Le compteur Linky est-il dangereux ?

Lancé en 2015 par Enedis avec un objectif de déploiement dans 35 millions de foyers français d’ici 2021, le compteur électrique connecté Linky n’a depuis cessé de défrayer la chronique et de déclencher la polémique. Quels sont les dangers attribués au compteur Linky ? Qui sont les « anti-Linky » ? Choisir.com fait le point avec vous.

Compteur Linky dangereux

Compteur Linky : qu’est-ce que c’est ?

Le compteur Linky est un compteur électrique dit intelligent, communicant et connecté. Contrairement aux anciens compteurs électriques, il a la possibilité de transmettre les données de consommation des ménages directement à Enedis, le gestionnaire du réseau électrique français. Il peut également être paramétré à distance par Enedis.

Les bénéfices du compteur Linky communiqués par Enedis sont nombreux. Grâce à l’accès à leurs données de consommation, les particuliers sont désormais en mesure de mieux suivre leur consommation électrique, et donc de la réduire. Cette diminution de la consommation entraînerait une baisse du montant de leur facture d’électricité. Le déploiement du compteur communicant permet également d’éviter le déplacement de techniciens d’Enedis pour effectuer les relevés de compteur au domicile des consommateurs.

Linky serait également un compteur vert de par son impact écologique significatif, permis par une meilleure gestion de l’approvisionnement.

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Anti-Linky : qui sont-ils ?

Malgré ces avantages, un certain nombre d’acteurs se sont mobilisés dans la lutte contre le déploiement du compteur Linky.

Parmi les militants, on compte tout d’abord les usagers eux-mêmes. La lutte contre Linky a alors d’abord été menée à l’échelle individuelle au travers de refus d’installations de compteur. Les consommateurs se sont ensuite regroupés et organisés en collectifs, dans l’optique d’interpeller les pouvoirs publics. Parmi ces collectifs, on peut notamment mentionner les antennes municipales du collectif national Stop Linky.

Suite à une telle mobilisation, des acteurs institutionnels se sont alors eux aussi impliqués dans la lutte contre le compteur connecté d’Enedis. Des communes ont édicté des arrêtés municipaux afin d’interdire sa pose. De nombreux maires ont également publiquement pris position contre son déploiement. La Plateforme opérationnelle anti-Linky (POAL) revendique ainsi pas moins de 843 mairies militant contre l’installation des nouveaux compteurs en France. Parmi elles, d’importantes communes comme Montreuil, Bondy ou encore Aubervilliers et Juvisy-sur-Orge. Parmi les plus médiatisées, on retrouve également la mairie de Yerres, dans l’Essonne, qui mène une véritable guerre contre Linky en autorisant les policiers à intervenir à la demande des administrés lors d’une installation du compteur intelligent d’Enedis.

La France Insoumise a également joué un rôle clé dans la lutte contre le compteur communicant. Le 16 mai 2019, une proposition de loi a ainsi été déposée par les députés du mouvement politique, dans l’optique de « permettre aux consommateurs et aux maires de s’opposer à l’installation de compteurs électriques dits intelligents ».

Corinne Lepage, ancienne Ministre de l’Environnement d’Alain Juppé, a également déclaré être fermement opposée à la poursuite du déploiement du compteur intelligent d’Enedis.

Compteur Linky : un danger pour notre santé ?

Le compteur Linky serait nocif pour la santé des consommateurs car il produirait des ondes électromagnétiques qui seraient cancérigènes. Ces ondes rendraient impossible la vie des personnes électro-sensibles. Cela explique pourquoi des associations spécialisées dans la défense des électro-sensibles se sont impliquées de la sorte dans la lutte contre l’installation du compteur connecté d’Enedis.

La technologie CPL au cœur du fonctionnement de Linky

Pour vérifier si cette accusation est bien fondée, il faut s’intéresser à la technologie Courant porteur en ligne (CPL), qui est au cœur du fonctionnement de Linky. C’est grâce à cette technologie que le compteur Linky est capable de transmettre les données de consommation des usagers à Enedis.

La technologie CPL est utilisée depuis les années 1930. Son usage s’est étendu au cours des dernières années, suite à l’essor du sans-fil et des objets connectés. Elle est présente dans de nombreux appareils électroniques, comme les ordinateurs, les portes de garage, les imprimantes, ou encore les téléviseurs. Elle était également déjà utilisée par les compteurs électriques traditionnels pour envoyer le signal heures creuses.

Comment fonctionne cette technologie ? Elle permet la création d’un réseau informatique basé sur un réseau électrique déjà existant. Un signal à haute fréquence est superposé aux câbles électriques traditionnels d’une installation. C’est la propagation de ce signal qui permet la transmission de données à Enedis par le compteur Linky.

L’usage de la technologie CPL est souvent décrié car elle génère des ondes électromagnétiques. C’est néanmoins à la quantité d’ondes générées qu’il faut s’intéresser afin de déterminer si le compteur Linky induit réellement un risque sanitaire pour les usagers.

Le compteur Linky, moins dangereux qu’une plaque à induction

En 2017, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail publiait un avis formel : le compteur Linky n’est pas plus dangereux qu’un autre appareil électroménager classique.

La conclusion du rapport « Étude de l’exposition du public aux ondes radioélectriques » publié en octobre 2019 par l’Agence national des fréquences (ANFR) est sans équivoque. Selon cet organisme en charge du respect des limites d’exposition du public aux ondes, « la transmission des signaux CPL utilisés par le Linky ne conduit pas à une augmentation significative du niveau de champ électromagnétique ambiant ».

Les chiffres avancés par l’étude sont édifiants. Les niveaux de champ magnétique maximal mesurés à 20 cm des compteurs Linky varient entre 0,01 μT et 0,05 μT, soit entre 100 et 600 fois moins que la valeur limite réglementaire de 6,25 μT. À titre d’exemple, c’est près de 571 fois moins qu’une plaque à induction.

Les niveaux de champ électrique maximal mesurés à 20 cm des compteurs varient, eux, entre 0,25 et 1 V/m, soit entre 80 et 350 fois moins que la valeur limite réglementaire de 87 V/m. À titre comparatif, c’est 56 fois moins qu’une plaque induction, et équivalent à celui d’un téléviseur 19 pouces. C’est également équivalent à celui des anciens compteurs électriques.

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Compteur Linky : une atteinte à la vie privée ?

Selon ses détracteurs, le compteur intelligent d’Enedis constituerait également une menace pour les données personnelles des particuliers. En cause, son accès à la consommation électrique des ménages, qui permettrait de déduire les habitudes de vie des particuliers, comme leurs périodes d’absence, leur heure de lever, de coucher, ou encore le nombre de personnes vivant dans le foyer.

Christian Estrosi, maire de Nice, a ainsi défrayé la chronique en avril dernier, après avoir suggéré d’utiliser les données émises par le compteur Linky dans les résidences secondaires pour détecter d’éventuelles entorses au confinement. En décembre 2019, une association de consommateurs avait également publié un article décryptage dédié au compteur Linky intitulé « Big Brother débarque chez vous ».

Linky, un compteur trop curieux ?

En février 2020, la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) mettait en demeure Engie et EDF pour non-respect du Règlement général sur la protection des données (RGPD). Mais la CNIL reproche-t-elle au compteur Linky d’être trop curieux ? Pas vraiment. La mise en demeure porte ainsi sur certaines des conditions de recueil du consentement concernant les données collectées, et non pas sur les données collectées en elles-mêmes.

Le premier point épinglé par la CNIL est le recueil du consentement du consommateur pour deux opérations clairement distinctes et relatives à deux types de données différentes via une seule et même case à cocher. Cela constitue une infraction au RGPD, qui stipule que chaque type de données doit faire l’objet d’un consentement spécifique.

Le second point mis en avant par la CNIL est la conservation pendant 5 ans des données relatives à la consommation énergétique transmises à Enedis par Linky toutes les demi-heures. Le gestionnaire de réseau n’a ainsi besoin de les conserver que pendant 3 ans, durée pendant laquelle les fournisseurs d’énergie sont tenus de mettre à disposition des clients leur historique de consommation d’électricité.

Rappelons également que même si le consommateur ne peut pas refuser la pose du compteur, il dispose d’un accès direct à ses données personnelles. Sa courbe de charge, ainsi que les données transmises par son compteur numérique à Enedis sont ainsi disponibles à son espace personnel à tout moment. Il a également la capacité de réaliser des actions comme l’effacement de son historique, ou le refus de stockage de certaines données.

Les données transmises par le compteur Linky sont-elles en danger ?

Marie-Laure Denis, la Présidente de la CNIL, se veut rassurante quant à la sécurité des données transmises par le compteur Linky à Enedis. Elle rappelle l’implication de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) dans la conception du compteur intelligent d’Enedis. Elle souligne également que les données émises par les compteurs Linky qui circulent sur les réseaux publics sont chiffrées. Elles ne contiennent par ailleurs pas de données permettant d’identifier directement le client ou le foyer dont elles proviennent, comme le nom ou l’adresse.

Compteur Linky : un surcoût pour le consommateur ?

Le Baromètre Énergie Info 2019 du Médiateur national de l’énergie révèle que 77 % des Français pensent que leur compteur intelligent ne leur permettra pas de faire des économies. Pour certains d’entre eux, il serait même à l’origine d’une hausse de la consommation électrique.

Cet argument est très souvent avancé par les collectifs anti-Linky. Ils s’appuient notamment sur une étude menée aux Pays-Bas en 2017, qui épingle l’exactitude des relevés des compteurs intelligents. Cinq compteurs intelligents sur neuf affichaient ainsi des consommations jusqu’à six fois supérieures à la consommation réelle des foyers. Le compteur Linky ne faisait néanmoins pas partie des compteurs testés.

Les anti-Linky invoquent également des cas très médiatisés de particuliers qui auraient constaté une hausse drastique du montant de leur facture d’électricité. Par exemple un couple du Nord-Pas-de-Calais, dont la facture aurait été multipliée par 3,5, ou encore un habitant de Broons qui aurait constaté une multiplication par 6 de sa consommation facturée.

Compteur Linky : une hausse des factures d’électricité ?

Jean-François Finck, en charge de la communication du programme Linky chez Enedis, rappelle que « le Linky a exactement les mêmes caractéristiques de calcul que les anciens compteurs. Tous les compteurs doivent répondre à des normes de comptage précises et sont certifiés par des laboratoires de mesures indépendants. ». Il souligne également que l’installation du compteur Linky est entièrement gratuite pour le consommateur. Le déploiement du compteur Linky n’entraînerait donc aucun surcoût pour le particulier. Une affirmation confirmée le 28 septembre 2011 par Éric Besson. À l’époque Ministre chargé de l’industrie, de l’énergie et de l’économie numérique, il avait ainsi affirmé que le déploiement des compteurs communicants serait gratuit pour le consommateur.

Selon Enedis, l’un des avantages majeurs du compteur Linky serait même de faire des économies. Le compteur communicant permet ainsi aux usagers de bénéficier d’une facturation d’énergie au plus juste car adaptée à leur consommation réelle. Certains fournisseurs d’énergie ont même commercialisé des offres spéciales Linky, plus avantageuses pour le consommateur. C’est le cas de TotalEnergies, avec l’offre « Heures Super Creuses ».

Le Médiateur national de l’énergie s’étonne d’ailleurs des réponses dans son Baromètre Énergie. Il va jusqu’à affirmer dans son rapport annuel 2019 que « les compteurs intelligents constituent une pièce essentielle de la maîtrise de l’énergie. Linky rétablit la vérité des consommations ».

Les hausses de facture d’électricité de certains consommateurs s’expliqueraient alors uniquement par des dysfonctionnements de leur ancien compteur, ou par des contrats inadaptés à la consommation réelle des foyers, qui serait supérieure à la consommation souscrite.

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Sur le long terme, le déploiement de Linky est financé par les consommateurs

Dans son rapport public annuel 2018, la Cour des comptes qualifie la mise en service du compteur Linky de « dispositif coûteux pour le consommateur mais avantageux pour Enedis ». Comment expliquer cette affirmation ?

Le coût de déploiement des compteurs communicants est estimé à 5,7 milliards d’euros, soit 130 euros par compteur. Pour éviter que cette somme ne soit répercutée brutalement sur les factures d’électricité, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a imposé la mise en place d’un différé tarifaire. Ce différé s’appliquera jusqu’à la fin du déploiement des compteurs verts d’Enedis, en 2021. Selon la Cour des comptes, l’objectif de ce différé tarifaire est de « prendre en compte, pour la détermination du tarif de l’électricité au consommateur, le financement de l’investissement seulement lorsque Enedis sera en mesure de réaliser les gains attendus, c’est-à-dire lorsque 90 % des compteurs Linky seront posés. ».

On peut considérer ce différé tarifaire comme une avance faite par Enedis aux consommateurs. Ces derniers commenceraient à « rembourser » cette avance à partir de 2021, au travers d’une augmentation du Tarif d’utilisation du réseau public d’électricité (TURPE), d’où proviennent la quasi-totalité des ressources d’Enedis.

Cette augmentation se traduirait par une hausse des factures d’électricité des consommateurs de 15 euros par an, pendant 10 ans. À l’inverse, Enedis réaliserait une marge d’environ 500 millions d’euros. Une marge qu’ils justifient par « la prise d’un véritable risque industriel » selon les propos de Bernard Lassus, le directeur du programme Linky chez Enedis.

Compteur Linky : une menace pour le domicile des consommateurs ?

L’une des rumeurs les plus répandues au sujet des nouveaux compteurs d’Enedis est qu’ils provoquent des incendies. De nombreux articles de presse et publications sur les réseaux sociaux font ainsi état de compteurs ayant spontanément pris feu ou explosé, vidéos à l’appui.

Enedis tient à rassurer les consommateurs. Le gestionnaire de réseau affirme ainsi qu’« après 20 millions de compteurs posés, aucune expertise n’a mis en cause le compteur Linky ». Ces incendies sont ainsi bien souvent liés à un court-circuit du compteur, et ne peuvent être imputés au compteur intelligent d’Enedis.

Ils peuvent également être liés à une mauvaise pose du compteur. Enedis se veut également rassurant sur ce point, en affirmant qu’une « sensibilisation particulière est réalisée lors de la formation des techniciens ».

Certains consommateurs affirment également que leur compteur Linky occasionnerait de multiples pannes au sein de leur domicile. Il est vrai qu’il est plus sensible que les anciens compteurs aux pics de surconsommation dans les foyers. S’il mobilise plus souvent le disjoncteur, il ne fragilise pour autant pas les autres appareils électriques du foyer.

Quel bilan pour les actions anti-Linky ?

Peu d’actions de lutte contre le nouveau compteur d’Enedis ont pour le moment obtenu gain de cause auprès de la justice.

Les arrêtés municipaux des mairies opposées à l’installation du compteur intelligent sont ainsi bien souvent invalidés par les préfectures. La commune est ainsi propriétaire uniquement des réseaux d’électricité. Les compteurs restent alors la propriété d’Enedis. Le 23 avril 2019, le tribunal administratif de Rennes a ainsi suspendu un arrêté pris par le maire de Bovel en mentionnant que les communes n’étaient pas compétentes pour statuer sur la pose des compteurs électriques. Le 11 juillet 2019, le Conseil d’État a également rejeté le recours de la commune de Cast qui souhaitait instaurer un moratoire sur l’installation des compteurs Linky, pour des raisons de santé.

En ce qui concerne les particuliers, les décisions judiciaires sont rendues au cas par cas, mais souvent peu fructueuses. En juillet 2019, le Tribunal de Tours a ainsi demandé le retrait de compteurs Linky chez 13 particuliers seulement, sur 121 référés anti-Linky, en invoquant des raisons médicales. Enedis a également été condamné par la cour d’appel de Grenoble pour avoir voulu installer un compteur Linky chez une cliente électro-sensible.

Rappelons ici néanmoins que l’installation du compteur Linky est obligatoire. L’article 29 de la loi de transition énergétique du 17 août 2015 mentionne ainsi que les usagers des réseaux électriques doivent « permettre aux opérateurs des distributeurs de gaz naturel et d’électricité et aux opérateurs des sociétés agissant pour leur compte d’accéder aux ouvrages relatifs à la distribution de gaz naturel et d’électricité ».

En cas de problème avec votre compteur Linky, vous pouvez contacter directement Enedis. Il vous suffit de composer le 09 72 67 50, et d’y ajouter votre numéro de département.

Vous pouvez également joindre des conseillers d’Enedis via le 0 800 054 659.

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