Pétrole, le risque d’une surproduction d’ici 2030

La demande mondiale de pétrole devrait ralentir dans le futur alors que sa production continuerait à augmenter. Voilà la dynamique qui devrait provoquer un « excédent majeur » d’or noir sur la planète d’ici 2030, selon un rapport récent de l’Agence internationale de l’énergie. Une étude en guise d’alerte au regard de ce risque de surproduction de pétrole de plus en plus probable.

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L’AIE prévoit une chute de la demande mondiale de pétrole pour 2030

L’AIE, l’Agence internationale de l’énergie, vient de publier son rapport annuel sur le pétrole, intitulé « Pétrole 2024 – Analyse et prévision jusqu’en 2030 ». Celui-ci prend la forme d’un véritable avertissement, avec le constat d’un possible « excédent majeur » conduisant à une surproduction de pétrole à cette date.

En novembre 2023, l’Organisation des Nations unies (ONU) signait un autre rapport qui tirait le même signal d’alarme. Il dénonçait une production deux fois trop élevée des énergies fossiles en 2030. Dans son étude, l’AIE juge ainsi que, dans un premier temps, « la consommation de pétrole dans les années à venir » devrait croître. Cette hausse sera due à « la forte demande :

  • des économies asiatiques à croissance rapide » ;
  • des domaines de la pétrochimie ou encore de l’aviation.

Un constat basé sur les « politiques actuelles et [les] tendances du marché ». Cependant, l’AIE affirme aussi que « ces gains seront de plus en plus compensés » et que cette dynamique ne devrait pas durer. L’étude note en effet que la transition énergétique forme un mouvement véritablement en marche sur la planète, grâce à différents facteurs :

Ces changements et évolutions expliquent pourquoi, par la suite, « la croissance de la demande mondiale de pétrole devrait ralentir dans les années à venir », indique l’AIE. Selon son directeur exécutif, Fatih Birol, cette demande « devrait atteindre son maximum d’ici 2030 », avec :

  • un sommet à 105,6 millions de barils par jour (bpj) en 2029. Ce total représentera une hausse de presque 4 % par rapport à 2023 et ses 102 milliards de barils par jour ;
  • avant de commencer à décroître légèrement l’année suivante.

En septembre 2023, Fatih Birol signait déjà une tribune dans laquelle il annonçait un pic de la demande internationale des énergies fossiles d’ici 2030. C’est donc bien la direction vers laquelle le monde semble se diriger.

À noter que cet avis de l’AIE n’est absolument pas partagé par les pays producteurs de pétrole réunis dans l’OPEP. Dans un rapport d’avril 2024, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole s’est montrée au contraire optimiste quant à la consommation d’or noir, du fait :

  • de la « forte demande » que connaît actuellement le transport aérien ;
  • de la « bonne santé » du transport routier ;
  • des besoins, dans certains pays, des secteurs industriels et de la construction notamment.

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Le risque d’un « excédent majeur » de pétrole sur la planète à l’horizon 2030

Malgré ce pic de la demande prévu, l’Agence internationale de l’énergie fait remarquer que les projets d’extraction de pétrole devraient augmenter de manière sensible. L’un des acteurs principaux de cette production extrêmement élevée : les États-Unis, premiers producteurs mondiaux d’or noir, grâce notamment au très polluant pétrole de schiste. Fatih Birol s’attend même plus globalement à « une forte hausse de la production dans les Amériques ». Des projets doivent en effet également voir le jour au Canada, au Brésil et au Guyana par exemple.

L’AIE alerte ainsi sur le risque de « niveaux plus élevés que la demande mondiale » :

  • la consommation internationale de pétrole devrait ainsi se stabiliser pour ensuite atteindre un sommet n’excédant pas les 106 millions de bpj à la fin de la décennie ;
  • alors que la capacité d’approvisionnement pourrait atteindre « des niveaux jamais vus » et s’élever, d’après les calculs effectués, à 114 millions de barils.

De plus, dès 2025, la production et l’approvisionnement mondial de pétrole devraient surpasser la demande. Conséquence : un possible excédent vu comme « stupéfiant » de 8 millions bpj, ce qui impacterait forcément les marchés. L’agence conseille d’ailleurs à ces derniers de se préparer à une telle situation qui pourrait avoir un impact considérable sur les tarifs. En effet, cet « excédent majeur » pourrait « ouvrir la voie à un prix du pétrole plus bas ». Autre recommandation réalisée par Fatih Birol, cette fois-ci adressée aux compagnies pétrolières. Celui-ci les a invitées à « s’assurer que leurs stratégies et leurs plans d’entreprise [soient] préparés aux changements en cours ».

Une dynamique qui n’est finalement que peu étonnante au regard de l’attitude des acteurs des énergies fossiles

Finalement, cette probable surproduction fossile ne peut être qu’une demi-surprise par rapport au contexte dans lequel le monde évolue depuis plusieurs mois :

Un autre exemple prouve que les intérêts financiers l’emportent malheureusement trop sur l’impact environnemental et humain. Chevron, ConocoPhillips et ExxonMobil sont quelques-uns des plus grands groupes américains des hydrocarbures. En 2023, ils ont dépensé des dizaines de milliards de dollars dans un seul but : racheter plusieurs de leurs concurrents et pouvoir forer encore davantage.

Pour garder la possibilité de respecter l’accord de Paris de 2015, visant une limitation du réchauffement climatique à +1,5 °C, le rappel de l’AIE est clair. Il faut stopper tout nouveau projet d’extraction de pétrole sur la planète. Une demande à laquelle ne semblent pas près d’accéder les grands acteurs du secteur. Au regard des dynamiques actuelles et d’après l’ONU, la hausse des températures pourrait être de l’ordre de +3 °C à la fin du siècle.

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