et émettrices de CO2.

Autres volontés du gouvernement :

  • apporter des réponses à propos du financement des RER métropolitains dans une dizaine de villes hexagonales. Ce projet fait l’objet d’une proposition de loi en cours d’examen au Parlement ;
  • lancer d’autres mesures dans le secteur du logement. Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, souhaite mettre en place des rénovations énergétiques « plus performantes ». Dans ce domaine, le cas problématique des bouilloires énergétiques, étouffantes l’été, s’ajoute de plus en plus à celui des passoires thermiques, déjà relevé depuis longtemps ;
  • parvenir « à supprimer 75 % des chaudières au fioul » et « baisser d’environ 20 % les chaudières au gaz (hors pompe à chaleur hybride) » à l’horizon 2030. Au regard de cette volonté officielle, l’installation d’une nouvelle chaudière à gaz à l’Élysée a déclenché une vive polémique en juillet dernier.

Reste maintenant à savoir comment ces 10 milliards seront répartis et utilisés concrètement. Cette répartition sera incluse dans le projet de budget 2024 présenté par le gouvernement. Cependant, le 19 septembre au CNR, Élisabeth Borne a en fait déjà abordé ce point. Ces 10 milliards d’euros devraient donc être dirigés :

  • pour 2,3 milliards, vers l’agriculture et la biodiversité. Ils seraient destinés au reboisement, au plan eau, au plan phytosanitaire, pour le diagnostic carbone… ;
  • pour 2,2 milliards, vers le bâtiment, répartis entre :
    • la rénovation des logements, pour 1,6 milliard. Pour rendre cette action plus efficace, la Première ministre avait d’ailleurs promis en avril dernier de « simplifier MaPrimeRénov’ »,
    • celle des bâtiments de l’État, pour 600 millions ;
  • pour 1,8 milliard vers l’énergie, à destination du biogaz, de l’hydrogène et de projets dans les territoires d’outre-mer ;
  • pour 1,8 milliard vers l’industrie, afin de mener à bien le projet de loi industrie verte ;
  • pour 1,6 milliard vers les transports, en faveur de la création de nouvelles infrastructures et du verdissement des véhicules ;
  • pour 800 millions vers les collectivités, en partie pour le financement du Fonds vert.

Une somme conséquente, mais peut-être pas suffisante face aux défis environnementaux qui nous attendent. Envie également de réaliser votre part pour la réalisation de la transition énergétique ? Dans ce cas, utilisez le Comparateur Énergie de Choisir.com et choisissez une offre verte en comparant entre de nombreux acteurs du marché. La planète vous remerciera !

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