Électricité : la France première exportatrice d’Europe en 2023

publié le 14/08/2023 à 16h00 | mis à jour le 14/08/2023 à 16h00 | par Johann Sonneck

Une bonne nouvelle après une année 2022 catastrophique pour la production électrique française

C’est une nouvelle récente qui fait du bien : la France est officiellement redevenue, entre janvier et juin 2023, la première nation européenne exportatrice nette d’électricité.

Il faut dire que 2022 avait été une année noire pour la production électrique française qui avait connu une très forte baisse. Cette production n’avait pas été aussi faible depuis 1992, de 23 % inférieure à celle de 2021 d’après certaines sources. Les causes d’un tel bilan avaient été multiples :

• d’abord, le recul de la production hydraulique, provoqué par le réchauffement climatique et le manque de précipitations. Cette dernière avait même chuté de 20 % par rapport à la moyenne des années 2014-2019 ;
• ensuite (et surtout), les arrêts à répétition de nombreux réacteurs nucléaires l’an passé, alors que l’énergie nucléaire est le pilier du mix énergétique du pays. Preuve de l’importance de ces dysfonctionnements en série : à la fin août 2022, plus de la moitié du parc atomique français était hors service !

Cette situation problématique avait été l’un des facteurs du déclenchement de la gravissime crise énergétique subie par les ménages et les entreprises françaises. Autre conséquence : le fait que la France ait cessé d’être exportatrice nette d’électricité. Au contraire, face à cette production en berne, elle s’est même vue contrainte d’importer et de faire appel à l’aide de ses voisins. Une première depuis 40 ans !

Au final, l’année 2022 s’était finie sur un solde négatif de plus de 16 térawattheures (TWh). Pour EDF, elle fut synonyme de pertes annuelles record, à plus de 17,9 milliards d’euros. Un bilan catastrophique qui avait provoqué, en avril dernier, un gel des embauches de la part de l’énergéticien.

Sur le premier semestre 2023, la France est redevenue leader des exportations nettes d’électricité en Europe

On savait déjà, depuis janvier 2023, que la France était enfin de nouveau exportatrice nette d’électricité, alors que l’état du parc nucléaire national restait encore incertain. Force est de constater que la situation a continué à évoluer dans le bon sens depuis.

Un rapport du cabinet d’analyse EnAppSys, plateforme du groupe Montel, spécialiste norvégien de l’énergie, a pu le constater. Lors du premier semestre 2023, la France a repris sa place de leader européen des exportations nettes d’électricité. De janvier à juin, ces exportations :

• ont représenté un total de 17,6 TWh ;
• ont été principalement réalisées à destination de la Grande-Bretagne et de l’Italie.

Depuis le début de l’année, la « disponibilité accrue des actifs nucléaires du pays » a permis la hausse des exportations électriques françaises. Voilà ce qu’avance Jean-Paul Harreman, directeur d’EnAppSys. Selon ce dernier, la meilleure santé du parc atomique français est la principale raison expliquant ce revirement positif. « Bien que la disponibilité soit encore inférieure de 10 à 15 % à la normale, précise-t-il, l’augmentation de 5 à 10 gigawatts (GW) par rapport à l’année dernière a contribué à faire basculer la balance énergétique française vers l’exportation ».

D’autres raisons ont participé au fait que la France redevienne le premier pays exportateur net d’électricité européen, telles que :

• la reprise de la production hydraulique. À titre d’exemple, lors de la première semaine d’août 2023, sa part dans le mix énergétique national s’est élevée à 10,19 % ;
• le bon niveau de la production d’énergie éolienne. Les éoliennes ont énormément produit en raison de vents forts en France. Les prix de vente minimums garantis aux opérateurs leur ont donné la possibilité de continuer à produire sans crainte. Cette production a même été si importante qu’elle a fait chuter les prix de marché de court terme à zéro en France ;
• le prix bas de l’électricité nationale, grâce à ce mécanisme. Ce tarif avantageux lui a permis de rendre son énergie électrique plus compétitive pour favoriser les exportations.

« Au fur et à mesure que la production moins chère est devenue disponible sur le marché français, elle a recommencé à exporter vers la Grande-Bretagne », a indiqué Jean-Paul Harreman. Pierre-Louis Brenac, associé énergie et industrie chez Sia Partners, un cabinet de conseil en stratégie et management, a complété cette analyse. Selon lui, « il y a des pays voisins dans lesquels le prix de l’électricité est un peu plus élevé qu’en France ». Cette différence de tarifs a logiquement été bénéfique à la France, boostant ses exportations.

La crise énergétique derrière la France ? Rien n’est moins sûr…

Lors du second semestre 2022, alors que notre pays faisait face à tant de difficultés, la Suède en avait profité pour devenir le premier exportateur européen d’électricité. À quoi ressemble désormais ce classement en haut duquel la France a retrouvé sa place ?

• Grâce à des exportations restées stables, c’est la Suède qui occupe la deuxième position, avec 14,6 TWh d’électricité exportée.
• L’Espagne complète le podium avec des exportations s’élevant à 8,8 TWh. Elle s’est emparée de cette troisième place aux dépens de l’Allemagne.

Le recul de notre voisin d’outre-Rhin s’explique par le fait que ses ventes à l’étranger soient passées, sur ce premier semestre 2023 :

• de 9,2 TWh ;
• à 0,6 TWh seulement.

La cause d’un tel effondrement : en avril 2023, l’Allemagne est officiellement sortie du nucléaire, en fermant ses derniers réacteurs encore en service. Sa volonté déclarée : se tourner massivement vers les énergies renouvelables.

Dans ce sens, Berlin a depuis intégré le groupe des « Amis du renouvelable ». Il s’agit d’un rassemblement d’États de l’Union européenne qui désire prioriser le développement des énergies vertes et s’opposer au nucléaire. Cela ne l’empêche pourtant pas de s’approvisionner chez ses voisins, dont la France, en électricité… d’origine nucléaire. Une double position contradictoire de la politique énergétique allemande que n’a pas manqué de critiquer le gouvernement tricolore.

Alors, ce retour de la France en tête des pays exportateurs nets d’électricité est-il le signe que la crise énergétique sera bientôt « de l’histoire ancienne ? ». Pas forcément.

Il est en fait important de ne pas se réjouir trop vite en pensant que la situation est revenue définitivement « à la normale ». Pourquoi ? Plusieurs raisons invitent à la prudence :

• la période estivale se caractérise généralement par une plus faible demande d’électricité, ce qui pourrait impacter cette dynamique exportatrice ;
• la consommation industrielle reste aussi en deçà des niveaux qu’elle atteignait avant la crise de la Covid ;
• EDF doit enfin terminer une nouvelle série d’examens de ses réacteurs, selon le nouveau plan de contrôle de ses centrales qu’elle avait lancé en mars 2023. Le but : s’assurer qu’aucun autre réacteur n’est touché par des problèmes de fissures et de corrosion sous contrainte, comme cela avait été découvert à Penly début mars.

Le résultat de cet examen approfondi du parc nucléaire national aura un impact sur une éventuelle baisse des prix de l’électricité, dont les tarifs à un an restent encore élevés sur le marché. Cette nouvelle donnée participera à déterminer le degré de difficultés auquel notre pays pourrait faire face pour l’hiver 2023-24.

Quoi qu’il se passe dans la suite de l’année 2023, n’oubliez pas une chose : chaque consommateur est libre de changer d’offre d’énergie lorsqu’il le souhaite. C’est votre cas ? Pour faciliter vos recherches et vos démarches, pensez à utiliser le Comparateur Électricité de Choisir.com. Simple d’accès et complet, cet outil pratique vous facilitera la vie pour souscrire un nouveau contrat parmi les propositions de nombreux fournisseurs du marché. Il vous permettra peut-être aussi de réaliser un choix utile vers de bénéfiques économies sur votre facture !