Décorréler les prix de l’électricité de ceux du gaz, est-ce une bonne idée ?

Les prix de l’électricité sont actuellement liés à ceux du gaz. Ce mécanisme de corrélation se répercute in fine sur la facture des consommateurs pour qui le coût de l’énergie devient difficilement supportable. Fin août 2022, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a annoncé « une réforme structurelle » du marché énergétique européen. Cela passerait, entre autres mesures, par une décorrélation des prix de l’électricité de ceux du gaz. Cette réforme, soutenue par la France, est-elle vraiment une bonne idée ? Quelles conséquences positives et négatives pourrait-elle avoir ? Choisir.com tente de faire le point avec vous.

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Comprendre le marché de l’énergie en Europe et en France

Le marché de l’énergie en France et en Europe peut sembler bien complexe. Essayons de mieux comprendre son fonctionnement pour mieux saisir les questions qui se posent autour de la décorrélation des prix de l’électricité de ceux du gaz.

L’origine du marché commun de l’énergie en Europe

Le marché intérieur européen de l’énergie a été mis en place en 1951, à la suite du traité de Paris, aussi connu sous le nom de « traité instituant la Communauté européenne du charbon et de l’acier » (CECA). Signé par la France, la Belgique, l’Italie, le Luxembourg, les Pays-Bas et la République fédérale d’Allemagne (RFA), cet accord a donné lieu à la Conférence de Messine. À cette occasion, les ministres engagés ont affirmé que des mesures devaient être prises afin de « développer les échanges de gaz et de courant électrique propres à augmenter la rentabilité des investissements et à réduire le coût des fournitures ». Ils ont également affirmé qu’il fallait prendre des décisions « pour coordonner les perspectives communes de développement de la production et de la consommation d’énergie et pour dresser les lignes générales d’une politique d’ensemble ».

C’est ainsi qu’est né le marché européen de l’énergie qui regroupe ceux du gaz et de l’électricité. Depuis 1951, il a fortement évolué grâce à différentes directives instaurées par des « paquets législatifs ». En 1997, la directive 96/92/CE, se rapportant au « premier paquet énergie » a par exemple émis le souhait de libéraliser le marché de l’électricité en l’ouvrant à la concurrence.

Des entités ont par la suite été créées afin de veiller au bon fonctionnement du marché de l’énergie. C’est le cas par exemple de la CRE, la Commission de régulation de l’énergie qui a de nombreuses missions. Elle intervient par exemple dans la fixation des tarifs réglementés de l’électricité et du gaz en France. La CRE surveille également le prix du quota de CO2 sur le marché européen du carbone. Elle a aussi pour rôle de veiller à ce que la concurrence soit bien mise en œuvre sur le marché de la fourniture de l’énergie au sein du territoire français.

Au niveau européen, c’est l’ACER (Agence de coopération des régulateurs de l’énergie) qui veille à garantir le bon fonctionnement du marché de l’électricité et du gaz. Cette agence en fonction depuis 2011 a également pour rôle d’assister dans leurs actions les autorités nationales de régulation telles que la CRE en France.

Des pays électriquement interconnectés

La création d’un marché européen de l’électricité a permis aux pays membres d’échanger leur production de courant lorsque cela est nécessaire. Ces connexions se passent aux frontières. Elles permettent notamment de revendre le surplus d’énergie électrique obtenue ou d’en acheter lorsque la production territoriale ne répond pas à la demande.

Actuellement, la France est reliée à 6 autres territoires voisins à qui elle peut acheter du courant (import) ou le revendre (export). Elle peut ainsi échanger de l’électricité avec le Royaume-Uni, l’Espagne, l’Italie, l’Allemagne, la Belgique et la Suisse.

L’hexagone est historiquement un gros exportateur d’électricité nucléaire, en raison du nombre de réacteurs présents sur le territoire. Cela donne accès à un courant décarboné et à bas coût.

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L’échange de l’électricité grâce à différents contrats

La vente du courant généré par les centrales des producteurs a lieu sur le marché de gros de l’électricité. Les transactions peuvent avoir lieu :

  • sur une place boursière dédiée à l’électricité, comme l’Epex Spot ;
  • de gré à gré intermédié (c’est-à-dire avec l’intervention d’un courtier) ;
  • de gré à gré (directement entre le producteur et le fournisseur, sans l’intervention d’un intermédiaire).

Pour pouvoir acheter de l’électricité sur le marché de gros, producteurs et fournisseurs concluent des contrats qui peuvent être :

  • à terme : ils sont signés en amont pour une livraison de l’électricité dans les semaines ou les mois à venir (parfois années, mais rarement plus de 3 ans). Ces contrats bénéficient de prix négociés au moment de leur conclusion ;
  • spots ou au comptant (de court terme) : ils sont ponctuels et témoignent d’un besoin urgent en électricité. L’injection du courant sur le réseau de distribution a lieu à courte échéance, le jour même ou le lendemain. Ce caractère urgent contribue à des prix de l’électricité plus élevés que ceux précisés dans les contrats à terme.

Les fournisseurs revendront ensuite l’énergie à leurs clients consommateurs sur le marché de détail.

Et le gaz dans tout ça ?

Le gaz est lui aussi échangé sur des marchés de gros qui lui sont dédiés. Les ventes peuvent être faites au comptant (spot) ou à terme, comme pour l’électricité.

Depuis quelque temps, notamment en raison du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine, le marché du gaz est fortement perturbé, avec des prix qui s’envolent. Ces coûts ont plongé l’Europe et la France dans une importante crise énergétique qui démontre une fois de plus à quel point la dépendance aux énergies fossiles importées est forte.

À ce stade de l’article, vous vous demandez peut-être pourquoi les prix du gaz ont une influence sur le prix de l’électricité ? Nous y répondons dans le chapitre qui suit.

Pourquoi les prix du gaz et de l’électricité sont-ils liés ?

Décorréler les prix de l’électricité de ceux du gaz signifie que le mécanisme utilisé jusque là ne convient plus. Mais pourquoi existe-t-il une corrélation entre ces deux énergies ?

Assurer l’équilibre entre l’offre et la demande

Pour éviter les délestages électriques (coupures programmées) dus à une pénurie de courant, le gestionnaire RTE (Réseau de transport d’électricité) s’emploie en permanence à ajuster l’équilibre entre l’offre et la demande. Ce besoin s’explique par l’impossibilité de stocker en grandes quantités l’énergie électrique produite par les différents dispositifs existants sur le territoire.

En cas de déséquilibre, le Centre national d’exploitation du système (CNES) de RTE fait immédiatement appel aux liaisons transfrontalières afin d’injecter de l’électricité dans le réseau. Ainsi, les délestages peuvent être évités. Ce besoin urgent en courant induit des prix spot imprévisibles et souvent élevés.

Ici, le rapport avec le gaz s’explique par le fait que le courant envoyé dans le réseau français par les liaisons transfrontalières est souvent produit à l’aide de centrales thermiques à flammes (charbon, gaz naturel et/ou pétrole).

Le gaz en dernier recours

Le stockage de l’électricité étant extrêmement limité, la production de courant fonctionne à flux tendu, c’est-à-dire selon les prévisions de la demande (c’est RTE qui évalue cela). Les besoins en électricité sont en premier lieu assurés par les centrales nucléaires, hydroélectriques, solaires et éoliennes. Dès lors que les demandes s’équilibrent avec l’offre, les prix sont relativement faibles (si on les compare avec des tarifs forts). Mais lorsque les demandes sont plus élevées que prévu (lors de pics de consommation ou quand les sites nucléaires sont en maintenance, par exemple), il est nécessaire de mobiliser d’autres moyens de production électrique. On fait pour cela souvent appel aux centrales à gaz qui peuvent être rallumées plus rapidement qu’un réacteur nucléaire. Coûtant plus chères à faire fonctionner, le prix de l’électricité générée par des centrales thermiques à flammes monte en flèche.

Voici une illustration qui montre ce que nous venons d’expliquer :

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« Illustration de la formation des prix de l’électricité sur le marché européen, d’après Engie et ACE Energie ». Source : Toute l’Europe

Un prix fixé par la dernière centrale électrique utilisée

Actuellement, le prix de gros de l’électricité est fixé par la dernière centrale appelée à générer le courant nécessaire au réseau. Si la production provient d’une centrale au gaz, c’est donc son coût marginal (de fonctionnement) qui est pris en compte pour définir le tarif de gros de l’électricité. Et c’est souvent le cas, car les centrales au gaz ou au charbon peuvent être mises en marche rapidement et éteintes tout aussi vite. Cependant, nous l’avons vu, le prix du gaz a explosé ces dernières années. Cela se répercute inévitablement sur le coût de fonctionnement de ces centrales utilisées en dernier recours, notamment à cause du prix des matières premières utilisées (ici, le gaz naturel ou le charbon).

Qu’est-ce que le coût marginal ?

Le coût marginal est un terme utilisé en économie. Il représente le montant nécessaire pour produire la dernière unité utile. Pour notre sujet, cela désigne le coût de l’électricité réalisée par la dernière centrale utilisée pour générer un mégawattheure supplémentaire (le dernier nécessaire MWh pour rétablir l’équilibre du réseau).

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Pourquoi décorréler les prix de l’électricité de ceux du gaz ?

Face à la crise énergétique traversée par la France et plusieurs pays d’Europe depuis fin 2021, une solution a été proposée : décorréler les prix de l’électricité de ceux du gaz. Voici les différentes raisons qui ont poussé le gouvernement à faire cette demande.

Le gaz naturel, un produit actuellement cher

S’il était jusqu’alors bon marché, le gaz est rapidement devenu un produit onéreux depuis les conflits qui se passent en Ukraine. Décorréler les prix de l’électricité de ceux du gaz permettrait donc de payer le coût réel de la production électrique qu’elle soit nucléaire, hydraulique, éolienne ou photovoltaïque. Cependant, lorsque c’est une centrale au gaz qui est utilisée, il est nécessaire d’acheter le combustible fossile pour faire tourner les turbines. Une décorrélation semble donc à ce stade difficile.

Un marché de gros qui démontre de nombreuses faiblesses

Selon Nicolas Goldberg, responsable énergie de Terra Nova, « avec cette flambée des prix de l’énergie, le marché de gros européen nous envoie un double message de pénurie et de trop forte dépendance au gaz » (Source : Reporterre, Il faut dissocier les prix de l’électricité de ceux du gaz). Ce spécialiste juge en effet que les contrats du marché de gros ne sont pas adaptés à la crise énergétique actuelle. Rappelons qu’il en existe deux sortes, à terme et spots. Les derniers étant moins avantageux, car ils répercutent les spéculations boursières réalisées lorsque la demande en électricité est forte.

Les marchés de gros de l’énergie ont subi de plein fouet les conflits existants autour du gaz russe. En effet, avant la guerre opposant la Russie à l’Ukraine, le mégawattheure de gaz s’échangeait à environ 50 euros. En pleine crise, il est monté jusqu’à 1000 euros le mégawattheure. Lorsqu’il a été urgent d’avoir de l’électricité et de rallumer des centrales au gaz, les producteurs n’ont eu d’autre choix que payer le prix fort. Ces perturbations ont mis en évidence le besoin de diversifier les sources d’approvisionnement en gaz. Mais lorsque la Russie le vend au prix fort, les autres producteurs de gaz peuvent être tentés de faire de même.

La volatilité des prix sur les marchés de gros est montrée du doigt, mais c’est l’ensemble du marché européen de l’énergie qui est mis à mal. Un rapport de Nicolas Goldberg publié le 16 janvier 2023 dit qu’en matière d’énergie, l’Union européenne souffre à plusieurs niveaux. Selon lui, avec la crise énergétique qu’elle traverse, l’UE démontre :

  • « une dépendance trop forte au gaz fossile pour équilibrer son réseau électrique ;
  • un sous-investissement dans la production électrique en raison de la myopie des marchés de gros et un marché de détail insuffisamment régulé (aucune obligation de couvertures sur les volumes vendus), parfois défaillant (faillites de fournisseurs ne s’étant pas couverts, abandon de clients…) et poursuivant de mauvais objectifs, comme celui de la répercussion des prix instantanés de l’électricité au client final ».

Un marché du détail qui ne protège pas les consommateurs

Si le marché de gros montre quelques défaillances, il en est de même pour celui du détail qui réunit les fournisseurs et les consommateurs (particuliers, entreprises, collectivités, etc.). À l’heure actuelle, les clients finaux subissent de plein fouet la volatilité des prix et la corrélation existant entre les tarifs de l’électricité et du gaz.

Les consommateurs finaux ont, en pleine crise énergétique, l’appréhension de voir leurs factures varier sensiblement d’un mois à l’autre (ou d’une régularisation à l’autre). Cela s’explique par le fait que les fournisseurs répercutent immédiatement les prix volatils du marché sur leurs clients. Selon Nicolas Goldberg de Terranova, les consommateurs finaux ne sont pas assez, voire pas du tout protégés des changements de coûts qui s’observent sur le marché de l’électricité.

Une instabilité qui nuit aux consommateurs

Dès que les prix sur les marchés de gros flambent, les fournisseurs d’électricité sont obligés de les répercuter sur les factures de leurs clients. Cette instabilité a par ailleurs vu disparaître un grand nombre de contrats à prix fixe conclus pour plusieurs années. Désormais, ils sont signés pour un an, dans la majorité des cas.

Cette fluctuation constante des prix a également été préjudiciable pour de nombreux petits fournisseurs alternatifs (ceux ayant un portefeuille client peu fourni par rapport aux grands groupes comme EDF ou TotalEnergies). Ils ont tout simplement dû arrêter leur activité ou, pour certains, abandonner leurs clients, les laissant sans fourniture d’électricité du jour au lendemain.

Pour réduire au maximum l’impact de la flambée des prix de l’énergie sur le budget des ménages français, le gouvernement a mis en place un bouclier tarifaire en octobre 2021. Il est encore en vigueur en ce début d’année 2023 et a permis de limiter à 15 % la hausse du prix de l’électricité au 1er février 2023.

Les Français pénalisés par le marché commun de l’énergie ?

Alors que la France produit majoritairement une électricité à bas coût (nucléaire), ce n’est pas le cas d’autres pays membres. En Allemagne par exemple, les centrales à combustibles fossiles (lignite, charbon, gaz naturel et pétrole) assurent presque la moitié de la production électrique du pays (45,5 % en 2022). Pour alimenter les chambres à combustibles, il est nécessaire d’importer une matière première qui coûte actuellement très cher, en plus d’être polluante. S’il est vrai que l’Allemagne est aussi un gros producteur d’énergies renouvelables (43,9 % de son mix énergétique en 2022), ses besoins en énergie fossile pèsent sur le coût de l’électricité européenne. Ces importations ont en effet un impact sur le prix de l’électricité au niveau des marchés européens.

Les fournisseurs alternatifs se défendent à propos de la flambée des prix

Le 13 janvier 2023, l’A.N.O.D.E (Association nationale des opérateurs détaillants en énergie) a publié un communiqué de presse afin de « rappeler que les fournisseurs [alternatifs] ne sont pas à l’origine de la crise énergétique actuelle et sont également victimes de la hausse des prix » (Source : A.N.O.D.E, Ni bouc-émissaires, ni pigeons !).

Ils mettent ainsi en lumière l’instabilité actuelle du marché de l’électricité qu’ils sont obligés de répercuter sur leur clientèle.

Pour permettre aux fournisseurs alternatifs d’avoir un prix préférentiel sur le courant généré par les centrales nucléaires d’EDF, la loi NOME a instauré un dispositif qui leur permet de demander certaines quantités d’électricité à un tarif décidé par le gouvernement. Il s’agit de l’ARENH, l’accès régulé à l’électricité nucléaire historique. Ce dispositif prendra fin en 2025.

Est-il possible de décorréler les prix du gaz de ceux de l’électricité ?

Face à tous ces inconvénients, décorréler les prix du gaz de ceux de l’électricité semble la solution la plus efficace. Mais est-ce vraiment réalisable ?

Toujours selon Nicolas Goldberg, « il n’existe pas de recette miracle pour découpler le prix du gaz et le prix de l’électricité ». En effet, dès lors qu’il est nécessaire de faire fonctionner une centrale à flamme pour compléter les besoins de courant à un instant T, il est normal de payer le combustible qui a servi à faire tourner les turbines. De ce fait, le producteur d’électricité qui a allumé sa centrale est rémunéré et ne travaille pas à perte.

Pour Nicolas Goldberg, même s’il est difficile de décorréler le prix du gaz et de l’électricité, il est toutefois « possible de protéger très significativement les consommateurs d’électricité des répercussions d’une envolée des prix du gaz avec une régulation adaptée des moyens de production d’électricité incitant aux investissements de long terme et permettant la captation des surprofits ».

Quelles solutions pour éviter la flambée des prix de l’électricité ?

La volonté de dissocier les prix de l’électricité de ceux du gaz traduit un besoin de contrôler et de réduire le tarif du MWh de courant.

Pour y arriver, les experts avancent plusieurs solutions, à l’heure où la Commission européenne se concerte sur une refonte du marché européen avec, pourquoi pas, une décorrélation des prix de l’électricité de ceux du gaz naturel. Quelles solutions peuvent exister à l’heure actuelle ?

Étendre le principe des contrats pour différence

Il existe actuellement des « contrats pour différence » pour les énergies à faible émission de carbone. Ce type d’accord est, sur les marchés financiers, conclu entre deux parties (l’acheteur et le vendeur). Les modalités précisent que le vendeur devra payer à l’acheteur la différence qu’il existe entre la valeur actuelle du produit et celle lors de la période stipulée dans le contrat au moment de son expiration. En cas de différence négative, c’est l’acheteur qui sera contraint de payer cette différence au vendeur.

Selon Terranova, il faudrait : « étendre le système de « contrats pour différence » (contracts for difference ou CfD) déjà en vigueur pour les énergies renouvelables à l’ensemble du parc de production décarbonée (sur la base d’un critère d’émissions de CO2 à respecter), existant et futur, avec un assouplissement des règles permettant de proposer des contrats de long terme (généralement appelés Power Purchase Agreements ou PPA) ».

Développer les moyens de production d’énergie n’utilisant pas le gaz

Ne pas faire intervenir une centrale à gaz ou à charbon pour rééquilibrer le réseau électrique pourrait être une solution efficace pour limiter les prix. Pour cela, il est nécessaire d’augmenter les capacités des installations déjà présentes ou en construire de nouvelles.

La France met en œuvre de nouveaux projets qui permettraient d’augmenter sa production électrique. Cependant, les besoins en courant évoluent eux aussi et les contraintes réglementaires font que la mise en place de nouveaux moyens de générer de l’électricité est extrêmement longue en termes d’années.

Varier les moyens de production d’électricité

Lorsque le solaire photovoltaïque ne fonctionne pas à plein régime, nous pouvons compter sur l’éolien ou les centrales hydroélectriques. Ce large choix de moyens de production décarbonés et son développement massif pourraient être la solution.

Le territoire métropolitain a la particularité de compter de nombreuses côtes (pour l’éolien offshore), des terres ensoleillées (pour le photovoltaïque), mais aussi des cours d’eaux, des rivières et des massifs (pour l’hydroélectricité). Cette richesse lui permet de varier ses sources d’approvisionnement en électricité.

Faut-il sortir du marché européen de l’énergie ?

Pour Nicolas Goldberg, « sortir tout bonnement du marché européen de l’électricité serait contre-productif ».

Actuellement, les marchés européens permettent d’équilibrer les réseaux d’électricité, gérés en France par RTE pour le transport et Enedis, anciennement GRDF, et des ELD (Entreprises locales de distribution) pour la distribution. Ce marché est conçu de telle façon que les moyens de production les moins coûteux présents à travers l’Europe sont utilisés en priorité pour assurer l’équilibre du réseau électrique européen.

Sortir du marché européen signifierait renoncer aux échanges entre les 6 pays voisins avec qui la France est interconnectée. Cela signifie :

  • ne plus importer d’électricité lors des pics de consommation. Cela conduirait à des délestages ;
  • ne plus exporter de courant et donc renoncer à un revenu important, si l’on prend en compte que la France est historiquement un grand importateur d’électricité en raison de son parc nucléaire développé.

Des importations d’électricité nécessaires à l’équilibre du réseau français

En 2022, la France a produit moins d’électricité à bas coût. Cela s’explique par l’arrêt de plusieurs réacteurs nucléaires, pour maintenance notamment. Une faible pluviométrie annuelle a aussi ralenti l’activité des centrales hydroélectriques qui, rappelons-le, sont la seconde ressource énergétique du pays (après le nucléaire). Ces facteurs ont obligé l’importation de plus grandes quantités d’électricité que d’habitude et/ou de mettre en marche des centrales au gaz présentes sur le territoire.

Rendre moins dépendants les prix de l’électricité de ceux du gaz semble être une solution efficace pour tenter de maîtriser la flambée du coût de l’énergie. Cependant, nous venons de voir à travers cet article que cette solution n’est pas simple à adopter et même très difficile à mettre en place actuellement. La Commission européenne se penche sur le sujet et ouvre la porte aux discussions afin de tenter de sortir de la crise énergétique qui touche toute l’UE. Elle devrait par ailleurs fournir un texte d’ici la fin du premier trimestre 2023. L’avenir nous dira si la décorrélation des prix de l’électricité et du gaz est une bonne idée ou non.

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