La grande distribution en désaccord avec la loi sur les renouvelables

D’ici 2028, les parkings des centres commerciaux et autres commerces devront installer des panneaux photovoltaïques en ombrière sur leurs parkings. C’est l’une des mesures phares décidées par la loi sur les énergies renouvelables adoptée en 2023. Sauf que la grande distribution s’élève aujourd’hui contre les délais prévus, jugés « trop courts ». Leur souhait : obtenir un report du calendrier « de 2 ans minimum ».

parking solaire

Installation de panneaux photovoltaïques d’ici 2028 sur les parkings de la grande distribution : un calendrier « totalement inadapté »

Adoptée en février 2023, la loi sur les énergies renouvelables ne convainc pas les acteurs de la grande distribution. Officiellement loi relative à l’accélération de la production d’énergies renouvelables (APER), l’une de ses mesures vise en effet les centres commerciaux et autres grands commerces. Ces derniers devront ainsi installer d’ici 2028 des panneaux photovoltaïques sur leurs parkings, afin d’apporter leur contribution à l’indispensable transition écologique à réaliser.

Toutefois, mi-avril dernier, les représentants du secteur se sont élevés contre cette obligation. Trois organismes se sont unis pour rédiger un communiqué commun s’opposant contre des délais vus comme « trop courts » et un calendrier « totalement inadapté ». Sont ainsi concernés :

  • la Perifem, association regroupant les acteurs principaux de la distribution française. On y retrouve par exemple Carrefour, Décathlon, Ikea, Picard, Intermarché, E. Leclerc et autres ;
  • la FCD, Fédération de la consommation et de la distribution. Il s’agit de l’association professionnelle des supermarchés ;
  • la FACT, Fédération des acteurs du commerce dans les territoires, composée de bailleurs et investisseurs en immobilier de commerce.

Quelles raisons expliquent cette prise de position allant à l’encontre du déploiement rapide des énergies renouvelables (EnR) en France ? Il y en a en fait plusieurs. D’abord, les trois organismes regrettent que « plus d’un an après la publication de la loi APER, l’ensemble des décrets d’application ne sont toujours pas parus ».

L’autre problème de taille pointé du doigt porte ensuite sur la production. La grande distribution note que « les toutes premières productions [de panneaux photovoltaïques provenant d’usines françaises] sont estimées au plus tôt pour 2025 ». En mai 2023, Emmanuel Macron avait bien annoncé les axes importants du projet de loi industrie verte. Ce dernier doit permettre à la France de se réindustrialiser en augmentant ses capacités de production tout en trouvant des solutions à l’urgence climatique. Le but : assurer sa souveraineté énergétique comme la réalisation efficace de sa transition verte.

Toutefois, pour les acteurs de la distribution tricolore, on compte « 21 000 magasins et centres commerciaux concernés par l’obligation légale d’installer des panneaux photovoltaïques sur leurs parkings ». En conséquence, face à cette production qui tarde, comment sera-t-il possible de « couvrir 70 millions de mètres carrés de parkings au plus tard en 2028 » ? Voilà l’interrogation posée.

Autre souhait : revenir à « une définition de la surface à couvrir comprenant seulement la moitié des places de parking ». Le but des trois organismes est de retirer les allées de circulation des espaces à équiper. L’argument évoqué pour justifier cette demande est de « ne pas figer la surface foncière des parkings des commerces français pour plus de 20 ans ». Dernière inquiétude exprimée : que cette obligation ne se fasse au détriment de « la végétation existante ».

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La volonté de la grande distribution : reporter « de 2 ans minimum » l’obligation d’installation des panneaux photovoltaïques sur les parkings

Les lenteurs administratives françaises dans le lancement et la concrétisation de projets d’aménagements sont malheureusement célèbres. Ainsi, de ce point de vue, il est possible de comprendre les réserves de la grande surface. Développer et accélérer la décarbonation de l’économie, oui. Mais fixer des objectifs de date et de déploiement sans attribuer les moyens nécessaires pour cela, cela semble effectivement compliqué.

Le but premier de la loi sur les énergies renouvelables est justement de simplifier et d’accélérer ce mouvement vert essentiel pour l’avenir. Dans cette optique, il prévoit trois différents leviers :

  1. l’allègement des procédures administratives, ce qui doit permettre de réduire la durée d’attente avant la réalisation concrète d’un projet validé ;
  2. l’amélioration de l’acceptabilité locale des aménagements prévus. Certaines associations ou acteurs s’élèvent en effet régulièrement contre des projets d’éoliennes ou de fermes solaires. La raison souvent avancée : l’impact négatif de ces infrastructures sur le paysage et le patrimoine naturel ;
  3. l’accélération du développement de l’énergie solaire comme de l’éolien offshore. La volonté du gouvernement français d’ici 2050 est ainsi de :

Cette loi doit être le levier français permettant à notre pays de respecter les objectifs européens de neutralité carbone pour la moitié du siècle. Sur ce chemin, les émissions de CO2 devront avoir baissé de 90 % en Europe d’ici 2040. Le défi est de taille, surtout pour la France dont le rythme de déploiement des renouvelables n’est toujours pas suffisant. De plus, la décarbonation de l’industrie française devrait aussi être plus lente que prévu.

La réussite de la loi sur les EnR est donc essentielle. Néanmoins, dès l’année passée, la grande distribution soulignait déjà qu’elle aurait d’importantes conséquences financières pour les commerces. Selon le Perifem, l’installation et le fonctionnement des panneaux photovoltaïques pèseront pour 2 milliards d’euros par an sur le budget du secteur. Avec une crainte : que ce poids financier énorme plonge les plus petits d’entre eux dans de fatales difficultés.

En conséquence, la fédération avait demandé la mise en place d’aides, telles que :

  • « des mesures d’incitation », comme de l’aide à l’emprunt ;
  • « un dispositif de suramortissement » ;
  • l’utilisation de « certificats d’économie d’énergie ».

Cette fois-ci, face aux délais qu’elle estime trop serrés pour installer les toitures solaires d’ici 2028, la volonté de la grande distribution est simple. Sa proposition pour lui permettre de s’équiper « dans des conditions économiques raisonnables et responsables » ? Elle est tout bonnement « d’étendre la durée d’installation […] de deux ans au minimum ». Du côté du gouvernement, aucune déclaration ne laisse pour l’instant penser qu’un report du calendrier est envisageable.

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