Électricité : les prix baissent… mais vos factures augmentent !
Si les prix baissent sur le marché de gros, on pourrait s’attendre à ce que la facture des consommateurs suive la même tendance. La logique a l’air implacable… sauf que ce n’est pas du tout ce qu’il se passe. Depuis plusieurs mois, les cours de l’électricité s’effondrent, ce qui n’empêche pas la hausse des factures des particuliers. Quelles raisons expliquent ce paradoxe ? Choisir.com vous répond.
Depuis la fin de la crise énergétique, des prix de l’électricité en chute libre
Le cours des prix de l’électricité sur le marché connaît ces derniers mois une baisse record. Cette nouvelle positive n’a cependant eu aucun impact sur les factures des consommateurs d’électricité en France, encore très élevées.
Pourtant, depuis la fin de la crise énergétique, la dégringolade est réellement impressionnante :
- au plus fort de la flambée des prix, en août 2022, son tarif était de 743 € le mégawattheure (MWh) ;
- en avril 2024, il était redescendu à moins de 5 € le MWh, avec une marque à 1,70 € en début du mois ;
- la chute est si marquée que des prix négatifs ont même été observés dernièrement.
Comment expliquer ce phénoménal plongeon ? Des mots du Médiateur national de l’énergie, il est dû à « une plus grande disponibilité des centrales nucléaires ». Il est vrai que les fermetures et l’indisponibilité prolongée de multiples sites atomiques français avaient été un facteur aggravant de la crise de l’énergie. Leur retour à un fonctionnement « normalisé » a donc permis de faire baisser les prix. Toutefois, la production électrique provenant des énergies renouvelables s’est également montrée performante, grâce à l’apport de :
- l’éolien, avec les vents puissants qui ont soufflé sur le territoire national. D’ailleurs, la production dans ce domaine a été si importante qu’au niveau européen, l’éolien a fourni plus d’électricité que le gaz en 2023 ;
- l’hydroélectricité, avec les pluies soutenues de fin de 2023 permettant aux barrages de tourner à plein régime ;
- l’énergie solaire.
Avec cette forte production électrique, la France a réalisé des exportations record d’électricité à la fin de l’année. Résultat : cet afflux d’offre a permis de faire baisser les cours.
Un dernier facteur a permis la régression des tarifs selon le Médiateur de l’énergie : « la baisse de la consommation en cette fin d’hiver ». La météo y a effectivement été douce et clémente. Grâce à ces conditions, et sans doute dans un souci de sobriété énergétique, cela a aussi eu un impact sur les prix. Par exemple, la consommation électrique a connu une chute comprise entre 7 % et 8 % en France fin 2023.
Êtes-vous sûr de ne pas payer votre électricité trop cher ?
faire une simulationDes factures qui restent très élevées, en contradiction totale avec le cours du marché
Avec un prix de marché si bas, quels facteurs peuvent expliquer ces factures toujours salées du côté des consommateurs ? Leur montant a été considérablement impacté par la hausse des tarifs de l’électricité de 8,6 % et 9,8 % le 1er février 2024.
Premier constat : cette progression des prix appliqués au client n’a donc rien à voir avec une nouvelle flambée des cours. Elle a en fait été provoquée par l’augmentation de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TICFE), décidée par l’État. Après la politique du « quoi qu’il en coûte », celui-ci est à la recherche de milliards pour équilibrer son budget. Il souhaite ainsi faire reprendre à cette taxe, désormais appelée accise sur l’électricité, son niveau d’avant crise :
- avant la flambée des prix de l’énergie, elle se fixait en effet à 32 € du MWh ;
- pour soutenir le pouvoir d’achat des Français et dans le cadre du bouclier tarifaire, elle avait été rabaissée à 1 € du MWh en 2022 ;
- en début d’année 2024, marquant la sortie de ce dispositif de soutien, elle a été relevée à 21 € du MWh. C’est donc cette revalorisation des taxes, et non le prix réel de l’électricité, qui a expliqué l’augmentation du mois de février dernier.
D’ailleurs, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire n’a jamais caché la possibilité que cette taxe retrouve dès 2025 son niveau d’avant-crise à 32 € du MWh… ce qui se traduirait par un nouveau bond des factures.
En attendant, celles-ci ont donc bien augmenté depuis le début de l’année. Interrogé par France Info, un habitant de Seine-Saint-Denis chauffé à l’électricité a indiqué que sa facture s’est élevée de 162 € sur les quatre premiers mois de l’année. Le tout en ayant, en plus, réduit sa consommation. D’après un porte-parole du Médiateur national de l’énergie, les factures des consommateurs d’électricité ont en fait explosé de 40 % en moyenne sur un an.
Une autre raison explique aussi cette différence entre prix de gros et factures. Le fait est que la chute actuelle des cours n’a pas encore été totalement appliquée sur les tarifs d’électricité. En effet, le tarif réglementé d’EDF est calculé à partir du prix de marché des deux dernières années écoulées. Par conséquent, il prend toujours en compte aujourd’hui les chiffres excessivement élevés de 2022, ce qui explique son niveau encore très haut actuellement. Pour les 61 % de ménages français qui possèdent ce type de contrat, il faudra donc patienter un peu pour que la baisse se répercute sur leurs factures.
Y a-t-il des solutions pour réduire le montant de ses factures d’électricité ?
Si vous ne souhaitez pas attendre, une solution reste malgré tout possible pour essayer d’alléger le poids de vos factures : vous tourner vers d’autres fournisseurs d’électricité. L’intérêt est que ces derniers « vont refléter, dans le prix de leurs offres, les prix de marché bas actuels ».
À la clé, la possibilité de payer parfois jusqu’à 20 % moins cher selon les fournisseurs. Pour les spécialistes du secteur, cet écart de prix est plutôt historique. Il n’avait jamais été si important depuis 2007 et la libéralisation du marché. Entre Tarif Bleu d’EDF ou offres à prix de marché, chaque contrat a ses avantages et ses inconvénients :
- en cas de fortes hausses de prix, le Tarif Bleu a un rôle protecteur pour ses clients puisque ses tarifs sont bloqués. Par contre, lors de baisse importante, il met du temps avant de redevenir compétitif ;
- les offres à prix de marché n’étant pas à prix fixes peuvent permettre d’alléger plus facilement le montant de ses factures quand les prix sont bas. Toutefois, elles ne protègent en rien contre la volatilité extrême du marché.
D’où cet indispensable conseil : toujours bien comparer les conditions contractuelles et tarifaires avant de vous engager. Dans ce but, l’utilisation du Comparateur Électricité de Choisir.com, outil complet et gratuit, est vivement recommandée. En n’oubliant pas deux critères de choix essentiels qui doivent peser dans votre balance :
- les avis clients ;
- le taux de litige.
En effet, des fournisseurs alternatifs d’électricité se retrouvent régulièrement dans le viseur de la CRE, la Commission de régulation de l’énergie. En 2023, trois fournisseurs (Chez Switch, Mint Energie, Elmy) avaient été la cible d’investigation. Début janvier 2024, Emmanuelle Wargon, présidente du régulateur, a ainsi affirmé vouloir s’attaquer à la « jungle » des fournisseurs électriques alternatifs. Avant de vous engager chez un quelconque opérateur, la vigilance doit donc être de mise.
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