Prix de l’électricité : la promesse d’une baisse de 10 % à 15 %

Voilà un engagement qui a de quoi interpeller. Début juin, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a effectivement promis une diminution des factures d’électricité « de 10 % à 15 % » dès février 2025. Des propos ensuite confirmés par le Premier ministre Gabriel Attal. Dans le contexte d’une cuisante défaite du parti présidentiel aux élections européennes et de futures législatives à haut risque, ces annonces sont-elles crédibles ? Après plusieurs hausses successives, une baisse des prix de l’électricité est-elle vraiment possible ? Choisir.com vous répond.

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Le gouvernement s’engage à une réduction « de 10 % à 15 % » des factures d’électricité « dès l’hiver prochain »

Deux jours après les résultats des élections européennes qui ont ébranlé le pays et le parti présidentiel, Bruno Le Maire a réalisé une annonce qui n’est pas passée inaperçue. Le 11 juin, le ministre de l’Économie et des Finances a indiqué que le prix de l’électricité baissera de 10 % à 15 % dès février 2025. Et ce, pour « tous les Français ». « C’est l’engagement que je prends ce matin », a-t-il clamé, présent sur le plateau de BFMTV.

Pour Bruno Le Maire, cette diminution des factures est possible pour différentes raisons :

La promesse du ministre a ensuite été confirmée par le Premier ministre, Gabriel Attal. Celui-ci a même parlé d’une baisse de 15 % « dès l’hiver prochain », synonyme d’une facture pesant jusqu’à « 200 € de moins ». Levier rendant possible cette diminution selon le locataire de Matignon : « la réforme du marché européen de l’électricité que nous avons obtenue ».

Toutefois, cette prise de position gouvernementale en faveur de la réduction des factures et de la hausse du pouvoir d’achat a une autre origine. Elle se comprend en effet aussi (et surtout) dans une logique d’opposition au Rassemblement national (RN).

Aux yeux de Bruno Le Maire, les dirigeants du parti d’extrême droite « ne croient pas dans les énergies renouvelables ». Ainsi, Marine Le Pen et Jordan Bardella voudraient :

  • que les Français restent « dans les mains des producteurs » d’énergies fossiles, telles que le gaz ou le pétrole ;
  • mettre « pieds et poings liés » la France à la merci « des pays du Golfe et de la Russie ».

Avec un risque de taille d’après lui : exposer « le pouvoir d’achat des Français à une flambée des prix dans les années qui viennent ». De ce fait, le ministre assure que « contrairement au Rassemblement national », l’exécutif croit fermement à « l’indépendance de la France ». Il a donc répété que leur majorité « s’engage pour le nucléaire, l’indépendance énergétique, le développement du renouvelable ». Avec une certitude, selon Bruno Le Maire, « à terme, les factures seront beaucoup moins chères pour les Français ».

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Un engagement qui n’est rien de plus qu’une promesse électorale ?

Les raisons de cette opposition marquée au parti présidé par Jordan Bardella ? Sa victoire écrasante lors des élections européennes, suivies par la dissolution de l’Assemblée nationale décidée par Emmanuel Macron, plaçant le RN aux portes du pouvoir.

Dès lors, quelle importance donner aux propos de Bruno Le Maire ? Ne s’agit-il là que de promesses électorales destinées à rallier le plus de voix possible au camp présidentiel ? Dans le même entretien, il en a profité pour égratigner Marine Le Pen. « Le nucléaire, [elle] a dit un temps que c’était dangereux, avant de changer d’avis. Elle change d’idée tous les 5 matins », a-t-il critiqué. Néanmoins, que penser du gouvernement actuel et de son ministre de l’Économie ? En effet, le contexte et l’évolution de la situation des prix de l’énergie posent la question de la cohérence comme de la sincérité de telles promesses.

Depuis un an, les tarifs électriques ne font que croître en France. Une dynamique marquée par deux hausses successives en 2023 :

  • de 15 % en février ;
  • puis de 10 % en août.

Depuis, les prix de l’électricité ont de nouveau augmenté de 8,6 % et de 9,8 % le 1er février dernier. Cause de cette décision qui a durement frappé le porte-monnaie des Français : la fin du bouclier tarifaire. Ce dispositif protecteur avait été mis en place pour contrer les effets de la crise énergétique en 2022.

En d’autres termes, ce n’est pas une nouvelle flambée des prix de gros de l’électricité qui a amené ce (énième) bond. Au contraire, celui-ci s’explique par l’élévation de l’accise sur l’électricité, décrétée par l’exécutif. Il s’agit d’une taxe, appelée auparavant taxe intérieure de consommation finale sur l’électricité (TICFE), intégrée au montant de la facture. Cette dernière est ainsi passée :

  • de 32 € par mégawattheure (MWh) avant la crise ;
  • à 1 € par MWh lors de la création du bouclier tarifaire ;
  • avant d’être ramenée à 21 € le MWh en février 2024, d’où la hausse des factures.

Au moment d’annoncer cette mesure, Bruno Le Maire s’était également montré très clair. Le ministre avait expliqué qu’en février 2025, « nous reviendrons à la situation qui était celle d’avant le bouclier tarifaire ». Soit une accise sur l’électricité à 32 €/MWh, revenant à officialiser d’une future nouvelle hausse des factures d’électricité.

Quelques mois après, face à la menace réelle de perdre le pouvoir, il deviendrait finalement concevable de baisser les factures d’électricité des Français ? Difficile de ne pas se demander si ce n’est là une manœuvre politicienne destinée à séduire le plus d’électeurs possibles.

La baisse des factures d’électricité est-elle véritablement envisageable ?

Le temps des campagnes électorales rime souvent avec promesses de la part des candidats. Pour autant, est-ce à dire que la diminution des factures d’électricité des Français est inenvisageable ? Pas vraiment.

En plus des arguments développés par Bruno Le Maire et Gabriel Attal, une autre raison pourrait rendre leur engagement réalisable par le gouvernement. La baisse des prix de gros de l’électricité sur les marchés a effectivement été régulière ces derniers mois. Elle devrait donc permettre la réduction des prix du tarif réglementé de vente de l’électricité (TRVE) ou tarif bleu d’EDF. En effet, depuis un an, la chute du montant des contrats d’achat d’électricité à terme est manifeste :

  • en janvier 2023, ils se négociaient autour de 146 € le MWh ;
  • en janvier 2024, ils s’étaient réduits à 90 € le MWh ;
  • pour janvier 2025, ils se négocient actuellement à 73 € le MWh.

De plus, le TRVE de 2025 sera calculé à partir des moyennes des prix de l’électricité des marchés de gros en 2023 et 2024. De ce fait, les pics extrêmes atteints lors de la flambée de 2022 ne seront plus pris en compte… Ce qui permettra de diminuer d’autant la note réglée par les consommateurs.

Julien Tchernia est le président du fournisseur énergétique Ekwateur. Selon lui, le prix du MWh hors taxe « devrait baisser d’environ 20 % en début d’année » 2025. Le tout, bien évidemment, « si les tendances actuelles du marché se poursuivent ». Autant dire que les annonces gouvernementales ont été habilement calculées. Une réduction de 10 % à 15 % en février 2025 permettrait de conserver une marge afin, malgré tout, d’augmenter l’accise sur l’électricité comme prévu initialement. Tant pis si la chute de la facture pourrait être encore plus importante pour les Français.

Avec ce chiffre à garder en tête. Depuis 2021 et malgré le bouclier tarifaire, le TRVE a bondi de 30 %. Autant dire que, pour les ménages, ce serait tout sauf un retour à la situation d’avant crise concernant le montant de leurs factures d’électricité.

Sans oublier que ces derniers doivent aussi supporter le poids de leurs factures de gaz qui vont également augmenter. Cette hausse est provoquée par l’augmentation de 11,7 % du prix repère du gaz (PRG) le 1er juillet prochain, calculé par la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Cette décision avait d’ailleurs fait l’objet de multiples critiques de la part du Rassemblement national. « Et ils feront comment pour entretenir les réseaux de gaz ? », leur a répondu Bruno Le Maire. L’augmentation du coût de ces réseaux est effectivement l’un des facteurs expliquant la progression du PRG. Elle s’explique par :

  • le vieillissement du réseau, qui nécessite un entretien logique ;
  • un nombre de consommateurs de gaz de moins en moins important.

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