Gaz : des prix élevés jusqu’en 2027, d’après Engie
Après la crise énergétique majeure qui a gravement impacté le budget de millions de Français, 2023 est synonyme de (légère) accalmie. Mais celle-ci n’est-elle que de courte durée ? Dans des estimations rendues publiques le 4 juillet 2023, l’entreprise française Engie a livré son analyse. Le fournisseur de gaz explique pourquoi, après la flambée des prix de 2022, les cours sont aujourd’hui de nouveau à la baisse. Toutefois, il avance aussi que, dès 2024, les tarifs du gaz se maintiendront sur « un haut plateau » jusqu’en 2027. Quels sont les arguments avancés pour de telles prévisions ? Quels facteurs pourraient effectivement faire flamber les prix à nouveau ? Avec quelles conséquences pour les consommateurs ? Choisir.com vous donne tous les éléments de réponse.
Après la flambée énergétique, des prix du gaz en baisse en 2023…
2022 a été l’année du déclenchement d’une grave crise énergétique pour la France et l’Europe, avec une énorme flambée des prix du gaz et de l’électricité. Beaucoup pensent peut-être que cette période tendue et délicate est désormais derrière nous. Les tarifs énergétiques européens baissent effectivement depuis début 2023, même si cette chute se répercute encore peu sur le montant des factures des clients.
Cette chute des cours de l’énergie est la première constatation réalisée par Engie le mardi 4 juillet dernier. Au cours d’une conférence de presse, le fournisseur historique français de gaz y annonçait ses prévisions des prix pour les prochaines années. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’Engie, qui a connu en 2022 des résultats en forte hausse, ne s’est pas montré très optimiste.
Pourtant, il a d’abord confirmé que les cours énergétiques actuels devraient rester calmes jusqu’à la fin de l’année. Plusieurs facteurs expliquent d’ailleurs cette tendance à la baisse.
De bons niveaux de stockage
Les niveaux de stockage de gaz des pays européens sont encore très bons. L’hiver 2022-23 très doux que nous avons connu explique, en partie, que ces stocks n’aient été que peu entamés.
Il faut dire aussi que, face au risque de pénurie pour l’hiver, l’Europe n’a pas lésiné sur les moyens en 2022. Pour remplacer les 2 milliards de mètres cubes de gaz naturel qu’elle importait de Russie avant l’invasion de l’Ukraine (février 2022), les Européens ont cherché d’autres débouchés. Le continent s’est alors massivement tourné vers le gaz naturel liquéfié (GNL), acheminé des quatre coins de la planète.
Engie précise qu’« on n’a jamais importé autant de GNL en Europe qu’en 2022. En France, on a quasiment doublé les importations ! Et on reste sur un très bon niveau en 2023 ». C’est une réalité : l’Europe a fait exploser ses importations de GNL en 2022. Celles-ci se sont élevées à environ 150 térawattheures (TWh) en juin dernier. Ce niveau a atteint des sommets semblables pour juin 2023.
Conséquences de ces livraisons records et de l’hiver doux, les réserves de GNL sont encore remplies à 68 % aujourd’hui. Cela représente « 27 milliards de mètres cubes de plus qu’à la même période l’an dernier ». Voilà ce qu’a fait observer Rystad Energy, une société indépendante de recherche énergétique. Ces stocks élevés, mécaniquement, font baisser les cours. Par exemple, le mégawattheure (MWh) de GNL est passé :
- de 340 € en août 2022 ;
- à 35 € aujourd’hui !
Une demande en énergie moins forte
Deuxième élément expliquant la baisse des cours des prix de l’énergie en 2023 : la chute de la demande énergétique au niveau européen.
Il s’agit d’une dynamique nouvelle, née d’une double évolution :
- la peur de manquer lors des moments les plus tendus de l’hiver dernier ;
- la prise de conscience du dérèglement climatique ainsi que de la nécessaire transition écologique à mener.
Depuis décembre 2022, l’idée de sobriété énergétique s’est ainsi développée et imposée en France comme en Europe. Pour tenir les engagements climatiques et de réduction des émissions de CO2, la baisse durable de la consommation est une nécessité absolue touchant tous les secteurs. Ainsi, la consommation de gaz de l’industrie européenne est actuellement sous la moyenne des dernières années. Cette pratique de la sobriété énergétique a, logiquement, aussi un impact sur les prix des énergies, les faisant diminuer.
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faire une simulation… mais qui devraient rapidement se stabiliser à un niveau élevé jusqu’en 2027
Les prévisions présentées le 4 juillet par Engie ont été réalisées grâce à son outil d’analyse « EnergyScan ». Elles ont été réalisées sur la base des données du marché néerlandais, le TTF (Title Transfer Facility) qui est une référence continentale. Celui-ci concerne le marché de gros, où les détaillants s’approvisionnent au jour le jour.
Les projections d’Engie ne sont guère réjouissantes. Ces dernières indiquent que la tendance à la baisse des prix de l’énergie ne devrait perdurer que jusqu’à la fin de l’hiver 2023-24. Au-delà, les prix du gaz devraient se maintenir sur ce qui reste un « haut plateau » jusqu’en 2027.
Ainsi, Engie estime que les tarifs du MWh pourraient s’établir entre 50 et 60 € jusqu’en 2026-2027. Si, en 2022, la moyenne des prix du MWh avait culminé à plus de 120 €, il n’en reste pas moins que :
- sur le TTF, le gaz était vendu en moyenne moins de 20 € avant 2020 ;
- ce tarif représente un niveau plus de deux fois supérieur au prix moyen de la période 2015-2020.
Engie juge qu’une baisse des cours devrait pouvoir s’initier à partir de 2026, mais qu’elle serait sans doute « limitée ». Ainsi, l’énergéticien indique qu’une réelle chute significative et durable ne devrait donc intervenir qu’à compter de 2027.
Pour quelles raisons doit-on s’attendre à une telle hausse ? Pour Engie, les importations massives de GNL par l’Europe en 2022 ont créé un bouleversement structurel du marché, qui devient instable. Étant mondialisé, ce marché du GNL est « exposé à plus de volatilité en termes de prix d’approvisionnement » que celui sur pipeline, avance le groupe. La logique est effectivement implacable :
- la livraison par pipeline, comme cela fonctionnait avec la Russie avant la guerre en Ukraine, assure que le gaz ne sera pas dirigé vers un autre acheteur plus offrant ;
- cependant, une cargaison exportée par voie maritime, en cas de meilleure offre, peut prendre la direction de n’importe quel port du monde.
La concurrence avec d’autres régions et pays, comme la Chine, pourrait donc être féroce à l’avenir et entraîner une hausse des prix. « S’il y a une reprise très forte des importations de GNL, on va de nouveau entrer dans une phase de compétition assez tendue entre l’Europe et l’Asie ». Voilà ce qu’a indiqué mardi 4 juillet Laurent Néry, directeur des analyses de marché chez Engie GEMS (Global Energy Management and Sale), du groupe Engie.
Le continent asiatique, avec les deux monstres démographiques et économiques que sont l’Inde et la Chine, représente deux tiers du marché du GNL. Dès lors, même une variation minime de cette part de marché « aurait forcément un impact important sur l’Europe » et les prix.
Dans ce contexte, c’est l’incertitude qui prédomine aujourd’hui, au niveau de la demande comme de la sobriété énergétique. « Sur le sujet, on marche sur des œufs ; on n’a pas de boule de cristal pour voir comment les consommateurs peuvent évoluer », indique Engie. Malgré tout, le groupe ne mise pas sur l’installation d’une sobriété énergétique structurelle en Europe. La consommation et les besoins augmenteront-ils de nouveau en 2024, une fois les stocks utilisés pour l’hiver ? Dans tous les cas, il y aura « besoin de capacités additionnelles de production de GNL pour remplacer le gaz russe ». Dans l’immédiat, il n’y en a pas.
Engie précise alors qu’« en 2027, les nouvelles capacités qui vont arriver, notamment au Qatar et aux États-Unis, vont permettre au marché de se rééquilibrer et d’entamer à nouveau une tendance baissière des prix ». Il faudrait donc devoir attendre cette date pour que le consommateur puisse en bénéficier…
Et pour l’électricité ?
Les projections d’Engie annoncées le 4 juillet dernier abordent également le cas du prix de l’électricité. Pour cette autre énergie, pas de surprise. Ses tarifs « devraient se maintenir sur un plateau élevé » en France entre 2023 et 2025 au moins. Ainsi, le MWh acheté pour le lendemain pourrait, sur les bourses d’échanges, ne pas baisser sous les 100 € d’ici 2027. Rappelons que c’est :
- moins que le record de 2022, avec un sommet à plus de 250 € dans l’Hexagone ;
- bien plus que les niveaux d’avant-crise qui tournaient autour de 40 à 50 € le MWh.
Quelles sont les causes entraînant ces prix si élevés ?
- premièrement, la faible production d’électricité nucléaire. Celle-ci a été provoquée par l’arrêt de nombreux réacteurs dû en partie à des problèmes de fissure et de corrosion sous contrainte qui continuent en 2023 ;
- deuxièmement, à la hausse du prix des énergies fossiles, comme le gaz, utilisé pour générer du courant.
Sans oublier que, du fait de cette utilisation du gaz pour produire de l’électricité dans certaines centrales, les tarifs de ces deux énergies sont corrélés. Certains voudraient justement séparer les prix de l’électricité de ceux du gaz.
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