Production électrique : la menace du réchauffement climatique
La production électrique face au dérèglement climatique et au réchauffement toujours plus marqué des températures. Quel rapport ? Fortement consommatrices d’eau, les capacités des différentes infrastructures du secteur pourraient être impactées par la multiplication des sécheresses et canicules. Hydroélectricité, nucléaire… les principaux piliers du mix énergétique français sont concernés. Pourra-t-on encore produire assez d’électricité à l’avenir ? Choisir.com vous répond.
96 % des prélèvements d’eau douce en France utilisés par l’hydroélectricité
C’est incontestable : le réchauffement climatique impacte (et impactera encore plus à l’avenir) nos modes de vie. Ce dérèglement toujours plus marqué et intense pourrait même menacer la production d’électricité en France. La raison : 80 % de l’électricité générée dans notre pays est directement liée à nos ressources en eau. Or, la généralisation des canicules et des sécheresses forme un danger qui, selon certains, n’est pas à négliger.
Avec des chiffres équivoques révélés par eaufrance, le service public d’information sur l’eau. Celui-ci a publié un rapport sur « Les prélèvements d’eau dans les milieux » qui note que :
- 1 000 milliards de mètres cubes d’eau douce sont chaque année prélevés dans l’Hexagone ;
- 96 % de cette quantité est consacrée à l’activité des barrages et à l’hydroélectricité.
2 500 centrales hydrauliques sont implantées en France, la plupart se trouvant dans l’est du pays. Leur activité permet d’assurer la production de 12 % de l’électricité tricolore chaque année. Avec cet avantage de taille : l’énorme volume utilisé pour la production d’électricité verte retourne ensuite, généralement très rapidement, au milieu naturel. En effet, seules 10 % de ces infrastructures électriques sont précédées de barrages.
Cette nuance est donc importante à intégrer : prélèvement ne veut pas forcément dire consommation nette. On l’observe aussi dans le cas des centrales nucléaires qui utilisent l’eau des fleuves ou de la mer pour refroidir leur réacteur. Une fois cette tâche réalisée, l’eau est rejetée là où elle a été prise, avec quelques degrés de plus malgré tout.
Les 4 % des 1 000 milliards de mètres cubes d’eau douce prélevés chaque année représentent un volume de 30 milliards de mètres cubes destinés à d’autres usages :
- l’agriculture, pour 11,6 % ;
- la production d’eau potable, pour 18 % ;
- mais surtout, pour 50 %, le refroidissement des centrales électriques, qu’elles soient nucléaires, à gaz ou à charbon.
Parmi les différents secteurs énergétiques, c’est évidemment l’énergie nucléaire qui :
- prélève le plus d’eau ;
- en consomme également le plus, avec presque 3 000 litres par mégawattheure (MWh) en circuit fermé. C’est bien davantage que le charbon, la géothermie ou le gaz naturel.
Reste que la consommation du secteur électrique est bien en deçà de son niveau de prélèvement en eau. Selon des chiffres du ministère de la Transition écologique, il se situe à :
- 400 millions de mètres cubes par an ;
- 12 % de l’utilisation nationale, contre 58 % pour l’agriculture.
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faire une simulationLes ressources en eau et leur utilisation par le secteur énergétique mises à mal par les sécheresses et canicules
C’est une évolution à laquelle doivent s’adapter tous les Français : les épisodes de sécheresses seront toujours plus nombreux. Et ceux-ci impactent déjà clairement la production d’électricité dans le pays.
Lors de l’été caniculaire de 2019, 6 gigawatts (GW) de capacités nucléaires avaient été stoppés à cause d’un risque de surchauffe touchant le milieu aquatique. Cela représentait 10 % du parc atomique français. Problème : les grandes chaleurs de cette période avaient boosté l’utilisation de la climatisation sur le territoire national, augmentant la consommation électrique tricolore d’environ 14 GW.
Autre exemple prouvant la régularité de ces évènements extrêmes et à risque : l’année 2022. La production hydraulique y avait connu une chute de 20 % en un an, plongeant à son niveau le plus bas depuis 1976. La faute à une sécheresse record qui a donc précipité le secteur hydroélectrique dans une situation très difficile. Cette baisse de production a été l’un des éléments expliquant la gravité de la crise énergétique qui a, alors, frappé les ménages français et européens.
Avec cet autre fait indiscutable : l’urgence climatique n’est pas qu’une expression, mais une indéniable réalité. Un rapport de novembre 2023 de l’Organisation des Nations unies (ONU) tirait d’ailleurs le signal d’alarme. Il indiquait que le réchauffement des températures mondiales pourrait être de +3 °C à la fin du siècle. Cela serait bien évidemment catastrophique pour l’état de la ressource en eau.
Les dernières simulations réalisées par Météo France à l’été 2023 n’ont rien de rassurant non plus. Elles estiment que d’ici 2050 :
- les sécheresses seront deux fois plus nombreuses que lors de la période 1976-2005 ;
- les précipitations en été deviendront plus rares, pour un cumul des pluies amoindri de 10 % vis-à-vis de la même période.
RTE, le Réseau de transport d’électricité en France, n’imagine rien de plus optimiste. Il craint également un « impact notable sur la production » électrique du fait d’une probable « diminution générale des débits des cours d’eau ». Cette dernière devrait s’étendre « d’août à octobre, voire décembre ». Différents tests sur des scénarios climatiques catastrophes ont aussi été réalisés. Ainsi, d’après le gestionnaire :
- une sécheresse longue pourrait, « dans les régions les plus touchées », faire baisser :
- la production hydraulique de 65 %,
- la production nucléaire de 3 GW, soit 5 % des capacités totales actuelles ;
- une canicule plus sévère pourrait provoquer l’immobilisation forcée de 3 à 9 GW de capacités atomiques.
Pour atténuer la vulnérabilité du système électrique face au manque d’eau, le nécessaire développement des énergies renouvelables
Le constat est donc clair : les centrales électriques sont extrêmement gourmandes en eau et leur fonctionnement sera impacté par le réchauffement climatique. Avec cette question clé : comment évoluera leur activité (et leur productivité) à l’avenir alors que les épisodes caniculaires se multiplieront ? En mai 2023, des spécialistes s’interrogeaient déjà sur le fait que les sécheresses puissent constituer une menace pour la sûreté des centrales nucléaires.
De leur côté, EDF et RTE jugent que les pertes de production liées aux sécheresses devraient malgré tout rester minimes :
- pour l’hydroélectricité, cette baisse devrait atteindre 1 térawattheure (TWh) par décennie, ce qui équivaut à « seulement » 0,2 % par an ;
- pour le nucléaire, cela ne devrait pas excéder 0,3 % de la production annuelle en moyenne.
Levier indispensable pour contrebalancer ces risques causés par la hausse des températures : le déploiement des énergies renouvelables, notamment :
- l’énergie éolienne ;
- et, surtout, l’énergie solaire.
Ce dernier secteur connaît d’ailleurs une réelle dynamique en France ainsi qu’une forte expansion, concernant par exemple :
- les nouvelles installations. Dans l’Hérault, un projet d’agrivoltaïsme, avec des panneaux solaires sur des vergers, va bientôt voir le jour ;
- le recyclage des panneaux solaires, en plein boom en 2023 dans le pays.
La France et l’Union européenne se sont engagées à atteindre leur neutralité carbone en 2050. À cette date, RTE compte donc faire passer la part du nucléaire et de l’hydroélectricité :
- de 85 % de la production électrique française aujourd’hui ;
- à 50 % seulement.
La réussite de cet objectif permettrait de soulager les ressources en eau et donc de rendre moins vulnérable le secteur électrique face au dérèglement climatique. Il n’en demeure pas moins que la priorité du gouvernement français en termes de productions décarbonées est la relance du nucléaire sur le territoire national. Une loi a ainsi été adoptée en ce sens par le Parlement en mai 2023. Elle prévoit la construction de 6 autres réacteurs nouvelle génération, les EPR2, dont le premier doit être opérationnel pour 2035.
Pas certain que ce plan soit réellement adapté à la transition énergétique à mettre en place, au regard :
- de l’urgence climatique et du réchauffement environnemental qui ne font que s’aggraver ;
- de la pression accrue induite sur la ressource en eau, qui pose déjà question aujourd’hui sans six réacteurs supplémentaires à refroidir.
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