Production électrique : l’éolien devant le gaz en 2023 en Europe

Sur le chemin de la transition énergétique espérée, voilà une nouvelle qui fait du bien. En Europe en 2023, l’éolien a permis de produire plus d’électricité que le gaz. C’est une première historique. Comment expliquer le niveau de production record de cette énergie renouvelable ? Avec quels chiffres précis en France et en Europe ? Choisir.com fait le point.

ferme eolienne

475 TWh d’électricité produite par l’éolien en Europe en 2023, contre 452 TWh pour le gaz

C’est l’une des évolutions marquantes de l’année 2023. L’an dernier, la consommation électrique s’est en effet réduite de façon importante sur l’ensemble du continent. Ainsi, à l’échelle du territoire de l’Union européenne (UE), la demande en électricité a diminué :

  • de 3,4 % vis-à-vis de 2022 ;
  • de 6,1 % par rapport à son niveau de 2021, précédant l’éclatement de la crise énergétique.

En France, à la fin de l’année 2023, la consommation a même baissé de 7 % à 8 %. Ce mouvement de sobriété énergétique, favorable à la transition écologique, a provoqué une autre dynamique notable. L’an passé, la production électrique provenant de l’énergie éolienne a été supérieure à celle générée par le gaz et le charbon sur le continent. À la clé, une chute des émissions de CO2 dans ce secteur. De bon augure pour la nécessaire décarbonation de l’économie européenne, à l’heure où Bruxelles vise une réduction de 90 % des émissions carbone pour 2040.

L’éolien a donc dépassé le gaz en Europe, et c’est même là une première, relevée par le think tank environnemental britannique Ember. Pour ce dernier, la baisse de consommation d’électricité dans l’industrie, particulièrement marquée pour les secteurs énergivores (sidérurgie, chimie…), est un élément explicatif fort. La flambée des prix de l’énergie de 2022 est bien évidemment passée par-là.

En tout cas, au total en 2023, on a assisté en Europe à une production de :

  • 475 térawattheures (TWh) d’électricité pour les fermes éoliennes, ce qui représente :
    • un niveau de production de 13 % supérieur à celui de 2022,
    • 18 % du mix électrique européen désormais ;
  • 452 TWh produit par les centrales à gaz. Ce domaine :
    • a subi une baisse de 15 % vis-à-vis de l’année précédente, ce qui forme la plus forte réduction annuelle depuis 1990,
    • ne pèse plus que pour 17 % du mix électrique européen ;
  • 333 TWh concernant le charbon. La production électrique par l’intermédiaire de cette énergie fossile connaît d’ailleurs un net recul, à 26 % par rapport à 2022.

L’énergie solaire est encore à la traîne, puisqu’elle ne forme que 9 % de l’électricité produite sur le territoire de l’UE. C’est dire l’importance accrue que prend, de plus en plus, l’éolien sur le continent, avec cette production record en 2023.

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Face à l’essor de l’éolien, l’« effondrement sans précédent » du charbon et du gaz en Europe

Cumulés, l’éolien et le solaire représentent dorénavant 27 % de la production électrique continentale. Cette part est en constante progression et doit tendre vers les 42,5 % d’énergies renouvelables en 2030, objectif officiel de l’UE.

Au contraire, le charbon et le gaz connaissent une dynamique totalement opposée, avec 12 % de la production électrique européenne seulement. Sarah Brown est la directrice du programme Ember pour l’Europe. Celle-ci estime que « le secteur de l’électricité de l’UE est au cœur d’un changement monumental ». Elle juge même que c’est un système « centré sur l’énergie éolienne et solaire » qui est en train de naître sur le vieux continent.

Autre constat, le niveau faible de la production à base de charbon et de gaz, sujette à un « effondrement sans précédent ». Pour Sarah Brown, « le charbon est en train d’être éliminé » de la production européenne. Grâce au développement des renouvelables, elle pense même que « le gaz sera le prochain à entrer en phase terminale de déclin ».

Autant d’évolutions positives à l’heure où l’urgence environnementale n’a jamais aussi bien porté son nom. Un rapport de l’Organisation des Nations unies (ONU) de novembre 2023 révélait d’ailleurs que le réchauffement climatique pourrait être de l’ordre de +3 °C à la fin du siècle, du fait de :

  • la dépendance de nombreux pays aux combustibles fossiles, extrêmement polluants ;
  • la dynamique actuelle et globale des actions réalisées pour la préservation du climat, encore bien trop faible.

L’atteinte de telles températures en 2100 prendrait évidemment la forme d’une catastrophe écologique et humaine sans précédent. Rappelons que l’accord de Paris de 2015, signé par de nombreux États, visait à la limitation du réchauffement à 1,5 °C maximum à cette date. Le texte final adopté lors de la COP28 de Dubaï, en décembre 2023, se projette vers une « transition hors des énergies fossiles ». Force est de constater, dans ces prévisions plutôt inquiétantes, que l’Europe est heureusement déjà engagée dans cette voie.

Au sujet de l’essor de l’éolien européen, plusieurs États ont tiré leur épingle du jeu :

  • au Danemark, plus de la moitié de l’électricité nationale (58 %) est produite par les éoliennes ;
  • la plus forte production d’électricité éolienne est à mettre au crédit de l’Allemagne, avec 141 TWh pour 2023. C’est également le pays à avoir connu la plus importante progression dans ce domaine, devant la France et les Pays-Bas ;
  • quant à la Suède, il s’agit du pays d’Europe qui produit le plus d’énergie éolienne par habitant.

De nouvelles installations et des « conditions météorologiques favorables » qui expliquent les performances de l’éolien européen

La France est donc aussi l’un des États européens où le déploiement de l’éolien est particulièrement visible. En 2023, ce secteur a représenté :

  • 10,2 % de la production totale d’électricité dans l’Hexagone ;
  • une production de 50,7 TWh, battant ainsi, et de loin, le précédent record de 39,7 TWh établi en 2020.

Finalement, la production éolienne a augmenté de 31 % par rapport à 2022 dans notre pays. Selon un rapport de RTE, le Réseau de transport d’électricité national, ces résultats exceptionnels peuvent s’expliquer par différentes raisons :

  • d’abord, « des conditions météorologiques favorables ». Les vents soutenus qui ont soufflé sur la France ainsi que les tempêtes subies à l’automne ont permis aux capacités éoliennes d’atteindre « des niveaux inédits » ;
  • ensuite, le développement de l’éolien offshore sur les littoraux du pays.

La France ne compte pour l’instant qu’un seul parc éolien en mer en service, à Saint-Nazaire, en Loire-Atlantique. D’autres infrastructures vont néanmoins, d’ici peu, voir le jour et être raccordées au réseau. Fin novembre, Emmanuel Macron a même annoncé le lancement, en 2025, d’un grand appel d’offres sur l’éolien offshore dans l’Hexagone. Le but : installer 45 gigawatts (GW) de capacités à l’horizon 2050.

RTE a ainsi relevé que « l’éolien en mer a représenté 1,9 TWh sur l’année 2023, contre 0,6 TWh en 2022 ». En ajoutant à cette part l’éolien terrestre et le solaire, on arrive à un total de 72,2 TWh d’électricité renouvelable produite. Pour la deuxième année de suite, c’est plus que l’hydraulique (à 58,8 TWh), historiquement le principal secteur de production d’électricité verte nationale.

Malgré ces avancées, une réalité n’est pas à oublier. Au niveau du déploiement des renouvelables en France en 2023, le compte n’y est toujours pas, avec une progression en dessous des objectifs annoncés. Un rappel qui, comme l’avance Sarah Brown d’Ember, invite à ne pas « se reposer sur ses lauriers ». Avant d’atteindre une véritable neutralité carbone dans l’Hexagone et sur le continent européen, le travail à réaliser est encore gigantesque.

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